Il suffit d’une connexion Internet et d’une carte de crédit pour s’improviser globe-trotteur, pratiquer un anglais basique. Quelques minutes permettent d’obtenir des places d’avions aux tarifs les plus intéressants. En quelques clics j’ai acheté Paris/Delhi via Londres.
Facile d’improviser une expédition au bout du monde. Peu de garde-fous. Rien pour éviter les pièges : la vigilance s’impose déjà dans l’identification du voyageur. L’ordre Nom Prénom (ou l’inverse) peut provoquer une inversion détestable qui a failli compromettre un voyage en Égypte il y a deux ans. Autre piège : la notation de heures am et pm qu’adoptent parfois les britanniques. 3 heures ne sont pas toujours écrites 15h. Logiquement, il est impossible de confondre un vol de nuit et un vol de l’après midi, sauf qu’avec le décalage horaire tout se complique, surtout quand il y a des escales sur de nouveaux fuseaux horaires!
Et voilà donc l’étourdie tombée dans le piège grossier : à 12h nous arrivons toutes prêtes à l’aéroport de Delhi. On ne rentre pas comme cela dans l’aérogare : il faut montre tickets et passeports. Et voici que le militaire nous refuse l’entrée! On essaie à une autre porte. Sur le tableau électronique le vol British Airways n’apparait pas. Je ne m’inquiète pas outre mesure; souvent plusieurs compagnies exploitent un même vol. A bureau de l’information la jeune femme est formelle. Le vol British Airways est le vol de nuit : il est parti sans nous il y a 9 heures et nous n’avons rien à faire ici. Question subsidiaire : par quelle porte êtes-vous entrées? Cette question me surprend. Un monsieur parlant très bien anglais surgit derrière moi. Il subtilise mon passeport et commence à recopier les numéros et ceux des visas. Il ne semble s’intéresser que peu au billet périmé. Pourtant j’espère qu’il va m’aider à joindre BA.
Pou moi, impossible de téléphoner : les téléphones cellulaires étrangers sont restreints en Inde et je n’ai pas fait l’achat d’un téléphone indien. Les cabines téléphoniques obsolètes n’existe plus. Pas d’accès Internet. Que faire? Le monsieur très aimable est en train de nous expulser sans que j’en prenne conscience. Brusquement nous voilà entourées de quatre militaires, dont un, en turban khaki. Ils sont charmants mais nous escortent de près. Impossible de faire un pas sans eux! Ils n’ont pas compris la situation : notre avion est parti, il faut que l’on en trouve un autre et c’est seulement dans l’aérogare que nous le trouverons, dans l’aérogare où nous n’avons pas le droit de nous trouver! Heureusement ils comprennent bien l’anglais. J’explique patiemment. Et ils vont devenir nos anges gardiens, se décarcassant auprès des agents des comptoirs pour nous chercher des sièges dans les avions qui partent à Londres. Quand le militaire enturbanné se rend compte que nous allons acheter un nouveau billet il s’affole, cela va vous coûter très cher! « a huge amount of money! » mais ils foncent. Cinq minutes encore pour l’avion de Londres! trop tard, plus de sièges! Pourquoi pas Francfort ou Rome?
Ce sera Rome! Un monsieur, justement, vend des places sur Air China. Au comptoir d’Air China, le steward se décarcasse pour trouver des places sur le vol Rome/Paris Air France ou Alitalia– sans succès.
Nous ne serons pas expulsées de l’aérogare, nous partirons pour l’Europe! Cela va nous coûter cher! mais pas tant que cela. L’avion décoré par des fleurs roses est tout mauve à l’intérieur. Les repas sont excellents. Nous avons un hublot! A 19h30 nous serons à Rome, avec les montagnes afghanes en prime!
Mais il faudra choisir entre le Hilton et les banquettes bien dures de l’aérogare romain pour partir le lendemain vers Orly!
Morale de l’histoire : bien noter les horaires!
Mais aussi noter que l’Inde est bien différente de l’Europe : les règlements de sécurités y sont draconiens de la présence dans les aérogares à l’utilisation des téléphones mobiles : puce indienne obligatoire! Et pour obtenir cette puce il faudra un domicile en Inde (l’hôtel suffit) une photo d’identité et des photocopie du passeport..