Jaipur : fort d’Amber

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la porte de Ganesh entre les cuisines et le hammam s'ouvre sur les parties privées du palais

Dans la place d’armes, nous sommes à nouveau assaillies par les marchands. L’un d’eux veut absolument me vendre des marionnettes. Je m’en débarrasse « later » (ce qu’on ne doit jamais dire) il me prend au mot. » Vous me reconnaîtrez je suis Johny Halliday » Johny indien, brun aux yeux noirs mais une vague ressemblance tout de même. Il ne manque pas d’humour !

Lalil nous montre où le chauffeur nous attendra et nous plante là. Nous sommes libres et ravies !

les miroirs de la salle d'audience privée

Quatre cours se succèdent : la vaste esplanade jaune par laquelle nous sommes arrivées par la porte de la Lune ou celle du Soleil. A côté du temple de Kali (que nous ne visiterons pas) on monte par des marche à la cour où se trouve le Diwan-i-Am, le hall des audiences publiques possédant une belle colonnade où marbre gris et grès rose alternent. Les chapiteaux sont amusants ce sont des têtes d’éléphants mais il y a aussi des motifs floraux et des paons gravés sur des médaillons. Au font de cette cour la Porte de Ganesh  permet d’accéder à la troisième cour, au jardin et au Diwan-i-Kast et aux appartements privés. De chaque côté de la porte se trouvent les cuisines et le Hammam.  La salle d’audiences privées est somptueuse toute tapissée de miroirs et de mosaïques. Des éclats de miroir figurent des fleurs, d’autres fleurs sont en pietra dura comme au Taj Mahal, on y a ajouté des abeilles, des papillons donnant fantaisie et légèreté. Tout invite à la douceur de vivre. Face à cette salle d’audience, le jardin privé est conçu autour d’un bassin en étoile avec des fontaines rafraîchissantes.

reflets dans les miroirs

Les appartements privés se répartissent sur plusieurs niveaux accessibles par des escaliers dérobés ou des rampes labyrinthiques. Lorsqu’on s’engage dans un couloir on ne sait pas où on va aboutir. Ayant oublié nos livres dans la voiture, lâchée par notre guide, nous nous perdons avec délice dans les longs couloirs aux murs de marbre du hammam, découvrons des clochetons aux plafonds délicatement décorés. On peut vraiment s’y égaré. J’ai eu un instant de panique, ne retrouvant plus Dominique. D’un belvédère, nous photographions la montagne fortifiée avec  sa longue muraille et découvrons une fenêtre qui donne sur une quatrième cour : celle du Zenana, le gynécée. Cour rose sur plusieurs  niveaux. Des surprises nous attendent : ici, une fresque fine et charmante, une princesse chevauche un félin accompagnée de ses amies et eunuques, là une frise avec des médaillons de cavaliers. On découvre aussi des citernes, des bassins. Un beau moucharabieh domine les parties publiques. Là on a mis en cage un basilic, plante sacrée, objet de véritables rites.

J’aimerais bien confirmer l’idée que Jodhaa, la princesse du film, était bien la fille du maharadja rajpoute de Jaipur

. Le guide Bleu précise que le jardin à la moghole, Darelam, aurait été installé en l’honneur d’Akbar, son mari, venu en visite à Amber. Les bâtiments plus prestigieux !Diwan-i-Am et Diwan-i-Kast sont postérieurs de près d’un siècle, construits par le prince Rajpoute Jai Singh (1621-1667)

Une inscription en  arabe faisant référence à une date après l’Hégire me trouble un peu. Les Rajpoutes, fins politiques, étaient alliés des Mogholes musulmans.

Si nous avions eu notre guide Bleu, nous aurions pu visiter le Jas Mandir, Hall de Gloire, lui aussi couvert de mosaïque et nous aurions cherché les trous permettant d’humecter les tentures ainsi que le chenal traversant le Sikh mandir, salon des plaisirs. La cascade de marbre ciselée allant dans le jardin, nous l’avons vue !

 

A la fin de notre visite Lalil réapparait comme par magie. Il présente la suite de la journée : visite libre du marché et le soir dîner « culturel ».

Jaipur : les éléphants du fort d’Amber

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les éléphants du Fort d'Amber

mariages indiens

L’hôtel a beaucoup de charme avec ses photos anciennes, ses galeries à arcs hindous, ses plantes vertes, sa robinetterie ancienne…mais il n’a pas de double vitrage. Les feux d’artifices et les chants des mariages nous ont amusées un temps. Heureusement, autrefois, Air France offrait une pochette avec un masque bleu et des bouchons d’oreille. Merci à Air France sinon je n’aurais pas fermé l’œil !!

Réveil 6h, petit déjeuner 6h30.

au lever du soleil le fort d'Amber

Le fort d’Amber est perché sur la colline ; Il est doré au soleil levant. Il n’est point d’ambre comme son nom pourrait ne faire croire mais de marbre et peint en jaune.

7H30 nous sommes prêtes au départ des éléphants. Pas de guide.

8h, toujours pas de guide. Le chauffeur me tend son téléphone. Avec le bruit, les marchands qui tentent de me faire acheter 5 éléphants, 30 éléphants…je ne comprends rien. Le chauffeur nous conduit à la tour pour embarquer sur l’éléphant : nous retrouverons le guide au fort. Un groupe de Français monte avant nous. Selon la taille de l’éléphant il aborde soit au haut parapet soit plus bas. On relève le garde-corps et il suffit de s’asseoir en amazone. Nous nous installons : on nous réclame 900 Rs. Pas question ! la Compagnie l’a inclus dans les attractions prépayées dans le forfait. Je ne paierai pas ! On nous demande de descendre ; Nous voilà chassées comme des voleuses.

cornac et turban

Le chauffeur a disparu. Nous voilà seules devant la Suzuki. Un homme s’approche, belle prestance, beaux yeux verts. Il aurait conduit notre chauffeur en jeep au fort. Si  nous lui donnons 300Rs, il nous emmènera là-haut. Je ne paierai pas une roupie de plus. Nous recommençons à nous énerver. Le bellâtre aux yeux verts insiste. Heureusement, un autre chauffeur s’en mêle et nous montre la gargote où les chauffeurs se restaurent. Le nôtre y est sûrement. En effet, et par magie surgit le guide.

– « Pourquoi n’êtes vous pas montées ? »

 – « pas de voucher »

–  « Holiday India ne vous en a pas envoyé un ?  Je paierai de ma poche pour que vous soyez contentes »

Entre-temps une queue impressionnante s’est formée aux éléphants. D’autorité Lalil nous fait passer avant les autres : la queue nous l’avons déjà faite ! Notre éléphant est avancé. Nous n’avons même pas eu l’idée de photographier son maquillage. Les éléphants ont la tête peinte de couleurs vives. Le cornac est vêtu de blanc avec un turban rouge. Il est jeune, gringalet, le visage chafouin.

jardin moghol

Les éléphants se suivent sur une rampe qui grimpe. Nous admirons le merveilleux jardin sur une île dans une pièce d’eau. Les massifs sont délimités par de petits murets aux gracieux entrelacs. A une porte le cornac demande quelque chose à son éléphant. Il a fait tomber son téléphone et voudrait qu’il lui ramasse avec sa trompe. Le pachyderme, de toute évidence ne comprend pas.

Jaipur : ville rose

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les fenêtres des femmes au Palais, comme les alvéoles d'un gâteau de cire

Le guide n’arrive toujours pas. Nous l’attendons depuis plus d’une heure. Le chauffeur nous dépose dans le lobby de l’Holiday Inn : un guide sympathique, canadien nous rejoint. Son téléphone sonne, il nous fausse compagnie. Un autre guide attend sur le parking du City Palace. Nous commençons à nous impatienter. Le chauffeur tourne dans les mêmes rues de la ville historique : ville rose aux maisons basses et aux nombreuses boutiques. Dans Lonely Planet un  itinéraire nous plait. Nous nous passerions volontiers du guide, ce que traduit (peut être ?) le kiosquier à qui nous demandons d’expliquer au chauffeur. Sur ces entrefaites arrive Lalil « bien décidé à remplir son devoir »

le plus grand des cadrans solaires

Jantar Mantar est un observatoire astronomique construit en  1734 par le Maharadjah Jai Singh II : observatoire monumental permettant aussi bien de calculer l’heure avec précision que d’étudier les planètes et les astres. Son cadran solaire, 27m de haut avec un gnomon incliné à 27°, la latitude de Jaipur, est capable de donner l’heure  avec une incertitude de 2 secondes seulement. Des astrolabes de marbre permettent de calculer la position d’un astre repéré dans un cadre métallique suspendu. Un plan incliné donne l’étoile polaire. D’autres dispositifs incurvés disposés en cercle représentent le zodiaque hindou.

Astronomie: viser l'étoile par le trou du rectangle, et situer l'astre

Nous arpentons les ruelles et arrivons à une belle avenue bordée de maisons roses décorée de motifs blancs, très commerçante. Les libraires voisinent avec les ferronniers dinandiers et commerces de textiles. Des ustensiles de laiton, fer blanc ou aluminium  sont entassés ou suspendus. Il y a même de grosses cantines brillantes en fer blanc travaillées artisanalement. Pour serrer quels trésors ? Quels bagages pour quel hypothétique voyage ?par hasard, nous découvrons sous un porche un petit temple – fermé – en revanche une annexe de la poste est cachée là. J’achète donc des timbres pour l’Europe dans cette enceinte sacrée. Au dessus du rez de chaussée occupé par les commerces, le premier étage a de très beaux claustras. Le temple de Krishna ressemble à un palais.

l'enrée du Palais des Vents

Le palais des Vents – Hawa Mahal – a été construit en 1799 par le maharadjah Pradap Singh. Dans une première cour danseurs et musiciens se produisaient les spectateurs aux balcons pouvaient assister aux spectacles ; La cour suivante est creusée d’un bassin carré  avec des fontaines, destiné à rafraîchir l’air. La température de Jaipur peut atteindre 48° à 50° en saison chaude. Le bâtiment du fond comporte 5 étages ; il ressemble à une l’intérieur d’une ruche ou à des nids de guêpe avec des milliers d’alvéoles : les moucharabiehs permettant aux femmes d’assister à la vie de la ville et aux sans être vues. Aussi bien aux spectacles se déroulant dans la cour qu’au commerce de la rue Tripolia où s’ouvrent de minuscules volets par lesquels elles pouvaient découvrir la marchandise vendue au bazar. Pour faciliter la montée une rampe remplace les escaliers.

Le maharadjah est toujours à Jaipur. Il réside au City Palace où une entrée privée lui est réservée. Il possède de nombreuses boutiques.

water palace

Nous nous attarderions volontiers dans la ville close rose mais Lalil veut nous montre Water Place, pavillon au milieu d’une pièce d’eau accessible en barque mais qui ne se visite pas ; Le lac artificiel date de 1561 mais le barrage de 1944.

Un petit gamin propose un spectacle de magie. Une pièce d’une roupie se dédouble, disparaît pour se retrouver dans les plis de ma jupe. Deux coupelles métalliques font une sorte de bonneteau où il n’y a rien à gagner. Il fait disparaître et apparaître des boules d’argile en bonimentant en anglais « la boule va à Agra, l’autre à Delhi… » Cette magie est amusante et sympathique.

le petit magicien

Lalil nous entraîne dans une boutique d’épices – épice bio, de luxe – On nous fait humer cardamome, vanille, badiane et différents parfums. On nous offre ensuite un délicieux « thé au safran » sans sucre ni thé mais très savoureux. J’ai émis le désir d’acheter les ingrédients pour faire du Masala Tea. trois sachets sont nécessaires : le mélange d’épices broyées et deux variétés de thé qu’il faut mélanger ; l’ensemble s’élève à 2400 roupies qui représentent une somme folle. Le marchand refuse de séparer le lot . « Ce serait dommage, vous seriez déçue ! ». J’essaie de marchander. Finalement il en vend 2 au prix de 3, ce qui est encore très cher !

Lalil nous fait monter au Fort d’Amber pour voir les éléphants (nous préfèrerions visiter les musées de City Palace). La colline est fortifiée avec un mur qui ressemble à la muraille de Chine. Les éléphants ne sont pas rentrés du travail. Il ne reste qu’un bébé aux pattes entravées, énorme bébé calin qui me tend sa trompe. Pour la photo il la redresse : bakchich.

On rentre, crevées, au coucher du soleil. La grosse boule rougeoie dans la pollution et se couche à 18h14.

Diner : Navratan Curry (160 Rs) légumes mélangés, haricots verts, chou-fleur, fruits dans une sauce à la noix de cajou, à peine épicé. Et Dali baigan Lazzatdar aubergines dans une sauce au cumin et au yaourt.

Jaipur est très bruyante, ce soir de nombreux mariages de déroulent dans les environs ; Nous avons vu passer en ville la cavalcade du marié sur un cheval paré de manteau brodé ainsi que des fanfares costumes blancs et turbans colorés. La nuit résonne de chants et de feux d’artifice. Arriverons-nous à dormir ?

Jaipur : Khandwa haveli

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…Finalement la voiture s’arrête devant un  très joli palais tout blanc à l’entrée en arche hindoue s’ouvrant sur une allée blanche bordée de plantes vertes en pots : Khandwa Haveli

Notre chambre 302 donne sur une galerie ouverte autour d’un patio arboré dominant des terrasses à clochetons. Des photos anciennes sont exposées partout : maharadjahs en turbans et perles,  photos sépia de familles nombreuses, retour de la chasse au  tigre, maharanis costumées. L’hôtel a un charme fou.

Notre chambre est vaste et claire. Le sol en marbre est orné de dessins géométriques. La robinetterie aux formes rebondies semble d’un autre temps. Seul apport de la modernité : une télévision à écran plat et la clim que nous éteignons.

On the road again….de Ranthambhore à Jaipur

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au cul du camion : blow horn!


Au petit déjeuner, le serveur est prévenant : « repeat juice ? » – « repeat toast ? », la formule m’amuse.

A la sortie de Ranthambore,la route passe par des vergers d’arbres fruitiers, quelques vielles maisons sont couvertes de tuiles. J’admire le  galbe des pots à lait en laiton brillant, très renflés vers le bas au col étroit s’évasant à l’embouchure pour permettre d’empiler un autre pot au dessus. Nous suivons des camions chargés de foin ou de son dans des sacs de toile qui débordent de tout côté comme des ventres. Un  cycliste passe,  en dhoti, un grand châle sur les épaules. Au café, toute une assemblée enturbannée dans des turbans blancs éclatants.

Huit grands troupeaux de moutons se succèdent, les bergers vêtus de blanc, enturbannés avec de grands bâtons ; Deux escouades de petits ânes gris chargés de bidon les suivent.

11h : aux portes de Jaipur, une très grande ville, 2.5 millions d’habitants selon le guide Bleu, 5 d’après Lalil, le guide. Les quartiers périphériques s’étendent loin,  encore ruraux : des dromadaires au poil soigneusement rasé avec des motifs compliqués tirent des carrioles. Les vaches se trainent au milieu des déchets et des papiers gras. Concessionnaires auto, ferrailleurs, tout se mélange dans un embouteillage sérieux. La situation se complique en centre-ville avec le chantier du métro. Des piles de ciments s’élèvent haut, comme à Delhi. La circulation est dense, le chauffeur s’égare…Finalement il s’arrête devant un  très joli palais tout blanc à l’entrée en arche hindoue s’ouvrant sur une allée blanche bordée de plantes vertes en pots : Khandwa Haveli

Le fort de Ranthambhore et le temple de Ganesh

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le fort de Ranthambhore perché sur la colline

L’après midi se passe à la piscine. Je me méfie du soleil, à l’ombre il fait plutôt frais.

Rendez-vous avec le chauffeur pour nous conduire au fort à 16h.

Achat d’eau dans la rue 15Rs au lieu de 61Rs prix de l’hôtel.

La petite route qui monte au fort passant par la Réserve, est très escarpée et pleine de nids de poule. La Suzuki Swift Marutti cale à plusieurs reprises. Le chauffeur recule pour reprendre de l’élan. Les 7km paraissent interminables. La piste se termine sur une petite place d’où part un escalier . Un homme se présente comme guide. Je n’avais pas pensé à prendre un guide, celui là est le bienvenu. Nous montons 4 à 4 les marches et passons par 3 portes, chacune savamment conçue pour repousser un assaillant. L’une d’elle fait un angle droit pour empêcher le passage d’un éléphant, devant la suivante se trouve un gros rocher, un visage grossièrement sculpté, le guide jette un caillou à la face du traitre qui aurait vendu le fort, ce serait une coutume locale de lapider le méchant homme. A chaque tournant, sous un petit abri un rocher est peint en orange avec des yeux et des oreilles d’éléphant représentant Ganesh, des petits Ganesh sur le chemin du temple.

les singes montent la garde

La forteresse est très ancienne. Ses heures de gloire se situent au 13ème siècle avant la conquête de Ala-ud- din-Khalji en 1301. Il repassa sous la domination d’un clan Rajpoute. Passée la porte d’entrée, sur une esplanade, se trouvent les palais du roi Hamir et de vastes bassins carrés, réservoirs très profonds où prospère un  végétal rose qui cache le liquide. Un très joli palais à coupoles et colonnes coiffe la colline. On y accède par un escalier très raide.

Plus loin, sont éparpillées des maisons, une petite mosquée reconnaissable à sa coupole trapue encastrée et ses drapeaux verts.

Encore plus loin le Temple de Ganesh est précédé d’une sorte de marché, ensemble d’auvents de tôle, de branchages. On y vend toutes sortes d’objets et des beignets. Je refuse le collier des roses qu’on me propose. Une vache et son veau divaguent librement.

Pour entrer dans le temple on se déchausse et il faut également se laver les mains. Le guide a fait emplette de touffes d’herbes verte et d’un sachet de beignets ; Il sort un billet qu’il place  sur le plateau d’un prêtre qui le bénit et lui met une tache orange entre les yeux. C’est maintenant mon tour : tache orange, donation, bénédiction. Mon guide est dévot : il s’allonge par terre devant la divinité, place sa touffe verte et le sachet. A la sortie, le prêtre de Shiva se trouve dans une petite case : offrande, tache rouge, bénédiction. Le prêtre noue une ficelle rouge à mon poignet. Me voici doublement bénie. Je décline la proposition d’aller me recueillir à la mosquée fréquentée par des jeunes en  kurta blanche, pantalon blanc et barbe caractéristique.

perruches

Un groupe d’Américains admire le panorama sur la Réserve. Sur le bord d’un des deux petits lacs, ils ont repéré les canters et sont très excités. Avec les jumelles surpuissantes et leurs téléobjectifs XXL, ils prétendent avoir découvert un tigre. Je reste sceptique et descends en vitesse les marches. Il faut avoir quitté la Réserve avant 17h30.

Ranthambhore : safari

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cerfs indiens : combat des mâles

Il faut se lever tôt pour voir des animaux !

A 6h30,  nous attendons notre jeep en compagnie d’un couple d’Indiens d’Allahabad, passionnés d’observation de la nature qui racontent leurs safaris au Kenya et à Madagascar. C’est leur 3ème safari ici à Ranthambhore. Ils ont pris hier de magnifiques photos d’un tigre et d’un léopard .

7h, pas de jeep. Un canter s’arrête, sorte de camion tout-terrain où une vingtaine de personnes peuvent prendre place. Je n’ai pas compris tout de suite que c’était notre véhicule parce que je suis inscrite sous mon deuxième prénom. Une fois dans ma vie, je me serai appelée Louise ! Tape-cul à toute vitesse sur des pistes défoncées pour faire le tour des hôtels et remplir le canter, certains sont des hôtels de toile (tentes grand luxe) . Il faut avoir sur soi son passeport. On remplit des formulaires de décharge en cas d’accident ou de perte des jumelles et des appareils-photos. Inde à la fois bureaucratique et désorganisée !

Avant d’atteindre la Réserve, le canter traverse des villages à grande vitesse. Nous regrettons de ne pas pouvoir photographier les animaux domestiques sous leurs abris, des galettes de bouse, des murs roses décorés de fins dessins d’animaux en une sorte de dentelle blanche. L’orée du parc National, au flanc d’une colline de grès rose, nous parait pelée. Ce n’est pas ainsi que j’imaginais la jungle ! Je l’imaginais  plus verte et plus luxuriante. La végétation sèche correspond plutôt à des broussailles ou un maquis peu dense.

On entre dans la montagne en suivant une étroite vallée. Une rivière, barrée par une digue forme un réservoir carré. La Réserve n’existe que depuis 1955. Les installations hydrauliques sont antérieures. Remontant le cours d’eau, je retiens mon souffle : les animaux viendront peut être boire ? L’instinct de chasse, primordial, déclenche une excitation quasi-animale. Quelle bête s’offrira à nos regards ? Arriverons-nous à la photographier? La chasse au tigre est une tradition indienne. Les miniatures en témoignent. J’avais remarqué le joli départ des princesses pour la chasse aux tigre au Musée de Delhi. C’est bien sûr le tigre que nous convoitons, quoique, un léopard, ne serait pas mal non plus !

Les arbres épineux ont perdu leurs feuilles  en saison sèche. Un premier cervidé se laisse entrevoir tandis que ma voisine de Bombay est particulièrement enthousiasmée par les paons, magnifiques en liberté, leur plumage métallique paraît tout neuf (il l’est, les paons muent). Pas de roue, ce n’est pas la saison.

Le canter s’immobilise devant un troupeau de cervidés que le Ranger appelle Indian Deers : ils sont mouchetés comme des daims, les bois des mâles sont très fins, très longs recourbés et effilés.  Certains mâles se défient, les bois s’entrechoquent. Au dessus de nous, grande agitation dans les feuillages qui se secouent bruyamment. Une troupe de singes est installée. Ils mangent des feuilles, des fruits et sautent de branche en branche. Singes et cerfs sont associés. Ce sont les proies du léopard. Les singes donneront l’alerte si un prédateur s’approche. Le ranger guette leurs cris  Il fait faire demi-tour au canter et l’immobilise près d’un gros arbre feuillu. Feulement et aboiement se répondent. Les singes s’agitent frénétiquement ; on imagine le gros félin tout proche. Après avoir attendu un bon quart d’heure il faudra se contenter des traces des griffes du léopard sur les branches d’un gros banyan. De l’autre côté de la piste deux sambars nous regardent , leurs oreilles rondes leur donnent un air un peu égaré., proie de choix pour le tigre ils sont aussi gros qu’un âne.

Banyan - arbre qui marche

Nous commençons à être blasées. Cerfs et biches ne nous étonnent plus, ni même les paons, pourtant toujours aussi beaux.  Une cigogne noire patauge dans une flaque perchée sur ses longues pattes rouges, elle prend son envol à notre passage.

Notre plus belle rencontre est inattendue. Derrière de petits arbres épineux, une masse noire bouge. J’ai d’abord du mal à mettre au point les jumelles. Il se tourne, lève sa grosse tête, c’est un ours noir, énorme, magnifique. Il creuse avidement une termitière et doit se régaler de termites dodus. Puis il se met en marche. On le voit maintenant très bien. Son  museau est clair (peut être la poussière). Il creuse avec ses griffes à la manière des chiens. Puis s’éloigne indifférent à notre présence. Dans le canter des Indiens évoquent le Livre de la Jungle. J’avais pensé à Kim, j’avais oublié la Jungle !

La forêt devient plus dense avec de nombreux feuillus persistants. Un énorme banyan retient notre attention. Ses racines aériennes ont enserré le tronc et se sont enracinées en plusieurs endroits telles des colonnes verticales, doubles, triples, multiples. Les branches horizontales qui courent entre les colonnes mesurent 4m 6, peut être 210. Le ranger qualifie cet arbre d’ »arbre qui marche » dans d’autres contrées on l’avait appelé « arbre étrangleur ». Ma voisine de Bombay me raconte que ces arbres sont sacrés. Des femmes les entourent de tissus, rubans en faisant le vœu de garder leur mari pendant 7 réincarnations. Un bon mari est si précieux ! La ramure du banyan peut fournir un abri pour un léopard. Animal nocturne, c’est maintenant trop tard pour le croiser. Peut être dort-il tout près d’ici ?

Dernière étape : un lac de barrage à la rivière. De gros rochers arrondis émergent. Sur un banc de sable trois crocodiles dorment au soleil. Ils n’ont pas faim les oiseaux les approchent de près, petits limicoles variés aux longues pattes fines et becs pointus, un héron gris…

pie indienne bleue

Sur l’arbre surplombant le canter de beaux oiseaux ressemblant à des pies se sont perchés. Ventre jaune-orangé, « queue de pie » longue, noire et blanche, bec fort noir ils attendent que les touristes les nourrissent. Au début tout le monde est ravi de les voir de si près, familiers. Rapidement l’un d’eux fiente sur le pantalon rouge d’une grosse anglaise blonde plus du tout ravie. Nous prions pour que les 3 ou 4 oiseaux au dessus de notre siège s’abstiennent !

Des soldats armés de bâtons nous arrêtent sur le chemin du retour. Le Premier ministre du Rajasthan est en safari. Il faut laisser passer son escorte. On attend dix bonnes minutes en plein soleil.

Brunch copieux à 11h : omelettes, toasts, paratha aux pommes de terre, safran coriandre avec des yaourts et un délicieux thé masala.

d’Agra à Ranthambhore, premières impressions du Rajasthan

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traversant un village du Rajasthan


Sortie d’Agra  par des bases militaires puis des quartiers populeux. A 8h30, les marchands ambulants ont installé leurs charrettes à bras. Les enfants partent pour l’école en rickshaws, jupe grise pull rouge, les cheveux lissés. Les rideaux de fer des boutiques sont encore baissés.  Vaches qui mangent les ordures, chiens très maigres, chevaux et ânes qui tirent des carrioles occupent la rue. Il y a également beaucoup de vélos ce matin.

Après ¾ d’heure, la roue traverse enfin des champs. Un tracteur tire une remorque où une dizaine de femmes ont pris place debout. Elles se tiennent par le cou et chantent. Les tissus colorés volent au vent ; Un buffle passe, au cou,  un collier de perles. La route traverse une campagne plate assez poussiéreuse,  campements de fortune. La route de Bikaner est une 4 voies à chaussées séparées, presque une autoroute, sauf que les vaches s’y promènent; le chauffeur les contourne en klaxonnant.

On entre par erreur dans le site de Fathepur Sikri, qui  n’est pas à notre programme. Dommage ! La route est longue,  nous n’insistons pas.  Les murailles sont surmontées de créneaux et des meurtrières. Dans les champs,des paillotes en branchages ont des paraboles pour la télé.

Au milieu de la route, un poste de police rudimentaire est installé sous un auvent. Les policiers ont allumé un petit feu. Ils ont de grands bâtons que j’avais pris pour des symboles d’autorité. Non ! Ils s’en servent et tapent si les voitures ne s’arrêtent pas.

Le Rajasthan paraît plus sec que les environs de Delhi ou d’Agra. Des montagnes se profilent à l’horizon. De plus en plus de dromadaires tirent des carrioles agricoles, l’air hautain, le museau orné d’un beau pompon rouge. Sur l’épaulement d’une crête un petit fort a été construit. La montagne a été entamée par une carrière de grès rose. . Dans les villages les galettes de bouse sèchent sur les toits.

Droamdaire tirant une carriole

Pause dans une sorte d’auberge pour touristes. Le gardien du parking arbore un beau turban multicolore.

A nouveau, une crête montagneuse porte un fort. Les maisonnettes de villages sont décorées.

Dans les champs, je n’arrive pas à identifier les cultures : colza ? pois ou pois chiche ? millet ?

Des marbriers se sont installés en bord de route. Je peux observer le travail de la pierre : plaques de grès très clair, éléphants, autels, portes, claustras bordent la route.

Touktouk et turban

A Dassa on quitte la route principale. Des touktouks sont magnifiquement décorés. La ville est très déstructurée. Lalsot, un pont enjambe un fleuve très large mais pratiquement à sec.

Il est passé midi, il fait très chaud. Enfin Ranthambhore avec ses jeeps et « canters ». Les  lodges, resorts, hôtels ont ouvert pour les safaris dans le Parc National, avec l’équipement hôtelier ont suivi les boutiques, les couvre-lits suspendus, les écharpes…

Notre hôtel  Safari Lodge appartient à une chaîne:  Camps of India. Il est composé de plusieurs petits bâtiments formant un ensemble compliqué de maisons orange pâle reliés par ds passerelles autour d’un patio  de gazon entouré de rosiers et de passages couverts avec des massifs de fleurs. Un peu plus loin il y a une jolie petite piscine.

Safari Lodge Ranthambhore

Notre chambre est dallée de marbre.Les lourdes tentures grenat et les draperies compliquées donnent un aspect solennel, vieillot, inattendu dans un « nature camp » ou un Safari Lodge. Un petit salon est assorti aux rideaux. La salle de bains est vaste et claire mais un peu déglinguée. Nous affectionnons ce genre d’hôtel plus destiné à une clientèle locale qu’au tourisme de masse international.

Une dame enveloppée dans une étole de cashmere fait un brin de conversation. Elle nous recommande la  visite du fort.

Nous passons l’après midi à la piscine étonnée de la température après avoir eu aussi froid à Delhi. Pendant que je nage, une partie du personnel passe armé de piquets rouges et de bats de cricket. Plus tard ils sont repassés très joyeux mimant les gestes du jeu.

Le riz biryani avec du mouton est vraiment très épicé. Heureusement que j’avais acheté une grenade à Agra pour faire passer toutes ces épices.

Agra – Fort Rouge

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entrée du Fort rouge d'Agra


On pénètre dans le fort par l’Amar Singh Gate. Amar Singh était un guerrier d’Akbar. Deux fossés garantissaient la sécurité : à l’extérieur les douves pleines de serpents et e crocodiles, entre les douves et la muraille des tigres et des lions auraient dévoré les assaillants qui auraient échappé aux reptiles.

On ne visite qu’un quart du fort. Les reste est occupé par l’Armée Indienne qui a succédé aux britanniques et avant eux aux Moghols.

Trois rois ont régné sur le Fort er l’ont agrandi : Akbar, son fils Jahangir qui ont utilisé du grès rouge, Shah Jahan construisit en marbre blanc. Le Jahangiri Mahal fut construit par Akbar. L’entrée massive haute de deux étages porte des étoiles de David, Akbar aurait été soucieux de ses concilier toutes les communautés, une autre interprétation voue un symbole cosmologique aux étoiles à 6 branches. Akbar fit également ajouter à la décoration des fleurs hindoues.

Fort Rouge d'Agra : cour de Jodhaabai

Après avoir vu la baignoire monolithique de Jahangiri nous entrons dans le temple hindouiste de Jodaa : dans les niches se trouvaient les statues des divinités hindoues. Aurangzeb, musulman zélé les aurait détruites ne tolérant pas d’idole dans le palais. En face dans la bibliothèque de Jahangir qui était poète on imagine les niches remplies de livres et de manuscrits.

Fort rouge d'Agra : bibliothèque de Jihangir

Dans la cour de Jodhaa Bai les piliers de grès sont finement ouvragés. Les ouvertures imitent les motifs des tapis persans. On dirait même qu’il pend des pompons et des franges !

appartements privés

Comme à Delhi, le Pavillon d’été fait face au Pavillon d’hiver. Par seaux, on apportait l’eau de la Yamuna pour climatiser. A l’étage, un toit en demi-cylindre en marbre blanc, recouvre le petit pavillon de Roshanara, la fille de Shah Jahan. Les appartements royaux dominent la rivière qui fait un coude: le Taj Mahal surgit des brumes dans l’encadrement des fenêtres. Le marbre de la chambre d’Akbar et  de  Jodaa est si fin qu’il est translucide. Murs et plafonds sont piqués de fleurs dorées à l’or fin. Depuis plus de 5 siècles l’or a disparu et ne laisse plus qu’une trace dont on devine la splendeur.

Dans le jardin Anguri, un bassin de marbre rafraîchissait l’air. Les massif de fleurs étaient délimités par de petis murets aux lignes sinueuses.

Des appartements privés on passe dans le Kast Mahal, hall d’audiences privées sous des colonnades de marbre blanc. Maintenant les colonnes laissent passer l’air et la lumière. Il faut imaginer les tentures, les soieries, les tapis persans ou indiens, les coussins…Comme les rois de France qui se déplaçaient de château en château avec leur mobilier, Akbar ou shah Jahan avaient construit de nombreux forts ou palais et pouvaient dérouler les tapis en un intérieur luxueux.

Comme à Delhi, dans la salle d’audiences publiques le Diwan- i–Am, le trône était posé sur une estrade. Le souverain y rendait une justice publique devant le peuple qui se tenait dans une vaste cour.

12h30, notre guide a rempli son programme et ne nous propose rien pour meubler l’après midi ou la soirée. Un spectacle Sons et Lumières a lieu chaque soir au Fort Rouge pour 150Rs. Ce serait l’occasion de revoir le fort et d’en apprendre plus sur son histoire.

A la réception de l’hôtel, on traduit au chauffeur qui nous donne rendez-vous à 17h30. Il fait chaud 30° peut être 35°, une sieste est bienvenue.

Le spectacle de 18h30 est en Hindi celui de 19h45 est en anglais. On nous fait comprendre qu’i ; serait vraiment dommage de ne pas comprendre les paroles. Il faut donc patienter près de deux heures : les marchands de cartes postales et de souvenirs divers nous assaillent ; On a justement besoin de cartes postales  et faire le courrier passera le temps !

Nous sommes assis dans la cour devant le Diwan-i-Am. Le site st grandiose mais les illuminations tournantes manquent un peu de variété. A l’âge du Laser, des hologrammes, de la 3D, on aurait au moins pu projeter des personnages, faire intervenir des chevaux, à défaut quelques figurants en chair et en os. Rien de tout cela ! Les différentes parties de la cour s’illuminent alternativement. Un récitant – diction britannique parfaite- raconte l’histoire d’Agra ou plutôt celle des Moghols. Le récit est émaillé d’anecdotes qui auraient épicé la visite :

Histoire du « Shah pour une demi-journée » devant traverse une rivière, le shah est sauvé par un porteur d’eau. Pour le récompenser, le le fait roi une demi-journée.

La Justice de Jahangir : s’exerçant au tir à l’arc, la sultane a tué le mari d’une paysanne ; Celle-ci vient au Diwan-i-Am réclamer justice. Jahangir tranche en disant qu’on doit donner un arc à la paysanne pour abattre le mari de la meurtrière. La femme refuse de tuer Jahangir qui change la sentence et lui donne une terre et l’équivalent en or du poids de la reine.

Le Room service nous apporte le dîner dans la chambre :

Peas Pallao : riz basmati « cuit à la perfection » mélangé avec des petits pois crus des herbes et diverses graines.

Aloo Dum Kashmiri : pommes de terre farcies au fromage dans une sauce rouge un peu épicée et très parfumée.

Heureusement que le riz fait passez les épices !

Le restaurant en terrasse est loué pour fêter un anniversaire. Les invités très bruyants dans  notre couloir. De rage D claque la porte : quelque chose se détraque et on est enfermées dans la chambre. Il faudra 3 coups de fil à la réception pour être délivrées.

Agra – Sikandra mausolée d’Akbar

CARNET INDIEN

 

entrée du mausolée d'Akbar à Sikandra


Le décalage horaire doit encore se faire sentir. Je lis 8h à ma montre,nous nous préparons alors qu’il n’est que 7h. Le petit déjeuner de Crystal Inn a plus d’allure que celui d’Aster Inn. J’évite le jus trop clair (noyé d’eau ?), deux œufs durs glissent dans mon sac pour plus tard. Je me sers abondamment de cubes de papayes et prends deux parathas épaisses aux légumes ;

Le mausolée d’Akbar,à Sikandrasur la route de Delhi, est à 18km d’Agra. Le trajet dure une heure en traversant la ville. La rivière Yamuna,enjambée par deux ponts métalliques destinés aux trains et aux piétons, ponts de l’époque coloniale analogues à celui d’Hanoi sur le Mekong,ses eaux sont basses dans un lit très large, elle fait un coude à Agra. Les maisons sur sa rive, sont anciennes,de vieux balcons de bois dépassent, balcons fermés par des barreaux et des moucharabiehs. Au niveau de la rue sont installés toutes sortes d’ateliers, garages, entrepôts, entretenant un désordre moins pittoresque ou tout au moins plus contemporain. Sur le bord des auvents, en haut des murs, des familles de singes sautent de maison en maison ; d’autres sont assis sur des tas d’ordures et mangent des mangues. Personne ne semble se soucier d’eux. Ni des chiens qui se perchent sur toits et terrasses. En pleine ville d’Agra comptant un million d’habitants, les vaches et les buffles divaguent.  Ces derniers vont boire au fleuve. Sur l’autre rive de la Yamuna sont étendus les rectangles colorés de la lessive qui sèche.

L’anarchie règne dans la circulation, dans la construction aussi. « En Inde tout est possible ! » s’amuse à répéter sentencieusement le guide. Slogan qui couvre le développement comme les incohérences et les abus.

A la sortie d’Agra, en face de Sikandra, la route est complètement bloquée. La voiture reste vingt minutes à l’arrêt. Pourquoi ? Aucune raison spéciale ! Je me livre à des statistiques personnelles : dans la circulation il y a surtout des camions peints de motifs géométriques colorés. Beaucoup de touktouks aussi bourrés à bloc : 9 ou 10 s’entassent, des motos, très peu de véhicules privés. Le contraire de ce que j’ai constaté à New Delhi.

Image d’un temps disparu : un cycliste enturbanné transporte une très haute pile de coupons chatoyants. Nous stationnons depuis un bon quart d’heure en face du mausolée d’Akbar, un vendeur traverse la route pour nous proposer des petits éléphants 1 pour 100 roupies, puis 2, puis 4

–  « ils forment maintenant une famille ! ». Les vendeurs ne sont jamais à court d’arguments

mausolée d'Akbar - détail

Mausolée d’Akbar à Sikandra

Sikandar Lodi (1488-1516), 2ème sultan de la dynastie afghane des Lodi, fonda la ville. Akbar entreprit lui-même la construction de son mausolée, continuée par son fils Jahangir après la mort d’Akbar en 1605. Le mausolée fut terminé en 1613.

La prote principale encadrée de 4 tours, en grès rouge, est  incrustée de motifs de toute beauté. Des versets du Coran sont gravés sur une bande de marbre qui court autour de l’ouverture entourée de motifs floraux ou géométriques. Grès rouge, grès jaune, marbre blanc, marbre noir en entrelacs ou en damiers.

On entre dans un quadrilatère. Le mausolée ressemble à un palais : soubassement rouge à larges arcades, au dessus un étage de grès rouge à clochetons ouvragés et à balcons en dentelle de pierre. Rein ne laisse deviner une coupole ou un tombeau. On imagine l’animation de la vie de palais plutôt que le calme d’un tombeau. Pendant toute la visite, une idée me turlupine : est-il possible d’accéder à l’étage ? les fenêtre s’ouvrent-elles sur des vraies pièces ou sont elles seulement des trompe-l’œil ?

Une rangée de palmiers très hauts et de nombreux arbres feuillus touffus et vénérables bordent des pelouses très vertes ou broute un troupeau d’antilopes aux cornes torsadées. La présence de ces animaux et une véritable surprise. Les petits écureuils vont de –ci et de-là. Les bruyantes perruches forment des escadres fournies. Sur un banc de grès rouge ou su l’herbe verte se détachent des aigrettes blanches et des oiseaux noirs et gris au bec rouge.

Le décor agreste, la verdure, la présence des animaux, l’éloignement relatif de la ville, la rareté des visiteurs contribuent à rendre ce site enchanteur.

J’ai rencontré Akbar dans le film Jodaa Akbar. Cet empereur tolérant me plait bien. Pour visiter son tombeau il faut descendre  un couloir très étroit très haut de plafond, complètement nu, jusqu’à une salle très simple au plafond endôme. Un vieil homme chante « Allah hou akbar ! » sa prière résonne  sous la coupole. Dans le creux de la tombe j’ai oublié le riant palais qui la surmonte.

Nous flânons  encore une demi-heure dans la verdure sur l’esplanade de grès creusé de rigoles. Une antilope solitaire aux cornes torsadées vient poser pour la photo.

Le retour vers la ville bruyante est facile, le trafic est fluide. Un troupeau de buffles passe…