l’église peinte de Dobarsko

CARNET BULGARE


6h40, le soleil émerge des montagnes de Rila et illumine les sommets du Pirin. La vallée, Bansko et Banya sont noyés sous une brume bleutée. Maïs, haricots et roses sont ragaillardis de la pluie d’hier. Les lignes de crêtes sont nettes. J’ai enfilé pull et chaussettes pour la première fois depuis ce mois de canicule.

8h : hommes et femmes partent au champ une binette sur l’épaule. La campagne est animée. Partout on voit des gens travailler. Une dame cueille des haricots. Un attelage passe. Il doit y avoir un nid de cigogne dans les parages, j’entends les becs claquer.

8h30 : Katia a fait une magnifique banitsa très légère avec du filo enroulé en escargot avec de la confiture de figues vertes.  Chacune de nos hôtesses a une recette personnelle pour la banitza, nous n’en avons pas mangé deux identiques.

9h : chacune balaie devant sa porte au village et ramasse le crottin et la bouse avec une pelle et un seau pour le jardin. Ballet des balais des employées municipales. La rue pavée est très en pente, un pauvre cheval glisse dangereusement

La minuscule église peinte de Dobarsko,  est enclose derrière de hauts murs de galets dans un beau jardin. Elle ouvre à 9h30 seulement. Nous entendons le grincement d’une carriole tirée par un âne, ses roues de bois sont cerclées de fer à l’ancienne. L’excellent livre vendu à l’église raconte l’histoire de Dobarsko.

histoire de Dobarsko d’après Boshidar Dimitrov

Lu sur la brochure de commentaire de l’église peinte

Dobarsko(800 à 1000 habitants) abrite l’église peinte Saint Théodore Tiron et Saint Théodore Stralibate, construite et décorée en 1614. Selon la légende locale, le village aurait été fondé en 1014 par les soldats bulgares aveuglés par les Byzantins lors de la bataille de Klyoutch (Petritch). C’ette légende n’a pas de base logique : difficile pour des aveugles de subvenir à leurs besoins dans les conditions  difficiles. Le fait que les saints patrons étaient des saints militaires suggère que le village fondé environ au 9ème siècle avait un statut militaire. En Bulgarie médiévale et en Byzance, les statiotes(paysans soldats) représentaient un tiers de la population/Affranchis d’impôt, ils étaient obligés d’être à la disposition de l’armée pendant els guerres avec leurs propres armes. L’empire ottoman a gardé cette pratique du 15ème au 17ème siècle. Les soldats bulgares stratiotes forment à Sofia deux corps militaires et 30 000 soldats chrétiens. Les soldats de Dobarsko ont probablement gardé leur statut pendant les trois premiers siècles du Joug ottoman. Cela explique pourquoi l’église élevée en 1614 soit dédiée à deux saints militaires.

Sur la façade de l’église, en plus des deux saits patrons se trouvent  les saints cavaliers saint Georges et Saint Dimitar. Selon plusieurs spécialistes, la galerie des Saints militaires est une démonstration de la force et de la puissance militaire des bulgares au sein de l’empire ottoman musulman. Une partie des soldats spahis cavaliers chrétiens étaient de Dobarsko.
Une petite svastika antique iranienne indiquerait les origines Protobulgare des premières familles militaires. Les khans de PLiska avaient l’habitude d’envoyer dans les territoires nouvellemnt conquis des Protobulgares . Dobarsko, à proximité de la nouvelle frontière de Byzance, sur un col important, avait reçu un effectif de soldats Protobulgares. La pierre de la svastika aurait dû se trouver dans un temple païen puis en remploi dans l première église puis dans celle de 1614.

La réalisation des peintures murales au début du 17ème siècle ont été permises parce que les villages militaires  étaient considérablement plus riches que les villages soumis à l’impôt.  Economisant les frais fiscaux en période de paix et partageant le butin pendant les périodes de guerre. En période de paix, ils vendaient les marchandises locales en Europe et en Asie Mineure, leurs convoi étant  moins vulnérables, possédant légalement des armes et sachant s’en servir.

Les habitants de Dobarsko auraient également participé à la bataille de Lépante au côté des Vénitiens.

Selon la règlementation administrative ottomane, l’église ressemble à une construction d’habitation au toit à deux versants. Son plan est cependant à trois nefs.

L’ayant lu et résumé, J’ai bien dans la tête les scènes et visages que je vais chercher : je suis d’abord étonnée par la petitesse des lieux puis me laisse prendre au charme des scènes et par l’inventivité des peintres. Entrée dans Jérusalem : un étrange personnage se cache dans un palmier. Sacrifice d’Abraham : Isaac porte les bûches comme un paysan bulgare ; je en suis pas assez savante pour identifier es saints dont parle la brochure. Avec un peu de patience ce serait possible, c’est écrit dessus, mais en cyrillique !

Une vieille dame descend la route, binette à l’épaule, son fichu grenat laisse deviner de longues tresses grises. Elle nous demande quelque chose avec insistance mais on ne comprend pas quoi. Voulait-elle qu’on l’emmène un peu plus loin sur la route ? Désolée, elle répète « vous ne comprenez pas ! » puis nous fait un sourire et repart.

Nous avons parcouru la route plusieurs fois, nous guettons le berger qui a poussé son troupeau plus loin dans le pré fauché récemment déjà bleui par les chicorées. Nous aimerions une photo de meule pour l’album. La barrière est baissée au passage à niveau : une locomotive rouge tire trois wagons bleus. Le faible écartement des rails ne laissait pas présager des trains de voyageurs. L’éclairage deu matin souligne les cirques glaciaires. Cette érosion permettrait d’expliquer les énormes quantité dde sables et blocs mêlés comme  une moraine.  (A vérifier toutefois).

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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