LIRE POUR LA TUNISIE
Pendant l’épreuve de l’agrégation de philosophie, Alexandre Mordekhai Benillouche, au lieu de disserter sur « les éléments condillaciens dans la philosophie de Stuart Mill », écrit l’enfant qu’il fut, dans l’Impasse entre sa mère analphabète qui s’exprime en patois, et son père bourrelier, dans l’innocence, puis l’écolier de l’Alliance israélite, remarqué et choisi pour être boursier au lycée…
Roman d’apprentissage. Quête d’identité pour le lycéen qui choisit la culture française et se détourne aussi bien de la religion – il n’est pas croyant – que de toutes les superstitions des juifs du ghetto. Lycéen solitaire, fils d’artisan parmi des camarades de milieux aisés et même bourgeois, il peine à trouver sa place.
Les lois de Vichy lui rappellent brutalement sa judéité. Il démissionne fièrement de son poste au lycée avant qu’on ne le renvoie. L’invasion allemande lui ôtera toute illusion sur ses relations françaises. Même le professeur de philosophie, dont il était le disciple préféré ne fera rien pour l’aider ou pour le cacher. Juif indigène, il rejoindra les siens au camp de travail, par solidarité. Il n’a plus rien de commun avec les pauvres du ghetto, ne sait plus prier, ne sait pas leur parler d’idées en patois tunisien, il se sentira étranger parmi eux.
Libéré du camp, il songe à s’engager mais on lui suggère de modifier son nom, mettre peut être Mohamed,« pour les Arabes il n’y a pas de limites« .
J’ai beaucoup aimé les récits de la vie quotidienne de son enfance, sa famille, au début du roman. Les années d’apprentissage au lycée, avant la guerre montrent la société coloniale, raciste mais aussi les espoirs mis dans l’éducation, la culture et la philosophie, dans la France. La dernière partie – le Monde – est tragique. La quête de l’identité du héros se terminera ainsi :
« Je suis étonné de ne pas avoir peur ; mais l’habitude dispense du courage et, en vérité, j’ai longtemps épié ma découverte. je meurs pour m’être retourné sur moi-même. Il est interdit de se voir et j’ai fini de me connaître. Comme la femme de Loth, que Dieu changea en statue, puis-je encore vivre au-delà de mon regard? »
Lu juste à la suite du Lait de l’Oranger de Gisèle Halimi , je pensais trouver plus d’analogie entre ces deux Juifs tunisiens nés dans les années 1920, ayant étudié au lycée français. La sensibilité est différente. Etre fille ou garçon est aussi une belle différence!

Coïncidence! En rangeant récemment mes livres, j’ai (re)découvert ce livre , ainsi que Portrait d’un juif, et Le racisme (seul ce troisième a été lu…). Tu vois l’état de ma PAL ‘historique’.
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@keisha : j’espère que ces ouvrages ne dorment pas dans la PAL depuis leur publication!
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Non quand même. Mais je crains que le contenu de certains n’ait vieilli…??
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Bonjour,
Si le livre n’est pas perdu dans votre bibliothèque, auriez-vous la gentillesse de me donner la référence de l’illustration de couverture (qui figure en principe sur la quatrième de couverture).
Merci beaucoup par avance et bonne journée !
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J ai bien peur qu il soit à la campagne à plus de 100 km
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