SAISON INDIENNE
J’aime m’immerger dans un roman-fleuve, 900 pages presque, pendant une semaine fréquenter assidument les personnages, les retrouver après la journée de travail, ou le matin.
Je me suis attachée aux tailleurs, Ishvar et Omprakash, son neveu. Le père d’Ishvar et de son frère Narayan, a eu l’audace de sortir du destin de sa caste, des cordonniers intouchables, pour mettre ses fils en apprentissage chez un tailleur musulman. On ne quitte pas sa caste impunément. Même dans l’Inde démocratique, on ne réclame pas son droit de vote sans mettre sa vie en danger.Le roman nous conduit dans un village où ces coutumes sont encore vivaces.
Si le système des castes est encore vivace dans les années 70, un autre phénomène va menacer les tailleurs : l’arrivée du prêt-à-porter qui ruine les artisans et pousse Ishvar et Om vers la grand ville, Bombay, à la recherche d’un avenir meilleur.
Deux Parsis, plus favorisés, vont croiser leur destinée. Dina Dalal, veuve courageuse, a préféré un mariage d’amour et son indépendance à l’avenir que lui offrait son frère, un mariage arrangé avec un homme d’affaires. La vie n’est pas facile pour les femmes seules et Dina Dalal se retrouve ruinée et déclassée avec pour seule richesse un appartement bien situé en location et ses talents de couturière à domicile, et quelques relations. Elle va saisir l’occasion du prêt à porter pour transformer son appartement en atelier de couture et prendre un locataire : l’étudiant Maneck, également parsi et d’origine bourgeoise. L’épicerie de son père dans les montagnes enneigées n’est plus source de richesse comme aux générations précédentes. La spécialité familiale, une limonade artisanale : le Coca Kohla(le nom de famille de Maneck est Kohla) subit la concurrence des sodas industriels. Il part donc en ville étudier la climatisation, métier d’avenir. C’est une coïncidence : je venais de fermer le livre qu’à la télévision, on annonçait que, après le Kerala, le Rajasthan, assignait Coca-Cola en justice pour utilisation abusive de l’eau.( leMonde du 03052011)
Les quatre personnages se lieront après de nombreuses péripéties, découvriront la solidarité symbolisée par le couvre-lit en patchwork que Dina confectionne avec les chutes de tissu.
La richesse du roman est la variété des personnages, issus de milieux sociaux, de religions différentes: on croise des hindous mais aussi une famille musulmane, des parsis un chauffeur de taxi sikh, des personnages aux professions improbables comme des mendiants, des facilitateurs auprès des autorités, des policiers véreux, des médecins du Planning Familial, un crieur de slogans politiques, ancien correcteur d’imprimerie, nouveau juriste….
Si les prémisses du romans se situent du temps de Gandhi et de la Partition, l’essentiel de l’action se déroule sur une année 1976 qui est celle de l’État d’Urgence décrété par Indira Gandhi, alors premier Ministre. La violence d’État est inimaginable, destruction des bidonvilles, arrestations arbitraires, stérilisations forcées, corruption à tous les niveaux de l’Etat.
Les deux tailleurs seront les victimes de cette violence. Maneck et Dina, d’origine bourgeoise, s’en sortiront mieux.

Il est à mon programme depuis longtemps, mais contrairement à toi les 900 pages me freinent.
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@aifelle : j’avais plus de motivation en rentrant d’Inde puis je me suius laissé entraîner
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