La Déesse – Satyajit Ray (DVD)

 SAISON INDIENNE

 

Le cinéma indien n’est pas que Bollywoodien! Loin des couleurs chatoyantes, des chansons et chorégraphies de Bollywood, les films de Satyajit Ray sont d’une sobriété et d’une force étonnantes.

Noir et Blanc, le film date de 1960, est-ce l’époque ou un choix?

Le générique déjà montre ce parti pris de rigueur : un masque blanc se pare des trois yeux de la Déesse puis les ornementations traditionnels apparaissent sur un plan fixe qui se termine par la procession qui se dirige vers le Fleuve. Un flash, image presque subliminale, un poignard, suggère que cette Déesse- Ma, la mère peut aussi être cruelle.

 

 

L’histoire contée ici, se situe au XIXème siècle au Bengale, elle est tirée d’un récit de Prabhat Mukherjee sur une suggestion de Tagore. Une très jeune femme, Doya, est mariée à un étudiant qui part apprendre l’anglais à Calcutta. Jolie, enjouée, aimée de tous, soumise aussi, c’est la belle-fille idéale pour Kalikinkar, veuf, dévot de Kali, très traditionaliste. Est-il épris de Doya? Ou seulement confit en dévotion? A la suite d’un rêve il est persuadé que Doya est une réincarnation de la Déesse.

Quand le mari revient, la jeune femme est immobile, adorée par tous les pèlerins. Elle a même opéré un miracle, guérissant l’enfant du mendiant. Il tente de la ramener à la vie raisonnable et de la persuader de s’enfuir. Doya ne sait plus si elle est humaine ou déesse.  Elle refuse de le suivre.

Le miracle ne se renouvellera pas. Son neveu, Khoka, qu’on lui a confié, meurt dans ses bras…

Cette tragédie est d’une pure beauté. L’actrice est merveilleuse aussi bien dans son rôle humain que dans celui de l’idole.

Le hasard qui fait bien les choses, m’a mis entre les mains le livre d’Alexandra David-Néel : L’Inde où j’ai vécu.  Il consacre un chapitre entier au culte de Shakti, Mère universelle adorée sous la forme de Kâli ou de Dourgâ et sous d’autres apparitions. Le culte offert à ces deux déesses comporte des sacrifices sanglants – on a même raconté des sacrifices humains – D’autres rites à Shakti peut aussi prendre des tournures sexuelles, raconte-t-elle.

L’apparition du poignard et la tournure tragique de l’histoire peuvent aussi être compris dans ce contexte. Le livret accompagnant le DVD voit aussi une critique de l’hindouisme orthodoxe. « On peut y voir le sempiternel combat entre l’obscurantisme et la lumière » On peut aussi faire une lecture psychologique de l’attachement du beau-père à sa belle-fille et le roman familial d’une jeune fille trop soumise, d’un fils qui n’arrive pas à s’opposer à l’autorité du père.

 

 

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

2 réflexions sur « La Déesse – Satyajit Ray (DVD) »

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