CARNET INDIEN

A peine installées à Agra, en route vers le Taj Mahal !
L’entrée coûte 750 Roupies cash(pour les étrangers). Il faut essayer 3 ATM pour retirer de l’argent : le premier est musical mais n’entre pas en fonction, le second se bloque quand je demande 12.000 roupies, il faudra trouver un 3ème et demander 6000, deux fois avec deux cartes différentes (bonjour les frais bancaires !)
Réussir la visite au Taj Mahal est le sujet de nombreux posts sur les forums, recommandant le lever ou le coucher du soleil. Chacun cherche à éviter l’affluence. Notre guide nous prend au dépourvu. Nous arrivons à 15 heures. Il fait beaucoup plus chaud qu’à Delhi.
La municipalité d’Agra, soucieuse d’environnement, clame « Libérons Agra du plastique ».L’espace du Taj Mahal est interdit aux véhicules à moteur. Le Guide bleu (p337) explique que la pollution, surtout industrielle, (SO2) a failli détruire la blancheur du marbre du mausolée. Pour la restaurer on a dû faire appel à une « crème de beauté » à base d’argile et de composants peu agressifs. On surveille en permanence la qualité de l’air aux environs du monument et on affiche les résultats des mesures. Aujourd’hui malgré la sècheresse et la chaleur, l’indice est correct. On laisse donc les voitures sur un parking éloigné. Un petit train électrique non polluant rapproche les visiteurs(le prix du transport est compris dans les 750 Rs). Il y a aussi des voiturettes électriques, des charrettes tirées par des dromadaires ou des ânes.

Notre guide est un grand jeune homme qui a un fort accent. Il me faut toute mon attention pour suivre ses commentaires. Malheureusement il n’est pas poète. Au lieu de raconter les amours de Shah Jahan il m’assène des chiffres, la hauteur des tours, des portes, le nombre des dômes des fontaines…Selon lui, les 11 dômes surmontant la porte correspondraient aux 22 années qu’a duré la construction du Taj Mahal(1631-1653)Les 16 jardins 53 fontaines correspondent à 1653, date de fin de construction. Ces jeux de chiffres sont amusants mais pas sérieux : cette date miraculeuse de 1653 correspond au calendrier chrétien alors que Shah Jahan, et l’architecte turc comptaient sûrement à partir de l’Hégire. Les supputations géométriques du Guide Bleu (p338) montrant le passage du double carré à l’octogone et au cercle paraissent plus relevantes . Information plus intéressante : l’inclinaison de 5° des 4 minarets encadrant le monument. Cela ne se voit pas mais c’est une sécurité : en cas de séisme ils ne s’écrouleront pas sur le dôme. D’après notre guide c’est un architecte turc Issa Khan Effendi qui a dessiné le mausolée (d’après le Guide Bleu 3 architectes différents sont présumés) . 20 000 ouvriers ont travaillé au chantier : 10 000 venaient de Perse d’où était originaire Mumtaz.

Plutôt que cette avalanche de données chiffrées, j’aurais préféré l’histoire de Shah Jahan le constructeur de la Jama Masjid, du Fort Rouge de Delhi. C’était un guerrier. Tandis que son mari guerroyait contre son père, Mumtaz lui resta fidèle. Au Taj Mahal sont enterrées deux autres femmes de Shah Jahan : une chrétienne et une indienne. Amoureux fou peut être, mais polygame ! L’histoire de Shah Jahan finit mal. Un de ses fils, Aurangzeb le déposa et ne le laissa pas finir son propre mausolée prévu de l’autre côté de la rivière, symétrique au Taj Mahal. Il fit installer la dépouille de son père et celle de Mumtaz au Taj Mahal puis plaça les deux cénotaphes derrière un grillage ajouré. Le grillage, en or et pierres précieuses, fut ensuite, remplacé par un treillis de marbre blanc en nid d’abeilles (jali) peut être moins précieux que l’or mais tout à fait remarquable par la régularité du travail et la finesse de la pierre presque translucide.
Notre billet à 750 rs sert de coupe-file à l’entrée du mausolée. La foule tourne respectueusement autour du treillis de marbre apercevant par les hexagones, les cénotaphes, prenant des photos interdites avec les téléphones portables. Nous admirons le travail d’incrustation. Les fleurs aux pétales de malachite, azurite, turquoise, cornaline venant de toute l’Asie.

A la sortie du mausolée, notre guide nous donne quartier libre pour attendre le coucher du soleil (17h30).
De part et d’autre de l’Esplanade, deux pavillons symétriques: à l’Est le pavillon des hôtes, et à l’Ouest, du côté de la Mecque, la mosquée. Grès rose et marbre en façade, bandeaux blancs et incrustations surmontées de trois grandes coupoles et de petits lanternons blancs.
Un groupe de jeunes filles en soieries multicolores sont assises et coiffent leurs longues chevelures en se brossant mutuellement. Je les imagine compagnes de Mumtaz. Je leur demande la permission de les photographier. Ravies elles s’alignent et détruisent la scène harmonieuse.
Les jardins d’antan ont été remplacés par des pelouses rases. Œillets d’Inde orange et jaunes forment des massifs qui ne peuvent pas rivaliser avec les jardins des délices en pierre dure. Des dizaines d’écureuils gris à la queue rayée descendent des arbres et sont familiers. Au dessus de nos têtes, des perruches vertes très bruyantes s’envolent d’un arbre à un autre.
Le soir descend sur Agra, le Taj Mahal prend une teinte dorée, le ciel, un bleu d’opale. Nous nous asseyons sur un banc près du bassin rectangulaire. La foule est toujours là. Curieusement, elle n’est pas gênante. Les visiteurs sont en majorité des Indiens. Les femmes ont revêtu leurs plus beaux atours. La file colorée fait ressortir la blancheur du marbre. Cette file si petite à côté du grand mausolée l’exalte plus qu’elle ne le cache. Certains monuments, certains sites sont tellement grandioses que la foule ne gène pas. Nous avions constaté cela aux Chutes du Niagara ou à Karnak. Vouloir le Taj Mahal pour soi seul, privilégié, est une illusion. Accepter la foule, l’intégrer est plus raisonnable.
Diner
Le restaurant a une carte bien fournie.
Je choisis dans la catégorie Indian Vegetarian :
-Makhamali Shakahari Khazana « sauté assorted vegetable and cottage cheese topped with spinach purée ». C’est excellent : les épinards sont cuits à l’ail avec des champignons, des petits maïs, des pois frais et des petites boules de fromage.
Le serveur apporte l’addition que je signe sans compter. Il exige un paiement en liquide immédiat. A peine a-t-il claqué la porte, je me rends compte qu’il a demandé 1245 Rs au lieu de 625 – le double – Je monte au restaurant. Il admet l’erreur mais préfère résoudre le problème dans la chambre sans témoins. On recompte. Il me rembourse (à peu-près parce qu’il n’a pas la monnaie)



























