38 témoins – Lucas Belvaux

Dans la bande-annonce tout est dit.

De l’enquête, du meurtrier, nous ne saurons rien.

La lâcheté, au contraire, qui a poussé les voisins à nier avoir entendu les cris stridents de la victime, qui a empêché tout un  quartier à porter secours à la jeune fille alors qu’il était encore temps, la culpabilité seront le sujet du film.

Crevant l’écran de sa présence, Nicole Garcia campe la journaliste tenace par qui le scandale éclatera. Yvan Attal  accablé, est moins convainquant.

La vraie vedette du film est la ville  du Havre (encore après la Fée, et Le Havre  de Kaurismäki ), son port où les énormes porte-containers arrivent guidés par Piere (Yvan Attal),  pilote chevronné. Sa profession en fait un témoin crédible : quant on manœuvre de tels bateaux on n’a pas besoin de raconter des salades pour se sentir exister, remarque le juge d’instruction

. Les portiques qui déchargent les énormes boîtes, les empile, les alignent répondent au souci d’ordre, de rectitude, comme les arcades de béton du quartier d’Auguste Perret : rectilignes, balcons largement ouverts sur la rue, sobriété et ordre. Démesure de la cathédrale bétonnée. Je redécouvre cette architecture qui m’a longtemps laissée indifférente.

 

 

Avatar de Inconnu

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

5 réflexions sur « 38 témoins – Lucas Belvaux »

  1. Lucas ? nous sommes du même coin, avons éprouvé de proches précarités devenues familières, réprouvé les mêmes scripts rétrécissant la vie, allumé des illusions foutraques, illuminé des tunnels qu’on nous annonçait sans fin
    lui a tout mis dans un sac de toile jeté au confluent de la Sambre et de la Meuse
    il est « monté » à Paris, j’ai eu peur, enfin j’ai fait semblant, pour le Sacré Chœur de Montmartre qui risquait de passer un sacré sale quart d’heure
    il fait du cinéma comme Jean Eustache : c’était la pellicule ou la mort
    l’un de ses frères s’est jeté sous un train, l’autre s’est jeté dans la gestion d’un parc populaire d’attractions
    lui n’a pas eu besoin de Godard pour que son cinéma nous habite de souvenirs et non d’oublis…

    J’aime

  2. Moi j’ai beaucoup aimé l’histoire pour le sujet et les acteurs principaux, Yvan Attal compris. Tu as raison de dire que le Havre est le personnage principal ,la ville ou plutôt le port est très bien filmé. Ce que j’aime chez Belvaux , c’est qu’il sait parler des travailleurs, les montrer dans leur vie quotidienne, les ancrer dans la société française. Ce qui est rare dans le cinéma français!

    J’aime

Répondre à miriampanigel Annuler la réponse.