Chott el Jerid

CARNET DJERBA ET SUD TUNISIEN

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Le Chott el Jerid, lac salé, le plus souvent à sec est un lieu mystérieux qui a mordu notre curiosité à Créteil avant le départ. J’ai cherché sur Internet quelles légendes lui avaient donné  cette réputation de mystère. Les premières réponses : Star wars. Encore ! Jules Verne a écrit son dernier roman, l’Invasion de la Mer, dans la liseuse, mais pas encore ouvert. Peut être, plus prosaïquement,  les mirages, sur cette étendue vide et plate sous le soleil ?

Je me souvient aussi de ma thèse dans le laboratoire qui étudiait les évaporites.

Nous avons aussi lu qu’il fallait parcourir la route qui le traverse, au lever ou au coucher du soleil.

Réveil 6h pour être sur le Chott avant 7h30

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On quitte Tozeur  par  Deguèche et une belle palmeraie. Les premières plaques de sel, des roseaux et des joncs bas avec des tamaris se voient à la sortie du village. Les buissons disparaissent. Nous découvrons l’étendue du sol brun et plat sous un ciel nuageux. Pas de lever de soleil aujourd’hui,  mais un camaïeu de bruns, d’or et de gris. Des traces mystérieuses, oiseaux ou quadrupèdes ? la route est surélevée sur une digue, bordée par un canal à  sec glaçuré de sel. Les ruisseaux se ramifient en dendrites. On croirait que le canal est gelé. Une carcasse de voiture rouille, comme les ossements d’une moderne caravane. A gauche c’est plus humide, boueux. La couche de sel est rosée, découpée de fentes de dessiccation, on dirait la surface agitée par une tempête fossilisée

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. Au km 63:  de l’eau stagne. Des paquets sont pris dans l’eau comme un bateau dans la banquise. Au loin, est-ce un mirage ? Une ville fantôme ? Ce sont les installations d’une saline industrielle : bassins rectangulaires et cônes de sel gemme. L’horizon est plat comme l’océan. On ne sait plus ce qui est le sel, ce qui est l’eau… Des cafés sont installés devant des buttes qui ont servi de décor à Star Wars, une hutte, pas joli, joli. Des bateaux sont échoués avec des drapeaux tunisiens, trop de couleurs jurent avec l’aspect austère du chott sous les nuages.

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km 43, retour de la végétation, des buissons verts retiennent le sable.  A nouveau des sacs en plastique, au lieu de nommer pompeusement la route principale Boulevard de l’Environnement, on ferait mieux de les ramasser ou de les rendre payants.

Km20 : palmiers, et en même temps que les palmiers une première dune blanche avec des clôtures pour empêcher l’avancée du sable.

Petit détour par le village de Fatnassa par une route bordée de mimosas presque fleuris. Il y a de grosses maisons de ciments. Une 404Peugeot est encore en circulation. Le vieux portent sous les burnous traditionnels ; les jeunes sont encapuchonnés ou enturbannés. Hommes et femmes emmitouflés ressemblent à des tentes dont on ne divine même pas où est l’avant ou l’arrière. Femmes tentes blanches, hommes tentes marron.

A la sortie de Souk Ahad il y a une palmeraie, puis les villages se succèdent. Pas une feuille de palmier pour chasser les nuages gris.

Il  pleut quand nous traversons Kebili , ville moderne. J’entre dans une papeterie-librairie pour acheter un bic cristal, avec 20 Dinar. La marchand n’a pas de monnaie, il me tend le stylo « bienvenue en Tunisie ! »

ancienne Kebili
ancienne Kebili

L’ancienne Kebili se trouve dans l’oasis à la sortie de la ville moderne. Un plan émaillé, un parcours touristique est fléché dans les ruines, 3 coupoles, un minaret, un petit musée, des couloirs qui ont parfois encore les plafonds de tronc de palmier et de roseaux. Evidemment dans ces ruines vides, je ne découvre rien de spécial. Un guide aurait été nécessaire pour raconter son histoire, pour montrer le réemploi de colonnes antiques dont parle le guide Geo. Je fais une promenade tranquille dans le village abandonné sous la pluie et trouve une classe d’enfants sages à l’abri dans un couloir mangeant des sandwiches.

Le soleil fait enfin son apparition. Le ciel bleu se dégage pendant l’averse. J’en suis heureuse pour les palmiers et les jardins.

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

Une réflexion sur « Chott el Jerid »

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