Calvi

CARNET CORSE

Calvi au lever du soleil

L’Office de Tourisme principal se trouve sur le Port . Erreur du Guide Vert : l’audioguide ne commente que la Citadelle et se trouve à l’entrée dans un petit bureau. Nous trouvons les horaires du Train des plages quelques conseils et surtout j’achète des billets pour le concert de ce soir d’A Fileta.

Citadelle

La Citadelle de Calvi

L’audioguide raconte l’histoire de la ville. Il ne décrit que très peu l’architecture ou les fortifications (tant mieux !  les considérations stratégiques m’ennuient). Au-dessus de la Porte : la devise de la ville « sempre fidelis ». Fidèle à qui ? A Gènes, pendant 5 siècles de 1278 à 1793. Je passe sous la Tour du Sel qui venait de Provence. L’Oratoire de la Confrérie de Saint Antoine est malheureusement fermé ce matin. Sur le linteau en ardoise, Saint Antoine st représenté avec un petit cochon. On contourne l’imposant Palais des évêques de Sagone acheté par un milliardaire qui en a fait une boîte de nuit réputée Tao. Dans la Maison Giubega , la famille Bonaparte se réfugia en 1793,chassée d’Ajaccio par les Anglo-paolistes – Vincent Giubega était le parrain de Napoléon (suite de l’histoire abordée hier à Bocognano) je reconstruit comme un puzzle cette histoire que je ne connais pas.

Oratoire Saint Antoine

Autre personnage revendiqué par Calvi : Christophe Colomb dont on montre l’emplacement de la « maison natale » bien ruinée. Il est établi que Colomb était Génois. Au 15ème siècle, Calvi était génoise. Par ailleurs il était notoire que de nombreux Calvais entouraient Colomb dans son expédition transatlantique. Aucune preuve formelle que Colomb était lui-même calvais. Du bastion Malfetano, au sud, la côte est rocheuse avec de petites criques. C’est là que l’audio-guide évoque un dernier personnage lié à l’histoire de Calvi : l’amiral Nelson qui aurait perdu son œil pendant le siège de Calvi opposant Anglo-paolistes à la République Française pendant le siège de Calvi.

A la recherche d’une simple bouteille d’eau, nous parcourons la ville moderne sans trouver une simple épicerie. A la sortie de la ville, la croix du Balkan commémore le torpillage d’un bateau pendant la 1ère guerre mondiale. La vue est magnifique sur la pointe de la Revellata.

La plage de Calvi – 5 km de sable – est bordée par une pinède. J’ai envie de les marcher, les pieds dans l’eau et retrouver Dominique au bout. Le projet parfait très simple. Pas tant que cela ! La plage n’est pas accessible aux voitures le petit train s’interpose avec une promenade sur des planches. Et il faut trouver les accès, résidences hôtelières, campings et centre commerciaux s’interposent en une barrière infranchissable. Quand enfin nous trouvons un parking dans la pinède, je suis un peu déçue. Les restaurants de plage colonisent le sable jusqu’à l’eau, leurs installations sont moches avec des couleurs criardes. Nous regrettons les mignonnes tavernes grecques. Les prix sont bien corses et pas grecs. Notre budget ne nous permettra pas de déjeuner régulièrement à la plage. Il est trop tard pour la promenade de 5 km mais pas pour une baignade dans l’eau très tranquille de la baie. Nous rentrons déjeuner au gîte.

Au Spar, la viande est excellente : côte de porc marinée au miel et à l’abricot. Peut être les cochons ont vécu librement dans la montagne comme ceux qu’on a vus hier ? Raisin muscat corse et fromage de chèvre, cela se marie très bien.

Piscine l’après-midi, je fais un essai de dos crawlé et cela marche (depuis 5 ans je n’osais étirer mes bras). Les 5 semaines en Grèce et la piscine régulièrement m’ont réparée.

 

D’Ajaccio à Calvi par l’intérieur

CARNET CORSE

dans la montagne

4 septembre 2018 : Vol

Le vol Air France opéré par Air Corsica a accumulé les retards. Après avoir dormi dans l’avion, je me suis réveillée à l’arrivée à Ajaccio à minuit. Somptueuse baie éclairée avec de gros bateaux qui se reflètent. Malgré l’heure tardive, Fred, notre logeuse, nous attendait. Nous nous endormons sans avoir le temps de faire sa connaissance, ; au réveil, elle est déjà partie.

5 septembre : d’Ajaccio à Calvi

Petit déjeuner au bar de l’Odéon. Du soleil, je me déplace à l‘ombre.  A 8 heures du matin, il fait déjà bien chaud. En un petit quart d’heure, le taxi nous conduit à l’aéroport où notre voiture nous attend. Tout se passe à merveille. Notre carrosse est une très jolie Smart forfour orange et noire. L’intérieur est aussi habillé d’orange et noir.

Tout le monde est unanime : d’Ajaccio à Calvi, il faut emprunter la route de l’intérieur par Corte 160 km. Longer  la côte est déconseillée à cause des tournants. La route T20 monte imperceptiblement remontant le lit de la rivière Gravona , franchissant des ruisseaux. Les villages sont invisibles, perchés dans les hauteurs.

Phylotaca amrecana

J’attendais la statue-menhir de Tavera. En introduction au voyage, j’avais commencé les Notes de Voyage de Prosper Mérimée qui décrivait le dolmen de Tavaro. Certes, les noms se ressemblent, mais Tavaro est à proximité de Sartène il s’agit d’un autre monument mégalithique, mais ma curiosité est aiguisée. Seule une discrète flèche en bois à l’usage des randonneurs, à la hauteur d’un parking, indique le menhir de Tavera. Aperçue au dernier moment, nous obliquons sur la prochaine route pour faire demi-tour et découvrons une campagne très verte avec une maison de granite enfouie sous des mousses et des fougères ainsi qu’une plante exotique aux baies violettes très décorative. Il s’agit d’une plante invasive Phytolacca americana toxique, une sorte de peste comme la renouée du Japon. Comment est-elle arrivée là ? La deuxième tentative pour rejoindre le menhir est  contrariée par un camion agressif qui nous colle au train. On ne verra pas le mégalithe !

Bocognano : fontaine de galets

Bocognano (altitude : 660 m) vaut le détour (la route principale n’y passe plus). Joli village traditionnel avec ses platanes sur la place, sa fontaine monumentale en galets et sa grande mairie. Son Palazzu a été construit à la suite d’un don de Napoléon Bonaparte pour remercier les villageois qui l’avaient hébergé lors de sa fuite d’Ajaccio en 1793, pourchassé par les Paolistes. Premier jour en corse et déjà une rencontre avec le souvenir de Napoléon ! J’entre dans la boulangerie traditionnelle, pittoresque, sans savoir qu’elle est réputée dans toute la Corse pour ses pâtisseries à la farine de châtaigne, encore une occasion de perdue ! La Cascade du Voile de la Mariée se trouve à 3.5 km de l’entrée du village. Après un pont, le sentier est bien tracé mais bien escarpé. D’un petit mirador on peut admirer la cascade. J’aurais pu m’en approcher plus, le sentier est équipé d’un câble pour s’assurer, le rocher m‘a semblé bien glissant. Sur le bord de la route, des cochons sont dans un enclos en lisère de forêt.

Cascade du Voile de la Mariée

Après Bocognano, la route monte en lacets, franchit un tunnel pour atteindre le col de Vizzavone(1 100 m) et la magnifique forêt de hêtres dominée par les montagne Mte d’Oro (2389 m). Des pins laricio dépassent les autres essences. Depuis 1889 ; le train s’arrête à Vizzavone pour conduire touristes et excursionistes, les installations touristiques paraissent bien développées et les promenades bien indiquées, nous aurions pu aller voir la Cascade des Anglais ou rejoindre le mythique GR20. Nous nous contentons d’admirer de la route les arbres, hêtres, chênes, pins et châtaigniers séculaires aux troncs creux d’une circonférence remarquable.

village perché

Sortie de la forêt, la roue passe à proximité de villages perchés, traverse Vivario, passe à proximité de Venaco. Elle ne fait qu’effleurer la ville de Corte. Nous y passons à 13h, pas du tout le moment de faire une visite touristique. A regrets ! la citadelle a fière allure. A la sortie de Corte, changement de faciès géologique : de beaux schistes verts affleurent.

Autant les occasions de s’arrêter pour un pique-nique étaient nombreuses avant Corte, autant la route droite entre Ponte Leccia et l’Île Rousse n’est guère favorable à un arrêt. Nous la quittons à Pietralba, village perché aux ruelles étroites et très ensoleillées. Parking impossible. Une petite route secondaire (très secondaire et pleine de nids de poules) double la T30 relie les villages de Lama et d’Urtaca . Nous trouvons enfin notre coin sous un gros chêne devant une exploitation agricole.

Nous rejoignons la grande route, rassasiées mais éblouies par le soleil de midi qui écrase tout et sommes pressées d’arriver. La route suit le lit de l’Ostriconi non loin du Désert des Agriates. Nous n’accordons qu’un regard distrait à la très belle plage de l’Ostricone . Une baignade ferait pourtant du bien. La hâte d’arriver nous fera dédaigner les jolies plages après l’Île Rousse.

Notre résidence Padro (2*) fait réception commune avec l’Hôtel Cesario(3*). Les studios de la Résidence Padro forment un lotissement de petites maisons cachées dans la verdure. L’appartement s’ouvre sur une cour entourée de buissons touffus (laurier rose et laurier tain). Un mûrier dépasse de la haie. Nous sommes à l’abri des regards indiscrets. Une belle table avec un grand parasol occupe la cour. La salle s’ouvre par des portes-fenêtres. Agréables couleurs chaudes : murs jaunes, meubles orange (y compris le frigo) et canapé brun. Belle salle d’eau spacieuse. La chambre est bleue avec des volets bleus qui empêchent le soleil de la réchauffer. Deux lits jumeaux avec tête de lit et tables de chevet en rotin. L’ensemble est sobre, confortable. Que demander de plus ?

L’hôtel a deux piscines, l’une fraîche et grande pour nager, l’autre chaude avec des remous et des jets pour se relaxer. Palmiers abords soignés, mobilier de bonne facture. Un règlement un peu contraignant est affiché à l’entrée ? Il faut laisser ses chaussures avant de passer le pédiluve à l’entrée (les étagères de chaussures font penser à celles d’une mosquée). Le public est retraité (comme nous). Tout le monde est bien poli, bien aimable. Je lis le dernier Ferrari :  A son image. La piscine a effacé la fatigue du voyage.

 

Mérimée – – Notes d’un voyage en Corse – Colomba

LIRE POUR LA CORSE

Avant le départ pour une contrée inconnue, j’aime bien me choisir un guide, un passeur.

Pour la Grèce ce fut d’abord Lacarrière, pour l’Italie, Dominique Fernandez.

Mérimée et ses notes de voyage s’est imposé. Ces notes sont un inventaire des monuments mais aussi un petit résumé de l’histoire de la Corse et enfin de traditions populaires et des superstitions et des poésies « populaires corses ». Malheureusement, la plupart des monument, si ce n’est tout ce que Mérimée décrit ne se trouve pas dans les régions que nous visiterons, les dolmens de Sartène, les églises du Cap Corse, ou de Bonifacio, nous ne les verrons pas. J’ai donc parcouru rapidement ces descriptions.

En revanche, je me suis bien intéressée aux traditions et poèmes qu’il a compilés et traduits comme la Lamentation Funèbre du Niolo ou la Sérénade d’un Berger de Zicavo.

 

En 1840, quand Mérimée a écrit Colomba, la Corse était encore une destination exotique. Les liaisons maritimes entre Corse et continent régulières n’étaient pas encore établies par bateaux à vapeur. Le colonel Nevil et sa fille – parfaitement snob – déçue par un voyage banal en Italie –   s’embarquaient pour l’inconnu. Le contraste entre les préjugés britanniques et les traditions corses est piquant, le sentiment de supériorité du colonel et la fierté du « caporal »  dont la noblesse remonte au 12ème siècle est une introduction parfaite à l’histoire.

Mérimée a rencontré Colomba, mais ce n’était pas la pure jeune fille, c’était une vieille dame, intrigante, un peu sorcière qui distillait vengeances et crimes d’honneur. La belle Colomba de la nouvelle est une séduisante jeune fille qui voyage avec un stylet dans son corset et qui manipule son frère ainsi que le préfet, les bergers et bandits du maquis pour que la vendetta ait bien lieu.

Colomba est voceratrice : elle improvise des ballata, ces lamentations improvisées de deuil à la veillée mortuaire

« quand l’épervier se lamente – devant son nid vide, – les étourneaux voltigent alentour, – insultant sa douleur »

[….]

« l’épervier se réveillera, – il déploiera ses ailes, – Il lavera son bec dans le sang! – Et toi, Charles-Baptiste, que tes amis t’adressent leur dernier adieu, – Leurs larmes ont assez coulé – La pauvre orpheline seule ne te pleurera pas – Pourquoi pleurerait-elle? -Tu t’es endormi plein de jours – au milieu de ta famille – préparé à comparaître – devant le Tout-Puissant. – L’orpheline pleure son père, – surpris par de lâches assassins, – frappé par derrière ; – Mais elle a recueilli son sang, – ce sans noble et innocent ; – elle l’a répandu sur Pietranera, – pour qu’il devint un poison mortel. Et Pietranera restera marquée, – jusqu’à ce qu’un sang coupable – ait effacé la trace du sang innocent.’

Romantique en diable, brillante, cette nouvelle a du panache!