La masseria : vie de château et exploitation agricole

CARNET DES POUILLES

LA MASSERIA

Je suis pressée de passer devant la grande poubelle métallique « il bidone » pour retrouver mes lunettes qui ont dû tomber quand  nous avons jeté nos ordures ce matin. A notre passage :  rien. De retour au gîte, je déballe tout, toujours pas de lunettes. On retourne au « bidone » eureka!

J’ emprunte un saladier dans la grande cuisine du château. Sveva, la châtelaine, est en train de confectionner une crème caramel.Elle est grande, blonde aux abords un peu brusques,  Habillée très simplement, elle a l’assurance de la noblesse campagnarde, ici, pas de chichis ! Je l’imaginerais facilement à cheval. Sous ses dehors intimidants, elle est charmante. Nous conversons en français qu’elle parle parfaitement. Elle a étudié au Lycée français de Rome puis chez des Dominicaines françaises.

Ce matin elle a fait un tour à Lecce (70km) où elle espérait trouver une brocante. Nous évoquons les villes baroques de Sicile : Syracuse, Noto…La Toscane l’agace : trop de tourisme lui a fait perdre son authenticité.

Après midi, piscine et lecture : Les Derniers jours de Pompéi.

Vers le soir, nous allons faire un tour dans l’immense domaine. Au-delà de la maison, une barrière retenue à une magnifique poterne avec 4 piliers de pierre s’ouvre sur une allée blanche très large bordée de deux murets. Cette route plate est construite sur une sorte de digue très haute dominant des vallons de prairies en pente dans les quelles paissent des chevaux et des moutons. Près de la maison, sont plantés des eucalyptus et des pins, à 150m, un magnifique chêne séculaire . La route blanche, toujours égale, passe sur un pont de pierre. Malheureusement, une autre grille cadenassée interdit de poursuivre notre chemin. Revenant sur nos pas, nous empruntons la route d’accès des voitures, cancello énorme entre des poternes de pierre, puis un chemin poussiéreux qui nous conduit dans les oliviers.

La promenade m’a fait voir la propriété sous des angles différents. Je dessine la Masseria vue de la digue et découvre un escalier monumental qui tourne sur de hautes arcades.

Les chevaux du domaine sont des purs-sangs. Sur le haut buffet de la cuisine s’entassent des dizaines de coupes gagnées par son mari à cheval. L’entrée du Rosmarino est décorée de sous verre sur le thème équestre, des gravures anciennes mais aussi des photographies de départ de courses signées par les participants. J’avais pensé qu’elles étaient là pour donner un genre, non c’est tout à fait authentique!

Lorsque nous explorons la géographie d’un pays, nous visitons musées, châteaux et églises, mais nous découvrons aussi la personnalité de nos hôtes. A l’hôtel l’accueil est standardisé. En Agritourisme, nous pénétrons dans les maisons des gens. Nous côtoyons les propriétaires des grands domaines que nous ne fréquenterions jamais dans notre vie quotidienne. Dans cette découverte, il faut être prudente, ne pas se laisser aveugler par des préjugés. Sveva avait annoncé qu’elle préparait un « petit dîner ». Nous avions imaginé l’arrivée de leurs amis en tenue de soirée. C’est le couple de touristes qui occupe la maison voisine. Le gros monsieur en maillot de bain croisé à la piscine a revêtu une chemise bien repassée. Point de nappe, de bougie ou de mise en scène. Nous nous sommes emballées, victimes de notre imagination.

Finalement, je commence à voir les avantages de notre Rosmarino sans cuisine. Partager la cuisine du château ne sera plus une corvée, plutôt une occasion de bavarder ! Pour frire mes escalopes panées, j’ai oublié l’huile et je demande à Sveva la permission d’utiliser la sienne. C’est celle de ses oliviers. Je tiens ainsi les réponses aux questions que je me posais quand nous nous promenions dans les oliviers.

« Combien donne un olivier ? – de 13 à 20% : un quintal d’olives peut donner de 13 à 20 litres selon la qualité des olives et selon la taille de l’arbre. 100kg représente la récolte d’un bel arbre »

Ici, les arbres sont gigantesques, je n’imagine pas qu’on puisse secouer à la machine ces troncs énormes, ni battre les feuillages si hauts. Pas de filets enroulés comme je l’ai vu en Grèce.

« Quand les arbres sont trop grands on attend que les olives tombent toutes seules sur des filets ou tout simplement au sol »

D’où l’intérêt  de bien désherber l’oliveraie et de tenir le sol propre.

Ravie de ces explications, je rapporte mes escalopes au Rosmarino et nous dînons devant la maison dans le « salon de jardin ». Vers 10heures, le vieux fermier, allumeur de réverbères, poussera la porte de notre entrée pour accéder à l’armoire électrique

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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