Voyager pour Lire/Lire pour voyager

Quittons l’Afrique de l’Ouest pour nous intéresser aux richesses du Kivu.
En Afrique, les ressources du sous-sol sont parfois plus une malédiction qu’un bienfait. Grandes puissances, multinationales, chefs tribaux, aventuriers se disputent le contrôle des minerais. Les territoires recelant les matières premières les plus stratégiques sont parfois le théâtre de guerres incessantes.
Il n’est pas indifférent que j’aie choisi ce livre à la suite des troubles (quelle litote !) dans la région des Grands Lacs au Congo et à la suite de l’élection d’Obama. Les images vues à la télévision donnent un coup de projecteur à cette fiction si proche de la réalité.
Le personnage principal est un interprète employé par les services de Sa Majesté, traduisant le Français, le Swahili et différentes langues parlées en Afrique de l’Est. On requiert aussi ses services dans des occasions moins brillantes comme au chevet d’un SDF mourant dans un hôpital londonien. Marié à une journaliste en vue, habitant un quartier agréable de Londres, le narrateur britannique est un sujet brillant, cultivé et élégant dans son smoking. D’ailleurs le roman commence dans une party où tout le gratin londonien est convié.
J’imagine Salvo sous les traits d’Obama. Métis, fils d’une congolaise et d’un curé irlandais, son histoire recèle une enfance africaine d’ »enfant caché » dans une mission catholique de la région des Grands lacs. Cette naissance illégitime donne une autre dimension au personnage.
Salvo se laisse donc entraîner dans une conférence secrète entre différents chefs de guerre et un étrange syndicat anonyme, multinationales ? Humanitaires ? Je n’ai pas envie de raconter l’intrigue, comme toujours palpitante, de ce roman d’espionnage dont Le Carré est vraiment le maître. Le choix du héros,interprète auprès des « voleurs de son », donne une sensibilité particulière, une attention au ton, au vocabulaire, aux bruits de fonds quand l’espion travaille sur cassette enregistrée.
Après la chute du Mur de Berlin, je me demandais où Le Carré situerait ses intrigues . Toujours attentif à l’actualité, il a redéployé ses activités sur d’autres continents.
John LE CARRE : Le Chant de la Mission Seuil 346p






