CARNET BULGARE

Pressées d’arriver à l’étape, on ne s’arrête même pas un instant au Col de Chipka. La descente vers Gabrovo est interminable. Le Musée de plein air d’Etara est bien indiqué. Le monastère de Sokolovo (Manastir Sokolovski) est juste après.
Monastère Sokolovo
La route mène à un grand porche. On gare le Berlingo à l’extérieur. Munie du voucher, j’entre dans le très beau jardin désert et silencieux. Une dame, cheveux blancs et vêtements civils, occupée à sarcler les rosiers, attrape le voucher et m’intime l’ordre de me tenir à côté de la très belle fontaine et d’attendre là « Touk ! ».
Notre chambre est de plain-pied sous les arcades dallées d’une pierre sable, grès un peu schisteux. Notre cellule monacale est simple : deux lits de pin, une table, deux tableaux pieux. Le frigidaire et la clim donnent un aspect de luxe inattendu mais aucun ne fonctionne. La petite télévision accepte nos câbles-photo. La salle d’eau est vaste avec un bac à douche (luxe !).

La perspective de passer la soirée dans le silence juste rompu par le gargouillis de la fontaine me ravit. Etre au bout de la route, isolée dans la montagne !
L’église est construite sur un replat creusé sous le jardin, face au ravin. Seule, émerge la coupole côtelée vert de gris qui ondule surmontée d’une croix ajourée. Toute peinte en bleu, le tambour du narthex représente le Paradis Perdu. Tout l’intérieur est recouvert de fresques 19ème siècle qui manquent un peu de naïveté pour être émouvantes.
Trois bâtiments d’un étage, reposant sur des piliers de bois dessinent un quadrilatère dans lequel est planté le jardin. Au centre, une fontaine à huit arcades de pierre de tuf d’où huit jets se déversent dans 8 auges qui encerclent l’édicule. De là partent quatre allées bordées de buis. Les platebandes ne sont pas carrées, elles forment des polygones compliqués ne respectant aucune symétrie attendue : ici, un buisson d’hortensias, là, un laurier, une rangée de sapins bleus, un thuya. Bordés par le buis, ls rosiers sont en fleur. Au milieu du massif, de la pelouse.
Les bonnes sœurs jardinent tranquillement. L’une porte des gants et un sécateur. L’autre étale une nappe rouge. Elles taillent une haie. Les rameaux coupés sont déposés dans la nappe qui sera nouée en baluchon. Malheureusement, le calme du couvent est rompu par la rumeur du village voisin. On joue au ballon. Une radio sonorise le match tandis que les clameurs s’élèvent du stade. Foot contre méditation. Le foot a gagné !
Le soleil se lève face à nos fenêtres. Des oiseaux à gros bec et plumes jaunes et fauves volètent de rosier en rosier. La fontaine glougloute paisiblement. La dame arrache les mauvaises herbes. Sérénité monacale.
7h50, une cloche aigrelette me rappelle que nous somme au couvent. L’église est encore fermée. Une nonne s’y dirige mais personne d’autre. Pour nous, elle sonne le petit déjeuner : mini-palmiers achetés à Etara et cappuccino de l’automate. Les sœurs fournissent le gîte mais pas le couvert.