Il nous semble qu’il fera meilleur sur la côte sud que nous avons toujours vue sous le soleil. Ag.Ioannis et Agi. Kiriaki sont de belles plages jumelles avec du sable fin. D trouve un banc et une table devant une chapelle. J’arpente pieds nus la limite de la vague qui mouille mes pieds et même mon panta-court relevé aux genoux. Jolie lumière d’après 16h.
A la recherche d’un cybercafé: le Symposion
La soirée commence mal ! Impossible de trouver un cybercafé pour retenir l’hôtel d’Athènes vendredi soir (il n’y aura pas de ferries le 1er mai). Personne pour nous renseigner. Les cafés sont WIFI mais si on n’a pas son propre ordinateur impossible de se connecter. La dame de la location de voiture nous assure que Symposion joue le rôle de cybercafé. Mais où est donc Symposion ! Nous sillonnons la route en voiture et ne le trouvons pas. Forcément, il se trouve dans la rue piétonnière qui monte à la Panagia . En trois minutes, j’ai réservé deux nuits à l’hôtel Economy grâce au site de Booking.com.
Cette nuit, « Monsieur » et « Madame » ont jacassé avec le vent.
Sur d’énormes jarres ventrues, Aristoteles a posé des pots de fleurs sur lesquels il a peint deux visages. Il a enfilé des gobelets pour faire les bras et les jambes et a fait pousser sur la tête de « Monsieur »des aloès qui font une coiffure en brosse avec les feuilles pointues dressées, tandis que la coiffure de « Madame » consiste en petites rosettes descendant comme des boucles. Avec la tempête, les pots des bras et des jambes tintent.
A l’abri du mur toute une collection de plantes grasses, yuccas, succulentes alternent avec les grosses potées de géraniums roses et blancs. Sur une tonnelle grimpent volubilis et chèvrefeuilles.
Un parallélépipède gris très sobre rappelle un hangar industriel sur une plateforme dallée. Une grue de levage soulève éternellement un bloc de marbre blanc.
Plutôt que musée du marbre, c’est le Musée de la Marbrerie.
Musée technologique, moins à la gloire du matériau précieux et noble de l’île qu’à celle des techniques d’extraction, d’équarrissage et de transport. Évidemment toute une partie de l’exposition est consacrée à la sculpture.
le marbre
La définition du « marbre » est celle des marbriers différente de celle des géologues plus restrictive. Le géologue nomme « marbre » une roche métamorphique calcique ou magnésienne, calcite ou dolomite métamorphisée. Ici, on considère comme du « marbre » n’importe quelle roche qu’on peut polir et travailler comme le marbre – marbre, gneiss ou brèche. Le » marbre vert de Tinos »est du gneiss.
La carte de Tinos et la carte de la Grèce situent les principales carrières avec les variétés et les couleurs. Les échantillons polis de différentes teintes forment une sorte de damier.
A Tinos, on exploite le marbre blanc, le marbre gris, blanc veiné de gris, et le « marbre vert » gneiss à séricite et chlorite. Point de grosses carrières industrielles défigurant l’île. Les exploitations sont de petite taille, familiales pour le marbre blanc ou gris, un peu plus importantes pour le marbre vert du Nord-ouest de l’île.
Représentation d’une carrière :
Une grande photo du front de taille avec les ouvriers au travail couvre tout un mur. Sur une estrade, devant la photo, sont disposés des blocs à diverses étapes de transformation et les outils des carriers, burins, coins métalliques, plaques qui permettent de fendre le bloc, ciseaux crantés… les noms des outils sont en Grec et en Anglais (ce qui ne facilite pas mon compte-rendu). Dans un coin un film montre le travail des carriers, le « fendage », l’équarrissage, le transport. La vidéo est sonore si bien qu’on croit entendre travailler pendant la visite.
Le transport, surtout, est impressionnant ; les carrières sont situées dans des montagnes au relief abrupt. Le poids d’un bloc est considérable. Sur place, peu d’engins de levage. Tout se fait à la force humaine avec des cordes comme dans l’Antiquité. Le bloc est glissé sur un traineau puis hissé sur un wagonnet sur rail. Une croix, taillée sur place est transportée à dos de mulet. J’avais déjà remarqué dans la campagne un âne portant ubn harnais de cuir dur renforcé avec des anneaux. La mule du film porte le même. Elle est capable de porter une charge de 300kg sur les sentiers de montagne. Un homme la guide, un autre retient avec des cordes le précieux, fragile et dangereux chargement.
Des hommes au travail
La grand force de ce musée est qu’il ne présente pas des techniques abstraite. Il montre des hommes au travail. L’entreprise filmée est celle des Karageorgis. Les ouvriers ont des noms, des visages. On imagine leur caractère, leur personnalité. L’un d’eux a même perdu un bras. Tinos se peuple ainsi d’ouvriers rudes à la tâche, habiles de leurs mains et ingénieux. Je pense à Zorba qui a, lui aussi travaillé dans une mine. Je pense aux affichettes du KKE collées dans la campagne, aux soleils du Pasok (sans aucune preuve, c’est mon imagination). Je pense aussi à Michel ange qui a fait le voyage à Carrare pour choisir lui-même les blocs de marbre qu’il voulait sculpter.
Le bloc qui glisse le long de la montagne est infiniment précieux pas tant de la pureté de son grain que du travail des hommes. La rampe est vertigineuse jusqu’au port où l’attend la grue qui la montera sur un bateau ou la machine à découper les plaques. La sculpture
La sculpture du marbre est aussi l’affaire de Tinos ; Le savoir-faire se transmet de père en fils. L’arbre généalogique de la famille Philippotis montre sept générations de sculpteurs de 1760 à nos jours .Dans mon ignorance, j’imaginais l’artiste improvisant devant son bloc. La réalité est tout autre.
La réalisation de la tête d’Hygéia montre le moulage, la maquette de plâtre et tout le système de guidage avec des compas articulés permettant de reproduire à l’identique la tête antique.
Ici aussi, une vidéo montre le travail du sculpteur qui cisèle une plaque en demi-lune à poser au dessus d’une fenêtre. Le bruit régulier du marteau et du ciseau résonne dans tout le musée pendant la visite.
L’histoire de l’île de Tinos
L’histoire de la marbrerie raconte aussi toute l’histoire de Tinos de l’Antiquité à nos jours. Le marbre de Tinos a été retrouvé à Délos et à Kionia dans le sanctuaire de Poséidon et d’Amphitrite.
L’occupation vénitienne fut marquée par la construction d’églises, de campaniles…
Après le retrait des Vénitiens en 1715, le rattachement à l’empire ottoman fut plutôt bénéfique aux sculpteurs qui virent leur horizon s’élargir et partir travailler au Mont Athos, à Constantinople, dans les Balkans en Russie et à Alexandrie. Dans une vitrine on voit le Brevet roumain de Karageorgis et ses dessins pour une iconostase à Clucs.
On remarque les dessins pour la façade de l’église de Pyrgos. Le dessin joue un rôle majeur dans le travail du sculpteur : projets montrés au client, mais aussi stencils et patrons reportés sur le marbre.
Attention! Le Musée du Marbre de Pyrgos est fermé le mardi
Pyrgos : la jolie place à l’ombre du platane géant
Pyrgos les deux autres musées, un musée et une maison d’un sculpteur fameux,sont fermés hors saison. Sur la très jolie place sous un énorme platane, les cafés aux chaises bleues sont installés. Un seul sert des consommations. J’ai choisi la table qui convenait à mon dessin, le tronc bosselé à droite, en face un café avec son store ses balcons ouvragés, en perspective une ruelle. La patronne ne sert pas cette table appartenant à un établissement fermé. Tant pis! On se passera de consommation et je dessinerai gratuitement !
Tinos: Panormos, Romanos, la mer, la plage!
Déjeuner sur le port de Panormos, cette fois-ci en extérieur. Le soleil brille, la mer est bleue, les vagues éclaboussent toujours avec violence les rochers de l’île. Tarama et salade russe avec le bon pain de Manelas.
Je n’ai pas trouvé la Tombe Mycénienne annoncée sur la route.
On manque de s’enliser sur la plage de Romanos: de grosses pierres cachées sous le sable et les galets bloquent les roues de la voiture. La plage de sable fin est déserte ;le port est minuscule, quelques maisons de vacances sont accrochées sur la pente raide ; Mon intention était de rejoindre une autre plage par la piste marquée sur la carte. Elle est en corniche beaucoup trop haut. Je renonce.
Au passage on s’arrête à Kionia devant le sanctuaire de Poséidon et d’Amphitrite fermé mais on peut voir à travers les grilles.
Ciel bleu éclatant sur Chora, la ville de Tinos, que nous traversons par les hauts quartiers pour éviter de descendre au port et remonter la rue en pente qui mène à l’Eglise de la Panagia. Quartiers très tranquilles, maisons modernes sans grand intérêt. Bien difficile de suivre les courbes de niveau sur cette île escarpée.
L’Église de la Vierge domine la ville. Un Pèlerinage très fameux s’y déroule au 15 Aout. Toute l’année, un tapis rouge est déroulé sur les marches de l’escalier de marbre. La façade imposante ressemble plutôt à celle d’un palais vénitien que à une église.
La crypte a des arches romanes et des plafonds bas. Des gens y remplissent les bouteilles vendues par les marchands de souvenirs. Des icônes ornent les murs, modernes avec un air plutôt russe que grec.
Le cloitre est planté de cyprès spectaculaires encadrant une vasque de marbre surmontée d’une colombe. Des bureaux occupent une partie du cloitre, au fond il y a un petit musée de sculpture et de peinture. Photos interdites, dommages certaines sculptures sont saisissantes. L’église est remplie de lustres en argent, d’ex-votos occupent toute la voute. En les examinant uns à uns on voit un navire, un wagon, une voiture (sans doute un accident qui aurait pu être mortel sans l’intervention mariale). Sous un voilier figure un énorme poisson. Le donateur était il parti à la pêche au thon ? Le poisson l’a-t-il entraîné par-dessus bord ? A moins qu’une tempête ne soit survenue pendant la pêche ?Je laisse mon imagination vagabonder et imaginer des histoires.
L’architecture de l’église, son fin campanile, les peinture jaunes et or, bleues au plafonds ressemblent à celles des églises catholiques. Pourtant celle-ci est bien orthodoxe. Il faudrait des explications supplémentaires !
Sur le parvis, un halètement nous surprend. Un chien dans l’église parait fort peu probable. Il y a bien des chats au Saint Sépulcre à Jérusalem ! Le souffle court est celui de pèlerins montés à genoux à quatre pattes. En redescendant la rue jusqu’au Musée Archéologique, nous comprenons mieux pourquoi on a mis un tapis le long du trottoir et des cônes orange et blancs pour protéger les pénitents qui gravissent ainsi la côte.
Tinos : musée archéologique
présente les objets provenant de deux sites : de l’Exemvourgo et de Kionia.
Dans les deux premières salles, des céramiques variées, des sculptures funéraires, rien de remarquable.
En revanche, la salle 3 contient des pithoïs du 7ème siècle de taille extraordinaire et surtout d’une grande finesse de décoration. La scène la plus spectaculaire est la naissance d’Athéna sortant du crane de Zeus. Des chars et des combats figurent sur la panse rebondie de l’amphore. On voit aussi un combat avec un fauve. La brochure mentionne la Guerre de Troie et la danse de Thésée à Délos.
Dans le jardin un péristyle sert d’écrin aux sculptures hellénistiques et romaines de Kionia, site actif du 2ème /3ème siècle av JC jusqu’à la fin de l’Antiquité : monstres marins, empereurs romains…
Midi, il est temps de prendre congé de notre camping. Maroula apporte encore des sucreries. Nous échangeons les adresses électroniques. Elle nous souhaite un bon été. Je lui explique que pour nous l’été est encore loin et que nous retournons au collège. Elle et son mari ont été instituteurs de campagne. Nous regrettons d’avoir si peu parlé avec eux. Les six jours ont passé trop vite.
Penelope A de la compagnie Agoudimos est un magnifique bateau blanc qui s’était annoncé au port par un coup de trompe. Il arrive en compagnie du Seajet II que nous avons pris samedi pour arriver à Tinos et pour aller à Mykonos. Le catamaran double le navire, plus rapide mais tout petit.
Au niveau 5, le pont est occupé par un bar, il est à moitié couvert et meublé de tables et de chaises de café. Au niveau 6, le pont découvert est occupé par des rangées de bancs blancs.
Au départ de Tinos, le vent et les embruns nous repoussent à l’intérieur à côté du bar qui sent la peinture fraîche et la fumée de cigarettes.
Tinos défile pendant une bonne heure,j’essaye de me remémorer le nom des villages et des plages:le site de Kionia, Kardiani, Ormos Istiernia. Plus à l’ouest l’île devient déserte, plus de terrasses, des pentes abruptes. Il me semble bien reconnaître la carrière de Vathy présentée au Musée de Pyrgos, son rail très en pente, l’usine de découpe et le port.
Le bateau navigue très près de la côte, haute falaise qui nous protège du vent du nord. L’eau est complètement lisse. Il fait une température très agréable.
Nous la tenons notre croisière ! Soleil et spectacle !
Surmontant le gneiss vert entrelardé de lits blancs plissés et replissés, se trouve maintenant une épaisse couche foncée, noire pâteuse sur laquelle rien ne pousse, sauf une chapelle blanche. A la suite de Tinos, une île portant un phare. Nous longeons les côtes d’Andros avec des falaises en continuité avec celles de Tinos. Le relief s’adoucit ensuite, la végétation s’installe. Nous faisons une escale et de nombreuses voitures entrent dans la cave de Penelope. Quand on se retrouve ne pleine mer la surface de l’au est à nouveau agitée. Le bateau tangue un peu, mais rien de bien désagréable. Penelope est vraiment un navire stable. Nous croisons de nombreux navires de commerce.
De Rafina à Athènes par le bus orange d’Atiki
Raffina, les cars oranges d’Attiki vont à Athènes (2.20€). Nous courrons pour arriver juste au moment où le chauffeur ferme la soute. Nos bagages installés,nous montons dans le car complet. Il faudra faire le voyage debout.
Dans les banlieues, des grandes surfaces, Carrefour, Leroy Merlin… des concessionnaires automobiles. La traversée d’Athènes est interminable. Nous dirigeons-nous vers Omonia ? Je ne reconnais rien. La grand avenue Alexandras aboutit bien au-delà du Musée. Avec les valises le trajet parait interminable.
Nous reconnaissons de loin la terrasse de l’Hôtel Economy de l’autre côté de la grande place de l’Hôtel de Ville.Nous déposons les valises dans la chambre et montons sur la terrasse au coucher du soleil. L’Acropole s’illumine: orgie de photos et de films.
Quand on se préoccupe du dîner, c’est la catastrophe : le porte-monnaie a disparu. On l’a vu la dernière fois dans l’autobus. A-t-il glissé ? Est-il tombé ? Nous l’a-t-on fauché ? On défait frénétiquement sacs et valises.
Il faut faire opposition pour la Carte Bleue. Le centre d’appel est efficace, en trois minutes, la carte est bloquée. Sans le code, elle ne sert à rien dans les distributeurs automatiques, En Grèce les commerçants ne l’accepte que très rarement, prétendant que leur appareil est en panne. Reste Internet !
La grève des ferries nous a volé un jour à Tinos. Qu’allons nous donc faire à Athènes puisque tout sera fermé ?
On traîne, grasse matinée obligée. Je consulte mon courrier électronique. Notre entrain touristique est très modéré. Le réceptionniste de l’hôtel nous conseille de prendre le tram n°5 à Syntagma pour aller à la mer. La mer ? Nous en venons !
Par Athinas aux boutiques fermées et Monasteraki nous montons vers l’Acropole. Les kiosques et les bureaux de change sont ouverts ainsi que les restaurants autour de Monasteraki. L’€uro s’échange à 1.31$ . La crise économique grecque l’a fait dégringoler. Toute la semaine la télévision grecque a délivré des cours d’économie (on n’a rien compris). Aujourd’hui, 1er mai est le jour de protestation des travailleurs. Deux rassemblements sont signalés par des affiches : celui du KKE et celui des anarchistes à 11 heures. L’un au Musée(l’ancien) l’autre à Syntagma.
A défaut de tourisme, irons-nous voir les Grecs manifester ?
Autour des Aérides, les murs des belles maisons ont été tagués. Curieuses épidémies de graffitis ! En 1999, elles étaient maculées d’inscriptions. En 2005, après les jeux Olympiques, tout avait été nettoyé. Maintenant c’est pire que tout. Peut-être les récentes manifestations y sont pour quelque chose ?
Faute de site archéologique, nous divaguons dansAnafiotika. dont j’ai toujours apprécié le calme des ruelles, les jardins fleuris, le parfum des orangers. Revenant des Cyclades, le quartier parait moins exotique ! Ce qui ne retire rien à son charme.
Athènes murmure, Athènes bruisse de rumeurs diverses. En stéréo. A gauche, les liturgiesdiffusées par une église proche. A droite et en face, les sonos des meetings du 1er Mai. 11heures, la sono s’amplifie, du coup le pope augmente le volume ! D’un cortège parviennent des slogans, d’un meeting, de la musique. Pas d’Internationale plutôt Theodorakis ou de la musique traditionnelle. C’est le 1er mai le plus « révolutionnaire » que j’ai connu. Depuis notre arrivée en Grèce (et sans doute bien avant) il se prépare. Athènes devrait être une ville morte. Les Athéniens, ulcérés par les mesures d’austérité qu’on leur inflige protestent. La police est équipée. Je suis partagée entre le désir de m’approcher des manifestants pour sentir l’évènement et la crainte que cela ne dégénère. La prudence nous conseille de rester au loin.
Courageuse mais pas téméraire, je me contenterai du son. J’aimerais bien capter cette ambiance sonore d’autant plus que maintenant se surajoutent les cloches et le bourdonnement de l’hélicoptère qui survole la ville. Faire une carte postale sonore. Nous n’avons pas le matériel. on fait des vidéos avec les appareils photos.
Athènes sans l’Acropole ni musées
Assise sur un parapet, je dessine le panorama : les montagnes bleutées, les collines, la mosaïque des immeubles, des terrasses et les coupoles. Je dessine la cathédrale, affreuse, et oublie la mignonne petite église byzantine avec ses coupoles de tuiles qui se superposent.
La petite église Metamorfis (Transfiguration) se trouve à la croisée de Theorias et de Klepsydra, entre la mesure du temps et les théories. Cette coïncidence m’enchante. Peut-être n’a-t-elle pas le même sens en Grec ? Les Théories n’étaient-elles pas plutôt les cortèges des processions aboutissant aux Propylées, fermées pour cause de grève et autres processions?
En face de l’entrée du site archéologique se trouve un gros rocher poli sur lequel habituellement les touristes affalés comme des phoques contemplent le coucher du soleil ou prennent des photos du Parthénon. Les marches polies (et très glissantes) ont été récemment doublées par un escalier métallique. Ce rocher que je méprisais n’est autre que l’Aréopage – première cours de justice- où Saint Paul a prêché aux Athéniens. Éclipsé par l’Acropole, je ne lui avais prêté aucune attention lors de mes précédentes visites.
Faute de Parthénon, un conférencier germanophone improvise, il raconte la construction de l’Athènes du 19ème siècle par les architectes allemands, et la construction des bâtiments néoclassiques.
l
Peut être les théâtres d’Herode Atticus et de Dyonisos sont-ils visibles ? Je longe les grilles, la promenade ombragée sous les pins me conduit à une grande avenue dallée et piétonnière bordée de beaux hôtels particuliers et d’immeubles luxueux avec marbres et statues jusqu’au nouveau musée de l’Acropole que je ne connaissais pas.
Gyros(1.8€)à Monastéraki que je mange debout devant le forum romain fermé.
J’avais rêvé d’un café frappé sur la terrasse des Aérides devant la Tour des vents. Nous y aurions passé des heures à écrire ou à dessiner comme la dernière fois. Malheureusement à 13h40 l’heure de l’apéro est passée, on sert le repas de midi, on ne peut pas mobiliser une belle table à l’ombre et on nous en propose une du côté de la rue en plein soleil.
Faute d’Aérides, on s’installe devant la Petite Métropole sur une terrasse désertée. Les touristes ont été chassés par une fanfare très bruyante (trompette, tambour…) de musiciens gitans qui interprètent des standards internationaux, pasodoble, Hinehmatov,…Tout autour de l’église sont posés des tas de sacs « Vuitton » ou « Lonchamp » qui semblent abandonnés. D’un coup une dizaine de Sénégalais surgissent, font un baluchon dans un drap et emportent la marchandise. Immédiatement arrivent les policiers sur leurs motos. Les sacs ont disparu. Les vendeurs reviennent dans la minute qui suit. Nous interrogeons deux d’entre eux ravis de parler français :
– « vous êtes Sénégalais ? On vous voit partout dans le monde ! Vous êtes de bons commerçants »
– « on n’a pas en d’éducation, on n’a pas d’autre métier. On vend des sacs. C’est mieux que de la drogue ! »
Moins pernicieux, mais interdit quand même !
– « que risquez-vous ?
– « on nous confisque la marchandise, on nous garde quelques jours et on nous relâche.. »
Le garçon fait irruption, et regarde d’un très mauvais œil ces clients d’un nouveau style.
Eolou ressemblait autrefois à un bazar levantin, pendillocheries et cotonnades bon marché à mi-chemin entre Tati et le souk du Caire, peut être plus proche du bazar d’Istanbul. Maintenant les enseignes internationales se sont installées, H&M, C&A, et autres marques qu’on trouve dans n’importe quelle capitale européenne. Athènes a tourné le dos au Levant. Qu’en est-il de l’Europe ? Une Europe qui n’avait pas prévu une faillite d’un état-membre. La belle idée européenne prend l’eau, Europe économique du Libre-échange et non pas de la solidarité. L’économie actuelle devient complètement incompréhensible. Qui a fait gonfler les bulles financières ? Sur quelle prospérité était assise la Grèce ? Les prix ont considérablement augmenté depuis le passage à l’€uro, ferries, restaurants, nourriture ou carburants. Est-ce la faute des Jeux Olympiques ? Des spéculateurs ? Où est la richesse de la Grèce ?
Athènes- farniente sur la terrasse
La terrasse de l’Hôtel Economy est à nous !
Vue sur le Parthénon, l’Acropole et le Lycabette, jardin suspendu de yuccas, orangers, petites tables de bar à l’ombre d’un store me permettent d’écrire tranquillement pendant les heures chaudes. Distraction originale : on tourne un film porno toutes fenêtres ouvertes dans l’immeuble d’en face, le quartier n’est pas très bien famé !
la terrasse de l’hôtel Economy
A 18h,j’ai découvert ce matin un parcours piétonnier autour de l’Agora et de l’Acropole, partant de Monastéraki jusqu’au nouveau Musée, le long du métro, par Apostolou Pavlou entre l’Agora et la colline de la Pnyx. D’un côté, je découvre les mosaïques romaines, de l’autre la grotte. Une troupe de nymphes, de sylphides et de satyres le corps peint en vert, maquillés et couronnés de lierre et portant des colliers de fleur occupe la chaussée au grand bonheur des touristes mais aussi des Athéniens qui se promènent en famille. Plus près de Monastéraki les touristes sont très nombreux, plus loin les Grecs sont en majorité. Sur des tables on vend des bijoux de pacotille. Les Sénégalais doivent compter avec la concurrence des Pakistanais.
La rue Thrassilou Stratos remonte le long de l’Acropole. A la base du rocher j’oblique sur Plaka pour retrouver restaurants et boutiques de luxe. Eolou, dans l’ombre est désert. Je note avec amusement le nom des rues à proximité du marché : Euripide, Sophocle, Lycurgue…Sophocle est la plus mal fréquentée (hôtels borgnes et vidéos porno) Ce genre de détails m’amuse, comme le jeu qui consiste à plaquer un mot français (généralement de la langue savante) sur un mot grec usuel métaphore pour camion, ou liturgie dans une station service. Diaphane est la marque de ma bouteille d’eau minérale (ouf !)
Nous assistons encore au spectacle du coucher de soleil en deux actes, le spectacle coloré naturel puis l’illumination lente des monuments de la ville.
Pour dîner souvlakis (1.5€ la brochette) achetés ou coin d’Athinas et de la place de l’Agora (marché actuel)
Dimanche 2 mai – retour
La grève est terminée. Le métro direct vers l’aéroport fonctionne : un métro toutes les 30 minutes. Nous prenons celui de 8h33, 10€ pour 2 personnes ou 6€ pour une seule.45 minutes et nous sommes dans le hall des départs. Le retour sera moins mouvementé que le départ.
Venise, 11heures, nous trainons nos impedimenta Piazza Roma à l’autobus n°5 pour l’aéroport Marco Polo(2×2.5€) et 20 minutes. L’aérogare est bondé : week end et lendemain de grève.
14 heures, l’avion s’envole. La vue est extraordinaire sur la lagune. De mon côté, la côte dalmate est masquée par la brume, je devine les sommets. De l’autre côté la côte italienne est rectiligne. Je reconnais les lagunes aux abords du Gargano , l’avion descend. Le petit aéroport de Bari est désert. Comment arriver au port ? L’autobus 16 va à la gare. De là, un autre autobus pour le port. L’autobus traverse d’horribles banlieues : barres très hautes sans aucun effort paysagé. Le centre-ville est commerçant avec des jardins publics méditerranéens. Juste devant le port, une belle forteresse de pierres blanches. Nous arrivons à 17h 30. Notre bateau part à 20 h – il est déjà à quai.
Bari
Attente de l’île, désir de l’île
A l’arrivée sur le bateau, une vague d’enthousiasme me submerge, je suis déjà en Grèce sur le beau bateau blanc. Je plains le touriste pressé qui atterrira dans un aéroport aseptisé et ne verra jamais approcher les côtes grecques puis disparaître dans la brume, qui ne longera pas pendant de longues heures les îles arides ou couvertes de forêts. L’attente de l’île, le désir d’une île, longtemps attendue, convoitée, repérée, dont la côte vous accompagne jusqu’au port qu’on ne découvrira que par surprise. Longues promenades sur le pont, descente des passerelles et puis, grand luxe des salons aux tables vernies.
Le Ionian King est un bateau chypriote enregistré à Limassol. Très gros bateau. Au deuxième pont, une piscine bleue est occupée par des enfants. Des familles dépenaillées montent avec couvertures et oreillers, très bruns, ils ressemblent à des gitans à moins que ce soit des Albanais. Des jeunes Hollandais sont aussi installés pour dormir autour de la piscine. Les passagers sont le plus souvent italiens ou grecs. Ceux qui viennent des pays du nord passent sans doute par Ancône ou Venise
L’accueil est chaleureux comme dans tous les bateaux grecs, les officiers en chemise blanche sont prévenants, pas jeunes. A la réception, on nous attribue une cabine et nous accompagne dans la coursive moquettée. Notre cabine est aveugle, deux lits sont faits, draps blancs, serviette comme à l’hôtel. Il y a une petite salle d’eau. Une couchette s’abaisse. Nous serons 3 avec une dame italienne qui se mettra au lit dès 20heures.
20h, le bateau quitte Bari, le soleil est déjà bas. D m’offre un grand verre de vrai jus d’orange pour fêter le départ. Cadeau que j’apprécie. Le soleil se couche sur les Pouilles. Au haut parleur on appelle en cinq langues les passagers au restaurant. Au self service on sert une grande variété de poissons, espadon, dorade, des brochettes, des côtes de veau. Après avoir lu les prix, je choisis une salade grecque et une assiette de melon et pastèque. J’ai manqué de crudités à Venise
Le bateau longe les côtes des Pouilles, mauves puis bleues qui s’illuminent. Il y a des feux d’artifice. J’aimerais reconnaitre les villages, Ostuni, Brindisi, retrouver les plages – il y a maintenant cinq ans !
A 22h30, je prends le temps de me doucher, de me mettre en pyjama dans un vrai lit (bouchons d’oreilles et masque quand même).
Je dors comme un bébé dans les trains et les bateaux bercée par la mer
5h, on annonce en cinq langues le port d’Igoumenitsa. Tous les passagers sont réveillés et le Ionian King n’en finit pas d’arriver à Igoumenitsa ! On se lève donc.
6h, le soleil sort d’un banc de nuages. Sur un bord, le continent, sur l’autre Corfou. Un ferry à coque rouge parti d’Igoumenitsa fait la course avec nous, pendant longtemps il est tout proche puis il nous dépasse. Pendant la traversée j’avais prévu de reprendre les leçons de Grec, trier les photos de Venise…on n’aura le temps de rien du tout. Aux abords de Céphalonie, un groupe d’habitués italiens commente le paysage. L’île de Céphalonie est toute verte couverte de pins touffus et d’oliviers. Les plages minuscules ne semblent accessibles que par la mer. De nombreux voiliers se balancent : les plages sont pour eux !
Arrivée à Sami
Le ferry accoste à10 h30, heure grecque, 9h30 pour nous. Nous ne verrons pas s’approcher le port de Sami, occupées à boucler les bagages dans la cabine et à les descendre dans les soutes.
A parking du port, la Matiz bleue est bien là, les clés sous le tapis, nous attendant. Nous allons sur le front de mer, à la recherche d’un distributeur de billets et d’une agence de voyage pour organiser le voyage d’Ithaque à Corfou. Personne ne trouve de solution. On nous renvoie à une agence locale à Ithaque ou à Leucade. Portant Ionian King fait bien un arrêt à Céphalonie et un autre à Igoumenitsa. Il refuse de prendre des passagers pour ce court trajet. Nous avons déjà expérimenté ce phénomène, les agences de voyage ignorent (ou feignent d’ignorer) les départs des bateaux des îles voisines. Le plus simple serait d’aller à Patras. Mais c’est horriblement long.
Le port de Sami accueille de gros bateaux mais la ville est toute petite : Dans la rue parallèle il y a trois supermarché. A la sortie de la ville, une station service. C’est à peu près tout. La capitale de Céphalonie, Argostoli, est de l’autre côte de l’île.
De Sami, pour rejoindre Lourdas, plusieurs itinéraires sont possibles : par Poros en suivant la côte vers le sud ou par Argostoli puis la route de Poros, ou couper par la montagne en passant par le monastère, c’est ce dernier que nous choississons. Dimanche à la sortie de la messe il y a foule. Nous demandons le chemin à un marchand qui vend du miel et des herbes, sauge, thym et origan.
Nous quittons la montagne sauvage pour une campagne cultivée. Aux abords de la côte des villages de villas, studios et hôtels se succèdent. Cette urbanisation assez dense et anarchique est heureusement aérée par des jardins des haies de lauriers roses, des pins et des cyprès minces et effilés.
A partir de l’hôtel Lara, la petite route est fléchée : « Stella Vineyard 1800m » entre des propriétés cachées dans la verdure et des oliveraies.
Stella Vineyard est une véritable propriété viticole : devant la maison se trouve un beau carré de vigne bien entretenue.
Notre Gîte
Notre studio s’ouvre sur une terrasse carrelée, sous des arcades fleuries de bougainvillées rose fuchsia, bordées par des balustres blancs. Table ronde blanche, chaises vertes, murs blancs, volets verts. La pièce est très haute de plafond et très fraîche, inutile de mettre la climatisation (+5€) ni même le ventilateur. Devant la porte, un divan de fer laqué de blanc à côté de l’escalier qui mène à la mezzanine où se trouve la chambre. Sous la mezzanine, la salle d’eau. La cuisine est impeccable et fonctionnelle. Une corbeille a été remplie de fruits comme cadeau de bienvenue.
Le propriétaire parle un français impeccable. Il nous parle des cépages de sa vigne (chardonnay, sirah), de ses oliviers et des abricots qui ont bien donné (c’est fini).
La plage
Au bout de la vigne, on ouvre un portillon .Des marches taillées dans la falaise, des escaliers de bois complètent le parcours, 121 marches en tout, mènent à la plage. Plage de graviers blancs, sable grossier et blocs éboulés d’une brèche curieusement polie par les vagues. L’eau est transparente, mon masque me sert plus à reconnaître la topographie du fond (gros galets, rochers ou plaine sableuse) qu’à observer les animaux. Il y a seulement quelques poissons de sable. Comme partout, l’après midi il y a des vagues, rien de dangereux mais je dois nager à contre-courant et n’ose pas aller au large. Je longe le rivage jusqu’à un gros rocher et je reviens. Je suis toujours incapable d’apprécier les distances dans l’eau. D déniché une sorte de grotte à l’ombre avec des rochers lisses qui font une banquette. L’endroit idéal pour qui a oublié de descendre un parasol !
En remontant, nous découvrons un banc sur le rebord de la falaise d’où on a une très belle vue sur la plage et aussi sur le domaine. La maison domine la vigne en pente. Elle a vraiment belle allure. Au rez de chaussée des arcades. Au premier, un fronton triangulaire divise symétriquement le bâtiment. Les arcades fleuries de bougainvillées disparaissent derrière une rangée de mûriers touffus.
Eleftherios nous apporte deux grappes de raisin blanc bien mûr.
– « C’est sûrement une propriété de famille ? »
Et bien non ! Elle date de 1999.
– « j’ai planté des arbres ! »
J’aime bien cette façon de raconter en commençant par les arbres. C’est extraordinaire comme la bâtisse s’intègre dans le paysage et comme l’ensemble est harmonieux. Sous le fronton triangulaire, une terrasse couverte est meublée de petites tables rondes (pour déguster le vin ?). Elle est décorée de vieux objets hétéroclites, comme dans une brocante. Dans les rayonnages de nombreux livres. J’en emprunterais bien quelques uns.
Le loueur de la voiture a son bureau en face du kafénéio installé sous un énorme platane. Lorsqu’il voit sa voiture passer, il nous fait signe. Il demande nos papiers, recopie les numéros du permis, ne s’intéresse pas à la carte d’identité. On signe le contrat rédigé en grec sans le lire, on paie cash. J’apprécie les rapports humains qui existent en Grèce sur les îles. On donne sa parole. Cela suffit.
– « en cas de problème ?
– vous me téléphonez !
– On n’a pas les papiers du véhicule
– Aucune importance ! »
C’est tellement plus chaleureux que les interminables formulaires.
La soirée est délicieuse. Le soleil se couche derrière la colline. Les villages s’éclairent et scintillent. Des insectes sont attirés par l’ampoule, rien de bien méchant. Deux geckos font irruption au plafond de la terrasse. Ils chassent à l’affût les bestioles. Les doigts sont munis de ventouses mais leur corps entier semble collé au ciment. Ils sont aplatis et ressemble nt au chat des dessins animés.