Delta du Pô : un dimanche à la mer

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 Cabane de pêcheur sur le Valle de Comacchio

Tout près de Prato&Pozzo la digue entre le Valle et le canal est équipée de petits parkings, passing places, pour que les véhicules se croisent mais aussi miradors pour l’observation des flamands roses et des chevaliers d’Italie aux longues pattes rouges. Un peu plus loin, en contrebas, le traghetto(bac) fait ses allers-retours. J’avais appris ce mot à Venise, je ne savais pas que le traghetto  pouvait  être un transport plus rustique qu’une gondole comme une plate-forme relevée aux deux bouts. On prie les conducteurs de monter et de descendre adagio ce qui na qu’un rapport lointain avec la musique !

Le village de S. Alberto est bloqué par une fête rurale ; Il est pavoisé aux couleurs italiennes. Le nombre de drapeaux m’étonne. Chez nous, on ne hisse pas les couleurs à sa fenêtre à moins d’être sympathisant FN ou supporter de foot un soir de finale ! Il semble que ce soit différent en Italie, peut être à cause des Fêtes des 150 ans de l’Unité Italienne !

Pour ce dimanche, nous avons envie de mer. Comacchio s’enorgueillit de ses sept lidi. A la jumelle sur la digue du Valle j’ai vu de grands immeubles modernes hideux et je crains le pire ! Au moins, au début avril, les lits de plage n’encombreront pas le sable.

Casal Borsetti construit de part et d’autre du canal que nous avons traversé avec le traghetto . Un pont de bois, arche légère enjambe le canal, utilisable uniquement  par les piétons et les cyclistes. Station tranquille. Le restaurant de plage a sorti son menu (20€) mais ni lits de plage ni parasols. Courte promenade et courses pour le pique-nique. A la sortie, nous traversons un complexe touristique à peine terminé : maisons à étage au toit en berceau  et balcons métalliques, dernier cri à al mode contemporaine, duplexes aux larges baies. A l’agence on voit en projet une marina dans un  canal en colimaçon. Immobilier haut de gamme !

Retour sur la Romea

Nous évitons les premiers lidi que j’ai vus à la jumelle. Peut être aurons nous plus de chance avec les plus éloignés Lido di Scacchi ou Lido delli Nazione ? Immeubles barrant la vue sur mer, pas de promenade lungamare. Quand, par hasard, on aperçoit l’eau entre deux cabines il n’y a pas moyen de se garer ! Théoriquement (sur la carte) on pourrait rejoindre le Lido de Volano sans retourner sur la grande route. Dans les faits les sens interdits inopinés compliquent tout et nous errons dans les villas et immeubles lamentablement. Retour sur la Romea !

Sortie Lido de Volano

On entre dans la campagne, double des cavaliers sur le bord d’un étang ; Nous reprenons espoir. Une bande de forêt protégée par des grillages est entrecoupée d’accès à la plage (ou plus exactement au restaurant qui exploite son morceau de plage). Enfin, dernier chemin, parking possible et une plage libre ! Enfin, pas pour longtemps : de gros engins de chantier – arrêtés aujourd’hui dimanche – sont là pour des aménagements substantiels.

Je médite pendant ma promenade pieds dans l’eau. Puisqu’on est arrivé à chasser les fumeurs des espaces clos, les voitures des centres-villes, il ne devrait pas être impossible de nettoyer les plages de toutes ces verrues horribles tels que palmiers en plastique, igloos multicolores châteaux-forts mauves. On pourrait aussi interdire de bloquer avec des murs en parpaings ou des planches le passage sur le sable. Cette volonté existe-t-elle ? La clientèle du centre-ville historique avec boutiques de luxe, restaurants huppés, magasins d’antiquité, tolère à peu près les limitations de circulation. Les bénéfices des flâneries piétonnières compensent largement les incommodités des livraisons. Les « Italiens moyens » qui « consomment de la plage » n’ont rien à voir avec les bobos à vélo. Quelqu’un a-t-il jamais envisagé une « nationalisation de la plage » ou une Loi Littoral comme en France. En passant je me félicite encore de l’existence de cette Loi Littoral !

Après cette journée de farniente nous rentrons au gite avec tous les automobilistes du dimanche. Même sans les camions de la semaine, le trafic de la Roméa est stressant : files en accordéon, arrêts imprévus et freinages en urgence, sans parler des cinglés qui doublent toute la file en coupant la ligne blanche.

17h30 Retour à Prato&Pozzo. J’emprunte un vélo et retourne sur la digue. Les vélos en libre prêt sont lourds et robustes mais ils n’ont pas de dérailleur. Pour grimper sur la digue je suis obligée de mettre pied à terre. En haut, rouler est un véritable plaisir. Après le  traghetto, la digue est interdite aux voitures. Je pédale sans crainte sur un beau chemin blanc entre canal et anciennes salines où des milliers de flamands roses très bruyants pêchent avec leur fameux bec plongé dans l’eau, avançant à pas comptés.

Menu poisson

La salle à manger de Prato&Pozzo est pleine de clients. Le menu du dîner est spécial : salade de calamars, céleri, câpres, un petit morceau de poisson frit tartiné de crème d’anchois, salade et tomate. La cuisinière passe avec un bol de minuscules crevettes frites dans une pâte à beignets très légères (le menu des flamands ?) On mange tout, tête et queue.

Le risotto crémeux bien jaune aux moules est délicieux.

Secundo piatto : encore du poisson frit merluzza mais aussi minuscules poulpes. Comme chaque soir il y a des pommes de terre ce soir,  accompagnées d’oignons confits entiers farcis de chapelure, sucrés, doux et fondants.

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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