MA SAISON INDIENNE
Un roman d’aventure, de marins, de pirates, roman historique… C’est un voyage sur l’Ibis, goélette construite pour le transport des esclaves qui quitte Baltimore pour Calcutta puis l’île Maurice. Voyage en Inde le long du Gange de Ghazipur près de Bénarès à Calcutta.
Foisonnement de personnages qui aboutiront sur l’Ibis : Zachary Reid ; le charpentier américain, qui prendra le commandement de l’Ibis avec l’aide de Serang Ali, le chef des marins lascars (qui sont ces lascars, des marins indiens, mais pas seulement indiens ?), Deeti, la paysanne de Ghazipur qui récolte les pavots, Neel, le Raja de Raskhali ruiné et déchu par son associé Anglais, Paulette, la fille d’un botaniste français et son frère de lait Jodu, et de tant d’autres, anglais, indiens et même chinois, marins ou commerçants….paysans ruinés emportés comme esclaves dans les plantations de l’Ile Maurice.
Histoire de mer, mais aussi histoire de pavots. Le roman commence avec la floraison des pavots et nous assistons à la récolte. Le mari de Deeti travaille à la factorerie qui transforme l’opium. La visite de cette factorerie est un tableau saisissant. C’est le pavot qui prend la place des cultures vivrières, ruinant ainsi les paysans obligés de ses vendre. C’est aussi l’opium qui a tué le mari de Deeti. Tous les aspects sont envisagés : aussi bien la culture, le commerce que la dépendance. L’opium s’exportera en Chine. L’histoire se déroule en 1837, à la veille de la guerre de l’opium en Chine. Tout au long du roman il est présent, dans l’enrichissement des colons anglais, comme dans la déchéance.
La traite négrière étant désormais bannie, un autre commerce triangulaire s’organise sur les mers d’Orient. L’Ibis, navire négrier transportera une autre cargaison humaine : les pauvres Indiens et l’opium vers la Chine.
Extraordinaire richesse de langages, on ne peut qu’admirer le travail du traducteur devant rendre compte des parlers exotiques, parler des marins lascars, expressions bengalies ou hindoustanis, anglais abâtardi des domestiques ou au contraire déformations méprisante des noms hindous par les britanniques . Le texte fourmille de mots indiens sans traduction, pas seulement de mots, de vers entier, de prières, de chansons. Aucun lexique n’est fourni, pas de guillemets non plus ni d’italique. Le lecteur est emporté dans le mélange des genres, mélange aussi des histoires, mélange des langues. Le plan du roman est simple : Terre, Fleuve et Mer. Mais les histoires se mêlent, sans transition on passe du champ de Deeti à l’embarquement des lascars au Cap. Les chapitres sont tout simplement numérotés sans indication supplémentaire de temps de lieu ou de personnes. Si ce mélange ne m’a aucunement gênée à la lecture, il complique singulièrement mon compte-rendu. Impossible de retrouver tel ou tel épisode ! Extraordinaire complexité des rapports sociaux, métissages inattendus, amitiés improbables. Amitav Ghosh dépeint un personnage odieux, et vers la fin, il retrouve son humanité. Le Raja obsédé de pureté, imbu de sa personne et de sa caste, confronté à un opiomane en manque incontinent est d’une dignité admirable. La scène où il défie le fonctionnaire anglais en lui citant des vers de Shakespeare est tout à fait extraordinaire.
Le lecteur est donc emporté jusqu’à la fin étrange. On en voudrait encore ! Sans doute il y aura une suite…


Je l’ai beaucoup aimé, j’ai aimé la diversité des personnages et le côté » aventure » à priori cela devrait être une trilogie
J’aimeJ’aime
C’est un livre que j’ai manqué à la rentrée de l’année dernière et ensuite je n’ai plus eu l’occasion de le lire.
J’aimeJ’aime