CARNET DES POUILLES
Les animaux de la ferme m’ont tirée du lit : le coq, les paons font du raffut. Il pleuviote, le ciel est chargé de nuages.
Route en corniche sous la pluie
9 heures, la pluie tombe plus sérieusement, le ciel est noir d’orage. Rodi Garganico sous une grosse pluie. La longue plage, à moitié aménagée, à moitié libre, paraît plaisante. Si nous voulions louer un parasol ce devrait être ici.
A l’entrée de Peschici la côte est très jolie : des petites criques des falaises blanches, des tours carrées, de jolies oliveraies, des bois de pins. La grande route évite Peschici et coupe par l’intérieur des terres dans les oliviers.
Vieste est très décriée par le Guide du Routard et Géo. Je m’attendais à des quartiers d’immeubles. Les villages de vacances et les campings sont plutôt discrets cachés dans les arbres.
On gare la Panda sur le port à l’embarcadère des barques pour la visite des grottes. Nous visitons chaque ruelle en pente avec ses boutiques de souvenirs, de fringues ou de bijoux, ses restaurants.

La ville est construite sur un éperon rocheux, falaise de craie blanche, s’avançant dans la mer entre de jolies plages de sable .Au sommet, le château de Frédéric II, zone militaire. Juste en dessous, la cathédrale qui nous ferme ses porte : il est midi.
La « pierre amère » rappelle le sac de la ville par le corsaire turc Dragut qui massacra là tous les habitants de Vieste inaptes à être vendus comme esclaves en 1554.
La ville est charmante avec ses escaliers, ses ruelles. Elle est un peu touristique, peut être, mais pas envahie en ce début de Juillet. Hélas le rivage est inaccessible : les villages de vacances en interdisent l’accès. Seuls quelques lidi privés avec restaurants, parasols… sont ouverts moyennant finances. Jusqu’à Peschici, toute cette belle côte convoitée de loin est lotie en plages privées. Encore une fois, je me félicite de l’existence de la loi littorale en France qui bannit ces excès.
L’automate de la station service
A Rodi Garganico, il pleut autant que ce matin. De plus, tout est fermé, même la station AGIP, sauf les pompes automatiques. Déjà, l’an dernier, à Volterra, nous avions eu des déboires avec une telle machine. Oublieuse de cette expérience, j’essaie de faire le plein. Il y a bien un vieux gardien assis sur une chaise qui me hèle sans daigner se lever de son siège. Sans méfiance, j’introduis la carte VISA 1er – toute neuve- qui reste coincée. Tout le monde s’en mêle : trois jeunes conseillent de faire le code ce qui fera peut être ressortir la carte. Un monsieur moins jeune suggère « une pinzetta à dépiler les cils ».On s’énerve et dit que les Italiens sont des cons. Le vieux qui s’est approché a compris, il traduit aux jeunes : elle les a traites de stronzo. On frôle l’incident diplomatique. Les jeunes sont sympas, ils ne se fâchent pas mais persistent dans leur idée. Le vieux se drape dans sa dignité, va s’asseoir sur son siège. Il faut attendre 4 h que le propriétaire de la station service arrive. Je fais le guet devant l’automate pour qu’il n’arrive rien à la carte. Chaque fois qu’une voiture s’approche je fais fuir les clients « la machina è guasta ! » et je raconte l’histoire de la carta blocata. Un monsieur, très comme il faut, parlant très bien français, essaie de nous aider. Lui aussi tient pour la pincette à dépiler. Ce qui est étrange c’est que tous les témoins de l’incident (sauf les trois jeunes) restent à attendre le pompiste. Comme si leur présence était nécessaire. Peut être s’ennuient ils pendant la sieste, nous leur avons fourni un peu de distraction ou alors attendent ils simplement la fin de la pluie ? Enfin le patron arrive, ouvre la machine avec sa clé. Mais la carte ne réapparaît pas. L’intérieur de la machine est plein de rouleaux de papier déroulés, de fils déconnectés. Il semble que personne ne se soit servi de carburant en payant par carte Bleue. D’ailleurs, j’ai eu le loisir d’observer que les italiens introduisaient des billets de 5€ ou rarement de 10€, jamais de 20 en tout cas ! On finit par retrouver la carte noyée dans la graisse qu’il faudra dissoudre avec de l’essence. Après avoir récupéré la carte on retire 20€ au bancomat pour vérifier que le nettoyage au pétrole ne l’a pas démagnétisée. L’incident est clos, tout du moins, je l’espère !
De retour à la Masseria Giordano, l’appartement s’est libéré. Il est prêt pour nous. Il ne reste plus qu’à déménager et à faire les courses. Nous retournons donc à Foce da Varano pour me baigner et trouvons tout ce qu’il nous faut dans un grand supermarché.
