Houmt Souk : Dar Zina

CARNET DJERBA ET SUD TUNISIEN

la porte de Dar Zina au fond de l'impasse
la porte de Dar Zina au fond de l’impasse

Arrivée à Houmt Souk à 16h. Trop tôt pour s’enfermer. On a envie de mer et on fait un  tour sur la Corniche qui ne longe pas du tout une plage, mais une lagune barrée au loin par un cordon dunaire. Toujours ces plantes de lac salé, pas mal d’eau et des bandes de flamants roses avec quelques aigrettes blanches. On se dirige vers la zone hôtelière. La proximité de la mer nous réjouit. Les hôtes sont plus luxueux, plus gigantesques que je l’imaginais ; Deux Radisson5* ! Une enclave dans la Djerba tunisienne, zone impeccable, neutre, internationale, désespérante. Mais propre ! Question poubelles, Houmt Souk dépasse ce que nous avons vu précédemment.

Nouvelle interprétation : notre hôtesse incrimine les Libyens. Des réfugiés ? Pas forcément : ils sont nombreux à venir se faire soigner à Djerba. Nous avons remarqué le long de la corniche des cliniques luxueuses des laboratoires d’analyses ou des cabinets de radiologie. Ces riches personnages malades auraient donc jeté ces ordures ? Toutes sorte d’histoires et de rumeurs mettent en scène les Libyens ; Riches hommes d’affaires pour qui Djerba est une base tranquille ou au contraire victimes de la guerre incessante. Trafics en tous genres. Latifa, sur le sentier ce matin m’a livré une histoire plus émouvante. Elle a vu arriver à Douiret des blessés, des femmes enceintes, des bergers poussant leurs troupeaux. « je n’avais jamais vu la guerre. J’en ai pris conscience en voyant ces gens démunis » Les gens de Douiret les ont logés dans l’Auberge de Jeunesse. Certains sont repartis combattre, d’autres sont restés.

Le patio de Dar Zina, royaume des chats
Le patio de Dar Zina, royaume des chats

Avec la balade à la mer, nous sommes à nouveau à la limite de la panne d’essence. Le GPS connaît la rue du 20 mars, adresse de Dar Zina. Mais nous n’avons pas le numéro. Je téléphone. Quand nous aurons atteint le cimetière et la Mosquée nous serons tout près et elle enverra une jeune fille nous guider. Ici, les ruelles n’ont pas de nom. Les maisons pas de numéros. Tout un lacis de ruelles et d’impasses portent le nom de la rue principale. Il faut être de Djerba pour s’y retrouver. Le voyant s’allume mais on roule encore. Une première ruelle, un coude, une nouvelle impasse. Les sacs poubelles et les flaques jonchent le sol. C’est ici. Une merveilleuse porte bleue encadrée de deux poteries ;

C’est ici : la famille est au salon. On a recouvert d’une plaque de verre une porte ancienne cloutée et ornée de paons pour faire une table basse Des fauteuils bas en bois garnis de coussins et de tapis. Les enfants regardent Brice de Nice sur un grand téléviseur écran plat. Nous sommes un peu ahuries. Pressées surtout de nous débarrasser de la voiture (pourvu qu’elle veuille bien redémarrer et atteindre une pompe !) Ce n’est qu’un peu plus tard, après des coups de téléphone à Camel Car et à l’Agence que je me tranquillise et que nous découvrons notre chambre de l’autre côté d’un patio blanc. Une banquette blanche recouverte de coussins court tout autour du patio qui semble être le domaine des 2 chats et des trois chatons.

Raffinement design
Raffinement design

Notre appartement se compose d’un salon avec une banquette de fer forgé toute simple entourant un grand coffre, d’un fauteuil très confortable et d’un lampadaire très contemporain (bois flotté, ferrailles diverses et abat-jour en raphia). Une niche avec 3 arches contient de belles céramiques. Deux penderies encadrent porte de la salle de bain rehaussé de carreaux de majolique avec une glace habillée de bois à claire voie formant un arc oriental. Symétrique de la salle de bain : une alcôve occupée par le grand lit. La tête de lit est originale, bois et ferronnerie. La literie sophistiquée, drap brodés, camaïeu de beiges, gris contemporains, coussins de lin grège, un mince tapis berbère aux motifs noirs et blancs au pied du lit. Raffinement et bon goût.

Côté chambre
Côté chambre

Dîner familial avec  notre hôtesse et les enfants. Une soupe de lentilles passée, purée de carottes froide très épicée et vinaigrée décorée de moitiés d’œuf dur. Pot au feu accompagné de courgette et carottes sur un lit de fines pâtes. Au dessert, ces beignets enroulés qu’elle appelle « oreilles de cadi » d’une légèreté in croyable nappée d’un trait de miel.

Notre hôtesse a une conversation aimable ; Elle aime que sa table réunisse toutes origines et croyances. Elle nous explique les différences entre la Tunisie du nord métissée et le sud berbère. Évoquant les élections elle souligne que les vieux ont voté massivement tandis que les jeunes, déçus de la politique préfèrent s’investir dans la vie associative.

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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