De Mirleft à Amtoudi

PLAGES DE L’ATLANTIQUE – MONTAGNES DE L’ANTI-ATLAS

Strates colorées dans le désert près d’Amtoudi

De Mirleft à Amtoudi : 156 km

A l’aventure à travers les montagnes, nous empruntons la route du village d’Ali et  la randonnée jusqu’au petit col d’où l’on découvre toutes les plages de la côte. Le paysage est somptueux avec les lignes de crêtes. Le GPS avait proposé deux itinéraires, l’un par Tiznit, un autre par Sidi Ifni et Goulimine. Nous passons outre : notre petite route est bien goudronnée, la circulation est inexistante et c’est une belle promenade. Le GPS s’adapte ensuite, tant mieux parce que la signalisation est en arabe et en tamazight !

En gagnant de l’altitude le paysage reverdit un peu, il y a quelques oliviers. La P1907 traverse une plaine finement labourée avec de grands arganiers. Les puits sont cimentés où se dirigent des petits ânes chargés de bidons. Nous rejoignons ensuite la P1903 qui vient de Sidi Ifni et passons l’oued Tiguini, puis une montagne boisée. P1911 : chantier important ; on construit quelque chose d’énorme route ou barrage hydraulique, impossible à définir.

Nous rejoignons la N1 (Casasblanca – Agadir – Dakhla) près de la petite ville d’Akhasss, aux arcades ocre-rouges. Les commerces sont tous fermés (c’est dimanche). A la sortie de la ville, un tracteur laboure – première manifestation de la mécanisation depuis Massa et les serres. La grande route descend une sorte de défilé avec de nombreux virages entre des versants où la roche est à nu et tous les arganiers morts desséchés. Sur cette route importante circulent de nombreux cars qui assurent la liaison Casablanca Laayoune ou Dakhla, de gros camions aussi. Ce n’est pas le trajet le plus agréable mais on avance bien. 25 km jusqu’à Bouizarkane (altitude 613 m, 14.000 ha) dans une plaine vide au pied de chaines de montagnes imposantes. Au pied des montagnes les villages qui se blotissent sont entourés de verdure. Aux alentours de Timolay, les moulins à huile se succèdent.

A l’entrée de chaque agglomération, la Gendarmerie Royale installe un barrage. Nous sommes toujours passées sans encombre, mais à l’entrée de Timolay, on nous fait signe. « Papiers du véhicule, permis de conduire, passeports ! – vous êtes en infraction de vitesse ! ». Incrédule, Dominique explique qu’elle ne peut pas descendre du véhicule. Arrive le chef. « Ce n’est pas vrai ! » Le chef montre son téléphone, 75 km/h au lieu de 60 en agglomération. Il est vexé de la contestation puis temporise « c’est une figure de style ! » Amende 150dh à payer immédiatement. Il consulte le fichier, c’est notre première contravention, pardonnée !

Après Timolay, les euphorbes ont complètement disparu, il reste seulement quelques buissons desséchés épars sur le cailloutis. De chaque côté de la route les strates des massifs montagneux sont visibles avec des couleurs variées, des petits bancs plus durs en relief. On pourrait dresser la carte géologique à la jumelle. Géologie et technicolor. Bancs ocres, marnes vertes plus tendres, la lumière fait chatoyer les couleurs : un versant à l’ombre, est plus mauve, en face plus doré.

Ifrane-Atlas- Saghir (12.000 ha) est précédée par des ruines mal définies.

Selon Internet c’est le lieu d’une communauté juive importante et d’un pèlerinage

« Selon la tradition orale, Ifrane Anti-Atlas serai la plus ancienne présence juive au Maroc. Les israélites ont quitté la Palestine au temps de Nabuchodonosor, roi de Babylone après la première destruction du temple en 587 av.J.C. Ils traversèrent l’Egypte et la bordure septentrionale du Sahara, puis parvinrent au rivage atlantique de l’Anti-Atlas en 361 avant Jésus-Christ et s’installèrent en premier lieu dans les grottes en bordure de l’assif (rivière) Ifrane, et ce, après qu’ils aient pu acheter l’autorisation de s’installer aux autochtones amazighs.

Point stratégique important pour le commerce des caravanes soudanaise, le Mellâh d’Ifrane est devenu prospère entre le 18ème et le 19ème siècle sous l’influence de Tassourt (Essaouira / Mogador ____ Le Rabbin Youssef ben Mimoun (qui serait mort en l’an 5 av.J.C.) fut l’un des plus vénérés saints juifs dont la réputation attire encore aujourd’hui chaque année des touristes juifs venant des quatre coins du monde.

Dans les années soixante les derniers juifs ont quitté Ifrane en direction d’Israël, les vieux du village se souviennent encore des adieux pénibles car -loin de toutes considération religieuse ou autre- ces juifs berbères faisaient tout simplement partie de l’histoire et la culture d’Ifrane d’Anti-atlas, ils avaient vécu avec eux dans la paix le respect et la fraternité… Aujourd’hui, des pèlerins continuent à venir vénérer les tombes des saints enterrés au cimetière. »

Conseil Régional du Tourisme Guelmim Résidence Sahara Tél / Fax : 028873812 – WWW.crt-guelmim.com – www.portailsudmaroc.com

C’est jour de marché à Ifrane. Le souk occupe toute la rue principale. Toute sortes de marchandises sont exposées sur les trottoirs et même sur la chaussée : grillage, plomberie, arbres en motte prêts à être plantés : oliviers, orangers, paille dans  les ruelles adjacentes et, derrière, des animaux moutons et chèvres. Ce marché me fascine mais je n’ose pas descendre de voiture : il n’y a que des hommes et je suis en T-shirt bras nus. Deux femmes très élégantes nous expliqueront plus tard que « le matin c’est le marché des hommes, l’après midi le marché des femmes ». Elles se sont apprêtées pour le « marché des femmes » leurs voiles sont très colorés et à ramages, elles en superposent plusieurs. Autour de la tête, un linge fin et blanc qu’elles remontent pour cacher le bas du visage et la bouche.

Le marché occupe si bien la chaussée que nous ne savons plus où nous diriger quand le GPS nous ordonne de tourner ; On fera trois fois le tour d’un pâté de maison avant de sortir du marché.

A la sortie d’Ifrane : miracle, l’eau coule dans une rigole cimentée !. Il y a des oliviers, des jardins, un peu plus loin, une palmeraie. C’est là que nous allons pique-nique. Petite promenade dans al palmeraie mais je ne passe pas inaperçue. Des hommes sortent de leurs jardins. Encore ici, je sens que ma tenue n’est pas appropriée.

Il reste encore une trentaine de kilomètres jusqu’à Amtoudi. Les montagnes se resserrent et deviennent plus spectaculaires. Le gros piton rocheux portant un grenier se voit de loin.

Amtoudi

Le village est encaissé à l’entrée d’un canyon. L’oued est à sec mais il reste assez d’humidité pour que de jolis petits champs d’orge bien verts égaient le paysage. Le gros rocher portant l’agadir domine le village. Les fortifications se distinguent très bien d’en bas.

Un quartier du village avec la mosquée se tasse à l’ombre d’une falaise. Hassan chez qui nous devons habiter habite de l’autre côté de l’oued sur le versant ensoleillé. Il nous attend près du pont mais il faut garer la voiture bien loin de sa maison et continuer à pied par un sentier bien pentu et malaisé.

Chez lui, comme il l’avait assuré au téléphone, c’est bien au rez de chaussée et à plat. Mais encore faut-il y parvenir ! Hassan mesure la difficulté et téléphone au Camping-Hôtel Amtoudi. Il y a de la place, nous logerons là. A l’arrière d’une vaste esplanade aménagée pour les camping-cars avec bornes électriques et arrivée d’eau. A l’arrière, un grand bâtiment avec un très vaste restaurant et un patio où s’ouvrent 4 chambres et des sanitaires communs, buanderie …Notre chambre possède une salle d’eau avec WC et douche (300 dh la nuit ou 300dh/px en demi-pension).

On est gênées pour Hassan parce que sa femme avait préparé un couscous. Demain, je partirai avec lui en trek (3 visites le pique-nique pour 500dh)

Nous sommes soulagées. L’hébergement n’a aucun charme particulier, c’est plutôt genre Auberge de Jeunesse mais il a le mérite d’être accessible et disponible. La veille une douzaine de motocyclistes avaient occupé toutes les chambres.

Pour diner, un délicieux couscous-poulet avec un grand plat de légumes que nous apprécions plus que la viande. Le serveur est vraiment très gentil. Tout s’arrange au Maroc ! les villageois sont solidaires et s’entraident.

 

 

 

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

2 réflexions sur « De Mirleft à Amtoudi »

  1. Je suis allé voir sur internet où se situ Ifrane (Ifran), plus d’infos en français, c’est l’aventure!
    J’aime bien tes infos sur la présence des juifs, finalement bien avant les arabes?

    J’aime

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