La sagesse du nomade – bruce chatwin

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Chatwin est un écrivain qui me fascine, je me suis donc emparée de ce volume de  sa correspondance   avec jubilation.

Comment devient-on « écrivain-voyageur »?

Passons sur les cas de Goethe, Chateaubriand, Lamartine, Byron….qu’on range plutôt dans la catégorie des Génies de la Littérature, et qui ont écrit de merveilleux récits. Loti avait choisi la Marine, Durrell, le service de Sa Gracieuse Majesté. Chatwin en commun avec Malraux, le commerce des œuvres d’art exotiques. Véritable aventurier, Chatwin a commencé sa carrière comme employé chez Sotheby comme chargé du numérotage des œuvres d’art. Excellente école pour fréquenter les chefs d’œuvre les plus divers, acquérir un excellent goût, une grande culture et aussi un carnet d’adresses fourni parmi les  amateurs, le plus souvent très riches. A la recherche de trésors, ou simplement parce qu’il a la bougeotte, il parcourt le Moyen Orient, la Grèce et même l’Afghanistan tout d’abord et sillonne toute la planète en itinéraires surprenants.

Le titre la sagesse du nomade qui raconte la vie de Chatwin, est paradoxal. Nomade, Chatwin? Certes, mais sage? Sûrement pas.

A peine a-t-il acquis une notoriété dans le commerce de l’art qu’il se met en tête d’étudier l’archéologie. Cette nouvelle passion se traduira encore en voyages, mais pas en recherches suivies. Au lieu de s’engager dans une fouille précise, il décide d’écrire un bouquin sur l‘Alternative nomade, anthropologie, sociologie, histoire….cet ouvrage le sédentarise plusieurs années où il renonce à des expéditions et des voyages lointains pour écrire. Encore une contradiction! Saisissant la chance au bond, il devient journaliste au Sunday Times, filme un documentaire en Afrique, fait des rencontres avec des artistes et des écrivains. Sa culture est immense. Et brusquement, Parti en Patagonie

la Sagesse du nomade n’est pas un ouvrage élaboré par l’écrivain. C’est une somme de lettres choisie par Elisabeth Chatwin et par Nicholas Shakespeare. Ouvrir une correspondance qui ne vous est pas destinée est un geste un peu gênant de voyeur. On y découvre un homme qu’on ne soupçonnait pas. Je n’aurais jamais imaginé l’écrivain-voyageur marié, préoccupé par la taille de ses haies dans sa ferme anglaise. Indiscrétion quand je lis les lettres destinées à Paddy Fermor à qui je voue une véritable admiration, à James Ivory? Certaines lettres s’apparentent un peu à un commérage mondain, cependant certains destinataires me sont familiers.

Le contenu est inégal, le style moins soigné que pour les écrits devant être publiés, mais certaines m’ont fait rire aux éclats. Les réflexions sur l’art et la valeur de certains objets sont intéressantes mais ce qui m’a passionné c’est le travail de l’écriture, voir s’élaborer un livre, laborieusement parfois, avec ses références bibliographiques…Et puis les digressions, tout intéresse Chatwin, les hommes comme les fossiles. Variété des goûts: des textiles indiens à une sculpture de phoque eskimo….Sagesse ou curiosité?

 

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

4 réflexions sur « La sagesse du nomade – bruce chatwin »

  1. Eh, quoi d’étonnant à ce que Chatwin se montre inquiet de la taille de ses haies ? Il avait certes l’esprit, le cœur et le corps nomades, mais ce théoricien et praticien du nomadisme restait anglais partout !
    L’ouvrage m’avait échappé. Merci Miriam.

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