Exposition temporaire : Sorcières (1860-1920)Fantasmes, savoirs, liberté du 7 juin au 6 novembre 2025
Le Feu et les Bûchers occupe la première salle et sert d’introduction. On y rappelle que 80% des victimes des bûchers furent des femmes.
Sidonia von Borcke Edward Burne Jones
Deux figures historiques sont les héroïnes : Jeanne d’Arc qui devint un mythe pendant la IIIème République et qu’il est inutile de présenter. Sidonia von Borke (Wikipedia) en Poméranie, orpheline, refusa l’autorité de son frère et fut enfermée dans un couvent d’où elle transgressa les règles et fut condamnée comme sorcière(1620) Elle inspira un roman gothique à Wilhem Meinhold et un portrait fameux au peintre préraphaélite Edward Burne Jones.
Les jeux de la nuit
La lune rousse
Des héroïnes littéraires, on peut citer Esméralda, le culte d’Hécate, les sorcières de Macbeth qui inspirèrent avec les feux infernaux, les danses frénétiques graveurs, illustrateurs et peintres. 4 petites gravures de Goya m’ont bien plu. Deux grands tableaux racontent des légendes bretonnes. Diverses illustrations de Notre Dame de Paris sont exposées avec 12 portraits de la main de Victor Hugo, des illustrations de Faust par Eugène Delacroix ou Luc Olivier MersonpourMacbeth. Cinq dessins de Spilleri pour Maeterlincket Verhaeren.C’est une section très littéraire.
Certaines œuvres contemporaines accompagnent les plus anciennes.
Au coin du feu
se disent les contes, et dans les contes la sorcière est très présente. Le XIX ème siècle est l’âge d’or de l’illustration des contes de Grimm, Perrault et des contes russes de Baba Yaga
Le feu au corps
Salomé d’Oscar Wilde
Une autre face de la sorcière est celle qui dissimule ses maléfices, un vieille femme horrible ou une séductrice : Méduse de Bourdelle, Circée ou Salomé Au début du XXème siècle c’est aussi une nymphomane hystérique. gravures de Beardsleypour Salomé d’Oscar Wilde
le Feu du Savoir
la sorcière est aussi la femme guérisseuse, la savante. George Sanddans la Petite Fadette écrit « On n’est jamais savant sans être un peu sorcier »
Des artistes imaginent la sorcière alchimiste et savante accompagnée de leur chat noir. Ranson, Incantation et en face la peinture sophistiquée de Waterhouse
Des vidéos accompagnent l’exposition, Méliès et la Fée Carabosse, Loïe Fuller.
Avant tout, équipez vous de l’audioguide qui se déclenchera au moment opportun devant chaque œuvre! Mais une fois que j’ai eu l’audioguide et le smartphone dans l’autre main pour les photos, je n’ai pas pu prendre de notes comme à l’accoutumée. Je vais donc illustrer la B.O. !
La B.O.
• Richard Wagner, Prélude de l’opéra Lohengrin, 1850
le plus russe des œuvres présentées?
• We praise Thee (chant russe orthodoxe)
Toussaint
• Arnold Schönberg, Trois pièces pour piano opus 11. Mässige (modéré), 1909
Arnold Schoenberg
• Arnold Schönberg, Quatuor à cordes en fa dièse mineur opus 10. Mässig (modéré), 1907-1908
Le Concert avec le piano de Schoenberg
• Alexandre Scriabine, Poème de l’extase opus 54, 1907
• Modeste Moussorgski, Tableaux d’une exposition, 1874
• Johann Sebastian Bach/Anton Webern, Ricercata (Fugue à six voix), extrait de L’Offrande musicale BWV 1079, 1935
• Alban Berg, Concerto « À la mémoire d’un ange », 1935
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La visite se déroule donc en musique. En plus des tableaux sont présentées aussi des études, des dessins, et de grandes animations en musique projetées sur de grands écrans, il semble qu’on voit le tableau se construire en rythme, des triangles, des cercles bougent, dansent, changent de place. Les Tableaux d’une expositions ont été mis en scène à Dessau à l’école du Bauhaus. Curieuse mise en abyme d’une exposition de peinture que Moussorgski met en musique et qui inspire Kandinsky pour une nouvelle mise en peinture, couleurs synesthésiques? formes dansantes? Architecture. Une autre projection XXL sur un écran : le Salon de musique (1931) conçu pour l’exposition d’architecture de Berlin .
Composition X (1939) écoute : à la mémoire d’un ange – Alban Berg
7 Octobre, difficile de ne pas y penser quand je marche sur la plage. pas envie de poster des photos de vacances sur Facebook.
Le temps est magnifique. Cap sur la mer et la Pointe de Trévignon. En passant quelques courses à Trégunc, village breton typique et tranquille. mention spéciale à la boulangerie qui vend un pain de campagne au poids excellent, un très bon far breton et une spécialité Trégonnaise, un financier rond aux fruits rouges, délicieux.
La Pointe de Trévignon abrite un port de pêche à l’abri d’une digue portant un phare. pas de gros voiliers, ni de yachts, ni même de gros chalutiers. Nous observons le ballet des bateaux de pêche qui rentrent au port. l’un d’eux rame il a chargé sa pêche dans des bacs plastique jaune dans son annexe. les poissonneries ne sont pas ouvertes le matin, seulement l’après midi. Sur des panneaux, les numéros de téléphone mobile des deux bateaux. les appelle-t-on pour savoir la marée du jour?
Un peu plus loin, sur pilotis la station SNSMet plus loin encore, un château assez insolite, gris, presque une réplique de château. Je m’approche : propriété privée, je n’irai pas plus loin. en revanche sur Internet je trouverai son histoire. A l’origine, sur la pointe, il y avait bien un bâtiment militaire. Au XIXème siècle il fut acquis par un particulier. Réquisition pendant l’occupation allemande pour loger des officier et construction d’un blockhaus. En 1945, les occupants incendièrent le château. la reconstruction ultérieure donne cet aspect trop neuf de faux château-Disney.
Première promenade sur le GR34 vers l’ouest, il domine deux petites plages de sable encadrées de rochers puis s’écarte du littoral, séparé par une dune et court da pour retrouver le GR dans le marais. Je préfère marcher sur le sable des plages Feunteun Audou et de la Baleine abritées par des gros rochers arrondis entre lesquels je me faufile à marée basse. Certains sont colonisés par des moules qui dessinent des motifs décoratifs. Un ruisseau se déverse avec un fort courant, j’enroule mon jeans au dessus des genoux pour le franchir.
Je continue à marcher pieds nus sur la longue plage de Pen Loc’hjusqu’à la plage de Kerouiny, plage splendide, sur 3 km je ne croise que 3 personnes. Ce calme parfait convient à ma méditation en ce jour de 7 octobre – 2 ans et la guerre de plus en plus cruelle. Le sable est grossier et mou, je m’enfonce et fatigue. Je quitte la plage avant la petite pointe pour retrouver le GR à l’arrière de la dune et les promeneurs équipés de jumelles et de ces longs téléobjectifs des photographes animaliers. L‘étang de Kerouiny est peuplé de nombreux oiseaux. Les plus proches, dispersés dans l’eau sont les aigrettes. Sur une île, une foule d’oiseaux blancs regroupés. j’ai oublié les jumelles, impossible de les déterminer à l’œil nu. Au sommet d’un bunker on a aménagé un observatoire. Un peu plus loin, la Maison du Littoralest fermée aujourd’hui.
Pique-nique de luxe avec pinces de crabe et crevettes grises, trégunoise et far breton au dessus de la Plage de Don où je retrouve le sentier jusqu’à la Plage de Tahiti.la mer est haute, l’île Raguénez est entourée d’eau seuls quelques rochers affleurent. je parcours à pied la belle plage de Tahiti et remonte à la cale de Raguénez où Dominique m’attend sur le parking.
La temps est magnifique. la plage regarde plein ouest. nous restons jusqu’au coucher de soleil prévu pour 19h42. A 19h38, une barre nuageuse surgit à l’horizon. La grosse boule orange est engloutie. Raté! Nous ne verrons pas le rayon vert.
j’ai découvert Mohamed Bourouissa au Musée d’Art Moderne CLIC
puis croisé au Palais de Tokyo
j’aime bien les surprises que des plasticiens contemporains apportent au Louvre comme l’an passé Barbara Chase Riboud je me suis mise en quête de l’installation de Mohamed Bourouissa signalée en bas par une belle affiche.
Mais aucune indication précise sur la localisation, un vague « espace Presse ». Sous la Pyramide, j’interroge un jeune homme vêtu d’un uniforme noir : sécurité ou accueil? Il est très aimable et me répond :
« je vais interroger ChatGpt »
Diable! moi qui le croyais chargé d’accueillir le public! Et le mieux c’est que ChatGpt lui donne l’information que c’est une exposition virtuelle sans localisation dans le musée. Je retourne au comptoir d’accueil et demande à un monsieur d’un âge certain. L’installation se trouve dans la Chapelledans l’aile Sully à l’étage. Belle grimpette, 1 étage au Louvre équivaut à 3 ou 4 dans un immeuble d’habitation.
Une salle vide, sombre, avec 3 poufs poire sur un écran se projette une vidéo les 4 temps au Tuileries
Le soir tombe, les gardiens verrouillent un cadenas, on suit le personnel de sécurité dans les jardins vides à l’arrière d’un coucher de soleil somptueux sur la Défense (jeu de mot, justement à la Défense il y a un Centre Commercial : Les 4 temps). Ronde de nuit pixellisée, à l’arrière des éclairages urbains de la rue de Rivoli. Les statues sont esseulées, elles semblent se mouvoir. …Le matin se lève avec les joggers et les ramasseurs de poubelles. Hiver : les marronniers sont dénudés, le jardin semble appartenir aux corbeaux..
Printemps, ronde des saisons, les touristes sont nombreux….
J’ai aimé voir le temps se dérouler aux jardins, aimé aussi l’attention que le vidéaste prête au personnel de gardiennage ou d’entretien qu’on ne voit pas forcément.
Et merci au monsieur du comptoir!
et zut à ChatGpt qui donne des informations erronées!
Dans la cohue du Louvre j’étais seule dans la Chapelle:
Nous commençons la semaine par la découverte de notre port d’attache : Concarneau. Première visite : l’Office de Tourisme situé Quai de l’Aiguillon à quelques pas de la Ville Closeet de la grand place Jean Jaurès où se tient le marché. En octobre, le parking est gratuit mais le marché est réduit. Deux étals de fruits et légumes très chers, même pas de poissonnier, un camion charcuterie. Dans la Halle, ce n’est guère mieux : un boulanger, un boucher. Je ne trouve pas les crustacés que j’espérais, j’incrimine la tempête du week end dernier, mais à Intermarché il y a tout le poisson qu’on veut. En revanche les portants des marchands de vêtements sont garnis et les prix soldés. A défaut de crevettes, je rentre avec un pantalon, une belle chemise et un T-shirt.
Ville close
Les remparts de Concarneau
Presque une île reliée au port par un pont. On y entre à pied en passant devant le beffroi et sous une porte. Les fortifications furent édifiées au Moyen Âge mais le beffroi – tour portant une horloge – est récent (1906). C’était la Tour du Gouverneur qui protégeait l’entrée de la ville avec un pont-levis, une demi-lune (1480) et un ravelin (?) . Ma visite commence à la Maison du Patrimoine où des panneaux très détaillés entourent une maquette de la ville. Un escalier monte au chemin de ronde sur les remparts que l’on parcourt presque en entier. Sous le soleil, c’est une très belle promenade qui nous mène dans les fortifications, les tours aux noms pittoresques Tour de Fortune, Tour du Maure, Tour du vin…Les toits d’ardoise, les arbres roussis de l’automne égaient cette promenade.
La rue Vauban traverse la ville bordée de boutiques pour touristes, cuir, fringues et même bonbons. Certaines sont jolies. Tentation aussi dans les restaurants : crêpes ou sardines pour les premiers prix, poissons frais. Place Saint Guénolé, une curieuse fontaine qui est aussi un lampadaire. Une belle conserverie propose des boîtes de sardines, bien sûr, mais toutes sortes de tartinades et des bocaux d’algues. Son produit phare est un confit de Saint Jacques qui me fait très envie.
le Musée de la Pêche est fermé le lundi.
la Corniche
C’est le Concarneau balnéaire que nous découvrons. Tout d’abord, nous passons devant le Marinarium et l’Auberge de Jeunesse à la place de l’Abri du Marin, puis une chapelle ouverte avec une très belle maquette de bateau comme ex-voto. une croix repérable par les marins au large et au dessus le petit phare de la Croix.Nous piqueniquons au dessus de la petite plage Rodel.
Sur le sentier côtier à l’Ouest de Concarneau
l’après-midi est consacrée à une balade le long de la Corniche, de temps en temps pieds dans l’eau sur le sable. Après la belle plage des Sables d’Or, le GR34 monte en sous-bois dans un tunnel de verdure, en terre sèche, facile et doux aux pieds. La petite plage de Kernous est charmante. A l‘anse Saint Jean, je fais demi-tour à regrets.
Courses à Intermarché, très bien achalandé. C’est moins pittoresque que le marché ou les petits commerçants mais c’est là qu’on trouve tout.
Les Feuilles Allemandes marquent un rendez-vous avec Stefan Zweig dont l’œuvre est inépuisable.
Courte biographie (185 pages) publiée en 1935, Zweig se trouve à Londres et ses allusions au fanatisme, à l’intolérance, aux forces obscures de l’Allemagne résonnent avec la situation politique de l’époque de Zweig.
Erasme, champion de l’Humanisme, de la tolérance, intellectuel européen est cher au cœur de Zweig, j’y ai presque vu un double.
Bosch : La nef des fous
Evidemment je connaissais Erasmede Rotterdam de nom et l’Eloge de la Folie citée à l’Exposition, Le Fou, au Louvre cet hiver.
Zweig me fait découvrir le personnage : enfant illégitime, confié au monastère des Augustins en 1487, ordonné prêtre en 1492. Latiniste hors pair, il trouve l’occasion de quitter le couvent pour servir de secrétaire à l’évêque de Cambrai. Il ne retournera pas à la vie monastique, étudie à Paris au triste collège du Montaigu « collège vinaigre », y conçoit une horreur incurable pour la scolastique et mènera une vie indépendante en donnant des leçons de latin à de riches étudiants allemands ou anglais, en rédigeant lettres et pamphlets, se contentant d’emploi de correcteur d’imprimerie à Bâle ou à Venise. Il voyage à travers l’Europe, se trouve très bien en Angleterre. A côté de l’Eloge de la folie, il rédige un Manuel du Chrétien militant, compile des citations latines et surtout traduit les Ecritures du grec en 1516. Ses écrits lui valent l’estime de toute l’Europe, il reçoit des propositions de nombreux souverains mais ne veut pas aliéner son indépendance. Zweig compare sa gloire à celle de Voltaire ou de Goethe, plus célèbre que Dürer ou Léonard de Vinci « doctor universalis » « Prince des sciences », lumière du monde ».
A vrai dire, toute cette admiration, presque hagiographique m’ennuie un peu. Zweig ennuyeux? Impossible: le texte s’anime quand il évoque la Folie « Stultitia » A la Folie, on peut prêter des propos séditieux, des critiques de l’Eglise, du luxe de Rome, du commerce des indulgences. Ces critiques préfigurent La Réforme mais elles sont bien reçues, écrites en latin raffiné, entre lettrés, avec toujours bienveillance. Erasme concilie la Sagesse antique, les philosophes et l’Evangile en un Humanisme de bon aloi. Il transcende les frontières, s’exprime en latin, imagine une Europe chrétienne pacifiée où fleurissent les arts de la Renaissance, où afflue déjà les richesses du Nouveau Monde.
Le drame va éclater quand Lutherplacarde ses quatre vingt quinze propositions à la porte de la chapelle de Wittenberg. Tout oppose Luther et Erasme aussi bien le physique que le caractère. A la finesse, la diplomatie s’oppose la grossièreté, la brutalité et la colère. Luther est soutenu par les Allemands
« esprit de conciliation contre fanatisme, raison contre passion, culture contre force primitive, internationalisme contre nationalisme, évolution contre révolution » (p.102)
La deuxième partie du livre va analyser cette opposition de plus en plus véhémente. On devine les prémisses des Guerres de Religion. Erasme refuse de s’engager et évite à plusieurs reprises la confrontation. Il rejette l’offre d’alliance avec Luther. Il ne relève pas les occasions de réconciliation que les princes allemands tentent à la Diète de Worms.
le Chef de la Chrétienté et ses évêques, les maîtres du monde : Henri VII? Charles Quint et François1er, Ferdinand d’Autriche, le duc de Bourgogne, les chefs de la Réforme allemande, d’autre part, tous sont devant Erasme, comme autrefois les héros d’Homère devant la tente du bouillant Achille, le pressant, le suppliant de sortir de sa neutralité et d’entrer en lice.
La scène est grandiose ; rarement dans l’Histoire les puissants de ce monde se sont donné autant de peine pour obtenir un mot d’un intellectuel, rarement la puissance de l’esprit a affirmé une suprématie aussi éclatante.
La fin de la vie d’Erasme sera une vie d’errance : il quitte Louvain, trop catholique, pour Bâle neutre mais qui deviendra protestante, puis Fribourg.
Et la lectrice ne s’ennuie plus du tout!
En conclusion : la publication du Prince de Machiavel signera la décadence de l’Humanisme et la défaite de l’Humanisme devant la force.
A la sortie d’Audierne, à Plouhinec, 3 sites mégalithiques importants avec un Centre d’interprétation (fermé en octobre). Le Cairn est un monument de moellons de pierres communément appelé dolmen. Il recouvre la chambre funéraire fréquemment constitué de grosses dalles. Ici on trouve la juxtaposition de plusieurs monuments funéraires d’architectures différentes construites entre 4500 et 2500 ans av JC et on distingue 6 phases de construction.
Au Néolithique moyen : une sépulture individuelle qui a livré une hache polie, un briquet de silex et pyrite, des flèches, un vase à fond rond et une bouteille en terre cuite.
Plusieurs sépultures collectives, probablement familiales où la hiérarchie sociale se perpétue dans l’ombre des dolmens à couloir possédant un couloir entre les chambres et l’extérieur
Le cairn atteignait 40 m de long et 10 de largeur.
Enfin, lorsque le cairn fut en ruine, on construisit en plein milieu une sépulture à entrée latérale.
Un sentier conduit à la mer et passe sous le Corps de garde de la Pointe du Souc’h on ne voit pas de canon mais une maisonnette.
Grotte effondrée : protégée par un grillage dans la falaise. On y a retrouvé des éclats et des outils à proximité des foyers, des instruments organiques : leviers de bois et pics en bois de cerf, masse percutante.
Ces artefacts donnent des indications sur le mode de vie des hommes préhistoriques. Au Paléolithique, des nomades, chasseurs de grands herbivores. Au Mésolithique, les derniers chasseurs-cueilleurs ont laissé des flèches perçantes en silex . la mer leur apportait aussi beaucoup de ressources : coquillages, poisson pêches avec des nasses et foënes (fourches). Au Néolithiques les hommes partent sur des embarcations pratiquer la pêche à la ligne avec des hameçons en os. Les hommes du Néolithiques ne dépendent plus uniquement de la nature : ils font pousser des céréales et élèvent des animaux.
Des panneaux explicatifs jalonnent le sentier côtier. Un four à goémon fait une tranchée en travers du chemin. Je remarque d’autres stèles dressées (dans un terrain privé)
Pors Poulhan
Pors Poulhan est un petit port dans une jolie anse arrondie où se balancent des barques colorées. Sur une petite éminence, une bigoudène de pierre domine la route. Elle marque la limite nord du pays bigouden CLIC
Pors Poulhan bigoudène
Arrêt pique-nique au Port de Conté.
Languidou ruines romantiques
A Plovan, nous quittons la route pour chercher la Chapelle de Languidou qui est une merveilleuse ruine dans un vallon. datée 13ème et 15ème, elle rappelle l’école de Pont Croix avec sa rosace encore très bien conservée et les piliers fasciés. Des panneaux préviennent les promeneur de respecter ce lieu de prière.
Languidou rosace et piliers fasciés
Notre Dame de Tronoën à Saint Jean de Trolignon est surtout remarquable pour son Calvaire (1450-1460)
Calvaire de Troenen
où une centaine de personnages retracent la vie du Christ et la Passion. Les sujets en granite sont un peu érodés et plus difficiles à identifier mais sur la face protégée du vent et sculptée en kersanton la Vierge couchée, la Visitation et les rois mages sont très finement exécutés. C’est très amusant de retrouver les différentes scènes.
Quand nous retournons dans la Baie d’Audierne, nous nous retournons et la chapelle se détache des dunes avec son clocher en trident.
Flagellation
la Pointe de la Torche
la Torche
Promenade de 30 minutes pour en faire le tour. Comme c’est dimanche et qu’il fait très beau, il y a foule. Sur les deux plages les vagues déferlent . Côté Baie d’Audierne, quelques kites s’envolent. Les surfeurs sont plutôt sur la plage est, très nombreux mais souvent couchés sur leurs planches. Un se lève de temps en temps pour glisser sur une vague. A la pointe, je m’attache à faire des photos des vagues spectaculaires qui se brisent sur les rochers. Je n’ai pas vu le dolmen, au sommet de la colline, trop de monde.
Sainte Marine, Bénodet
le GPS s’acharne à nous diriger vers Quimper et la voie rapide. Il faut ruser . Sainte Marine est notre dernière étape. Très urbanisée, avec de belles propriétés et clubs nautiques sur le bord de l’Odet. Nous avons du mal à trouver à l’eau en voiture. je trouve le sentier côtier et poursuis jusqu’à la Pointe de Combrit. Dans l’estuaire comme sur la mer ouverte il y a de très nombreux voiliers (c’est dimanche) aussi à cause de la proximité des Glenan. Spectacle qui ressemble à celui de la Trinité-sur-Mer, dimanche dernier.
Nous passons Bénodet, la Forêt Fouesnant sans nous arrêter et arrivons directement à Concarneau pour trouver enfin notre gîte.
Notre gîte : Pontage,à l’écart de la ville en pleine campagne. Deux bâtisses de pierre grise avec des volets bleus. Des chaises longues sur une verte pelouse. Ambiance campagne. Nos hôtes sont allemands, tendance écolo. meubles de récup en bois brut, jeux de société, instruments de musique: une guitare, un xylophone et des bâtons de pluie. Tri sélectif très strict : pour le compost mes écorces d’orange ne sont pas acceptées parce que pas bio, comme le pain et tout ce qui est cuit. Même les poules (qui selon moi mangent de tout) seront privées d’épluchures si ce n’est pas bio.
Installations un peu spartiates mais adaptées PMR , parfait!(raison de notre choix).
Finistèrem’a accompagnée pendant ce dernier voyage en Bretagne, comme Cézembre d‘Hélène Gesternaux vacances précédents autour de Saint Malo. J’aime que mes lectures fassent surgir des personnages dans les lieux que je découvre. J’ai aussi beaucoup aimé la Carte Postale.
Toutefois, Finistère évoque les origines bretonnes de l’autrice du côté paternel mais ne se déroule que partiellement en Bretagne. Seul le livre I (1909 -1939) se passe à Saint-Pol-de-Léon et met en scène les deux Eugène, son arrière – grand-père et son grand-père.
Le premier, en 1909 organisa le syndicat rural du Léon àla suite d’une nouvelle exigence des négociants concernant le transport des pommes de terre et des légumes
Cet autodidacte s’était très tôt pris de passion pour un mouvement politique et idéologique appelé Le Sillon, qui appartenait à une gauche chrétienne soucieuse de marier les idées de la République, la foi catholique, et les ouvriers agricoles.
A la suite du boycott des syndiqués par les négociants, Eugène fonda une coopérative agricole : La Bretonne. Et La Bretonne devint toute sa vie.
Son fils Eugène, né en 1922, portait tous les espoirs de son père. Il le destinait à reprendre la direction de la coopérative et faire du Léon une grande région de paysans organisés, un modèle politique et social pour toute la France. Il lui donna une éducation exemplaire, marchant avec lui pour d’instructives promenades, l’emmenant au bureau de la coopérative et lui apprenant tout ce qu’il devait savoir pour y travailler.
Eugène, le fils, n’avait qu’une idée en tête : aller au collège, à l’institution Notre-Dame -du Kreisker. Excellent élève, il brille dans les humanités, latin et surtout grec. Toutefois, les études dans cette institution catholique n’offre pas une ouverture d’esprit, même Homère est censuré. L’Odyssée, offert comme cadeau de Noël est une véritable découverte.
Si j’avais cherché un guide touristique de la Bretagne, j’aurais été déçue. Une balade dans Quimper avec l’immeuble Kodak et le garage de l’Odet seront les seules curiosités. En revanche, j’ai été dépaysée par le Noël breton 1937 :
Pour tenir les enfants éveillés, on leur racontait des légendes anciennes. On leur disait que pendant la messe de Noël, quand tout le monde est à l’église, les animaux des fermes conversent entre eux dans la langue des humains. – Quand sonnent les cloches, la mer se retire et la ville de Kir-Is réapparaît, révélant la vie qui l’animait autrefois. – Alors, les menhirs sortent de terre pour aller boire dans les ruisseaux. Les enfants poussaient des cris de peur qui étaient aussi des cris de joie.
Eugène-fils, n’ira pas au Séminaire comme ses professeurs l’espéraient. Inscrit en hypokhâgne à Henri IV, non sans mal, et mesure la différence entre l’enseignement classique parisien et celui des curés de Saint-Pol-de-Léon. Il découvre l’action politique en participant à une manifestation honorant le 11 novembre alors que les autorités de Pétain (ou les Allemands) avaient supprimé cette commémoration. Puis il participe à des actions de résistance. Après l’échec au concours de Normale supérieure, et pour fuir le STO, Eugène entre en clandestinité. Après son mariage , professeur de français, s’installe à Brest.
Le livre III commence en 1968 « Portrait de mon père en jeune homme », comme son père, Pierre découvre l’action politique au Lycée avec les comités d’action lycéens à la suite d’une émission à la télévision où Marguerite Duras et Romain Goupil évoquaient l’organisation de comités d’action.
Il faut que, dans chaque lycée, s’oppose au pouvoir administratif la volonté organisée des élèves. Dans chaque lycée, il faut construire le comité d’action représentatif.
Par les comités d’action, Pierre va entrer en contact avec les communistes prêts à l’action avec du matériel militant : une ronéo pour les tracts et la lectrice découvre « Brest la Rouge ». C’est le temps des comités Vietnam
Comme son père, Pierre va tenter sa chance à Paris en classe préparatoire, à Louis le Grand et justement c’est mai 68. Il vient de se faire recruter par la JCRet cela restera le grand secret de Pierre….
L’évocation de mai 68 et des années suivantes est très vivante et m’a beaucoup intéressée.
Cette exploration de la branche paternelle de sa famille s’entrelace avec une très belle relation père/fille alors qu’elle découvre la maladie de son père. La lutte contre le cancer rend plus urgente ces recherches. Les chapitres relatant des évènements anciens alternent avec ceux qui se déroulent de nos jours. C’est très émouvant.
Le vent a chassé la pluie mais la tempête annoncée avec des rafales à 79 km/heure me fait hésiter. Est-ce bien raisonnable de faire le tour de la Pointe du Raz sur le GR ? je m’en vais demander conseil à la Maison de la Pointe du Raz. Les hôtesses sont dubitatives. Le vent vient du Nord. Le côté sud ne devrait pas poser de problème, en revanche le côté nord est exposé au vent , partir seule ne leur semble pas conseillé.
Au passage, dans l’espace d’exposition de belles photographies en Noir & Blanc : des portraits de gens de la mer, marins-pêcheurs et goémoniers. Une exposition d’Henri Rivière : »un regard japonisant, la Bretagne dans les yeux d’un admirateur d’Hokusaï » .
Henri Rivière
Le sentier vers la Pointe, le long de la côte sud n’est pas un sentier, c’est une piste très confortable – enrobé et cailloutis clair, bien large et éloigné du bord de la falaise. Même une tempête n’arriverait pas à déstabiliser le promeneur. La Pointe du Raz – labellisée Grand Site – et très bine équipée avec parking payant, bien à l’écart 8€ la journée qui sert à financer les investissements. Les touristes sont canalisés sur cette route confortable ou dans une navette. Des fils métalliques interdisent le piétinement et la végétation mise à mal par la fréquentation a pu se reconstituer. Pour l’aventure, vous repasserez! Pas l’ombre d’une déception, la nature, le vent les vagues sont tellement grandioses qu’on oublie les installations. j’avais eu la même impression aux Chutes du Niagara. je mitraille photo après photo pour immortaliser cette vague, puis la suivante.
Nous sommes allées en voiture Baie des Trépassés et avons déjeuné enfermées dans l’habitacle de la 2008. le sable balaie la plage et le parking. De véritables aiguilles volent horizontalement. Le sable s’insinue partout, même bouclées, vitres fermées, il se dépose sur le tableau de bord. Personne ne se hasarde sur la plage. Pourtant, des intrépides descendent sur le GR auquel j’ai renoncé.
Un nuage noir couvre le ciel quand nous arrivons à Goulien. Pour la Réserve ornithologique du Cap Sizun,il est recommandé de prendre les billets et de se procurer un petit guide au bar-épicerie de Goulien. Samedi 15h, c’est fermé! Pourtant c’est un lieu convivial où on est même invité à venir tricoter et où des animations sont organisées en soirée. ouverture à 16h on n’attendra pas sous la menace de la pluie. L’averse tombe dru quand on atteint le parking. Ce n’est qu’un grain qui s’arrête dix minutes après lorsque je sors en ciré. Le parcours est fléché sur un sentier bien entretenu qui conduit à la falaise où se tiennent (théoriquement) les craves à bec rouge, mouettes, goélands et guillemots de Troïl. Le vent a dû les chasser, personne en vue ans les jumelles apportées exprès pour cette excursion.
Nous nous arrêtons au soleil dans la petite crique de Théolen
Goulien Pors Téolen
Sur la route nous découvrons la chapelle Saint Laurent, surprise qui me ravit toujours.
Nathalie de Chez Mark et Marcel a regretté le beau temps :lire ICI
J’aime les surprises que nous offre Babélio. Auteur inconnu, éditeur inconnu aussi, c’est le sous-titre Souvenirs d’Antioche qui m’a fait cocher la case dans la liste. Antioche me fait rêver : Antioche, hellénistique, romaine, chrétienne, croisée, syrienne ou turque?
j’ai donc ouvert ce livre sans aucune idée préconçue. Il commence par une fouille archéologique menée par deux adolescents belges Haydar et Albin. Référence à Indiana Jones. Roman d’aventure? Haydar dont la famille est originaire de la région fait visiter la Turquie. Road trip? J’ai d’abord cru à une lecture jeunesse.
« Ton bled est complètement fou. Des villes grecques peuplées d’arabes chrétiens et alaouites. Une montagne porte un nom juif avec des villages arméniens ou turkmènes. on en perd son latin.
-Attend demain. Il y a tout près un village arménien où les gens de toutes les religions rendent visite à un arbre.
-qu’y a-t-il de si extraordinaire?
-on dit que c’est le platane de Moïse… »
Le « mont juif » c’est Musa Dagh dont Franz Werfel a raconté la tragédie pendant le génocide arménien ; je le relirais volontiers.
Son ami rentré en Belgique, Haydar retourne dans sa famille et nous présente ses cousins et toute sa famille qui habite autour de Samandag. Ils sont alaouites. On découvre leurs traditions et croyances pourtant gardées secrètes empruntant des fêtes aux chrétiens, proche du chiisme, éloigné du sunnisme turc. Une tradition de persécutions de la par des sunnites a renforcé le secret et la résistance des alaouites qui se réfugiaient dans la montagne. Population arabophone, mais qu’on a alphabétisé en turc avec des lettres latines. Quand la famille d’Haydar est allée en Syrie voisine il était incapable de lire l’arabe. Son père l’enverra à la mosquée pour apprendre à lire l’arabe.
Roman d’apprentissage, les jeunes étudient à l’université et se politisent. A gauche. En 1980 le putsch de Kenan Evren a mis les militaires au pouvoir. Le jeune Haydar les compare dans le livre à des scarabées. Puis opposition à la Premier Ministre Tansu Ciller dans les années 90. Je ne savais pas que la Turquie avait eu une femme à la tête du gouvernement. J’apprends beaucoup de choses dans ce livre!
Le roman d’Haydar, ses allers retours entre la Belgique se termine en 1999. Son engagement militant contre la torture le conduit au tribunal et même en prison. Il lui ferme les portes de la Turquie. Antioche et Samandag deviennent « l’inaccessible Ithaque » . Le séisme de 2023 va anéantir 90% de la ville d’Antioche : l’Apocalypse, titre de l’avant dernier chapitre du livre.
Ce témoignage est très riche, la lecture agréable. J’ai essayé de me documenter sur l’auteur. Wikipédia présente Bahar Kimyongür comme un journaliste belge militant qui vit sous la menace des poursuites d’Erdogan. Il a même subit un attentat en 2018. Cependant, certains lui ont reproché de relayer les positions de Bachar El-Assad, favorable en Syrie à la minorité alaouite. merci encore à Babélio et à l’éditeur qui m’ont offert