
L’Achilleon est le Palais construit par Sissi et occupé plus tard par Guillaume II. Situé à Gastouri à une dizaine de km de Corfou, il domine la mer du haut d’une colline boisée.
Je n’aime la crème Chantilly ni en pâtisserie ni en architecture. Je trouve les constructions viennoises du 19ème siècle, pompeuses et ennuyeuses. J’ai vu les films Sissi étant gamine et n’en ai gardé aucun souvenir spécial. Rien ne m’attirait particulièrement à l’Achilleon. L’afflux de cars de touristes (beaucoup de Tchèques, Russes et autres slaves) n’a rien pour nous plaire.
Nous avons pris l’audio-guide et nous avons bien fait !
L’évocation d’Elisabeth qu’on n’a plus envie d’appeler Sissi est passionnante. Sans ces commentaires, nous aurions sans doute été indifférentes à ces objets personnels dans les vitrines et aux nombreuses statues, copies d’antiques.
L’entrée est solennelle : une statue de marbre de l’Impératrice, placée par Guillaume II, accueille le visiteur. Les portes sont ornées de bas-reliefs de bronze aux motifs antiques . L’entrée est occupée par un escalier spectaculaire. Les fresques murales ressemblant aux grotesques florentins recouvrant entièrement les murs et plafonds, se reflètent dans un miroir. L’Impératrice a dessiné elle-même les ferronneries sophistiquées de l’escalier.
Nous pénétrons dans l’intimité de Sissi : les nombreux miroirs sont l’occasion d’évoquer la santé d’Elisabeth, le soin qu’elle portait à son apparence, sa taille fine, le brossage de ses cheveux. C’est la Sissi que nous connaissons, celle qu’on présente à Schönbrunn en montrant sa salle de bain. A Corfou, elle est libérée de l’étiquette viennoise, elle reprend des forces et dévoile des aspects moins connus de sa personnalité : la grande voyageuse curieuse de tout, la passionnée d’Antiquité, et surtout du monde d’Homère. Elle a débarqué incognito à Troie visiter les fouilles de Schliemann alors que François Joseph lui avait demandé d’éviter le territoire ottoman. Enfin, férue de poésie, écrivant des vers. Etonnante impératrice autrichienne qui a construit un monument à colonnes en l’honneur de Heine qu’elle admirait et qui était à la place d’honneur à l’Achilleon.la statue n’y resta pas longtemps quand Guillaume emménagea. Ce n’est qu’en 1956 que la statue du poète juif trouva enfin sa place…à Toulon.
Dans le parc se trouve également une statue de Byron, tout à fait à sa place !
De l’autre côté des appartements privés on voit la chapelle Stella Maris, la Vierge émergeant d’une tempête, parfait chromo (l’Impératrice était une navigatrice intrépide). En revanche deux Della Robia sont les seuls objets de valeur.
L’autre occupant célèbre, Guillaume II, a laissé quelques souvenirs, des tableaux de marine, un cendrier de mauvais goût, une curieuse chaise tournante avec une selle de vélo.
Tous ces objets n’ont rien d’extraordinaire en soi, c’est l’audio-guide qui les fait vivre.
La visite du parc est très agréable, nous gagnons une terrasse ronde, balcon sur la mer, puis une autre terrasse avec un olivier, un banc de pierre tout autour du tronc. C’est un endroit charmant où Elisabeth venait méditer. Delà on arrive sur une terrasse où deux galeries couvertes aux colonnes ioniques peines de couleurs vives. L’afflux des visiteurs ne gène même pas la photo : on imagine les grecs de l’Antiquité discourant sous les stoas. Une collection de statues de marbre orne la colonnade les muses et les Grâces ainsi qu’une rangée de têtes d’hommes illustres, commençant avec Homère mais aussi Shakespeare inattendu. La pièce de bravoure est l’énorme tableau du Triomphe d’Achille tirant la dépouille d’Hector attachée à un char et suivi par les Myrmidons sous les yeux des troyens. Pompeux, grandiloquent, antipathique avec même une croix gammée (antique et non nazie mais quand même !)
Deux athlètes de bronze se tiennent à l’entrée des jardins. Achille mourant est une belle statue tandis qu’Achille triomphant commandé par Guillaume occupe la place d’honneur. Cette grande statue était revêtue de pointes d’or sur le casque et le bouclier de manière à être vue par les marins. Mauvais goût de ce nationalisme allemand. Statue de propagande !
En sortant nous prêtons une attention nouvelle à la mignonne statue de l’enfant marin étudiant les cartes, figurant peut être la navigatrice.
J’ai envie de voir Gastouri, lieu du roman de Dessaix que j’ai lu avant le départ, je ne reconnais pas la maison.