Rhodes : au village d’Asklipio le matin


Il a vraiment fait très chaud hier mais ce matin est très frais. Pas de visite touristique au programme. Je peux dessiner le village dans la fraîcheur du matin.

Comment traduire sur ma feuille l’enchevêtrement des maisons adossées à la colline qui s’incurve en formant un amphithéâtre. La chaux donne une impression d’unité. En observant attentivement je constate une grande diversité dans la forme des portes, arrondies en arches, petites rectangulaire. Différentes couleurs aussi : le bleu s’harmonise le mieux avec le blanc mais de nombreux volets sont marrons ou gris ou beiges.  Des rajouts de tuiles rondes agrémentent les maisons les plus cossues, auvents et porches arrondis, même des balustres prétentieux. Bizarrement les auvents et les tonnelles sont rares

 Sur notre terrasse, il n’y a aucune ombre. Maria, la voisine n’en a qu’après 19h. Grand variété des cheminées. J’en compte une bonne dizaine de modèles. Ma préférée est la girouette en forme d’oiseau, version métallique de la cocotte en papier, tôle noire repliée. On peut rajouter au décor : antennes-râteaux, paraboles, chauffe-eau solaires sur leurs capteurs. Poteaux et fils électriques qui s’entrecroisent. Tout ce bazar est plein de charme. Ici on décore le ciment de la rue de fleurs ou de vagues à  la peinture blanche. On balaie sa rue aussi. Ce matin, un cafard est venu crever chez nous. Je l’ai sorti à coups de balai. Comme Maria était sur sa terrasse, je lui montre la blatte que les fourmis ont dévorée. Elle m’a pris mon balai des mains et a balayé les mégots qui jonchaient le ciment.

Le matin, le village est calme. Dès 6h on entend des pas pressés dans les ruelles, vers 7 heures des voitures qui démarrent. Le soir, en revanche, j’ai l’impression d’être dans ma loge pour regarder le spectacle du théâtre quotidien. D’une terrasse à l’autre les femmes s’interpellent, ou dans la rue. Qui est donc cette Anna qu’on appelle si souvent ? Et Alexia ? Brusquement je saisis une phrase entière. C’est que Maria parle en anglais. Les Grecs passent d’une langue à l’autre de manière imprévisible. Le village s’est rempli, pour les vacances d’émigrés australiens et américains. Ce ne sont pas des touristes. Mes efforts pour parler Grec sont donc dérisoires et je n’ai pas ouvert le manuel  de conversation que j’avais apporté. Curieusement les terrasses et les toits sont constellés de paraboles et d’antennes mais on ne voit pas la lueur bleuâtre des écrans de télévision. Peut être la regarde-t-on enfermé derrière d’épais volets ou préfère-t-on vivre dehors l’été?

Chez l’épicière, en achetant nos hamburgers quotidiens (O, 45€) et des courgettes, je craque devant la halva aux pistaches que je lorgnais depuis une semaine. Je la compare au souvenir de celle d’Egypte. Identité des goûts autour de la Méditerranée Orientale. Je fabrique avec bonheur une salade grecque : tomates concombres et poivrons sont les cadeaux de la propriétaire fêta et olives viennent de l’épicerie.

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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