Promenades en montagne autour d’Uxum

CARNET OUZBEK

la montagne sous le soleil!
la montagne sous le soleil!

La tempête s’est calmée. Notre gite sous le soleil paraît plus accueillant. Une belle journée s’annonce.

Dès 7h tout le monde est debout. La table du petit déjeuner est dressée au soleil. Spécialités locales : confiture de cerise et de mirabelles.

Elmira (10 ans) est partie seule à l’école. Rouslam m’accompagne pour le trek. Son oncle à la casquette de base-ball m’avait annoncé un trek de 6 à 7km sur les sommets, la découverte de 3 villages. Nasim commande pour moi une bouteille d’eau que Rouslam porte dans la capuche. Il part d’un bon pas et grimpe dans les alpages. Quelle différence avec la steppe ! L’eau ruisselle, il reste des névés sur les sommets, l’herbe est drue, les vaches paissent en liberté. Pause sur une arête pour admirer le lac Aydarkul opalin, brillant dans la steppe. Au col, je découvre une autre vallée, un gros village aux toits métalliques et aux étables de pisé.

petite bergère
petite bergère

Deux gamines gardent un troupeau de chèvres. Elles sont vêtues de vêtements colorés. L’une d’elle porte des collants rouges, un gilet rouge et un foulard bariolé ; un mouchoir blanc lui cache la figure. L’autre est plus grande. Elle surveille son troupeau avec son cahier d’école ouvert. Rouslam compte les bêtes, ils y en a plus de cent. Il parle du loup qui est vraiment très fort.

  • « comme un gros chien? »
  • « Non !»

Il est très choqué que je puisse les comparer.

  • « O’clock ?»
  • Rouslam
    Rouslam

Rouslam n’a pas de montre.  A 9h45, il amorce le retour. Un raccourci passe tout près de la cour d’une ferme. Comme tous les enfants de la campagne il se baisse pour ramasser une pierre. Parfois le geste suffit pour intimider le chien et il est inutile de lancer le caillou. Mais ici, un gros chien blanc surgit très menaçant. Mon petit guide arrache une perche à la clôture et la manie comme dans un film chinois. La démonstration de bâton suffit, le chien nous laisse passer. La balade a duré un peu moins de 2h. Je ne l’aurais pas appelé « trek » mais je suis ravie.

L’excursion au sapin bimillénaire est à une vingtaine de km. Le Grand-père prend son petit-fils de 5ans sur les genoux. Nous descendons la piste vers la plaine à travers les maisons. On a construit des maisons neuves même si des hameaux paraissent abandonnés et s’écroulent. Plusieurs maisons d’hôtes se construisent. Le Lac Aydarkul, distant de 15 à 20km semble tout proche ? La steppe est tellement rase qu’on se croirait presque au bord de l’eau. Le village suivant est un gros village annoncé par un collège à deux étages, plus loin un pavillon moderne abrite une polyclinique. C’est l’heure de la sortie d’école, les fillettes ont une jupe noire, un chemisier et un tablier blanc, elles se baladent en bande.

Pont sur le torrent de montagne
Pont sur le torrent de montagne

Une piste s’enfonce dans la vallée, les épines sont en fleur et dégagent un parfum entêtant. Les mûriers ont une taille étonnante, aussi gros si ce n’est plus que ceux qui entourent le bassin de Boukhara. Ils ont été coupés « têtards » avec des branches courtes. Dans ce pays où il n’y a pas de forêts et où les arbres sont rares, on cuisine au bois alors que le sous-sol regorge de gaz.

Rencontre avec un âne bien chargé
Rencontre avec un âne bien chargé

Cette vallée est boisée. La voiture s’arrête devant un petit pont de bois : des troncs mal équarris et branlants, même pas jointifs enjambent un torrent bondissant. Passer le pont a déjà un goût d’aventure. Le petit sentier se faufile da ns les herbes hautes au bord du ruisseau. Le second pont arqué est encore plus impressionnant, mais il est plus facile : on a cimenté avec de la terre les planches qui ne bougent pas. Les arbres au bord de la rivière ont souffert de la tempête : un peuplier est couché, ses racines arrachées, une grosse branche de mûrier est cassée. Le Grand-Père constate tous les dégâts. On raconte que les soldats d’Alexandre auraient semé la graine ce qui donnerait l’âge de 2400 ans à l’arbre imposant qui n’est pas un sapin mais plutôt un cyprès dont j’ai négligé de copier l’espèce. Le tronc est énorme et la plus basse branche à l’horizontale est épaisse comme un tronc. On se photographie devant l’arbre, seule la présence humaine peut donner l’échelle au géant. Le sentier s’approche d’un village abandonné. C’est une ballade charmante et en plus dans l’ombre du Grand Alexandre !

Le "sapin" bimillénaire
Le « sapin » bimillénaire

Une Singapourienne vient d’arriver au gîte. Rouslan l’emmène voir les argalis et je leur emboîte le pas. Hier il y avait beaucoup trop de vent, j’ai envie de les revoir au soleil et au calme. La Réserve est la première étape de la promenade. Après le col, nous suivons un vallon jusqu’à un village de pierre abandonné. Un tronc évidé sert de socle à la meule, le puits est rempli de poutres et de branchages une maison isolée moderne est pimpante : on a sorti les couvertures matelassées sur l’herbe, patchwork multicolore de rouges éclatant sur le vert. Nous rentrons par deux versants. Rouslam se désaltère à deux sources, je n’ose pas l’imiter. L’eau court dans une rigole d’environ 60cm de large, à plein débit, qu’on enjambe plusieurs fois. Joie de ces jeux d’eau ! Dire qu’on est à 20 km du désert de Kisilkoum ! Joie du printemps, est-ce que ces ruisseaux continuent à couler en été ? Deux suisses sont arrivés en taxi. Avec nos guides, l’auberge fait le plein.

séchage des peaux de mouton
séchage des peaux de mouton

Vers 18h, les vaches rentrent seules. Elvira (5ans) se charge de l’étable. Elle enjambe les branchages qui servent de barrière après avoir lancé ses claquettes roses. La clôture est plus haute qu’elle, la gymnastique difficile. Elle pousse les deux agneaux noirs à l’intérieur de l’appentis, puis les deux veaux récalcitrants et les enferme tandis que la vache attend patiemment dehors. La mère arrive un seau et une théière à la main. Elle fait sortir sa fille qui s’étale dans la bouse, brosse le petit pantalon de velours rose, fait entrer la vache et libère un veau qui tête un moment. Elle attache le veau pour traire la vache. Pas de petit banc, la femme est accroupie, elle remplit le tiers du seau et libère le veau.

Damlala
Damlala

A la cuisine, on s’active pour préparer le dîner. Le plat s’appelle Damlala.Des côtes d’agneau rissolent dans la grande marmite avec les oignons. Dans une bassine attendent les carottes coupées en gros tronçons, des pommes de terre en quartiers. La cuisinière ajoute du coulis de tomates dans la marmite, puis les pommes de terre et les carottes qu’elle arrose avec un demi-seau d’eau. Pendant que légume et agneau mijotent on découpe un chou en quartiers qu’on dépose délicatement en faut du mélange  dernière touche : un bouquet de coriandre. Enfin on couvre d’un couvercle pour que le tout cuise à l’étouffée.

le fromage blanc s'égoutte dans le linge
le fromage blanc s’égoutte dans le linge

Excellent !

La lumière n’est pas revenue. A 8h on est déjà au lit avec la bougie et la liseuse

Avatar de Inconnu

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

5 réflexions sur « Promenades en montagne autour d’Uxum »

    1. @claudialucia : je regrette vraiment de ne pas avoir copié le nom de l’espèce en passant devant. je ne pouvais pas deviner que le chemin du retour serait différent. Thuya, cyprès, sekoya, je ne sais pas bien

      J’aime

Laisser un commentaire