CARNET BULGARE

9h zakouska : pain perdu confiture de prune et fromage blanc frais. C’est une politesse bulgare que de ne jamais servir deux jours de suite le même petit déjeuner.
Après Melnik, Lazenitsa est pavoisé, les petits drapeaux bulgares sont partout, on ne saura pas pourquoi. Premier arrêt : les crêtes se superposent, la plus proche est celle, hérissée, des pyramides de Melnik. Nous revoyons dans le vignoble, le « château » prétentieux et ridicule, c’est un projet immobilier, il se vend par appartements.
La route de Sofia évite Sandanski. Nous renonçons au jardin botanique et aux sources thermales. Des grandes surfaces annoncent la ville ainsi que d’improbables propylées ; colonnades carrées sur un majestueux jardin public. Cette route qui vient de Grèce est surchargée de gros camions qui foncent; Du côté droit, le Pirin domine le paysage, à gauche les montagnes macédoniennes de ce pays qui n’a pas de nom sur la carte seulementl’acronyme FYROM. Par ici, on découpe de gros blocs de marbre blanc en fines dalles empilées sur des palettes. Après Kresna, la vallée se rétrécit : il reste tout juste la place pour la route, le torrent et le train. Sur la rivière, on propose du rafting. Les parois rocheuses sont abruptes. De petits buissons et des arbustes s’accrochent sur els pentes. Le cours de la rivière est souligné par une rangé »e de grands platanes.
Smitli, nous quittons la route de Sofia, direction Bansko qui se la joue chic : les publicités de l’immobilier sont en anglais et toutes les affiches utilisent le thème du Golf.
Bansko

On arrive à Bansko par les quartiers modernes de la station de ski, désertés l’été. Le centre de la ville, piétonnier s’articule de la grande place Vaptsarov à la place Vazrajdanes et aux rues adjacentes. La place Vaptsarov est recouverte d’une grande dalle bordée des bâtiments officiels ennuyeux de style stalinien, avec plusieurs fontaines et des bancs, des sculptures. Un panneau lumineux donne la température et la mesure de radioactivité (pourquoi ?) normale, aujourd’hui. La place se poursuit par une large avenue arborée jusqu’à la Poste. Dans trois jours commence un Festival de Jazz, des baraques provisoires sont en train de s’installer. Cafés chics avec fauteuil en osier (les mêmes que nous avons détestés en Crète), glaciers, vendeurs de souvenirs. Arrivées à la Poste, on se demande où est le charme de la ville ?
Quelques rues plus loin, autour de l’église Sveta Troita (sainte Trinité) de hauts murs de galets cimentés de blanc pour faire ressortir les blocs arrondis, coiffés d’un petit toit de tuiles, cachent les belles maisons Renaissance Bulgare dans leurs jardins. Avec les grands portails de bois massifs, elles sont invisibles. Il faut entrer dans les jardins pour les découvrir. Beaucoup ont été transformées en auberges, Mexana, restaurant ce qui n’est pas très choquant en soi. Bansko était une ville-étape où les caravanes des marchands avec leurs chevaux en route vers la Mer Egée et Constantinople (appelée ici Tsarigrad) pouvaient s’arrêter.
Ces rues pavées tranquilles bordées de murs de galets fleuris de roses trémières ont un charme certain. La tour de l’horloge, campanile de l’église de la Trinité détenait au 19ème siècle le record de hauteur pour la Bulgarie. Actuellement, les cigognes l’ont encore rehaussée ; elles sont trois au nid.
La grande église est –elle aussi – enclose de hauts murs. Elle est également entourée d’une galerie couverte de bois foncé bordée d’une frise bleue sur un fond blanc. Des bancs courent tout du long. Au dessus du porche sont gravés deux motifs : la croix et deux croissants de lune accompagnés d’une étoile symbolisant d’après le Petit Futé la coexistence des deux religions, l’église ayant été auparavant une mosquée.
A l’intérieur, tout le faste des églises orthodoxes se déploie : fresques, icônes, plafond peint. Malheureusement l’iconostase est cachée par une bâche plastique (rénovation ?)Cela gâche un peu l’ensemble.

Juste derrière l’église de la Trinité se trouve la maison natale de Neofites Rilsky, nous avons déjà croisé ce personnage à Koprivishtitsa. Fils du pope de Bansko, né en 1793 il a d’abord étudié la peinture d’icônes. En 1811, il rejoint le monastère de Rila pour prendre part à sa décoration et en 1818 s’y fait moine. En 1821, il part étudier à Melnik. Difficile pour nous d’imaginer un centre culturel attractif dans ce qui est maintenant un petit village. En 1826, il ouvre la première école et en 1835 rédige la première grammaire bulgare. Ce moine est considéré en Bulgarie comme le fondateur de l’école laïque. Moine, pédagogue, c’était aussi un fervent patriote. Sa maison est sur deux niveaux comme toutes les maisons de cette époque, on visite les pièces d’apparat comme les cachettes plus sombres, le four à pain…
A quelques pas de là, la maison du peintre Veljan Ognev est très décorée comme on peut l’imaginer de la part d’un peintre de fresques. La visite est guidée en bulgare, on me donne une feuille en français que je lis attentivement :
Veljan Ognev vint à Bansko pour peindre les fresques de la Sainte Trinité, la population de Baansko reconnaissante lui offrit cette maison. Il se maria avec Sofia, sœur de Neofit Rilsky
Maison construite pendant le Renaissance bulgare, en pierre et bois avec une cave à vin profonde et des niches dans le mur< ; il y avait un abri et un tunnel conduisait à la cour de l’Eglise et à la maison voisine. Au rez de chaussée vivaient les animaux et se trouvaient les greniers. Sur la balustrade on remarque l’évier. Quand la femme lavait la vaisselle, les restes tombaient au sol et étaient mangés par els animaux. La salle bleue avec des paysages de Constantinople et de Venise avait été peinte par Vejan Ognev pour sa femme. Dans la pièce des invités fruits et fleurs symbolisaient la prospérité du sol bulgare
Malheureusement, je n’ai trouvé ni les représentations de Constantinople ni l’autoportrait du peintre habillé en Napoléon !
Faute de temps, je zappe le musée des icônes après ceux de Sofia et de Plovdiv, et les autres….
Il est temps de trouver une taverne pour le déjeuner. Nous prenons place à la terrasse d’une très belle, très tranquille devant la Sainte Trinité. Le serveur apporte les menus. Les prix habituels sont multipliés par 3, nous fuyons pour une terrasse plus modeste place Vapsarov. (Salade shopska et köfte)
Musée Nikola Vapsarov
Poème d’adieu
A ma femme
Je viendrai parfois dans ton sommeil –
Tel un visiteur lointain et inattendu.
Ne me laisse pas dehors, sur ton seuil –
Ne bâcle pas les portes, veux-tu?
J’entrerai sans bruit. Je m’assiérai doucement,
Les yeux scrutant les ténèbres pour te voir.
Quand je t’aurai regardée à satiété –
Je te donnerai un baiser et m’en irai.
Comment visiter un musée d’un poète inconnu qui écrit en Bulgare ? D’abord on me prête, un gros livre de poèmes traduits en français (belle édition Seghers), ensuite on m’installe devant une vidéo où des hommes en tenue traditionnelle (toque sur la tête, moustaches, jambières) chantent dans une forêt automnale embrumée. Chant répétitif. Qui sont ces hommes ? Des paysans ? Des bergers ? des combattants ?
J’ouvre le livre : étranges poèmes. Le Printemps à l’Usine me plaît bien.(j’ai trouvé sa traduction en anglais sur Internet mais pas en français)
Spring In The Factory
Spring In The Factory
She tried to get in with the morning shift, the motor grumbled, Looking stern and grim: "You can't do that! I must account for it. Go ask the porter, if he'll let you in!" But somehow she was full of willfulness and didn't ask the porter, just slipped through; a dormer opened wide behind a press, then stuck her tongue out at the motor crew. And all at once an engine started humming, the workers seemed so clumsy and so slow, the motor, what the motor was, soon seeing, cried out in anger: "She has got to go!" "Oh, no!" a ladle of cast-iron cried with an ironic smile on his kind face. "You silly, blatterring fathead, just you try it! We'll go on strike for her, if that's the case." The motor hushed. The breeze brought on its wings the teasing smell of earth from far away. A distant hum about the engine rings, and steps of plodding feet along the way. And all, who once the soil with joy had ploughed, like horses snorted, with their nostrils spread; the others flung the windows wide and laughed and looked up at the blue sky overhead. Behind an engine someone rudely swore, a girl stuck up a merry tune and hushed. A young man shot at her a dart of fire, she looked away and blushed. The porter opened quietly the door, said: "Who's got in? Will have to go, he will!" But saw, smiled guiltily down at the floor, the scratched his head and whistled and was still.
Sur les murs on a peint une fresque moderne avec des hommes, des femmes, des soldats, des popes….dans la pièce suivante sont exposés des portraits du poète. Sur l’un d’eux, des traces de balles figurant sans doute son exécution le 23 avril 1942. Dans une vitrine se trouve le Prix d’Honneur de la Paix signé par Frédéric Joliot Curie et Pietro Nenni.
Cette visite a excité ma curiosité sans m’apprendre beaucoup sur le poète.
L’orage a éclaté pendant que je regardais la vidéo. Il était temps de reprendre la route en laissant le GPS nous guider ; Nous traversons la station thermale de Banya et des villages.
La mesure de radioactivité c’est peut-etre a cause de la centrale nucleaire bulgare de Kozlodui qui a un reacteur russe (exactement comme celui de Chernobyl) et qui avait , lui-meme, ses problemes. C’est pourquoi, depuis les anees ’70 j’ai decide de ne pas manger du poison du Danube, car la centrale Kozlodui utilise l’eau du Maritsa qui coule directement dans le Danube…Ah, j’ai oublie aussi le petrole verse « par accident » (mais plusieurs fois chaque anee) par les bateaux russes et ukrainiens, qui, depuis toujours, n’ont pas aucune idee de la polution ou de la protection de la nature et des eaux…
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La croix et deux croissants de lune et les etoiles sont, en effet, des symboles tres anciennes et leur origine est en Babylon et en Egypte (et representent le monde du « l’ange qui a tombe du ciel sur la terre » parmi les gens). Ces symboles ont ete tres bien connus par le monde d’autre fois, avant l’arrivee du Christ. Apres ce moment , il a ete tres difficile de les enlever ou de les faire disparatre de la memoire des peuples. Le soleil, la lune et l’etoile du berger on les trouve jusqu’a present sur les drapeaux et armoiries des different pays(y compris sur celles de ma pays et ses provences anciennes) Dans le cas de cette eglise, le message de ces symboles est simple: un lieu sainte, qui accepte la presence du peuple, des gens qui ne sont pas du tout des saints, a cause de leur… « sins »…
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@george : autres interprétations, autres éclairages….certes étoiles et lune sont des symboles depuis la nuit des temps!
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