Mount Abu : temples Jaïns

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temple Jaïn

Nous avons décidé de nous passer de guide : le chauffeur d’autres touristes, anglophone et dégourdi, a expliqué le chemin au nôtre. Le temple de Delwara est fermé le matin, nous avons donc dépassé Delwara en direction de Trevor Tank dans la forêt. Sur la rambarde en ciment, les singes sont assis et nous regardent passer. Certains arbres sont très hauts et magnifiques. Beaucoup d’eucalyptus, mais je ne les aime pas. Des palmiers très hauts se balancent. Les maisons de ciment cubiques s’intègrent dans les gros blocs. On voit de l’eau captée dans des réservoirs ou stagnante  dans les creux.

Au bout de la route il y a un petit marché touristique. Les marchandises proposées ne sont pas pour les occidentaux : gilets de laine, bonnets et chapeaux pour les Indiens qui ne savent pas qu’il fait frais à 1219m d’altitude. Derrière le marché, un petit temple jain de Achaleshwara Mahadeva où l’on vénèrerait l’empreinte d’un orteil de Shiva : portiques et coupoles de marbre blanc. 50roupies pour avoir le droit de photographier (que je ne regretterai pas puisque c’est interdit à Delwara). Une autre table, donation 50 rs pour avoir el droit d’aller voir la coupole ciselée de neuf où un  ouvrier est en train de travailler ; Deuxième table, nouvelle donation, je demande la monnaie, surprise, on la fait sans problème. J’entre dans une petite salle sous une autre coupole. Dans un coin, un homme me fait signe. Il me tend une cupule d’eau bénite dont je ne sais que faire, puis imprime avec son pouce une marque sur mon front et hurle je ne sais quoi. A la sortie, je photographie une vache dorée avec un personnage, un dieu ? Lequel ?

A la sortie de ce temple, la route continue par un chemin bordé de boutiques de souvenirs (jolis mortiers et pilons de marbre, thermomètres, baromètres, pendules d’un goût contestable) . Dans la fraîcheur du matin, les vaches descendent de la montagne. Les maisons du village sont très misérables mais cette ambiance calme me plait bien. Au tournant du chemin : une batterie de télescopes (5rs) est pointée vers les sites intéressants. Un homme en haillons me regarde. Je me méfie mais décide de continuer le chemin escarpé qui traverse un village aux maisons peintes en blanc ; les cris des enfants me rassurent. Je ne serai pas seule avec le type aux chiffons orange. C’est le gardien du temple du village (moderne) qu’ il ouvre, je trouve une pièce sans décor, une estrade. Je mets une petite donation sur l’estrade. Il est furieux : c’est insuffisant ! C’est déjà trop puisqu’il n’y a rien à voir ! Je tourne les talons pour trouver toute la bande des enfants qui m’escortent avec une chanson dont je devine facilement le sens : ils veulent un « cadeau ». Ils ont la peau très noire, les cheveux ébouriffés, pieds nus, vêtus des pauvres fripes qu’on jette en occident. Un garçon s’enhardit et donne une tape sur mon sac à dos. Je me retourne et fais els gros yeux. Ils se dispersent comme une volée de moineaux. Puis l’escorte se reforme. Deuxième coup sur mon sac. Je gueule très fort ! Prends le sac à la main et presse le pas. Comme j’ai crié fort ils se sont sauvés, finalement plus craintifs que les enfants marocains ou béninois qui exigeaient « yovo, cadeau ! ». ils ont quand même gâché la sérénité de ma promenade. J’ai renoncé aux derniers temples en haut de la montagne annoncés par le Guide Bleu.

11h30, le chauffeur gare la voiture à l’ombre à proximité du temple de Delwara qui n’ouvre qu’à 12h. Deux files se forment : portique électronique, la policière s’intéresse de  très près au Guide Bleu. Va-t-il être banni comme les objets de cuir, les chaussures, les appareils photos et les téléphones ? Non, elle veut savoir ce qu’on raconte sur le temple pour rendre service à  deux indiens anglophones qui lui ont demandé un  guide en anglais. Elle n’a pas remarqué que c’est en Français. Ils sont justement à côté de moi. Ils sont venus de Chennai exprès et rentreront en avion quelques heures après la visite.

Un homme nous harangue en Hindi. Que raconte-t-il ? Que nous veut-il ? C’est la visite guidée. Le groupe est important, je suis poussée par les autres sans rien comprendre ni voir.

Un vieux monsieur aux manières très policées, et parlant un anglais parfait, propose de me faire visiter le temple. Ravie, j’accepte. Vimal Vasahi fut construit entre 1021 et 1045 par Vimal Shah. Il se compose d’une coupole qui précède la salle de la statue. Tout autour de la coupole se trouve une galerie avec 57 niches renfermant des statues des prophètes Jaïns. Des guirlandes finement ajourées, des petites coupoles en lotus complètent l’ensemble. 16 statues des 16 « professeurs » des prophètes (Sarasvati d’après le Guide Bleu) font la ronde autour de la coupole principale ; Délicates statues féminines souples et aimables d’environ 60 cm de haut. Sur un registre inférieur : une ronde de danseuses et musiciennes  dans des postures les plus souples, déhanchements et déséquilibres aux gracieux gestes de main. Tout autour, des éléphants charmés par les musiciennes,  se tiennent par la trompe. Il y a aussi la ronde des canards, celle des petits lions, des cavaliers..le marbre est d’une finesse extraordinaire et ne trahit pas ses mille ans d’âge. Une dentelle de fleurs de lotus a été ciselée dans un seul bloc sous les petites coupoles. La galerie des prophètes est aussi très décorée. Des panneaux au plafond racontent des scènes mythologiques. Ma préférée est celle de Krishna avec les Gopis  au cours de la fête du Holi. Aujourd’hui, on lance els couleurs ; les Gopis les propulsaient avec des cornes de vaches(les Gopis sont des vachères). Dans une autre représentation, Krishna a un corps de serpent. Ces scènes sont d’une délicatesse exquise. Certaines ont été martelées par l’intrusion de musulmans fanatiques. Ces derniers, pressés ont préféré s’attaquer au nez des idoles que de saccager l’ensemble.  J’ai déjà entendu parler de cette pratique de casser le nez dans l’Egypte ancienne. Certaines niches ont été restaurées récemment. Le marbre est plus blanc mais la technique initiale est la même. A l’entrée, le guide me montre les deux lions sur les marches qui montrent qu’il faut laisser dehors sa colère. Je ne jette qu’un regard distrait à la statue d’Adinath dans sa niche.

Les éléphants ont joué un rôle important dans la construction du temple : coupoles et scène mythologiques sont monolithes. De très gros blocs de marbre ont été apportés à dos d’éléphant sur une distance de 60km, par des pistes malaisées. Un pavillon leur a été consacré : l’écurie des éléphants avec les statues des rois et de ses proches.

Le temple suivant Luna Vasahi fur élevé en 1230 par deux frères Tejapala et Vastupala. Le style des guirlandes diffère un peu du précédent, plus contournées, plus arrondies, baroques…la coupole représente une fleur de lotus pendant à sa clé, encore plus ajourée, encore plus ciselée. De chaque côté de la salle se trouve deux niches en l’honneur des épouses des deux frères. Une compétition s’engagea alors pour les sculptures des deux niches. Sept fois elles furent détruites. Pour cesser le concours, on décida de faire les mêmes sculptures à une légère différence près : un éléphant ou un cheval de plus pour l’épouse du frère ainé.

Nous sortons voir la statue d’Adinath (1468) pesant 4 tonnes, faite d’un alliage précieux d’or d’argent, de bronze. J’ai du mal à accéder à la statue. Les Indiens font leurs dévotions, certains font la révérence, certains se prosternent.

–          « Sont-ils jaïns ? « je demande au guide

–          « pas spécialement, les Hindouistes respectent aussi Adinath. »

Le dernier temple placé près de l’entrée, n’est pas aussi précieux que les deux précédents. Il a été édifié par les ouvriers du temple sur leur temps de pause pour les repas. Les matériaux étaient les restes non utilisés dans les autres temples. Les sculptures sont donc plus simples et ls blocs monolithes ont été remplacés par des blocs jointifs. Les ouvriers étaient payés à al tâche : ils ramassaient la poussière de marbre, pesée sur une balance. On leur payait l’équivalent en poussière d’or, raconte-t-on.

Au retour, le chauffeur nous arrête au lac Nakki.

Nous passons l’après-midi  à prendre le soleil sur les lits du solarium. Des Indiens vivant aux États Unis convoitaient aussi cet endroit. C’est l’occasion de faire un brin de causette. Chez eux les Français n’ont pas bonne presse.

–          « puis-je vous demander quelque chose sans vous offenser ? » dit la dame

–          « pourquoi les Français refusent-ils de nous répondre quand nous leur parlons en anglais ? »

–          « combien d’heures travaillez-vous ? » (nous passons pour des feignants)

Ils me montrent l’escalier qui mène en haut de la tourelle. Ce qui prolonge d’une bonne heure le soleil qui se couche plus tôt à la montagne.

D’un petit car sortent des femmes occidentales vêtues de voiles blancs. Elles parlent Espagnol et viennent de toute l’Amérique latine, Argentine, Chili, Pérou…Elles semblent être des adeptes de la secte brahmakumaris qui a un centre un peu plus bas

–          « que lindo ! que bonito ! ». Elles ont des airs de ravies de la crèche parfaitement béates ! Mi-bonnes sœurs, mi-piquées.

Mount Abu : Jaipur house & Sunset Point

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Jaipur house


Nous sommes logées comme des reines dans la maison qu’un Maharadjah de Jaipur a fait construire en 1867. Petit palais au sommet d’une colline, peint en jaune(comme le City palace de Jaipur) , rose bonbon, aux couleurs de la ville. Jaunes les murs, roses les corniches et moulures en pétales de lotus. Le bâtiment principal s’ouvre sur une terrasse par trois arches indiennes. A l’aplomb de chacune de ces arches, trois fenêtres d’une véranda à l’étage, un joli balcon ajouré surmonté de claustras en ciment, de chaque côté, deux tourelles à clochetons, un grand et un petit, rose et jaune, comme le reste.

 

photos anciennes

Passant la maison, je traverse un salon meublé de canapés, guéridons avec des vitrines, une cheminée d’angle. De grandes photos anciennes des Maharadjas de Jaipur, depuis que la photographie existe. Portraits de grande taille parfois colorisés, de barbus aux moustaches impressionnantes, habillés de soieries, portant des rangs de perles en sautoir, des turbans sophistiqués et parfois des aigrettes. Tous ont grande allure. Les Maharanis aussi !

débordant de fleurs

Notre chambre a conservé le charme ancien : rideaux drapés marrons, lit immense, une grande salle de bains en marbre. Elle donne sur une courette jaune. Le terrain n’est que terrasses, recoins fleuris, petits salons en fer forgé laqués de blanc  dispersés dans les bosquets et sous les clochetons, pour le plus grand plaisir et l’intimité des invités. Sous des yuccas, une balancelle. Face au lac, en contrebas, un solarium avec deux lits de plage que nous occuperons exclusivement.

Et partout des rangées de plantes en pot alignés pour délimiter des coins cozy. La façade croule sous les couleurs des bougainvillées roses de la Bignone orange, des hibiscus aux grosses fleurs rouges, doubles, triples, des cannas plus discrets se mêlent aux haies vives. Des jardinières cimentées sont remplies de pétunias colorés.

Le restaurant, à l’étage inférieur, est installé dans une véranda. En altitude, il fait trop frais pour manger dehors.

la brume sur les crêtes

Je suis conquise par le charme du Jaipur House. Aucune envie de chercher un guide pour visiter les curiosités locales. Lézarder au soleil. Dessiner installée sur la petite banquette à clairevoie qui domine le chaos granitique, écrire, ne rien faire ! Ce soir, j’enroulerai ma nouvelle étole en pashmina sur ma jupe longue et je serai princesse !

Au coucher du soleil nous sacrifions à la promenade romantique de Sunset Point. Romantique pour ceux qui ne sont pas trop regardants sur la solitude ; La foule converge à l’heure dite. Les marchands ambulants, les rickshaws, les loueurs de chevaux importunent les passants. La promenade ombragée sous de beaux arbres mène au point de vue sur la vallée. Il y a beaucoup de brume. Le coucher de soleil sera embrumé !

En route de Jodhpur au Mont Abu

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Mount Abu (1200m) station de montagne du Rajasthan, son lac

La campagne est plate parsemée d’arbres grisâtres. Il y a très peu de cultures en cette saison. On passe un fleuve asséché. Le Rajasthan est à la limite du désert. L’eau de Jodhpur vient du Penjab par une grosse canalisation.

Rohet Bruce Chatwin a écrit le Chant des Pistes. Son hôtel n’est pas visible de la route. De la plaine, une montagne émerge, au sommet  déchiqueté. Je pense à un mirage. En s’approchant, un chaos granitique lui donne cette silhouette étrange. D’autres chicots granitiques apparaissent. L’activité agricole est très discrète. Des piquets et barbelés délimitent des parcelles. Pour quoi ? pour les vaches aux cornes effilées ?

A l’entrée de Pali, on bifurque vers une zone industrielle. Des botteleuses à paille ou à foin se promènent sur la route derrière une moissonneuse. Vers Sirohi,  encore un paysage  de montagnes plus arrondies portant des chaos granitiques. Sirohi est une petite ville, rapidement traversée. Nous trouvons ensuite une très belle route presque une autoroute jusqu’à Abou Road où se trouvent encore de nombreux chantiers de marbriers taillant aussi bien marbre que granite. Devant une pharmacie, une vache mange un long feuillet : l’ordonnance ?

 

Jodhpur : achat de souvenirs au marché

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La Tour de l'Horloge : un repère dans le marché

Arrêt au Sardar Market en face de la Tour de l’Horloge: nous faisons, enfin seules,  nos achats de souvenirs. C’est amusant de comparer les marchandises (finalement très standardisées), de marchander.

Après les merveilleux cachemires de la boutique où se fournissent les grands couturiers, après avoir tenu dans le creux de ma main le couvre-lit pashmina-soie et bambou , d’une légèreté incroyable, je n’ai plus envie de me contenter d’une écharpe bas de gamme. Elles ont perdu toute leur magie. Aux prix abordables de 500 à 1000 roupies, rien ne me plait, ni la couleur, ni la matière. Au moment de rentrer, bredouille, dans une dernière boutique je découvre une étole réversible, douce et légère pour 1500 roupies. On fait descendre le prix à 1000/ « vous en prenez combien ? « demande le vendeur, dépité quand j’annonce : « une seule ».

saris

Le dîner de la veille était excellent. Nous renouvelons la  commande. La piscine n’a pas ouvert. Elle a pourtant été bien nettoyée. Je comprendrai le lendemain pourquoi : deux cars arrivent cette nuit , des Français et des Italiens.

Jodhpur Palais Umaid

Le Palais Umaid se voit de loin dans tout Jodhpur

11h, la visite guidée est terminée ! On ne va pas rentrer si tôt à l’hôtel.

Le guide indique au chauffeur » l’endroit le plus proche », d’où on pourra contempler le Palais d’Umaid Singh, énorme bâtiment récent sur une colline, coiffé d’une coupole rappelant le Sacré Cœur de Montmartre  ou le Parlement de Budapest, qui se voit de partout dans Jodhpur. La voiture stoppe devant un terrain vague occupé par des épineux avec sacs plastiques et papiers gras. Le monument émerge d’un petit bois de mimosas vert tendre.  Impossible de s’approcher plus.

Le Palais est encore occupé par le maharadjah actuel et il est converti en hôtel de luxe. Pas question, selon le guide, d’aller au bar consommer « a cup of tea » comme je l’avais imaginé. Il nous en coûterait 6000 roupies – cher pour du thé !- Nous prenons 2 ou 3 photos affreuses sans être dupes.

–   « et le couvre-lit bleu ! » se souvient, fort à propos, le guide. « Voulez- vous y retourner ?on peut aussi faire le tour des boutiques installées sur le bord de la route. »

Encore des boutiques ! Eh bien non ! Ce sera retour à l’hôtel !

Le réceptionniste de Mapple Abhay est très gentil, très pro, de bon conseil. Je lui demande de nous aider à meubler l’après-midi.

–          « le Musée du Palais Umaid ferme à 17 heures, demandez au chauffeur de vous y emmener. De là, vous verrez le Palais. Ensuite vous prendrez un touktouk pour la Place de l’Horloge et vous pourrez vous promener au Marché »

–          Et la piscine ? Je demande, Toujours hors service ?

–          Pas du tout, elle sera ouverte à 15 heures !

Tout un programme !

En attendant nous traînons dans les canapés du lobby.  J’ai oublié de mettre le carton « clean my room » et on est en train de  nettoyer notre chambre. Une musique de fanfare m’attire dans la rue. Une procession passe. Une dizaine de femme derrière la fanfare portent sur la tête des pots métalliques emboîtés les uns dans les autres ornés de fleurs et d’herbe. Elles rapportent l’eau du Gange en grande cérémonie. Je suis ravie de ce spectacle imprévu. Nous sommes privées d’imprévu dans ce voyage, rien que du prévu et survolé !

15h la piscine est toujours fermée.

15h30 le chauffeur nous conduit à l’endroit de la photo, un peu plus loin se trouve la route de l’hôtel surveillée par un vigile. Impossible de passer. Pour le Musée il faut faire le grand tout par les cantonnements militaires et des quartiers neufs en pierre de taille.

Umaid le maharadja de Jaïpur

Palais Umaid

Construit de 1929 à 1944 par le Maharadjah Umaid sur les plans de l’architecte britannique V Lanchester et décoré par le polonais Nordlin. La construction de ce gigantesque monument mobilisa 3000 ouvriers – c’était justement le but de l’entreprise : donner de l’ouvrage au peuple qui souffrait de la famine. Umaid Singh, maharadjah philanthrope encouragea le creusement de canaux d’irrigation et dota sa ville d’hôpitaux. Passionné d’aviation il créa à Jodhpur un aéroport international (avant même celui de Delhi) et emmena jusqu’en Angleterre l’équipe locale de Polo. Sa famille occupe encore une partie du palais.

Le petit musée est installé dans une des ailes du Palais. Il montre la décoration intérieure, de beaux objets, des photos anciennes et d’autres curiosités. On peut aussi voir les voitures anciennes que collectionnait Umaid. Ce n’est pas un musée très passionnant. Entrer dans l’intimité d’un  maharadjah presque contemporain apporte une couche supplémentaire au mille-feuilles millénaire.

Jodhpur : jardins de Mandore

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cénotaphes royaux aux jardins de Mandore


Mandore fut l’ancienne capitale du Marwar jusqu’au 12ème siècle, avant la fondation de Jodhpur.

Les jardins de Mandore entourent la nécropole royale. Le  jardin public est planté de très beaux arbres aux pelouses bien vertes. Là, vivent des miséreux qui viennent vers nous avec leurs cheveux embroussaillés. Les enfants mendient gentiment. Ils semblent si malheureux qu’ils auraient perdu l’énergie de tendre la main. Le guide les écarte. Les cénotaphes ressemblent à de petits temples en pain de sucre ou en coupole sur une estrade de pierre : le lieu de la crémation. Ils sont rangés par ordre chronologique. Un panneau signale les dates du Maharadjah.

les mains des veuves qui quittent le palais avant de s'immoler sur le bûcher

Ici je me souviens des satis, les veuves montées sur le bûcher pour accompagner le roi défunt. Près de l’entrée du Musée, au fort de Mehrangarhn on voit la trace des mains colorées en  orange, empreintes des mains des veuves prêtes à s’immoler. Nous aurions pu voir des gravures intéressantes à Mandore (d’après le Guide Bleu) mais le guide ne nous les a pas montrées.

Jodhpur : Fort de Merhangarh

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Jodhpur :le fort de Mehrangarh accroché à la paroi

Après un très bon petit déjeuner (papaye en cube, petits beignets) notre guide nous attend pour monter au fort de Mehrangarh. Nous traversons la ville bleue et la route serpente à flanc de montagne. La vue est splendide, le fort parait vissé à la roche, la ville étale ses cubes bleus mieux visible de haut que dans les ruelles sombres.

Entrée : 300Rs+100 par appareil photo, l’audio-guide est compris dans le prix. On peut tout à fait envisager visiter les sites majeurs du Rajasthan sans guide. Les points d’intérêt sont très bien indiqués, les panneaux, intéressants. Les guides pressent le pas tandis qu’avec l’audio-guide on pourrait jouir des belles choses. L’ascenseur (inutile et payant) est en panne.

oiseau de bon ou mauvais augure?

En faisant la queue, je reçois un gros paquet de fiente verte. Heureusement ‘ai ma chemise à manche dans mon sac. Je vais me cacher derrière un pilier pour ôter le T-shirt et mettre ma chemise. Nous gravissons à pied la rampe des éléphants. Après avoir passé la Porte du Soleil, nous entrons dans le château par une entrée discrète pour admirer les sièges d’apparat,  Howdah, nacelles et palanquins anciens. Le maharadjah étaie porté à découvert par 4 ou 6 porteurs tandis que les maharanis étaient abritées dans des palanquins fermés. Certains sièges sont sous une ombrelle. Le plus délicat : le palanquin des prince avait la forme d’un couple de gracieux paons.

Jodhpur : palanquin

Des palanquins on passe aux sabres (désintérêt total de ma part) puis, traversant une cour à l’exposition des miniatures : peintures sur soie, à la queue d’écureuil ou aquarelles. Les plus belles ont été réalisées au 18ème siècle sous le Maharajah Bakhat Singh (1725-1757) ; elles décrivent la vie à la cour : fête du Holi avec les jets de couleur, courses d’éléphants, danseuses et musiciennes, divertissements nautiques sur le bassin. Le maharadjah Vijai Singh(1729-1793)était dévot de Vishnou : j’ai adoré les miniatures à thème mythologique surtout celle où Krishna rencontre les Gopis, le mariage de Vishnou, la bataille de Langka et les légendes du Ramayana.

façade sur la cour du zenana

Un escalier en colimaçon monte aux étages supérieur : soieries précieuses et broderies d’or, rideaux et habits somptueux me touchent moins que les miniatures. A l’exposition des trésors succèdent des pièces luxueuses. La salle de méditation est décorée de bas-reliefs peints un peu naïf représentant des scènes religieuses. Le Pool Mahal , Palais des Fleurs (18ème)était la salle des divertissements, dans e et musique ; Le Maharadja était assis sur une estrade garnie d’épais coussins. Cette salle d’apparat servait également de salle d’audiences privée. La chambre à coucher du Maharadjah Tolkat Singh (1843) était entièrement décoré de délicates peintures, il avait 30  épouses. LA Salle des Miroirs de Pool Palace était entièrement revêtue du sol au plafond de miroirs, des petites niches en forme de flacons précieux garnissaient complètement les murs. On y allumait des lampes à huile dont la flamme se reflétait dans les miroirs.

Après avoir visité les appartements royaux on parvient dans la dernière cour : celle du zenana le gynécée. Toutes les fenêtres, baies, avancées, sont en dentelle de pierre. Des arcs ajourés brisent la façade. Les chambres occupaient trois étages.

Comme dans tout site touristique, la visite se termine à la boutique qui vend tissus et bijoux précieux ainsi que des beaux livres. Je convoite l’un d’eux Garden &Cosmos reproduisant les miniatures. De retour je l’ai cherché, c’est le catalogue d’une exposition du British Museum, à un prix inabordable.

Jodhpur : la ville bleue, marché

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Jodhpur : la ville bleue

16h arrivée à Jodhpur par les cantonnements de l’armée indienne : de beaux bâtiments en pierre de taille de deux ou trois étages dans des bases arborées. Sur un rond point l’avant d’un avion de combat pakistanais tout écrasé, trophée de guerre. L’urbanisme sauvage et le béton n’ont pas encore défiguré Jodhpur (1.5 millions d’habitants) . Les bâtiments de pierre et les monuments se détachent  sur le ciment.

Notre hôtel Mapple Abhay  est central, moderne avec un immense lobby meublé de canapés de cuir blanc et un comptoir en pierre locale. Notre chambre est vaste (standard 3 ou 4*) mobilier moderne, style international, deux grands lits, un salon avec une table ronde et deux fauteuils, un bureau et la vue sur une belle piscine – hors service – ce qui est plutôt frustrant ! Le personnel est très aimable, stylé. L’accueil est parfait.

les vaches au marché de Jodhpur

Le chauffeur (et l’agence ?) ont fait le nécessaire. Un guide nous attend à 17h dans le lobby. Très bel homme, très affable, très élégant, parlant un très bon anglais. Lorsque nous redescendons? prêtes pour la promenade dans la vieille ville – la ville bleue – on nous présente un autre guide, très sympathique mais nettement moins distingué qui promet de parler doucement. Il répète deux fois les mêmes phrases. Ce n’est pas une promenade en Anglais facile que nous recherchons, c’est plutôt un exposé historique avec si possible des anecdotes. Au début il fait des efforts.

la vache et la moto

J’apprends que les vaches citadines sont nourries deux fois par jour par leur propriétaire. Elles ne sont nullement abandonnées  mais nourries et traites. Il ne faut pas s’en approcher. Elles sont pacifiques mais on ne sait jamais.

Comme Jaipur est  « la ville rose », Jodhpur est « la ville bleue », du bleu des brahmanes. Notre voiture s’arrête devant la Tour de l’Horloge, repère visible dans toute la ville. Nous passons à côté des étals des chiffonniers ou autres pauvres récupérateurs qui vendent des objets de seconde main. Marchandises disparates, quelques couteaux gros ciseaux, de la vaisselle dépareillée, des saris criards déjà portés, des coupons de mauvaise qualité. Les maisons bleues sont plutôt rares

Jodhpur : porche bleu

. L’uniformité obligée de Jaipur n’a pas cours ici En ouvrant les yeux, en furetant dans les cours, nous faisons de jolies découvertes. Certaines maisons finement ciselées datent du 15ème siècle. Une pâtisserie vend des petits gâteaux colorés qui me plaisent bien. Les ferblantiers m’amusent ainsi que les couturiers et les barbiers. Le guide a un but avoué : nous montrer la boutique la plus célèbre de la ville, celle qui a pour client Richard Gere, qui fournit Kenzo, Armani et de nombreux designers italiens ainsi qu’Hermès. Une boutique d’antiquaire occupe le rez de chaussée. On monte deux volées d’un escalier très étroit pour se retrouver dans la caverne d’Ali Baba. Le vendeur m’invite à m’asseoir tandis qu’il déplie et plie une série de dessus de lit brodés, incrustés ou en matière précieuse, cachemire, soie ou bambou, par ordre de prix croissant ; Je craquerais facilement pour un couvre-lit brodé ton sur ton incrusté de minuscules miroirs ronds (30 €) vite recouvert par de la soie grège (acheté par Kenzo) puis par un pashmina réversible des jetés de canapé style gitan. Les plus beaux sont réversibles. L’un d’eux acheté parait-il par Hermès set si léger si infroissable que le vendeur en fait une boule dans sa main et le déplie …Pour confirmer ses dires, il sort un vieil exemplaire de Géo avec la photo de Richard Gere. Quel manque de psychologie ! Cliente en sandales Decathlon habillée d’une jupe venant du marché, je ne peux avoir les mêmes fournisseurs que la jet-set ! Pourtant les prix sont abordables. Je marchande le couvre-lit bleu aux miroirs (alors que c’est le pachmina qui me plait). Ce qui m’agace, c’est que le prix a grimpé de 30 à 40 €. Le marchandage fait baisser non monter. J’ai l’impression de m’être faite piéger. Je déserte les lieux sous le regard désappointé du guide qui n’aura pas sa commission. Dernière chance pour lui : les épices bio…On a déjà donné ! C’est non ! Ferme et définitif. La promenade se termine donc devant le marchand d’épice où nous trouvons notre voiture comme par enchantement.

Avant de monter ans la chambre j’achète plusieurs blocs de fruit confit blanc comme le marbre, water-melon à l’aspect de l’encens sous le sucre glace. 100 roupies le kilo, pour 30rs j’en ai un sachet plein.

Jodhpur : fruits secs et melon confit

Au dîner :

–           tandoori aloo : Les pommes de terre coupées en deux sont en robe des champs teinte d’orange (chili ?) elles sont farcies aux cacahouètes et aux noix de cajou, grillées au four. Délicieuses !

–          Murg malai Tikka : poulet mariné avec de la noix de cajou et des herbes cuit au tandoori. Les blancs de poulet sont très tendres, un peu grillés.

Les plats sont très bien servis et surtout très bien décorés : une tomate à moitié pelée, des rondelles d’oignon et un citron vert décorent l’assiette. Au début cela paraît un peu piquant. Après, on s’habitue.

Jaipur – Jodhpur : 7 heures de route sans arrêt

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encore quelques images de Jaipur...

Le petit déjeuner se déroule sous l’œil attentif du vieux maître d’hôtel très attentionné et ému quand je lui demande qui est la beauté figurant sur toutes les photographies du restaurant. C’est la dernière Princesse de Jaipur, princesse et golfeuse célèbre. Sur une photographie je l’avais confondue avec Jacqueline Kennedy. En son honneur le restaurant s’appelle « chamber of the Princess ».

Il faut une bonne heure pour sortir de Jaipur et trouver l’autoroute d’Udaipur. Les quartiers semblent juxtaposés sans aucun plan d’urbanisme. Le degré zéro de l’urbanisme est atteint quand un quartier de beaux pavillons entouré de murs et de barbelés fait face à un dépotoir ou deux vaches piétinent les sacs en plastique. On s’est pressé de construire mais il n’y a ni assainissement ni voirie. Et cela, sur des kilomètres.

La campagne est beaucoup plus aride. Dans la plaine desséchée et sableuse, arbres et arbuste épineux sont dispersés. Au loin, les collines ressemblent à des chicots ébréchés. Le blé paraît clairsemé. Je ne reconnais pas les cultures. De temps en temps, un projet immobilier s’annonce sur des panneaux géants : portique d’entrée de l’ »enclave » ou des « luxury village ». L’autoroute est bien roulante. Les camions sont nombreux, même le dimanche. La voiture dépasse un autobus, foulards et saris colorés volent au vent. Des troupeaux de moutons paissent dans les champs desséchés qui alternent avec les champs de blé ;. Parfois les acacias ou sensitives laissent la place à de gros buissons de plantes grasses vertes et charnues. Encore une université sort du néant.

Ajmer: une heure d'emboutillage derrière les camions!

30km avant Ajmer, fin de l’autoroute, le chantier continue. Nous approchons des crêtes pointues de la Chaîne des Aravelli, montagnes arides, rougeâtres, piquetées d’arbres dispersés et de blocs de granite arrondis.

Ajmer est le site d ‘un pèlerinage musulman fameux, place forte disputée entre Rajpoutes et Moghole. Elle est aussi qualifiée de « marble city ». Sur les bas côté de la route, sur des kilomètres des plaques de marbres de toute dimension et de beaux bloc blancs sont à vendre – éclatant comme des morceaux de sucre géants. Nous sommes coincés dans un embouteillage monstrueux entre les camions de chantier. « Blow Horn » et « Please Horn » peints à l’arrière du camion peint en couleurs vives, inciterait à nous manifester bruyamment. Peine perdue. On n’avance plus du tout. Il faudra une bonne heure pour sortir d’Ajmer et franchir une barre rocheuse largement entaillée par de nombreuses carrières de pierre de taille ou de granulats.

emprunté avec l'accord de http://www.moneyticketspassport.com

 

 

 

 

 

 

Quelques cultures irriguées, des poulaillers industriels, se succèdent.  Le paysage devient désertique. Les travaux de l’autoroute ont complètement défoncé la route. Au choix : rouler vitres montées et étouffer ou ouvertes et manger de la poussière. J’ai déjà l’œil droit tout injecté de sang, j’aimerais garder le gauche en bon état ! J’envie les porteuses de sari qui ont enveloppé intégralement leur visage dans la gaze transparente. Des étals proposent aux camionneurs toutes sortes de décorations : guirlandes colorées de fleurs artificielles, pompons noirs ou plumeaux multicolores.

Quittant la direction d’Udaipur au sud, nous obliquons vers l’ouest. La route franchit un  petit col dans un chaos granitique spectaculaire : grosses boules, creux en cupule, flancs de la montagne complètement lisses. De petits villages aux maisons basses en ciment cubiques sont dispersés sur les épaulements. Dans un  village d’épais tapis noirs sont suspendus : tissu grossier ou toisons de moutons ?

A 14h après 6h de route, nous ne savons plus comment rester assises sur la banquette. Il faudrait se dégourdir les jambes. Le petit déjeuner est loin. La révolte couve. Le chauffeur slalome dans la circulation, attentif aux véhicules, mais complètement indifférent à ses passagères pour qui il n’a pas plus de considération que pour de vulgaires sacs de patates. Et si nous avions envie de pipi ? Et si nous avions faim ? Soif ? Je me décide.  Nous voulons acheter quelque chose pour déjeuner. Justement on traverse un marché. 10 roupies pour une livre de bananes, 20 pour une livre de mandarines, 10 pour 2 paquets de chips « le livre de la Jungle » qui sont des céréales soufflées très très épicées.

Blow Horn! (je ne m'en lasse pas ) merci à fabien

photo

Encore deux heure de route. Nouvelles carrières. Des poteaux de granite rose découpés bornent les parcelles agricoles ou font des palissades en ville et bien sûr se vendent par camions entiers.

Dans la montagne, les hommes un peu âgés portent tous d’épais turbans,  le plus souvent rouge mouchetés, parfois blancs ou même jaune fluo. Il semble que le turban peut remplace le casque à moto !

Jaipur : promenade dans les rues de la ville rose

CARNET INDIEN

les rues roses de Jaipur

Suite de la journée : visite libre du marché et le soir dîner « culturel ».

Dans la ville rose, nous nous apercevons qu’à la place de tourner vers le City Palace, le chauffeur prend la direction de l’hôtel. Il faut insister pour l’arrêter et lui expliquer que ce n’est pas pour prendre une photo mais pour une heure au moins de promenade. Demi-tour dans les embouteillages.

Passer la Porte du City Palace est particulièrement difficile : une seule voiture passe à la fois, et, s’agglutinent les motos, piétons et cyclopousses pied à terre à cause de la pente.  Mais nous la tenons enfin, notre promenade en liberté dans la ville rose!

Comme nous ne souhaitons rien acheter, nous tournons le dos aux boutiques de textiles et de bijoux pour touristes et marchons le long de la chaussée, évitant les dépôts d’ordure trop importants et les endroits boueux. Pour éviter la poussière, la municipalité arrose les artères fréquentées et les commerçants les abords de leurs boutiques. Les voitures ne sont pas trop à craindre mais les motos sont redoutables.

la vache au parking du City Palace de Jaipur

Arrivées aux portes de la ville, nous bifurquons dans les ruelles. Des surprises nous y attendent : de l’eau court dans des caniveaux ; un cantonnier les débouche, il ramasse à la main les détritus. L’eau se teinte en bleu. Y-a-t-il des teinturiers dans le quartier ? On ne le trouvera pas. Nous passons devant de véritables merveilles. Ces masures furent il y a 2 siècles des palais somptueux peints à fresque et aux façades ouvragées. Il ne faut pas stationner trop longtemps, des habitants balancent   leurs ordures par la fenêtre. Les habitants sont un peu étonnés de nous voir ici « où allez- vous ? C’est une impasse ! » . Les rues se rétrécissent en couloir comme dans les médinas marocaines. Le plan orthogonal de la ville rose n’a cours que dans les artères principales.

porteur de pain et charrette à bras des beignets

A midi, nous retrouvons le chauffeur au City Palace. Il faut ¾ d’heures pour atteindre l’hôtel. Ce sera une après-midi de repos au Khandwa Haveli puisque nous sortons ce soir. Je déjeune dans les jardins du même curry de légumes que j’ai testé la veille, les naans sont chauds et craquants, on les a fait cuire exprès pour moi. Comme dessert je prends deux tasses de Masala tea comme à chaque repas depuis que nous sommes en Inde.

Le chauffeur nous a donné rendez vous à 17h30 pour une nouvelle traversée de Jaipur. Il a découvert un itinéraire agréable passant par les beaux quartiers. Les balcons de très hauts immeubles neufs sont surchargés de plantes vertes. Les centres commerciaux de verre sont tout neufs.  Sur une place je remarque une boutique de joaillers « since 1775 », moins originales les enseignes internationales, Reebook, Bata, Levi’s, Lee Cooper…Samsung, LG. Toutes ces marques que nous connaissons et qui ne nous dépaysent pas. Quelle catégorie d’Indiens les achètent ? Même si la fraction est faible, rapporté à la population totale cela représente une clientèle énorme.

Nous arrivons à la sortie de Jaipur. La voiture se gare le long d’un long mur. Le chauffeur paie le droit d’entrée 400Rs.  Pas de prix foreigner et pour cause. Deux jeunes filles nous accueillent : elles nous jettent des pétales de fleur orange (œillets d’Inde) qu’elles puisent dans une corbeille et peignent un point orange sur notre front.  Puis, files – comme d’hab – fouille des sacs. L’hôtesse est particulièrement pointilleuse.

L’ espace est éclairé par de petites loupiotes. Déception : ce n’est pas un village comme annoncé par le programme de l’Agence ! C’est un parc d’attraction et même pas un grand: jardin d’acclimatation en petit ! Trois restaurants – plutôt cantine – trois kiosques avec des musiciens costumés et une piste de danse sous la paillote. Un malheureux dromadaire. Un stand avec des tissus pour se déguiser ou enrouler un turban, un autre stand pour se faire peindre les mains au henné, un massage du cuir chevelu, une rivière enchantée, quelques bicoques imitant la terre battue…Des torches fument et empestent. On entend des feulements et grognements inquiétants sortant d’une grotte où sont cachés dinosaure et animaux en ciment. Le magicien est la seule attraction qui a retenu mon attention .  Il présente exactement les mêmes tours que ceux de l’enfant du waterpalace, mêmes yeux, même chevelures, plus de décorum, de belles mains fines. Nous faisons un tour des attractions, étonnées et déçues, puis un deuxième pour passer le temps. On s’embête mais polies, vis-à-vis du chauffeur qui a traversé toute la ville, on attend.

Les familles indiennes arrivent et le parc s’anime. Père, mère enfants et même la grand-mère. Pépé et Mémé font d dromadaire aussi ravis que les petits. Les tout petits ont noué des turbans, ils font les fiers. Les restaurants sont encore vides. Vers 8h, le parc se remplit de jeunes adultes, vingt-trente ans habillés à l’européenne. Ceux-là sont venus pour danser. Filles et garçons mélangés, ils dansent comme dans les films de Bollywood. Il y a beaucoup plus de garçons que de filles. Le spectacle devient plus amusant pour nous. Ces gens ont payé 400Roupies pour danser et manger assis par terre avec les doigts les mêmes plats que dans la rue dans de petites coupelles qui ressemblent à des feuilles d’arbre moulées. Méfiantes, nous zappons le dîner.

20h30, on peut décemment rejoindre la voiture. Je me console  en terminant la soirée sur Internet (100Roupies).