Une certaine idée de l’Inde – Alberto Moravia

 SAISON INDIENNE

1961, Moravia, Elsa Morante et Pasolini ont fait l’expérience de l’Inde, rencontré Nerhu, visité des temples, traversé en voiture le sous-continent, dormi dans des rest-houses bâties par des Anglais pour des Anglais, eté frappés par la pauvreté.

Un curieux dialogue sert d’introduction à cet ouvrage :

–  « Donc, tu es allé en Inde. C’était bien?

         – Non.

         – Tu t’es ennuyé?

        –  Non plus.

      –  Que t’est-il arrivé là-bas?

      – J’ai fait une expérience .

       – Laquelle?

        –  L’expérience de l’Inde.

        –  C’est à dire?

        –  Comment t’expliquer? L Inde c’est l’Inde… »

Cette entrée en matière étonnante me faisait craindre une lecture sybilline. D’autant plus que quelques lignes plus tard il affirmait :

« L’Inde c’est le contraire de l’Europe » […]Disons que l’Inde c’est le pays de la religion. »

Et pourtant rien de plus clair, lumineux que ce recueil de 135 pages, racontant des rencontres. Nehru, bien sûr. Suivie par un chapitre analysant la position politique de Jinnah et la partition de l’Inde. Mais aussi, des rencontres avec des mendiants, des sadhus, des hôteliers, des paysans qui rentrent tranquillement sur leurs charrettes. Récit des bûchers de Benarès, de visites de temples…

Mais aussi analyses très intéressantes sur la religion « Le choc du Polythéisme« , « la Pauvreté« ,« Colonialisme et Symbiose », et pour finir « l’Impureté «  analysant le système des Castes.

Le chapitre « Cauchemars et Mirages » m’a fascinée

« Dans la pensée religieuse indienne, le monde des sens est Maya c’est à dire illusion.[…]le monde des sens serait donc un envoûtement, une comédie magique que l’Âme universelle se joue pour son seul et incompréhensible divertissement »

Moravia se réfère aux Védas et aux Upanishads dans l’histoire générale des religions, il cite Forster dans Passage to India « L’Inde est le pays des choses qui existent et qui n’existent pas, qui vont, qui viennent… » et raconte encore plus curieusement un Rope-trick de fakir  rapporté par Ibn Batuta ainsi qu’un  autre mango-trick, Prestidigitation?

Cet essai m’a donné beaucoup à réfléchir, il me tarde de lire la version de Pasolini : L’odeur de l’Inde qui est arrivé dans le même colis.

50ans ont passé après le voyage de ces illustres visiteurs. Que reste-t-il? Une Inde immuable, ou la modernisation de la Mondialisation?

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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