Désert blanc : les chevaliers de la 4×4

EGYPTE 2010 / DESERT BLANC ET OASIS

désert blanc

Où il est raconté comment nous participons à un massacre végétal

Ahmed ne reprend pas la piste, il coupe à travers le désert blanc, fonce dans le sable. Les roues chassent. Il gravit des monticules, descend les dunes du côté raide. Parfois la roche est rose, parfois violacée et râpeuse. La craie blanche est lisse mais d’innombrables silex coupants dépassent sur les surfaces planes. De temps en temps, une maigre végétation tente de pousser. Ahmed fonce sur les pauvres touffes.
–    « Welcome to Disneyland ! » s’exclame encore Samer qui a l’air de s’amuser comme un fou.
Ahmed frime à donf. Deux gamins déchaînés. D se scandalise avant moi :
–    « ne dis plus jamais que tu es contre Paris-Dakar ! »
Que viennent faire deux écolos dans ce rodéo ? La première fois avec Sayed, le goût du péché m‘avait semblé agréable. Cette fois-ci, cela touche au sacrilège. Nous sommes dans un parc National – espace protégé- en principe, il est interdit de sortir des pistes balisées. Déranger les dunes n’est peut être pas très grave. Le vent remettra de l’ordre dans les grains. Piétiner la végétation, si fragile, est criminel. Les plantes ont beaucoup de ténacité pour s’accrocher dans ce désert. La barbarie des chevaliers du 4×4 risque d’anéantir des années végétales.
Ce n’est pas ainsi que j’imaginais la traversée du Désert Blanc. Pas comme un parc d’attraction où on nous mènerait, comme des enfants, voir un « lapin » ou un « canard ». Il aurait fallu un autre voyage : une méharée, un  trek… Marcher en silence à côté du dromadaire, voir arriver de loin les piliers de craie, rêver, méditer… Le désert mérite plus  de respect.
Nous aurions mérité de crever ! Un pneu de secours est prêt pour cette éventualité.

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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