CARNET DU MONT SAINT MICHEL A SAINT MALO

Dinan est une jolie ville dominant la Rance qui est maintenant un petit cours d’eau tranquille, enjambée par un tout petit pont de pierre arrondi au port, et par un très haut viaduc aux arches étroites à la hauteur de la ville.
Chateaubriand la présente mieux que moi:
Dinan orné de vieux arbres, remparé de vieille tours, est bâti dans un site pittoresque, sur une haute colline au pied de laquelle coule la Rance que remonte la mer ; il domine des vallées à pentes agréablement boisées.
Le propriétaire du gîte a conseillé de garer la voiture au port. Ayant peur de la côte, nous suivons les panneaux Parking Ville Historique.
La place Saint Sauveur est bordée d’arbres taillés, face à l’église Saint Sauveur une belle maison aux volets bleus et un clocher recouvert d’ardoises, des boutiques anciennes l’une d’un graveur, l’autre d’une librairie de livres anciens. Le porche de l’église saint Sauveur est roman, de grès clair, très usé par le temps il garde des colonnes posées sur des lions (nous les avons vus à Ferrare). L’intérieur de l’église est composite : un côté est roman tandis que de hautes arcades gothiques soutiennent le plafond. Les vitraux sont modernes, très lumineux et très colorés. Bien sûr, ils n’ont pas le charme de ceux du XIIème, mais ils sont historiés et racontent la Bretagne : Anne de Bretagne, Duguesclin.. Ils ne dénotent pas dans cette église composite.

Les rues de la ville haute sont aux noms des corporations : place des merciers, des poissonniers, de la Laine… les maisons à pans de bois abritent des boutiques touristiques, biscuits bretons, faïences de Quimper, vêtements de marins, tourisme de bon aloi et de bon goût. Autour de l’église Saint Malo ce sont les restaurants crêperies et fast-food, on peut même trouver du fish and chips britannique.
Sur le parvis de l’église Saint Malo, un homme s’étale, ses santiags ferrées ont-elles glissé sur le granite rendu glissant par les premières gouttes de pluie ou a-t-il une démarche embrumée ? Dans l’église, une femme plantée devant la statue de la Vierge,invective la Madone avec véhémence. Dans son discours incohérent, elle parle d’un certain André, celui qui s’est étalé ?

Anne de Bretagne a posé la première pierre de l’église dont le toit n’ été ouvert de pierres qu’au 19ème siècle. Là aussi, les vitraux datent du 20ème siècle, sont moins originaux et moins colorés qu’à Saint Sauveur. Cette vaste église n’est pas des plus passionnantes.

Sur le conseil du guide Gallimard nous descendons la rue du Jerzual aux pavés inégaux et aux maisons anciennes, maisons à colombages et maisons de pierres, jardins et vergers de pommiers, la rue tourne, les maisons sont de guingois, des artistes travaillent dans les galeries et les ateliers. La maison du potier est très fleurie ses productions sont amusantes : théières ou soupières en citrouille avec des escargots qui grimpent, énorme théière-luminaire aux fenêtres de contes de fées, Hansel et Gretel avec les petites fenêtres, les personnages ont une esthétique un peu convenue mais la vitrine est charmante. Des bronzes filiformes dans une autre galerie, des danseuses de bois ou de bronze. Des bijoux, des sacs à main en fermetures-éclairs, rien d’exceptionnel mais une animation sympathique. La rue passe sous la Porte de Jerzual, une grosse tour percée d’une arche gothique, et continue hors les murs, encore plus pentue, plus agreste mais avec quelques très belles maisons dont une qui a à l’étage des greniers de bois à clairevoie très originaux et un toit avec des tourelles pointues. J’arrive au port où sont amarrés des bateaux de plaisance. C’est là que nous piqueniquons en face des remparts et le viaduc.

L’après midi est ensoleillée, contredisant les prédictions météo. Je tente un tour des remparts, malheureusement incomplet. J’apprends le vocabulaire militaire : courtine (mur reliant deux bastions), escarpe, contrescarpe, mots charmants recouvrant une réalité moins joyeuse.