CARNET OUZBEK

Vue du ciel, Tashkent est une ville très aérée, nous reconnaissons le Stade et l’Hôtel, les coupoles du Marché. Survol d’une campagne cultivée puis de bizarres étendues vertes à la surface comme ridée, des ravines formant une arborescence et des méandres. Puis la steppe sans maisons ni culture. L’avion survole le Syr Daria, on voit des champs rectangulaires, les traces des méandres abandonnés par le fleuve. La zone cultivée se limite au lit du fleuve. Au-delà le désert est crevé de bizarres structures comme des cratères, (d’anciennes dunes ?). Parfois de bizarres taches blanches, sable ou lac salé évaporé ? on survole de petits lacs. A l’approche d’Ourguentch on voit d’autres petits lacs bordés de blanc (sel ?), puis des champs des maisons aux toits de tôle dans des jardins. A nouveau un fleuve l’Amou-Daria, ses multiples bras, îles et méandres. L’eau est marron, boueuse.
L’aéroport d’Ourguentch est petit, tout neuf, blanc et bleu. Il s’ouvre directement sur la route ; pas de contrôle de sécurité. Les valises arrivent vite sur l’unique tapis roulant. A Tashkent on m’avait rappelée pour ouvrir moi-même la valise. Le sac contenant les fils des chargeurs électriques leur avait paru suspect.
Nassim, notre guide-chauffeur est accompagné d’un jeune homme très mince en costume gris brillant qui empoigne la valise. C’est le propriétaire de l’hôtel de Khiva qui est un bon copain de Nassim et qui nous accompagne en excursion, l’hôtel étant vide.
Forteresses Toprakala et Ayaskala
Nassim a modifié le programme de visite pour éviter la foule des touristes ouzbeks le dimanche à Khiva. Il nous montre la file de cars. Demain, la ville sera tranquille et nous gagnons 80km.
Nous sommes ravies de cette excursion dans la campagne après les visites des mosquées et madrasas de Tachkent. A la sortie d’Ourguentch, la route est bordée de murier têtards formant une haie. Dans les vergers les pommiers sont en fleurs. De maisons en maisons court le mince tuyau jaune du gaz (on a déjà vu le même dans les pays baltes, en Roumanie et en Bulgarie). Les gros tuyaux bleus, pour l’eau, sont enterrés pour le gel en hiver. La route traverse des villages tranquilles, chaque famille cuit son pain dans la cour dans un four rond en argile. Des hommes rentrent els vaches. Des femmes binent les jardins.
Un très long pont enjambe l’Amou Daria , gardé à chaque extrémité par de policiers. Pour l’occasion on boucle les ceintures dans la voiture. Le long du fleuve les vaches sont nombreuses. La route est très mauvaise. On cahote dans les nids de poules. Aucun panneau indicateur ne guide le chauffeur qui dit connaître la route par cœur. (Au retour son acolyte transformera son Smartphone en GPS).Les portails des maisons sont décorés, encadrés parfois de colonnettes peintes en blanc ou de briques décoratives, les portes peuvent être ajourées. Certaines sont précédées d’un auvent sous lequel de larges banquettes servent de lits de repos, parfois une voiture y est garée. Des poteaux penchés guident une tonnelle de vigne. De petites carrioles tirées par des ânes viennent à notre rencontre. Le le blé est déjà haut, vert foncé. Dans de petits carrés inondables entourés par des levées de terre on cultive du riz. Le Khorezm, bien pourvu en eau, est une région rizicole. Les riz est la base du plov. Le coton « or blanc » est semé en mai récolté en septembre. Nous ne le verrons pas : 3 millions de tonnes font de l’ Ouzbékistan le 3ème pays producteur. Il faudra que je relise le Voyage au Pays du Coton d’Orsenna qui m’avait captivée. Nous traversons aussi une zone désertique où de petits lacs salés montrent que la nappe phréatique affleure.
Plaisanterie de Nassim au sujet du nom de Boston de la bourgade que nous traversons. Il nous montre des lotissements d’habitations neuves au crépi jaune clair et aux toits rouges, alignées, toutes identiques qui se vendent avec un crédit de 15ans. Pourvues de tout le confort moderne, elles sont destinées à compléter une urbanisation soviétique lacunaire qui n’avait pas permis d’installer eau courante et électricité aux hameaux isolés. En 1991, kolkhozes et sovkhozes ont été démantelés. L’exploitation individuelle a remplacé l’agriculture collective. Toutefois, la terre n’est pas à vendre ; l’Etat-propriétaire loue aux fermiers désireux de l’exploiter.
Toprak Kala

La forteresse de Toprak Kala domine la plaine de l’Amou Daria perchée sur sa colline. A l’époque l’Amou Daria avait son lit proche de la colline, mais le fleuve, l’Oxus, d’Alexandre le Grand, surnommé fleuve fou ou fleuve enragé, changeait souvent de lit.
Toprak Kala fut la capitale du Khorezm du 1er au 4ème siècle. Au 8ème siècle les Arabes ont commis des destructions parce qu’il y avait des temples zoroastriens. Gengis Khan, en 1220, l’a rasée. Tamerlan a mené cinq expéditions contre le royaume de Khorezm avant d’en venir à bout. En 1860, arrivée des Russes qui ont commencé par détruire ce qui en

restait. Puis les archéologues russes, ont mené des fouilles jusqu’en 1970 sur le site et aux environs où ils ont trouvé 50 forteresses ce qui a donné le nom d’EliKala à la province. Ces forteresses étaient bâties en pisé, on voit encore les briques crues.
A Toprak Kala, le site était de 500mx350m, comprenant trois tours de guet et un palais au milieu. Les habitants logeaient en contrebas mais, des habitations, il ne reste rien. Dans le palais Serguei Tolstov a trouvé des fresques et différents objets mais tout est parti à Saint Petersbourg.
Quelques murs en pisé ont été remontés puis le projet de restauration s’est arrêté.

De Toprak Kala on aperçoit d’autres citadelles : Ayaskala et Kizil Kala éloignée de 40 km ; des montagnes barrent l’horizon.
Nous achetons une bouteille d’eau au camp de yourtes pour touristes, traversons un village paisible où les villageois s’activent dans les jardins, passons un canal d’irrigation et arrivons au pied d’Ayaskala.

Ayaskala – citadelle garnison – signifie forteresse du froid ou forteresse du vent . Nassim raconte une légende à propos de ce toponyme.
Au 2ème siècle avant JC , le Khorezm, attaqué par des nomades, décida d’élire « démocratiquement « un chef. Réuni en assemblée, on décida de libérer l’aigle de sa cage. Ce dernier se posa une première fois sur l’épaule d’un berger, Ayaz, une seconde puis une troisième fois. En gardant ses troupeaux, le berger avait parcouru la région qu’il connaissait mieux que quiconque .Ayas décida de construire une forteresse garnie de meurtrières pour surveiller et défendre la place. Un souterrain et une tour complétait le dispositif. Cette intervention de l’aigle me ravit.
Nous reprenons le même itinéraire pour aller à Khiva.

En route, je remarque sur certains véhicules l’autocollant triangulaire qui signifie partout Attention ! GAZ ! . Ces voitures roulent au gaz, trois fois moins cher que l’essence et moins polluant. Il y a des stations-service PROPAN et METAN. L’Ouzbékistan, riche en gaz le vend à Gazprom.
Ourguentch
C’est l’heure du déjeuner quand nous traversons Ourguentch par des quartiers neufs : belles maisons belles boutiques dans le style contemporain qui semble à peine terminées. Les artères sont très larges 2×3 voies. La place principale a des dimensions comparables à ce que nous avons vu à Tachkent. Il y a aussi une promenade plantée sur les bords de l’eau. Ourguentch est la capitale du Khorezm avec des administrations et des usines de coton et de textiles.
Le restaurant Uzbegim Art Restaurant (références introuvables sur Internet) a une terrasse avec des tables de bois brut carrées sous des parasols de bois. Nous aurions pu choisir de manger dans la salle : sorte de cave d’Ali Baba qui fait penser à une boîte de nuit avec des petites lumières rouges qui se promènent, des tables installées dans des alcôves portes en ferronnerie. Le soleil est radieux, la température agréable, nous préférons manger dehors.
La carte est illustrée (mais uniquement en ouzbek), le choix est varié. J’hésite entre divers kebabs et choisis les brochettes au foie, Dominique, la soupe aux raviolis. Il n’y a pas de brochettes. Je commande le plat du jour comme Nassim et son compère.
Le serveur est très jeune, emprunté et maladroit mais la cuisine est excellente. Sur une planche de bois ronde, il pose un plat de fer contenant des lamelles d’oignon, d’aneth et de coriandre tandis que Nessim a une sorte de fondue : sur un très joli chauffe-plat de ferronnerie ouvragé un plat creux contient du bouillon et des morceaux de bœuf bouilli, fondant, excellent. Les raviolis sont sans surprise mais le bouillon très gras. Les hommes terminent par une glace au chocolat (glace italienne). Il nous en coûtera 30 000 soum, somme qui paraît énorme mais traduit en € : 5€ chacune. Ces zéros, cette liasse épaisse, nous affolent. Nassim nous promet des coupures de 5000soums plus pratiques la prochaine fois.
A l’entrée de Khiva : un lac bleu opalin.
Tu ne pourrais pas mettre des cartes du pays comme tu l’as fait pour ton voyage précédent?
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@claudialucia : l’autre fois, j’avais effacé mes photos, mais je peux continuer à mettre les cartes si vous trouvez cela utile!
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