Arrivée à Bilbao : musée Guggenheim

ESPAGNE/ATLANTIQUE 2003

Bilbao : Centre-ville

De la salle du petit déjeuner, nous observons les allers et venues des tracteurs qui nettoient le sable de la plage de Saint-Jean-de-Luz. Est ce routine ou suite de la marée noire ? On monte les toiles des cabines de plage, à rayures rouges, bleues, vertes.
Nous quittons la France  par la nationale 10 jusqu’à Irun sous un fin crachin. Tout est vert ici, pas de mystère : il pleut souvent.

Entrée en Espagne

Dès l’entrée en Espagne les changements dans les constructions sont notables. Plus de villages fleuris et de grandes maisons basques, des immeubles de briques très hauts serrés les uns contre les autres. Le fond de la vallée est occupé par la voie ferrée et les usines. Les montagnes escarpées sont recouvertes de forêts. Nous ne trouvons pas la route touristique qui suit la côte et suivons une nationale encombrée de camions traversant des villes hideuses.

San Sébastian

San Sébastian qui ressemble à Nice ou à Cannes : beaux immeubles 1900, grandes avenues, des banques et des hôtels. Sans nous attarder, nous cherchons la route en corniche et trouvons une piste cimentée très étroite surplombant l’océan de très haut sur des montagnes sauvages. Des chevaux paissent sur une pente couverte de fougères. Les prés sont tellement escarpés qu’ils sont fauchés à la main. Les meules coniques construites sur une perche centrale ressemblent à celles que nous avons vues en Croatie ou en Slovénie.

Sur notre carte au 1/1 000 000° cette petite route ne figure pas. Nous rejoignons l’autoroute au premier village. Elle traverse des montagnes par de longs tunnels courbes et tourne tout le temps. Dominique doit s’accrocher au volant.

 Bilbao : Hôtel Ariaga

Midi : Bilbao. Après avoir traversé des quartiers modernes nous descendons vers la rivière Navion dans les quartiers historiques. La circulation automobile est infernale. Les nombreux autobus très longs ne facilitent pas le trafic.  Pour trouver un hôtel nous  suivons les quais bordés d’une jolie promenade . Les immeubles sont agrémentés de bow-windows en bois et de décors de colonnettes et de boiseries. L’Hôtel Ariaga possède un garage souterrain. Il est situé en plein centre, près du théâtre et de la Gare (très belle façade Art Nouveau en céramique). Le prix est raisonnable (65 € + 10€ pour le parking). Il est tenu par une famille qui règne sur les portes et le parking où l’on se rend accompagnées. Pas questions d’allers et venues en voiture ! Elle restera sagement enfermée jusqu’à notre départ ! Notre chambre est propre avec un parquet vernis des meubles en bois foncé, pas de décoration mais une belle salle de bains.

Musée Guggenheim

Bilbao : la Ria et le musée Guggenheim

Le tramway – une jolie rame double verte futuriste – nous y conduit directement. Le Musée Guggenheim est un temple de l’Art Contemporain. Le bâtiment est tout à fait impressionnant. Recouvert de titane, il brille sur une esplanade claire près de la ria. Son architecture compliquée toute en courbes évoque tantôt une fleur aux pétales entrouverts, tantôt un navire aux multiples coques emboîtées, parfois un oiseau, selon la perspective. Des colonnes rondes, des statues bizarres – une araignée métallique, un chien d’une dizaine de mètre de haut couvert d’un pelage de fleurs formant des taches colorées.

Un pont routier, haut de 60 m, enjambe la rivière. Un escalier monumental en calcaire blond nous mène à l’entrée du Musée. Tout cela forme un ensemble complexe.

Bilbao Musée Guggenheim vue d’ensemble

A l’intérieur, le verre donne une impression de légèreté et de lumière. Cathédrale de l’esthétique, on admire la prouesse du design plus que ce qui est exposé. Une salle toute en longueur à éclairage tamisé, sorte de crypte, contient trois sculptures monumentales : l’une d’elles  est un cercle pavé de dalles d’ardoises irrégulières, une autre est un serpent  formé de quatre tôles ondulant, la dernière, trois igloos de verre, fagots et toile plastique.

Très belle salle mais où sont les œuvres?


Où je me questionne sur l’Art Contemporain

Chien de Koons

Impression de vacuité, vide de sens, recherche de l’esthétique pure ou bluff ?

Cette énorme installation résume la création contemporaine : une bulle vide, abstraite, pourtant impressionnante. La beauté devient acte de foi. Il faut croire que c’est beau, plutôt que de chercher à comprendre. Et si notre crédulité  était seulement exploitée par les marchands de l’Art qui vendent hors de prix le kitsch ou pire, le rien ? Le contenant, l’emballage, plus important que le contenu ?

Deux expositions temporaires :  Calder parfaitement adapté à ce lieu, et la Collection Broad présentant des plasticiens très connus : Liechtenstein, Andy Warhol, Basquiat, Baldessari Schnabel.  Beaucoup de « déchets » : « grabouillages » me laissent complètement indifférente. Les Marylin répétitives de Warhol m’ennuient. Certains Liechtensteinpop art- me séduisent.

Toute une section du Musée est consacrée à l’interrogation  « qu’est ce que le bon goût ? ». Provocation gratuite : un chaton en plastique sort d’une chaussette en plastique encadré par deux marguerites en plastique, tout cela dans des couleurs primaires des jouets de bébés. Ce deuxième degré du kitsch me paraît facile, complaisant. La matière, volontairement vulgaire, est laide. En revanche, les séries de Baldessari, sortes de collages, montages de photos découpées et repeintes, sont plus intéressantes. La salle des années 80 montre des œuvres plus abouties : immenses toiles agglomérant des assiettes de Schnabel. Il me semble que le stade de la provocation toute pure est dépassé et que les plasticiens recherchent à nouveau à donner du sens et des images dans leurs œuvres (?). Plus d’intérêt de ma part, mais pas vraiment de jubilation. Où est le plaisir ? J’en éprouve, sans me poser de question, devant un Matisse ou un Picasso. Cette visite nous rappelle Vienne et le musée où nous avions découvert Hundertwasser. le bâtiment était moins impressionnant mais nous avions fait une rencontre . L’importance de l’artiste apparaissait comme une évidence.  On pense au Futuroscope : belle technologie au service de quoi ? De Maunoury ? Enveloppe creuse ? Toutes proportions gardées cependant. Le Futuroscope n’a pas l’ampleur du Guggenheim.

Retour à pied le long de la rivière : agréable promenade ensoleillée. Nous terminons dans les petites rues de la Vieille ville : magasins de fringues (ce sont les soldes), foule et musique de rue.

 

En route vers le sud, halte au pays basque : nuit à Ciboure

ESPAGNE/ ATLANTIQUE 2003

En cet été de canicule, nous sommes parties sans préparatifs, à l’improviste, avec l’idée qu’il ferait moins chaud sur les bords de l’océan. C’est aussi l’année de la marée noire du Prestige.

Halte sur la plage de Cap-Breton

Les vacances ont véritablement commencé sur la plage de Cap-Breton : j’ai ôté mes sandales et marché sur le sable mouillé là où la vaguelette vient me lécher les pieds. Il fait trop frais pour se baigner et il y a de très grosses vagues. Le contact avec le sable humide suffit à mon bonheur. La plage est jonchée de bunkers affaissés, basculés, retournés ; des taggers ont essayé de les peindre mais la peinture s’écaille, mangée par les embruns. Je suis attentive à la propreté du sable après le désastre du Prestige : des traces de gros pneus attestent des efforts de nettoyage. Le sable sec, ratissé et criblé, paraît impeccable. La mer a apporté une écume douteuse, son lot de packs et de bouteilles, quelques boulettes de mazout, pas plus qu’à l’ordinaire.

Dominique s’est allongée à l’abri du vent dans la dune pour soulager son dos. Nous ne pouvons pas nous attarder : il nous faut trouver un hôtel.

En quête d’un gîte pour la nuit

Ciboure vue de Saint Jean de Luz

Autoroute jusqu’à Biarritz.  Les Pyrénées se profilent, collines pointues dans les nuages. La côte est très découpée. Les maisons basques, très fleuries, sont originales.
Nous négligeons des chambres d’hôtes dans la campagne et les hôtels en bord de Nationale pour entrer dans Saint Jean de Luz. Les hôtels sont bien chers, la saison n’a pas encore commencé, beaucoup sont fermés.

De l’autre côté de la Nivelle : Ciboure. Sur le quai Ravel, d’imposantes maisons basques à large pignon triangulaire et balcons rouges s’adossent à une colline escarpée où les villas se cachent dans la végétation.

Cibour et Saint Jean de Luz vue de l’Hôtel

Après un long circuit au flanc de cette colline, découvrant de beaux points de vue sur le fort et la baie, nous débouchons sur un cul de sac à mi-pente et nous arrêtons à l’hôtel Agur Deneri (ici, les noms sont en basque, seul le symbole de lit nous indique que c’est un hôtel). C’est une belle bâtisse blanche au milieu des jardins. De l’entrée vitrée nous découvrons un panorama extraordinaire sur la baie et Saint Jean de Luz. Les chambres sont personnalisées, on me propose de choisir celle qui nous plaît. Pour 60€, ce ne sont pas les « chambres avec vue » (70 ), il n’y a pas de WC non plus. J’élis une belle chambre toute blanche ornée d’un filet de pêche portant un petit cadre et d’une jolie aquarelle.

Promenade dans Saint Jean de Luz

Belles maisons sur la digue de Saint Jean de Luz

19h, Le soleil est encore chaud mais il joue à cache-cache avec de gros nuages gris.

J’avais gardé un excellent souvenir de cette ville visitée il y a cinq ou six ans à Pâques. Nous avions fait  des photos un peu tristounettes dans la grisaille d’une brume d’avril. Je suis ravie de revoir, ensoleillée et estivale, la petite place avec ses terrasses de café sous les platanes, le kiosque à musique et les maisons anciennes, la promenade le long de la plage charmante. les maisons reliées à la digue par des petits ponts construites dans un style hybride de maisons basques et de « Deauville 1900 », art Nouveau, balcons rouges, pignons tarabiscotés décorés de céramique colorée.  Les rues étroites sont plus anciennes, plusieurs édifices commémorent le mariage de Louis XIV  avec l’infante Marie Thérèse. L’église ne manque pas d’allure non plus : très haute nef et clocheton arrondi. Ses escaliers aux ferronneries compliquées n’auraient pas déparé dans un château baroque hongrois !
Pique-nique sur la plage. La saison n’a pas vraiment démarré : les carcasses destinées à soutenir les cabines de toile sont alignées perpendiculairement à la digue. Peu de touristes, des jeunes se rassemblent en petits groupes.

A la tombée de la nuit nous suivons la côte du côté de Ciboure et parvenons à  Socoa, un petit port fermé par un fort magnifique. La baie forme un cercle presque parfait bordé par la plage de Saint Jean de Luz pour un tiers, puis Ciboure, enfin une digue ferme presque le cercle. Nous rentrons à la nuit à l’hôtel.