Singué sabour film d’Atiq Rahimi

L’ INÉPUISABLE RÉSISTANCE DES FEMMES

Qui aurait pu imaginer la capacité de cette femme à faire face au malheur?

Son mari dans le coma, abandonnée par sa famille, sans argent, sans eau, seule avec ses deux filles dans les bombardements et les exactions de soldats. On imagine d’abord une épouse soumise, toute entière consacrée aux soins de celui-qui ne parle pas, ne souffre pas, respire avec entêtement, seule preuve de vie. On voit la mère de deux fillettes qui préfère les confier à une tante, se privant de leur affection. La femme qui traverse la ville telle une ombre cachée sous sa burqa moutarde….elle pleure, se plaint mais ne capitule pas.Elle résiste et même sourit….

Qui aurait pu imaginer que cette femme simple, mariée sans son consentement à un portrait et à un poignard puisque son mari était un combattant, recluse ou presque, aurait pu avoir des secrets.

Elle parle, parle, à la pierre de patience qu’est l’homme dans le coma, qui ne peut répondre, qui sans doute n’entend pas, entend-il? Elle va lui servir toute sa révolte, tous ses secrets. Et ses secrets seront beaucoup plus nombreux qu’on ne peut l’imaginer.

Inépuisables ressources des femmes, qui doivent inventer la résistance, inventer le plaisir qui leur est dénié, inventer des ruses incroyables pour survivre. Inventer même une théologie et une interprétation féministe du Coran. Inventer aussi la beauté et la séduction.

Lucidité implacable envers les valeurs des hommes, de leur honneur leur virilité mal employée, leur ignorance.

Quand on ne sait pas faire l’amour, on fait la guerre!

J’avais été éblouie par la fulgurance du livre, sur l’ambiguïté de la fin, j’avais dû faire’ une seconde lecture pour confirmer ce que j’avais cru lire. Le film ne m’a pas déçue, porté par l’étonnante performance de Golshifteh Farhani dont le visage peut prendre les expressions des facettes de la personnalité de l’héroïne qui parle, parle…une Shéhérazade dont le but ne serait pas de charmer le sultan mais au contraire de délivrer une parole libératrice.

 

Avatar de Inconnu

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

6 réflexions sur « Singué sabour film d’Atiq Rahimi »

  1. Oui le film vaut surtout pour le talent de Golshifteh Farahani et la beauté de la langue. La mise en scène est un peu trop scolaire pour soulever le propos, mais quelle comédienne ! Quel courage de femme, d’être humain, face à la peur vis-à-vis du corps et surtout du sexe des femmes !

    J’aime

Répondre à Dominique Annuler la réponse.