Sigulda : château de Turaïda

Hôtel sigulda

L’autre chaussée de l’autoroute  est cachée par une futaie de sapins sans glissière, ni grillage , on a l’impression de rouler seules dans une magnifique forêt sauvage.

Sigulda

 

Le relief s’accentue,  dans la « Suisse lettone ». Moins d’une heure pour arriver de Riga à l’ hôtel Sigulda,  fondé par le prince russe Nicolaï Dimitrovitch Krotopkine,  promoteur de l’activité touristique de Sigulda, du bobsleigh au ski. Si l’hôtel est historique, notre chambre est située dans l’aile moderne et la bâtisse ancienne de gros moellons de granite égayée par un décor de briques rouges sur lequel court une clématite, a été transformée en restaurant. Nous ne dormirons pas dans les lits des aristocrates russes !

Dépassant les châteaux de Sigulda, nous passons la rivière Gauja. Le donjon de Turaïda surgit sur un éperon.

chateau de sigulda

Turaïda

La Réserve de Turaïda est très vaste : le château n’occupe qu’un  promontoire tandis qu’une grande pelouse accueille des statues et qu’un domaine agricole exploite encore les terres. On peut y louer des chevaux. Les zones escarpées sont restées sauvages et aménagées pour la promenade. Le droit d’entrée, assez élevé, donne droit  à une bonne demi-journée de visite (et même plus si nous en avions le temps). La dame de l’accueil est charmante.Elle nous conseille une belle promenade le long de la rivière Gauja. Et m’offre le prix « retraitée » sans que je n’aie rien demandé. C’est la première fois que cela se fait naturellement. Autrefois, le caissier, en clignant des yeux me faisait savoir qu’il m’offrait un passe-droit. Maintenant avec mes 60 ans et mes cheveux blancs, j’y ai peut être vraiment droit !

Le château de Turaïda avec son donjon de 42 m est une forteresse en brique fondé par l’Archevêque de Riga en 1214. Une autre tour de guet (15ème siècle) garde un étroit passage. L’extension maximale des fortifications fut achevée au 16ème siècle. En 1776, un incendie détruisit toutes les structures de bois qui ne furent jamais reconstruites.

L’Histoire de la Lettonie de 1214 au 18ème siècle est mise en scène très pédagogiquement. Les objets, nombreux, et pas spectaculaires, mais la muséographie est exceptionnelle. Des panneaux de très bon goût accompagnent des témoignages du temps passé, clés, morceaux de briques ou céramique d’un vieux poêle. Les explications sont présentées dans un vieux livre en imitation parchemin. Des lanières de cuir font des signets séparant les feuilles en letton, russe, allemand ou anglais. Les textes sont très fournis. Une matinée entière serait nécessaire pour tout lire et tout assimiler.

carreau de poêle

 

Au rez-de chaussée : les pouvoirs de l’Archevêque de Riga, du Chapître et de son bailli. Les Archevêques de Riga entraient parfois en conflit avec les Chevaliers Teutoniques ou Porte-Glaive.

Au 2ème étage,   la Réforme :

au 16ème siècle l’état théocratique de Livonie  fut en crise. A la Diète de Valmiera, en 1513, l’archevêque avouait ne pas pouvoir s’opposer au concubinage des prêtres. S’il avait sévi contre les curés, le nombre des prêtres serait descendu dramatiquement. Pratiquement simultanément, en 1515, Luther publia ses thèses qui séduisirent une bonne partie de la population scandalisée par le train de vie de l’Eglise. De 1524-1527, les Archevêques de Riga luttèrent contre l’extension de la Réforme. En 1525, Johannes Lohmüller, secrétaire du Conseil de Riga, abolit le pouvoir temporel de l’Archevêque.

Au 3ème étage : la vie au Château de 1566 à 1776. 

1601, les troupes suédoises envahirent Turaïda. C’est à cette période que se situe la légende de la Rose de Mai ou rose de Turaïda. Une petite fille trouvée presque morte de faim après la bataille, devint ensuite une très belle jeune fille. Fiancée au jardinier Victor du château de Sigulda, ils se retrouvaient dans une grotte sur le chemin reliant le château de Sigulda à  celui de Turaïda. Deux déserteurs polonais Adam  Jakubovski et Peter Skuditz s’approchèrent de la jeune fille. Jakubovski demanda sa main. Majja déjà fiancée refusa. Dédaigné, le soudard inventa un piège pour prendre Majja par la force. Cette dernière se défendit, proposant un cadeau magique : l’écharpe rouge qu’elle portait le protègerait de l’ennemi. Pour tester la magie, il transperça la gorge de Majja. Désespéré Victor enterra sa fiancée près de l’église de Turaïda. Chaque année des jeunes filles viennent fleurir sa tombe.

La dernière tour abrite un parchemin réel de l’Archevêque de Branenburg daté du mai 1545. Remarquablement mis en valeur : enserré dans un gros volume relié et évidé, posé sur un velours violet ecclésiastique.

cheval de la Destinée

Dans la maison du Jardinier, à l’entrée du château, une exposition est consacrée aux Lives du 11ème siècle au 13ème  occupant le site avant la christianisation et la croisade des Porte-Glaive qui les a chassés : pointes de lances, outils de fer, surtout bijoux mais aussi, métiers à tisser. Vivant de la cueillette des baies, noisettes et champignons, de la pêche et de la chasse, ils étaient aussi agriculteurs. Païens, leurs divinités étaient l’Eau et la Terre. Le cheval était capable de révéler la volonté des Dieux. La légende du Cheval de la Destinée, est illustrée dans le Parc des statues. Alors que l’évêque Meinhard prêchait avec un moine cistercien Théodoricus, les Lives ont voulu sacrifier le moine. Le cheval intercéda.

Les Lives vivent encore en Lettonie. Leur langue d’origine finno-ougrienne est en train de mourir. Il ne reste plus que 180 locuteurs.

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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