PLAGES DE L’ATLANTIQUE – MONTAGNES DE L’ANTI-ATLAS

Sur le conseil de Claude, notre hôte aux Trois Paons, nous allons visiter le Palais Claudio Bravo, proche de Taroudant. Ignoré par nos guides, c’est une belle découverte à une petite demi-heure de route.
Nous contournons les Remparts de Taroudant fortifiée par les Saadiens au XVIème siècle, maintes fois restaurés, endommagés récemment en septembre 2023 avec le séisme. Ils valent à Taroudant le surnom de « petite Marrakech », beaucoup plus calme, cependant. Nous prenons la direction du nord sur une large avenue bordée de palmiers qui traverse des quartiers neufs. Le palais se trouve à 8 km sur la route de Tamaloukt, un peu à l’écart.

Le palais a été construit sur un domaine de 75 ha, entre 2002 et 2004 par le peintre chilien Claudio Bravo (1936 Valparaiso – 2011 Taroudant).
La visite est guidée (200 dh) et dure deux bonnes heures.
Pavoisée aux couleurs de l’Espagne, du Maroc et du Chili,le palais aune silhouette de Kasbah, une grosse tour carrée et de hauts murs de pisé. Dans l’entrée, deux grands portraits de Hassan II et Mohamed VI accueillent le visiteur. Ce ne sont pas des photographies mais des dessins de Claudio Bravo (fac-similés, les originaux sont à Rabat). A s’y méprendre. Ce premier contact avec le plasticien donne une idée de l’artiste : portraitiste virtuose, hyperréaliste.

Après le décès de Claudio Bravo, le palais a été transformé en hôtel de luxe qui se visite. Je ne verrai pas la Suite Farah Diba, ni la suite Chirac qui sont occupées par des clients. Farah Diba et Jacques Chirac ont été des hôtes du peintre, ainsi que Tahar Ben Jelloun…Suites, chambres s’organisent autour de plusieurs patios, l’un d’eux contient une belle piscine, dans les autres des fontaines jaillissent me faisant penser à l’Alhambra, avec des massifs fleuris en ce moment des lantanas mauves. On peut loger dans ce Palais des Mille et Unes Nuits pour un prix presque raisonnable si on choisit les chambres que le peintre destinait à son personnel (dignes d’un 4*), une piscine presque olympique (40 m) était aussi conçue au personnel.
Visiter un hôtel ? Plutôt un musée. Dans chaque pièce sont présentées les œuvres du peintre (souvent des copies, les originaux ont leur place dans des musées).

Claudio Bravo était un portraitiste hyperréaliste mais aussi inspiré de Velázquez qu’il a étudié au Prado à Madrid, influencé par Dali dont on retrouve par flash la parenté. Il s’installe e, 1972 à Tanger où il fréquente Paul Bowles dont le portrait est exposé. Du Maroc, il exalte (comme beaucoup) la couleur.

Etonnant contraste entre ses dessins de précisions aussi vrais que des photographies, les planches anatomiques ou études d’animaux, ânes, mouton de l’Aïd aux pattes liées et ses tableaux de natures mortes rappelant Morandi. Etranges tableaux grand formats de paquets ficelés, emballages ou sacs de papier kraft qu’il décline seuls ou par diptyques et triptyques. Sans oublier ces marocains, en djellabas, burnous, capuchons, en prière…Tout cela me fait aussi penser à l’a peinture espanole et à Zurbaran, en cherchant sur Internet je découvre un Agnus Dei (1640) pattes liées, comme l’agneau de l’Aïd, les burnous ressemblent aussi au Saint François encapuchonné.
C’est donc une œuvre très riche et très variée que je découvre aujourd’hui.

Claudio Bravo, collectionneur, m’a encore plus séduite que le peintre. Son palais recèle des trésors : meubles marquetés, incrustés de nacre ou d’ivoire des meilleurs artisans marocains, syriens, iraniens ou indiens. Miroirs prodigieux dans lesquels se reflètent les tableaux du maître ou d’autres trésors ; perpétuelle mise en abyme dans les arches marocaines des fenêtres, les perspectives de couloirs, de patios. Curiosités comme cette chaise de circoncision juive, ces sculptures dogons, les têtes romaines, même des colonnes provenant de Volubilis. « Comment peut-on prélever des colonnes de Volubilis ? », je m’indigne, « quand on est riche, on peut ! » me répond le guide. Collectionneur de fossiles.

A l’étage, la vue sur l’Atlas est extraordinaire. Un salon est installé pour le contempler à l’aise ;
Le séisme de septembre 2023 a fait des dégâts. Les ouvriers sont encore au travail, les fissures visibles ; C’est un miracle que tous ces objets merveilleux n’aient pas été cassés.
En 2006, Claudio Bravo a fait construire un mausolée. Il avait prévu d’abriter une collection de céramique. Après son décès dans son atelier (qu’on a visité tel qu’il était le jour de son trépas) il repose dans le mausolée.

Plus loin, dans les jardins – agrumes et oliviers – comme autour de La Menara de Marrakech, il a fait une réplique du bassin et du pavillon de La Ménara. C’est ici que les clients du restaurant sont servis. C’est aussi là qu’on nous offre le thé.
Retour dans la médina de Taroudant : j’achète des kakis, bananes et clémentines.
Nous profitons de la fin de l’après midi aux Trois paons.
Pour dîner, sardines grillées, poivrons, aubergines haricots verts sautés. Gâteau à l’orange et salade de fruits
comme quoi, rien ne vaut l’avis des locaux, un bon conseil!
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C’est splendide ; je ne connais pas ces artistes, je vais aller en voir davantage. C’était un bon conseil.
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