LIRE POUR LA GRECE
« Parfois les idées et les théories des hommes
Me semblent être des exploits d’Hercule
En un combat éternel contre les créatures
Qui opposent à la noblesse de leur raison. »
Difficile de rendre compte de ce thriller philosophique sans en dévoiler l’intrigue au risque d’en faire perdre le suspens !
Tout pour me plaire dans cet ouvrage :
Une promenade dans l’Athènes de la période classique : parcours du Céramique à l’Académie ou professe Platon, un soir dans les quartiers chauds du Pirée à la recherche d’une hétaïre, une séance dans un théâtre clandestin, une cérémonie païenne dans une grotte de la Pnyx…
Une intrigue rondement menée par le Déchiffreur, ainsi nomme-t-on l’homme qui fait profession d’enquêter dans les affaires compliquées ou de comprendre les oracles de la Pythie de Delphes. Son client, Diagoras est un mentor de l’Académie qui fait appel au Déchiffreur à la suite de l’assassinat d’un de Tramaque, un éphèbe fréquentant l’Académie.
Le titre La Caverne des Idées est un clin d’œil à Platon. L’auteur développe ce thème de la Caverne, de la recherche de la Vérité ainsi que d’autres thèmes du philosophe. Pourtant peu de pédanterie, un peu bien sûr, tempérée par une bonne dose d’humour. Et si l’Académie était un lieu si ennuyeux que les jeunes gens n’avaient de cesse de s’encanailler chez ce dépravé de Menechme , chez les prostituées du Pirée, ou pire ? Et quoi de plus incongru que cette jument carnivore qui mange de la viande pourrie dans les jardins de cette sérieuse école ?
Une construction sophistiquée : 12 chapitres correspondant aux 12 travaux d’Hercule. D’ailleurs, le Déchiffreur ne s’appelle-t-il pas Heraklès ? Encore plus sophistiquée, la présence d’un Traducteur qui écrit un corpus de notes de bas de page qui s’émancipe de l’intrigue initiale pour devenir une histoire en soi, compliquée d’un étrange personnage masqué.
Toujours plus sophistiqué encore la notion d’Eidesis , utilisation de métaphores, d’images récurrentes, de mots répétés dans le corps du texte figurant une histoire indépendante. Un texte eidéitique en contenant un autre secret qu’il faut reconstituer en identifiant les images incongrues ou répétitives dispersées comme des indices pour reconstituer la clé secrète. Il m’a fallu effectuer des recherches pour comprendre que le concept d’Eidesis est une invention de Somoza ! (attention je commence à trop en dire et spoiler !
Ce thriller se lit comme un policier, mais il demande du lecteur de l’attention, de l’imagination, des retours en arrière. Les figures poétiques magnifiques, ne sont pas là uniquement pour le plaisir du texte. Il faut s’y arrêter pour y revenir dans la démarche de l’Eideisis. Lecture riche de plusieurs niveaux.
Dionysien, orphique… mystères d’Eleusis. L’Athènes de Platon n’est pas uniquement gouvernée par la raison !
« Cessez de chercher des idées cachées ! Cessez de lire et vivez !! Sortez du texte que voyez- vous ? Juste des ténèbres » exhorte le poète.
« Je ne crois pas qu’ils m’écouteront : ils continueront, acharnés et petits comme les lettres de l’alphabet…. » en conclusion de l’ouvrage.


Je suis nettement moins attirée que toi par le thème, même si je ne doute pas que ce soit un bon roman.
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@Aifelle : effectivement je ne m’attends pas à partager ma monomanie concernant l’Antiquité grecque!
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Lu il y a longtemps! Je n’en garde qu’un souvenir flou mais le livre m’a intéressée.
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@claudialucia : bon retour!
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Merci! Il faut se réhabituer au retour la vie quotidienne!
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