Amateurs de chevaux, courses hippiques, fantasias, ou galops sur la plage, passez votre chemin, ce roman n’est pas pour vous.
En revanche, c’est une bonne lecture à glisser dans la valise ou à télécharger sur la liseuse avant de partir pour le Maroc. Vous aurez un point de vue très décalé, la vie dans des quartiers de Casablanca que les touristes ne visitent pas.
« je m’appelle Jmiaa, que j’ai trente-quatre ans, une fille, et que pour vivre, je me sers de ce que j’ai. »
L’héroïne du roman, Jmiaa est prostituée. Les conditions matérielles dans lesquelles elle vit laissent à désirer, sordides, qu’elle partage avec d’autres filles. Jmiaa fait face et ne pleurniche pas. Elle fait preuve de force de caractère, d’ingéniosité.
Jiaa, jeune fille, est tombée amoureuse d’un garçon de son âge, elle a fait un mariage d’amour, qui a très mal tourné. Alcool, drogues, abandon…Malgré les souteneurs, malgré les addictions, Jmiaa affronte la vie avec un appétit de vivre étonnant.
« Les gens, ils disent que ce n’est pas bien de rire autant. Ils disent que si tu ris comme ça, c’est que Satan n’est pas loin. Qu’il a profité de ton inattention pour t’approcher. Qu’il se tient prêt à bondir. Moi, ce que je dis, c’est que ceux qui racontent ça, ce sont des complexés à deux balles. Ils font ça parce qu’ils s’emmerdent dans leur vie et qu’ils veulent que tout le monde vive comme eux, dans la misère. »
Un jour, une cinéaste, lui demande de raconter son histoire, et c’est une histoire passionnante. les deux femmes deviennent amies….
« Un jour alors qu’il se trouvait à trente mille pieds d’altitude, Adam Sijilmassi se posa soudan cette question » Qu’est-ce que je fais ici? »
Adam Sijilmassi, rentre de mission commerciale en Asie du Sud-Est à bord d’un Boeing ; il a une sorte d’épiphanie.
« Adam se rendit compte que son père non plus n’était jamais allé plus vite que le pur-sang du hadj Maati. »
« Pourquoi cette hâte grands dieux? »
Et il décide de ralentir, d’aller à pied chez lui, de l’aéroport à Casablanca, il démissionne de son poste de cadre prometteur puis rentre dans son village natal d’Azemmour.
Ce livre publié en 2014, primé Goncourt des Lycéens et prix Giono à sa parution, était passé sous mes radars. C’est plutôt le Confinement qui m’a fait réfléchir sérieusement à ralentir et plus précisément à réfléchir avant de prendre l’avion.
Cette remise en cause de la vitesse du monde contemporain s’accompagne d’une recherche d’identité. Avec la perte de son emploi, il est mis à la porte de son logement de fonction ce qui entraine aussi la séparation d’avec son épouse.
Ce n’est pas toi que j’ai épousé, ô âne, c’est l’Office des bitumes du Tadla ! »
Mais ce n’est pas toi que j’ai épousé, crétin ! Ce n’est pas toi ! C’est ton salaire, c’est l’appartement, le gardien,
Sa famille le croit fou, dépressif. La consultation chez le psychiatre est très amusante deux ancien élèves du Lycée Lyautey, s’expriment en français, citent les meilleurs auteurs, cela commence par Knock dit par Jouvet, puis
« Si je comprends bien, vous vivez dans une sorte de purée de mots… ou, plutôt, il y a une grille de mots ou d’expressions, tous tirés de la littérature française, entre vous et le monde ? En l’occurrence, entre vous et votre pays, votre famille… »
Dans sa recherche d’identité, cemarocain post-colonial va chercher dans la tradition arabe de nouvelles références
« en tant que Marocain postcolonial qui rejette l’Occident et la vitesse ?… qui veut revenir au rythme de vie de ses ancêtres »
Oublier Matisse et Delacroix, oublier Voltaire... et retourner à Azemmour dans le Riad des Sijilmassi, où ne vit qu’une vieille tante qui a recueilli une orpheline. Dans une pièce sont entassés des livres anciens tout le savoir arabe que ses ancêtres ont accumulé. Hayy Ibn Yaqzân d’Ibn Tufayl (XIIème siècle) Averroes….Tout un programme de philosophie….
Un ingénieur cloîtré dans un riad en ruines attire la curiosité, la méfiance des autorités. Il se voit épié par les voisins et la police. Le retour aux origines est hautement suspect! Un bruit court que le Dernier des Sijilmassi serait une sorte de saint, que l’eau du puits (à sec) serait miraculeuse. Tout un trafic s’organise avec la bénédiction de la police….Et si on pouvait aussi en tirer un bénéfice pour les élections…
C’est un livre très amusant, une satire des mœurs du Maroc. Je me suis retrouvée riant à haute voix . Autant les deux autres livres de Fouad Laraoui lus lors d’autres vacances au Maroc m’avaient bien diverti sans laisser de souvenir impérissable, Autant Les Tribulations du dernier des Sijilmassi est une vraie réussite!
PLAGES DE L’ATLANTIQUE – MONTAGNES DE L’ANTI-ATLAS
Nous avons repris la route de la Vallée des Ammeln; Comme nous ne réussissons pas à visualiser la Tête de Lion Dominique demande à la policière du barrage routier t : elle photographie le sommet et nous le montre sur l’écran de son téléphone.
Nous quittons la route d’Agadir (R105) pour la R106, route de Tata jusqu’à Ait Abdallah où nous trouvons la très petite P1723, très étroite, très tortillante.
Nous allons y rencontrer beaucoup plus de piétons que de voitures. Le plus souvent des femmes courbées sous un fagot plus haut qu’elles qu’elles portent avec un bandeau sur leur front. Caravanes d’ânes bâtés, chargés de bidons allant ou revenant du puits. Chargés d’énormes ballots de foin que je prends de photo de dos de l’intérieur de la voiture. Photos volées, mais comment faire autrement, elles ne parlent pas français et souvent pas arabe non plus.
Dans un village, je suis descendue pour photographier de vieilles maisons. Une femme descend avec son bébé à califourchon sur l’âne. Je lui demande la permission de la photographier, étonnamment elle est d’accord, mais pas avec l’âne qu’elle repousse violemment de côté. Aux puis trois femmes puisent de l’eau pour remplir des bombonnes. Elles me montrent le puits mais pas de photos ! Le berger qui conduit ses moutons est ravi quand je lui montre son portrait. Il rigole puis demande « chouia » pour manger. Si j’avais su j’aurais pris mon temps pour mieux cadrer et le prendre de plus près.
La route traverse des collines pierreuses où il ne pousse rien. Des terrasses portent des amandiers plantés régulièrement taillés, mais défeuillés< ; Avec cette sécheresse qui dure des années j’ai bien peur qu’ils ne meurent.
A Souktine Toufelaazet nous trouvons une épicerie ouverte et demandons du pain ; l’épicier n’en vend pas. Il charge un jeune qui trainait dans le coin d’aller à la boulangerie. Pendant que j’attend son retour je regarde les marchandises vendues à la hanout. Sur les étagères il y a un choix étonnant : des olives au détail, des conserves de thon et sardines, des pâtes, de l’huile de moteur, des télécommandes de TV, même des téléphones. Il n’a pas de pain mais il vend de tout. Comme il faut bien lui acheter quelque chose je prends des sablés dans une barquette au chocolat, au coco, glacés de sucre de différentes couleurs.
Pique-nique vers 13h : je fourre le pain de thon en boîte, un peu sec mais le pain est tout frais, délicieux. Deux mandarines. Les arganiers ici ont des silhouettes de bonsaï. Pas de cimier en forme de parasol mais des branches tordues avec des touffes vertes.
A 50 km de Taroudant, nous touchons le rebord de l’Anti-Atlas au-dessus de la plaine du Souss ; la descente est beaucoup plus longue que je ne l’imaginais avec des lacets serrés. Sur ce versant, les arganiers sont tous desséchés, un incendie géant les a-t-il tous cuits ? spectacle désolant.
A la sortie de la ville, route d’Agadir. Nous passons devant Tandilt où nous avions logé autrefois. A notre droite un massif granitique, le djebel Lkest culmine à 2374 m au dessus de Tafraout, surnommé La Tête de Lion.
Je passe un moment à dessiner la montagne. Ce n’est pas le résultat final qui compte. Le plaisir réside dans les observations consignées. Prendre le temps d’observer, chercher le cadrage, dessiner le plus exactement possible ou en raccourci, rajouter un arbre ou une maison pour combler un vide…Chercher à capturer un lieu, à me l’approprier, l’analyser, le saisir. Jouissance du paysage.
Lekst
Après le village d’Oumesnat, le haut minaret d’une mosquée monumentale dépasse du paysage. Un peu plus loin, un hôtel, tout aussi monumental loge le bureau des guides. Dans la Vallée des Ammeln, on voit grand : les maisons neuves peintes en rose, ont deux, parfois trois étages tandis que les maisons traditionnelles tombent en ruine.
Nous continuons la route dans un environnement quasi-désertique jusqu’à un col. Le relief change, s’adoucit. A un rond-point, la route de Taroudant que nous emprunterons demain ?
Le panneau « Maison traditionnelle » à Oumesnat nous indique une petite route jusqu’au cimetière. Sur la pente, les ruines du vieux village en terre qui s’effrite inexorablement. Un petit sentier y monte raide, je me perds dans les broussailles puis trouve l’entrée du musée.
Une visite guidée est en cours, je m’intègre à un groupe qui monte au premier étage. J’ai loupé le rez de chaussée, étable ou bergerie, outils traditionnels. Au centre de la maison, la cuisine, surélevée et ouverte sur 4 côtés et au plafond. Surélevée, pour la sécurité des tout-petits qui ne s’approcheront pas du feu. La fumée du kanoun s’échappe par le plafond, on peut obturer l’ouverture en cas de pluie ou pour faire circuler la fumée pour faire fuir des insectes ou assécher les murs. La vaisselle est en poterie, plat à tagine simple rouge au couvercle bombé pour tous les jours, conique et vernissé de Tamgroute pour la présentation. Un bol incongru blanc orange t jaune vient de Sarreguemines, il a sa place au musée parce qu’on l’a soigneusement réparé avec de fines agrafes. La réparation est presque invisible. Les contenants tenant lieu de bouteille sont des courges. Il y a aussi une outre en peau de chèvre entière dont on voit les pattes pour garder le lait frais. Une outre pouvait aussi servir de baratte. Un trou communique avec le rez de chaussée : on y jetait les épluchures ayux animaux. Il n’y avait pas de poubelle. On ne jetait rien : on utilisait les os, une omoplate de mouton servait de spatule. Tous les jours, la famille consommait du couscous d’orge récolté sur place. La cuisson se faisait en trois étapes de 20 minutes dans la passoire de terre cuite sur la grosse marmite de terre en forme de jarre. Entre chaque cuisson, la graine était roulée dans un grand plat rond. Pendant le repas traditionnel, chacun mangeait sa part devant soi, le partage ressemblait à la pizza partagée en parts. « tu dis bismillah et tu manges sans parler » explique le conférencier.
maison berbètr : sèchage des dattes sur la terrasse
L’hiver, toute la famille comprenant trois ou quatre générations, dort dans le couloir autour de la cuisine sauf les enfants qui ont une pièce réservée. Filles et garçons chacun de chaque côté et au milieu la grand-mère pour les surveiller. Des berceaux garnis de laine sont suspendus au plafond du couloir. Le sol en terre battue était balayé et arrosé régulièrement pour éviter la poussière. Pour dormir, on déroulait les nattes et les tapis. Une pièce servait de réserve qui était un grenier collectif.
L’été on dormait sur la terrasse. Un voile protégeait les dormeurs de « coups de lune » ; le guide affirme que la lune fait saigner du nez. On faisait également sécher sur la terrasse les légumes et les dattes. Tout était conservé même les noyaux de datte qui favorisaient la conservation des restes de soupe ou des plats de la veille. Dans un coin, un abri pour le métier à tisser loin de l’agitation de la maison. La terrasse était l’espace des femmes. On y faisait également monter les invités pour montrer aux voisins qu’on recevait du monde, signe d’ouverture et de prospérité de la famille.
Les réceptions se faisaient dans une très belle pièce décorée de tapis et dont les coussins étaient disposés tout autour. Nous nous y installons pour la cérémonie du thé. L’au bout dans une bouilloire en cuivre sur un kanoun (aujourd’hui camping gaz) ; Sur un plateau : les accessoires : la théière en argent, une boîte en argent pour le thé (Gunpowder, Chine). Un enfant apporte de la menthe fraîche mais le thé se boit aussi nature (pout les hommes) ou avec de l’absinthe. Le sucre est un gros cône qu’on casse avec un marteau. Ces pains de sucre pouvaient être des présents de mariage, cadeau toujours apprécié qui pouvait être troqué ou revendu à l’épicerie. La théière est rincée à l’eau bouillante une première fois au cas où de la poussière ou des insectes se seraient introduits. Puis c’est le thé lui-même qui est ébouillanté et purifié. Selon le guide ces purifications seraient des survivances chez les Berbères des coutumes des Juifs de la région. Le thé est ainsi versé mais on ne le boit pas, il est mis de côté. Le maitre de cérémonie du thé tapote chaque rameau de menthe sur le dos de ssa main, égouttant ainsi les feuilles qui ont été préalablement lavées chassant ainsi les insectes qui pourraient encore s’y trouver, aussi pour mieux exhaler le parfum.
Pendant que le thé infuse : démonstration de mode féminine. A Tafraout le voile est noir, brodé pour les fêtes, blanc pour le deuil. Les femmes mariées portent un bandeau sur le front. Des parures traditionnelles avec des cônes métalliques font ressembler la femme à la statue de la Liberté.
Le thé n’est pas encore prêt ; le maître de cérémonie y goûte pour être sûr de ne rien avoir oublié puis il « oxygène » le thé en le versant de très haut dans un verre qu’on reversera dans la théière. La mousse joue un rôle en capturant la poussière, elle filtre le thé.
Cette salle sert dans les grandes occasion, les mariages, les naissances, l’Aïd…
Le guide profite des demandes en mariage pour parler de la polygamie ; la femme est d’abord une aide pour le travail des champs, les soins aux bêtes, la cuisine, le linge. Pas étonnant que le mari ait besoin de plusieurs femmes !
Le soleil baisse, bientôt il fera nuit. Je laisse 40 dh et m’éclipse. Ce n’est pas poli mais il reste une bonne dizaine de km . Quand nous arrivons à Tigmi Ozro on allume les lampadaires
Bouchra a mis la clim réversible en chauffage. Pour dîner, soupe orange pommes de terre- potiron qui va bien nous réchauffer et des keftas dans de la sauce tomate.
Ne vaut-il pas mieux que tu disparaisses,
Que tu redeviennes poussière?
Le monde n’en sera que plus beau,
L’Humanité plus heureuse.
Peuple borné peuple ignare,
Réveille-toi !
Sors de ta léthargie !
Reviens à la vie ! »
15 heures, ce n’est pas l’heure de l’appel à la Prière, et un curieux discours sort des haut-parleurs du minaret. Tandis que sur la place trainent deux bandes de jeunes « Les Egarés » et « Les Homo islamicus ».
Moncef, le poète, a déclamé son poème et les homo islamicus commencent à le lyncher. Il doit sa vie aux policiers qui l’embarquent et le mènent à l’hôpital.
Le roman raconte comment le fils d’un marin pêcheur, mis au chômage par la raréfaction des sardines a quand même réussi sa licence en Lettres arabes, chômeur diplômé, tente de publier ses poèmes et de faire connaître ses œuvres.
« vue de la mer, Safi est une ville magnifique, avec ses remparts en moellons et ses donjons dominant le plateau de la ville ancienne, ses chemins de ronde, Bab Agrour, Dar Soltane avec, au beau milieu, son arbre amazonien, plusieurs fois centenaire, la colline des Potiers, ses fours en terre cuite et ses chapelles
sépulcrales, le Palais de la mer, ou plutôt ce qu’il en reste, les silos cylindriques du port, la falaise Amouni
érodée par les vagues, le quartier Sidi Bouzid surplombant la ville comme une forteresse inexpugnable »
C’est aussi une ode à sa ville, Safi, quenous avions inclue dans notre circuit. Circuit trop ambitieux que nous avons dû raccourcir, les distances sont longues au Maroc et il faut scrupuleusement respecter les limites de vitesse. Ce livre m’a fait regretter!
Ode aussi à la sardine,
« la sardine est à Safi ce que l’eau est aux plantes : un aliment vital, indispensable à son existence. »
9h30, arrêt-photo au chapeau de Napoléon. La route d’Aït Mansour est sur la gauche presque en face de la piste des Roches peintes. Elle s’élève très apidement en lacets très serrés sur la montagne granitique aux reliefs arrondis. Les grosses surfaces polies rondes sont ravinées de rigoles et ressemblent à de grosses écailles. Très peu de végétation à part les amandiers défeuillés. Je suis bien inquiète pour eux. La sècheresse les a-t-elle tués ? De rares bourgeons qui commencent à fleurir me rassurent. La floraison a lieu normalement en février. Le soleil est éblouissant. Impossible de cadrer les photos, je photographie au hasard et j’effacerai tout après.
Canyon gorges Aït Mansour
Nous parvenons sur une sorte de plateau avec des bosses proéminentes. Deux ou trois villages se tassent dans un creux. Puis la route redescend comme à la montée en épingles à cheveux. Heureusement nous sommes seules sur la route. Nous descendons dans un étroit canyon. Les lauriers roses soulignent le cours de l’oued avant qu’on ne voit de l’eau. Quelques palmiers aussi.
Gorges Aït Mansour
Dominique suit la route en voiture tandis que je marche, elle m’attend. Dans la palmeraie cette promenade est un enchantement dans la verdure, à l’ombre des palmes. La végétation est variée : palmiers, grenadiers, figuiers, caroubiers, arganiers qui donnent de l’ombre à de petits jardins clos. Les oiseaux et le murmure de l’eau m’accompagnent. Cette palmeraie est habitée : les maisons s’accrochent discrètement aux parois du rocher. Un restaurant panoramique est annoncé par un panneau mais il est bien caché. Au deuxième village, en face d’une petite épicerie tenue par des femmes en noir, il y a quelques tables d’un restaurant de plein air sous une tonnelle dans un jardin. Je commande une omelette berbère pour 13h.
La voiture fait un vilain bruit en sortant d’un parking. La roue avant droite est complètement à plat. Par chance, survient un jeune couple. Le jeune homme, Mohamed, grand et débrouillard change la roue en 5 minutes. Cette panne met fin à ma promenade enchantée. Nous rentrons directement à Tafraout au garage.
Mercredi, jour du souk à Tafraout. Il y a beaucoup de monde. A côté du souk j’avise un réparateur de cycles et de pneus. « Revenez dans une demi-heure » dit le vieux monsieur. Le prix ? cela dépendra de la crevaison. » 50 dh par trou ». Dit Bouchra notre logeuse. Effectivement « un trou, un clou, 50 dh » dit le vieux monsieur à qui je tends 100 dh qui m’en rend 50 dh. Le prix marocain !
PLAGES DE L’ATLANTIQUE – MONTAGNES DE L’ANTI-ATLAS
La piste a été goudronnée, c’est une jolie route déserte dans la montagne où personne ne passe qui traverse des montagnes désertes. Nous passons sous deux greniers fortifiés les ruchers sont bien visibles, en dessous il y a juste un village de terre abandonné.
Juste après le village abandonné, vous avisons un terrain de foot et caché, un village de ciment bien habité. Sur le bord de la route les marchandises d’un droguiste sont étalées par terre.
Village abandonné
Nous montons dans un canyon, de plus en plus étroit. Sur le plateau des femmes avec des hottes et des baluchons portent des fagots de bois. Le GPS nous aide à trouver la bonne direction sur une route plus large passant par des villages entourés de terres labourées.
Village neuf
Igli a de grosses maisons en ciment. Nombreuses possèdent une éolienne et un petit château d’eau cubique, un mur entoure les vergers. Les arganiers ont disparu, à la place poussent des oliviers irrigués au goutte à goutte.
On se rapproche des montagnes pourpres, presque violettes, déchiquetées, pittoresques. Je m’arrête pour dessiner à Dar-el-Manouzi .
Des grosses maisons sont peintes en rose avec de jolis auvents de tuiles vernissées.
La P107 descend avec de nombreux virages. D’anciennes terrasses abandonnées.
En altitude, les arganiers ont disparu. Les amandiers sont défeuillés, est-ce leur tenue hivernale ou la sécheresse ? Les genets font de grosses touffes vertes.
Tafraoute
Tafraout
Je reconnais Tafraoute à ses roches granitiques, on passe près d’un vaste chaos avec d’énormes boules roses sur l’arène blanche et brillante. Les rochers ont des formes bizarres. Le « chapeau de Napoléon » ressemble à un doigt levé de l’amont et à un bicorne côté de la ville
L’arrivée en ville est très soignée : haie d’honneur de palmiers et luminaires. Je suis un peu déçue par le centre-ville. Dans mon souvenir, c’était un village tranquille. Maintenant c’est une petite ville très touristique avec de nombreux hôtels, trois stations-service Afriqiah, 4 banques, des supermarchés puis tout le bazar habituel de quincaillerie et matériel de construction.
Notre maison d’hôte Tigmi Ozro est à l’écart. C’est une belle maison à l’arrière d’une courette fleurie. Bouchra, notre hôtesse me montre l’appartement qui est bien en rez de chaussée mais qui a des marches dont une à l’entrée de la salle d’eau mesurant 25 cm. Infranchissable. Le petit appartement est chaleureusement décoré avec de nombreux tapis dans les teintes rouge-orange. Une cuisine, une salle à manger et la chambre.
A peine installées, nous gagnons une des attractions de la région : Les Roches Peintes.
Roches peintes
Route P107, devant le Chapeau de Napoléon puis à la sortie de la ville prendre à droite une piste. Un chaos granitique a été recouvert de couleurs criardes : bleu intense, rose bonbon jaune, orange. Land art : une intervention du plasticien belge jean Veramme en 1984 avec l’aide d’une brigade de pompiers. Des cacas rose et bleus défigurent le chaos granitique. Tous les beaux empilements ont été saccagés et comme il pleut rarement à Tafraout cette peinture n’est pas près d’être délavée. J’ai bien peur qu’elle y reste pour l’éternité. Autant les labyrinthes de maïs ou les moissonneuses près de l(A6 dans l’Yonne écrivant DISTRIMIX m’amusent, autant ce saccage permanent me choque.
Nous sommes retournée à TandiltChez Yasmina voir la maison d’hôtes où nous avions séjourné autrefois.
Au départ, quelques appréhensions, 300 m de dénivelées sur un sentier en zigzag. Hassan est ponctuel mais il a oublié le bâton que je lui avais demandé. Dans un tas de feuilles de palmier, il trouve la tige qu’il me faut, casse la bonne longueur et frotte le bord épineux contre un rocher : la Préhistoire ! Il est parfait souple léger et résistant et va bien m’aider dans la montée.
Hassan est habillé de bleu, chèche bleu, djellaba bleue, l’uniforme des guides dans le sud marocain.
Le sentier muletier est confortable, assez large, terreux. De temps en temps Hassan fait une pause pour commenter le paysage. Dans les jardins on a semé du blé, par an trois récoltes de blé alternées avec d’autres cultures. Carottes, navets, oignons sont à l’intention des habitants d’Amtoudi qui se partagent les récoltes et font sécher les carottes et les navets sur les toits. Hassan a téléphoné au gardien du grenier qui nous attendra à l’arrivée.
41 minutes de montée, je suis dans les temps !
Sur le toit du grenier : abreuvoirs et Hassan
L’Agadir d’Amtoudi, Agadir Id Aïssa a été construit dès le XIIème siècle. C’est un grenier communautaire où les habitants mettaient à l’abri tout ce qui était précieux : leurs récoltes, l’huile, l’argan, les amandes et les ruches. A sa construction, ils habitaient des tentes et ils étaient vulnérables aux razzias des tribus qui venaient en masse et emportaient tout ce qu’ils pouvaient emporter : tentes et tapis, animaux, nourriture… Perché sur le sommet, gardé par les gardiens qui pouvaient prévoir les attaques de loin, il était inexpugnable. Chaque famille possédait une case fermée par une porte et un cadenas. Il y en avait 75 de taille variable, certains avaient même la taille d’une petite pièce, d’autres plus petites. Aérées par une ouverture, fermée par une porte de palmier. Souvent une chatière a été pratiquée pour éliminer les rongeurs. On stockait l’huile dans des jarres.
Rucher
Un petit musée réunit les objets usuels, moulin à argan ou à farine, vaisselle, plats à tagine, serrures variées : traditionnelles en bois percées de nombreux trous la clé portait le même nombre de pic et ressemblait parfois à une brosse à dents.
Petit musée : calebasses et théière
Sur une terrasse on a construit des abreuvoirs pour les ânes et mulets. On a même pensé aux oiseaux avec cinq cupules, mini-abreuvoirs ou baignoires. Un peu plus loin, le rucher avec des cases où l’on rangeait les ruches cylindriques en fibre de palmier tressée. Le miel se récoltait par le fond, ouvert. A côté des ruches cylindriques, un petit panier de même forme était destiné à la conservation des dattes.
Le toit est enduit d’une pellicule blanche bien lisse avec des trous pour récupérer chaque goutte de pluie dans une citerne. Des gouttières verticales canalisent l’eau.
Toit du grenier et tour de guet
Les tours des gardiens, aux extrémités, sont crénelées décorées en gradin.
Les villageois ont utilisé ces greniers jusqu’aux années 60. Ils habitent des maisons en dur et les razzias ont cessé mais les habitudes de solidarités et de partage sont vivaces chez ces berbères.
La descente sur l’autre côté est plus facile que la montée au-dessus du camping. Nous arrivons à la maison de Hassan qui appelle sa fille apportant un pain rond et une boite de filets de maquereau.
La seconde promenade a pour but les sources et les piscines naturelles.
Piscine naturelle
Nous marchons dans le lit de l’oued dans un canyon très profond. Un ruban de ciment court dans l’ombre des palmiers, arganiers et caroubiers. Il y a également des figuiers qui ont très peu de feuilles et des grenadiers aux feuillage jaune. Le chemin de ciment conduit à un village Aglaoui – village sans voitures, les ânes suppléent aux vélos et mobylettes.
Après le village nous descendons dans le lit de l’oued. Le sentier se fraie un chemin dans la végétation exubérante. L’eau coule dans un canal de ciment. Nous arrivons sur une sorte de plateau d’aiguillage pour les rigoles. On bouche un canal et l’eau prend un autre chemin.
Le canyon se resserre et tourne. Dans le cirque des stalactites se déploient le long de la falaise. Le parcours devient sportif. L’eau devient de plus en plus abondante. Il faut grimper sur de gros rochers arrondis et lisses – heureusement bien secs -mon bâton m’aide bien à sauter de pierre en pierre dans les gués. Puis des marches, et à nouveau de l’escalade pour découvrir une première piscine, une cascade et une grande et belle piscine naturelle où nagent des truites. A nouveau des rochers à franchir, on marche sur une arête qui surplombe l’eau, il ne faut pas avoir le vertige. On retrouve un nouveau bassin, à la surface de l’eau des points de lumière qui dansent comme des étoiles.
On pourrait continuer encore et encore dans le canyon long de 14 km…se baigner.
Agadir Aglaoui
Agadir coiffant un piton
Comme perché sur une colonne, le deuxième agadir coiffe parfaitement le rocher. Du canyon, il parait moins haut que l’Agadir d’Amtoudi mais le sentier qui traverse un pierrier est beaucoup moins confortable. Les pierres pierre, de grosses frites, bâtonnets aplatis aux arêtes aigues, bougent sous mes pieds et je m’essouffle un peu.
Pause pique- nique l’ombre d’un petit arganier malingre. Hassan sort du sac des oranges, une tomate, un poivron et un oignon qu’il détaille finement dans une assiette. Il assaisonne avec l’huile des maquereaux. Il sort le pain d’un torchon à carreaux. Oranges et pommes pour dessert. Comme je suis assoiffée (je n’ai pas pris d’eau) je dévore les oranges.
C’est l’heure de la prière. Le chant du muezzin est réverbéré par la falaise qui l’amplifie et revient en écho. Impressionnant !
L’agadir Aglaoui est daté 1015, il a été restauré entre 2006 et 2014. Un panneau explique qu’il s’est développé en colimaçon autour du rocher. Plusieurs époques de construction se sont superposées. Chaque fois la topographie a dicté la construction qui l’épouse parfaitement. La progression dans els étages inférieurs se fait dans le noir, il faut allumer la torche du téléphone. Mes lunettes de soleil sont un véritable problème, avec, je suis dans le noir, sans je ne vois plus rien. Un couple d’Allemands a le même souci, cela nous fait bien rire. La montée d’un étage à l’autre se fait à la force des brasn je pose mon téléphone et me hisse. La descente est plus acrobatique : des « marches », lames de roche cimentées dans le mur sont bien prévues pour les pieds mais pour des gens nettement plus grands que moi. J’aimerais bien me débrouiller seule mais je suis forcée d’accepter l’aide d’Hassan.
Le sommet, blanc et lisse comme dans le premier grenier est de toute beauté avec les courbes, reflets des courbes du canyon ; Il révèle l’harmonie de l’architecture.
Hassan propose une quatrième promenade pour voir des peintures rupestres, c’est un peu loin il faut prendre la voiture. Il est déjà tard, ce n’est pas raisonnable.
PLAGES DE L’ATLANTIQUE – MONTAGNES DE L’ANTI-ATLAS
Strates colorées dans le désert près d’Amtoudi
De Mirleft à Amtoudi : 156 km
A l’aventure à travers les montagnes, nous empruntons la route du village d’Ali et la randonnée jusqu’au petit col d’où l’on découvre toutes les plages de la côte. Le paysage est somptueux avec les lignes de crêtes. Le GPS avait proposé deux itinéraires, l’un par Tiznit, un autre par Sidi Ifni et Goulimine. Nous passons outre : notre petite route est bien goudronnée, la circulation est inexistante et c’est une belle promenade. Le GPS s’adapte ensuite, tant mieux parce que la signalisation est en arabe et en tamazight !
En gagnant de l’altitude le paysage reverdit un peu, il y a quelques oliviers. La P1907 traverse une plaine finement labourée avec de grands arganiers. Les puits sont cimentés où se dirigent des petits ânes chargés de bidons. Nous rejoignons ensuite la P1903 qui vient de Sidi Ifni et passons l’oued Tiguini, puis une montagne boisée. P1911 : chantier important ; on construit quelque chose d’énorme route ou barrage hydraulique, impossible à définir.
Nous rejoignons la N1 (Casasblanca – Agadir – Dakhla) près de la petite ville d’Akhasss, aux arcades ocre-rouges. Les commerces sont tous fermés (c’est dimanche). A la sortie de la ville, un tracteur laboure – première manifestation de la mécanisation depuis Massa et les serres. La grande route descend une sorte de défilé avec de nombreux virages entre des versants où la roche est à nu et tous les arganiers morts desséchés. Sur cette route importante circulent de nombreux cars qui assurent la liaison Casablanca Laayoune ou Dakhla, de gros camions aussi. Ce n’est pas le trajet le plus agréable mais on avance bien. 25 km jusqu’à Bouizarkane (altitude 613 m, 14.000 ha) dans une plaine vide au pied de chaines de montagnes imposantes. Au pied des montagnes les villages qui se blotissent sont entourés de verdure. Aux alentours de Timolay, les moulins à huile se succèdent.
A l’entrée de chaque agglomération, la Gendarmerie Royale installe un barrage. Nous sommes toujours passées sans encombre, mais à l’entrée de Timolay, on nous fait signe. « Papiers du véhicule, permis de conduire, passeports ! – vous êtes en infraction de vitesse ! ». Incrédule, Dominique explique qu’elle ne peut pas descendre du véhicule. Arrive le chef. « Ce n’est pas vrai ! » Le chef montre son téléphone, 75 km/h au lieu de 60 en agglomération. Il est vexé de la contestation puis temporise « c’est une figure de style ! » Amende 150dh à payer immédiatement. Il consulte le fichier, c’est notre première contravention, pardonnée !
Après Timolay, les euphorbes ont complètement disparu, il reste seulement quelques buissons desséchés épars sur le cailloutis. De chaque côté de la route les strates des massifs montagneux sont visibles avec des couleurs variées, des petits bancs plus durs en relief. On pourrait dresser la carte géologique à la jumelle. Géologie et technicolor. Bancs ocres, marnes vertes plus tendres, la lumière fait chatoyer les couleurs : un versant à l’ombre, est plus mauve, en face plus doré.
Ifrane-Atlas- Saghir (12.000 ha) est précédée par des ruines mal définies.
Selon Internet c’est le lieu d’une communauté juive importante et d’un pèlerinage
« Selon la tradition orale, Ifrane Anti-Atlas serai la plus ancienne présence juive au Maroc. Les israélites ont quitté la Palestine au temps de Nabuchodonosor, roi de Babylone après la première destruction du temple en 587 av.J.C. Ils traversèrent l’Egypte et la bordure septentrionale du Sahara, puis parvinrent au rivage atlantique de l’Anti-Atlas en 361 avant Jésus-Christ et s’installèrent en premier lieu dans les grottes en bordure de l’assif (rivière) Ifrane, et ce, après qu’ils aient pu acheter l’autorisation de s’installer aux autochtones amazighs.
Point stratégique important pour le commerce des caravanes soudanaise, le Mellâh d’Ifrane est devenu prospère entre le 18ème et le 19ème siècle sous l’influence de Tassourt (Essaouira / Mogador ____ Le Rabbin Youssef ben Mimoun (qui serait mort en l’an 5 av.J.C.) fut l’un des plus vénérés saints juifs dont la réputation attire encore aujourd’hui chaque année des touristes juifs venant des quatre coins du monde.
Dans les années soixante les derniers juifs ont quitté Ifrane en direction d’Israël, les vieux du village se souviennent encore des adieux pénibles car -loin de toutes considération religieuse ou autre- ces juifs berbères faisaient tout simplement partie de l’histoire et la culture d’Ifrane d’Anti-atlas, ils avaient vécu avec eux dans la paix le respect et la fraternité… Aujourd’hui, des pèlerins continuent à venir vénérer les tombes des saints enterrés au cimetière. »
C’est jour de marché à Ifrane. Le souk occupe toute la rue principale. Toute sortes de marchandises sont exposées sur les trottoirs et même sur la chaussée : grillage, plomberie, arbres en motte prêts à être plantés : oliviers, orangers, paille dans les ruelles adjacentes et, derrière, des animaux moutons et chèvres. Ce marché me fascine mais je n’ose pas descendre de voiture : il n’y a que des hommes et je suis en T-shirt bras nus. Deux femmes très élégantes nous expliqueront plus tard que « le matin c’est le marché des hommes, l’après midi le marché des femmes ». Elles se sont apprêtées pour le « marché des femmes » leurs voiles sont très colorés et à ramages, elles en superposent plusieurs. Autour de la tête, un linge fin et blanc qu’elles remontent pour cacher le bas du visage et la bouche.
Le marché occupe si bien la chaussée que nous ne savons plus où nous diriger quand le GPS nous ordonne de tourner ; On fera trois fois le tour d’un pâté de maison avant de sortir du marché.
A la sortie d’Ifrane : miracle, l’eau coule dans une rigole cimentée !. Il y a des oliviers, des jardins, un peu plus loin, une palmeraie. C’est là que nous allons pique-nique. Petite promenade dans al palmeraie mais je ne passe pas inaperçue. Des hommes sortent de leurs jardins. Encore ici, je sens que ma tenue n’est pas appropriée.
Il reste encore une trentaine de kilomètres jusqu’à Amtoudi. Les montagnes se resserrent et deviennent plus spectaculaires. Le gros piton rocheux portant un grenier se voit de loin.
Amtoudi
Le village est encaissé à l’entrée d’un canyon. L’oued est à sec mais il reste assez d’humidité pour que de jolis petits champs d’orge bien verts égaient le paysage. Le gros rocher portant l’agadir domine le village. Les fortifications se distinguent très bien d’en bas.
Un quartier du village avec la mosquée se tasse à l’ombre d’une falaise. Hassan chez qui nous devons habiter habite de l’autre côté de l’oued sur le versant ensoleillé. Il nous attend près du pont mais il faut garer la voiture bien loin de sa maison et continuer à pied par un sentier bien pentu et malaisé.
Chez lui, comme il l’avait assuré au téléphone, c’est bien au rez de chaussée et à plat. Mais encore faut-il y parvenir ! Hassan mesure la difficulté et téléphone au Camping-Hôtel Amtoudi. Il y a de la place, nous logerons là. A l’arrière d’une vaste esplanade aménagée pour les camping-cars avec bornes électriques et arrivée d’eau. A l’arrière, un grand bâtiment avec un très vaste restaurant et un patio où s’ouvrent 4 chambres et des sanitaires communs, buanderie …Notre chambre possède une salle d’eau avec WC et douche (300 dh la nuit ou 300dh/px en demi-pension).
On est gênées pour Hassan parce que sa femme avait préparé un couscous. Demain, je partirai avec lui en trek (3 visites le pique-nique pour 500dh)
Nous sommes soulagées. L’hébergement n’a aucun charme particulier, c’est plutôt genre Auberge de Jeunesse mais il a le mérite d’être accessible et disponible. La veille une douzaine de motocyclistes avaient occupé toutes les chambres.
Pour diner, un délicieux couscous-poulet avec un grand plat de légumes que nous apprécions plus que la viande. Le serveur est vraiment très gentil. Tout s’arrange au Maroc ! les villageois sont solidaires et s’entraident.
Encore une fois, le titre a failli m’éloigner de ce roman, j’ai cru à des recettes de cuisine ! Cela aurait été dommage parce que c’est un coup de coeur!
Kenza et Fatiha sont amies d’enfance, presque soeurs croyaient-elles quand elles s’endormaient en se prenant la main. Mais Kenza est une fille de noble famille, chrifa, descendante du Prophète tandis que que Fatiha est la fille de la bonne. Kenza a suivi une école française puis le Lycée Lyautey et maîtrise mieux le français que l’arabe littéraire. Fatiha, l’école marocaine. Kenza est partie faire Sciences Po à Paris, tandis que Fatiha, brillante pourtant, ira à l’école d’infirmière alors qu’elle voulait faire médecine.
Elles se retrouvent pendant les vacances mais la fracture sociale se fait sentir. Kenza fréquente Karim, un jeune homme de bonne famille, on les imagine fiancés. Au Maroc, même moderne, une jeune fille veuille à sa virginité. Karim après avoir embrassé Kenza, excité, ira coucher avec Fatiha et lui laissera un billet, amours tarifées?
Entre Paris et Casablanca, Kenza est partagée. Fatiha, enceinte, abandonnée par un garçon qui lui avait promis le mariage, a recours aux pires pratiques pour provoquer un avortement, sorcellerie, potions douteuses. Kenza retrouvera son amie mourante, inconsciente à l’hôpital…
Je vous laisse découvrir la suite.
Lecture fluide, exotique, qui vous fera découvrir les différents aspects de la vie de jeunes marocaines, au palais et à l’office.