ESPAGNE ATLANTIQUE DU PAYS BASQUE AU PORTUGAL 2003

A la recherche de Pazo de Oca
Dans le guide Vert, une photo du jardin de Pazo de Oca, l’un des quatre plus beaux jardins d’Espagne, a attiré notre attention. Selon ce guide, il se trouverait dans la région de Padrone, sans autre indication. Dominique a loupé l’entrée de l’autoroute pour Pontevedra, la route passe à Padrone où nous nous arrêtons pour demander notre chemin à un camionneur. Selon lui, ce serait à 5 km après Calda de Reis sur la route de Lugo en direction de la Estrada. Après la Estrada, toujours aucun panneau, nous avons parcouru 21 km au lieu de 5. La route est belle, elle monte dans des collines riantes sous le soleil. Les maisons sont entourées de vignes qui grimpent en espaliers soutenus par de beaux poteaux de granite. Nous traversons des forêts d’eucalyptus qui embaument. Nous nous arrêtons souvent pour demander notre chemin. Je montre la photo du guide Vert. Les gens connaissent, ce n’est pas loin « après la rotonda », « après la courbe », toujours pas de panneaux. Nous finissons par douter de l’existence de ce jardin. Peut être n’est il pas ouvert au public ? Si c’était la quatrième merveille d’Espagne, cela devrait bien être fléché !
Un joli manoir

Finalement nous aboutissons sur une belle place carrée : au fond, un très joli manoir avec des tourelles baroques, un mur décoré de croisillons. Perpendiculairement, un beau bâtiment terminé par une tour carrée. Au milieu, une pelouse. En face de très folie maisons bases en granite derrière des tonnelles de vigne. Au bout, un petit calvaire. Toujours pas de panneaux ! Des filles sont assises sur les marches du calvaire. Je leur demande si on peut entrer « il y a une sonnette ».
Le plus joli jardin

Nous pénétrons donc dans le plus joli jardin secret par un porche. Une vasque est remplie de lentilles vertes. L’eau s’écoule de quatre jets creusant la nappe verte des lentilles. Tout autour, des massifs de buis taillés en boule. Sur les bordures, les buis sont sculptés en forme de vagues. En contrebas, un labyrinthe de buis, un appentis aux tuiles anciennes occupe un côté, en face, des bancs. Des potiches de faïence blanche et bleue contiennent des pétunias violets. Nous descendons un escalier de pierres moussues et passons sous les plus grands thuyas que nous n’avons jamais vus. Des buissons fleuris de gardénias, des touffes d’agapanthes.

Plus bas, une jolie pièce d’eau est bordée d’une haie très fournie d’hortensias bleus aux têtes énormes qui se reflètent dans l’eau. Une île en forme de bateau est décorée des mêmes urnes de faïence contenant de petits orangers. Les figures de proue sont des personnages de pierre patinée aux allures grotesques. Un pont ombragé par une tonnelle enjambe l’eau, on pense à Giverny. De là, nous découvrons la plus belle vue sur le château dont les tourelles se détachent sur le bleu du ciel. A l’extrémité du lac, un mur en pierre moussu est surmonté d’un kiosque au toit légèrement incurvé en pagode. De l‘autre côté du pont : une autre île aux statues encore plus grotesques, des potiches et quatre oies menaçantes. Sous le pont une barque est amarrée dans un petit abri. Dominique imagine les jardiniers venant en barque rafraîchir les hortensias et enlever les têtes fanées. Ici, toute sont d’une fraîcheur inhabituelle, dans les autres jardins ils commencent à se faner.

Les allées de vieilles pierres humides et vertes de mousse conduisent à des vergers de kiwis, pêchers, poiriers. Les carrés de camélias doivent être magnifiques au début du printemps. Le charme du jardin réside dans la présence de l’eau, l’exubérance des mousses et des fougères. La pente est découpée de terrasses qui communiquent par des marches moussues. Absence de symétrie, fantaisie des plans. Des rigoles d’eau divergent pour alimenter les différents jardins. Un aloès géant évoque la Méditerranée, une fougère arborescente, les Tropiques. Fraîcheur de l’eau qui court, qui jaillit dans des vasques, qui fait tourner les meules du petit moulin caché dans la pagode.

La rigidité des jardins à la française, du labyrinthe, est atténuée par la juxtaposition fantaisiste des différents plans. L’utilité des vergers est masquée par les carrés.
Bosquets de camélias. Surprise ! Une petite statue trône au centre d’une place ombreuse.
J’aimerais peindre, nous avons peu de temps, j’ai perdu la main. Je me promets de le faire d’après photographie. Je n’économise pas la pellicule.
Il nous faut quitter notre jardin secret et magique pour rejoindre la prochaine étape. Le chemin du retour semblera bien plus court puisque nous sommes libérées du souci de chercher. Nous passons rapidement Pontevedra : un pont autoroutier, les quais le long de la Ria sont aménagés en marinas de bateaux de plaisance. C’est la première fois qu’on en voit tant. C’est marée basse. Une armée de pêcheurs à pied ramasse des palourdes. La marée noire n’est pas arrivée ici.
Entre la ria de Pontevedra et la Ria de Vigo
Nous contournons la presqu’île séparant la Ria de Pontevedra de celle de Vigo, passant par Marin, Bueu, Hio et Ganges. L’eau des Rias est bleu profond, de nombreux bateaux colorés naviguent. On voit aussi des plates-formes d’aquaculture (moules ou huîtres ?)si les panoramas au détour de la route sont magnifiques avec ces côtes découpées, de près c’est autre chose. La presqu’île est très urbanisée, nous passons d’un village à l’autre sans nous en rendre compte. Les petites plages sont en contrebas, difficiles d’accès.
Pique-nique devant un club nautique. Difficile de savoir si les maisons sont des résidences secondaires, des pavillons de banlieue ou des maisons d’agriculteurs. L’ensemble est assez coquet, sans caractère, fleuri et pimpant. Cela ne correspond pas du tout à ce que nous cherchons pour passer une semaine.
A l’entrée de Vigo, immeubles, nous prenons l’autoroute pour éviter la ville et rejoignons au plus vite Baiona.
La côte est très sauvage ; à quelques dizaines de mètre de la route nous longeons des rochers déchiquetés, battus par les vagues. Entre la route et la mer, de la pelouse sèche, des ajoncs, des fougères. C’est la côte la plus déserte qu’on puisse imaginer. Très peu de constructions.
Nous nous arrêtons devant un camping qui loue des mobile homes très chers , collés les uns aux autres comme sur un parking.
Un hôtel perdu sur la côte sauvage

500 m plus loin : un hôtel peint en rose foncé, deux étages, un grand restaurant, une cafétéria. Je suis très bien accueillie. Pour 30 Euros, petit déjeuner est compris. La chambre donne sur la mer, la salle de bain aussi. Si bien que nous avons une vue panoramique sur la côte rocheuse ? Il y a même un petit îlet en face. Jamais nous n’aurions rêvé une aussi belle vue !
La chambre est peinte en rose orangé sans aucune recherche de décoration. Tout son charme réside dans la vue. Les jeunes qui tiennent l’hôtel sont très gentils, la fille comprend le français.
Nous avons donc trouvé un gîte avec vue.. Allons nous rester sept jours dans cet endroit désert ?
La Guardia

Nous reprenons donc la voiture pour explorer les environs en direction du sud. A une vingtaine de km, nous arrivons à La Guardia, en face du Portugal. Cette petite cité n’est pas belle. Les plages que nous trouvons sont petites et bondées. Nous nous installons, le temps d’une baignade sur la plus petite des deux, occupée par des grands mères et des enfants qui n’ont pas l’air de vacanciers.
Visite au port : un vrai port de pêche, actif. L’Office de Tourisme me fournit toute une série de prospectus : il y a plein de visites à faire. La petite ville ne manque pas de ressources. Nous revenons gonflées à bloc ! Nous pouvons rester ici sans craindre de nous ennuyer ;
Au dîner, poulpes et calmars. Coucher de soleil magnifique.