Voyage à Cythère (DVD) Theo Angelopoulos

TOILES NOMADES

Retour d’Ulysse.

Spyros, un vieil homme, après 32 ans d’exil en URSS, aborde au Pirée. Ses deux enfants l’attendent pour le conduire à la maison retrouver Katerina- Pénélope, qui contrairement à la légende le reconnait. Que peuvent-ils se raconter? Tout a changé. Le militant, le combattant du maquis revient, inutile. De retour, au village, il embrasse le vieux chien, comme Ulysse. Mais ce sont les signaux qu’ils échangeaient au maquis qui avertissent son vieux complice. Chants  d’oiseaux codés, que Katerina comprend encore. Au village, Spyros, a un rôle à jouer : il doit signer l’acte d’abandon de ses terres que Katerina n’a jamais voulu faire à sa place. Son refus lui vaut l’hostilité de tout le village. Lui, qui a échappé à la mort au combat et au peloton d’exécution, est menacé par ses voisins d’autrefois. D’inutile et oublié, il devient proscrit.

Dans l’entretien avec Angelopoulos, en bonus dans le DVD, j’apprends que c’est une histoire vraie qui a servi de départ au scenario. Le cinéaste aborde aussi sur le « film dans le film » qu’on soupçonne sans vraiment être sûr. C’est qu’on n’est pas toujours sûr de comprendre dans les films d’Angelopoulos. Le réalisateur filme de long plans-séquences pendant lesquels notre imagination peut gamberger. Quand il ne se passe presque rien on a le temps de douter, d’échafauder des hypothèses, de les récuser…Allusions à Ulysse, danse du vieil homme qui évoque celle de Zorba…Film vagabond, ou spectatrice vagabonde? L’avantage du DVD par rapport au film en salle, c’est le retour en arrière possible.

 

Après avoir vu le Regard d’Ulysse, je retrouve l’univers visuel si particulière à Théo Angelopoulos : cette lumière bleue, cette brume qui gomme les contours, les reflets dans l’eau sur les trottoirs trempés. C’est une Grèce étrangement humide que celle d’Angelopoulos, à mille lieux de celle des catalogues des agences de voyages. Une Grèce pauvre, de villages de montagne, de dockers et de marins, de musiciens de fanfare. Chaleureuse et humaine, aussi humaine dans les rapports humains, les liens familiaux, mais aussi mesquinerie des paysans, absurde stupidité des autorités. Et à la fin l’amour triomphe : départ pour Cythère….

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

7 réflexions sur « Voyage à Cythère (DVD) Theo Angelopoulos »

  1. jamais vu ce film et du coup je vais le mettre dans mon panier de médiathèque, très pratique ce panier où je peux engranger ce que j’ai envie de voir ou de lire, par contre après il faut s’armer de patience pour mettre la main dessus
    Je viens de trouver Zorba et je vais me faire ce we un petit voyage en Crète

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  2. Angelopoulos (1987) :

    – « Aujourd’hui nous vivons un grand moment d’attente qui va conduire à des changements qu’on ne peut prévoir. Mais il est certain que cela ne peut pas durer ainsi. Il y a toujours eu des trous dans l’histoire de l’homme, de grands silences. Et nous sommes dans un tel trou. D’autre part il y a la peur du silence… »

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    1. @JEA : encore merci pour vos commentaires très intéressants. Mais où trouvez vous toutes ces citations?
      En 1987, le grand changement s’est fait deux ans plus tard.
      Aujourd’hui, encore une période d’expectative!

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  3. Dans le même style (celui, typique d’Angelopoulos), on peut préférer « Paysage dans le brouillard » et « Le pas suspendu de la cigogne », et aussi « Le voyage des comédiens » si ses cinq heures ne font pas peur (il n’y a quand même pas beaucoup d’action dans les films du réalisateur). Dans « Voyage à Cythère », on s’ennuie un peu et on retrouve l’atmosphère des deux premiers films cités souvent étirée à l’excès et, si l’on excepte le dernier plan et peut-être un ou deux autres, il y a peu de ces scènes extraordinaires qui font la force des films du cinéaste.

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