Vungtau

CARNET VIETNAMIEN

Même taxi qu’hier : un vieux tacot sans clim, deux chiens hochant la tête et QuanAm dans du plexiglas. 2$ pour le ferry. 7H40  l’hydroglisseur arrive. 480 000 dongs pour les deux allers-retours.

Croisière sur la Rivière de Saigon

L’hydroglisseur est fermé, il n’y a pas de pont. Sur une plateforme, deux places debout à l’extérieur. La croisière se déroule sous un soleil radieux sur la Rivière de Saigon. Le port d’HCMV se trouve en pleine campagne dans un décor de palmiers d’eau. Les grues des docks sont floues dans la brume. De grands bassins s sont aménagés pour la pisciculture. Comme à Canthô, la végétation luxuriante cache les habitations que l’on devine derrière les palmiers. Des antennes de télé dépassent la cime des arbres.

Une centaine de kilomètres séparent HCMV de Vungtau, par la route, difficile d’évaluer les distances sur l’eau. L’hydroglisseur file, le voyage dure 1H20.

arrivée à Vungtau

Je commence à bien saisir ce qu’est un delta avec les immensités recouvertes d’une forêt humide sillonnée de canaux. Pas de rizière visible, pas de village. Seulement les palétuviers avec leurs racines aériennes. Gros bateaux qui remontent vers Saigon, petites embarcations des pêcheurs. Les bateaux déglingués  amarrés en ligne à des bouées  servent d’habitations. Une passerelle relie les embarcations ;

L’orphelinat de Vung Tau

La Rivière devient très large, des collines se profilent. C’est Vung tau. On ne sait plus bien où finit l’estuaire et où commence la mer. On sent des creux, le bateau se balance, nous approchons du but.

Taxis et motos attendent les voyageurs;

– « To the beach ! Cheap ! ».

–  » Non,  c’est l’orphelinat qu’il nous faut! »

Au vu de l’adresse, le chauffeur demande 2 $. Ce n’est pas loin. Il nous dépose devant une porte métallique bleue. On entre, des enfants, les murs du hall d’entrée sont peints de couleurs vives, animaux et personnages comme n’importe quelle école maternelle, il y a trois balancelles chromées. Des tout petits, des adolescents, un adulte qui ne comprend pas ce que nous faisons ici, nous conduit au bureau où une jeune fille aimable officie devant un ordinateur. Elle comprend un  peu l’anglais, un peu seulement. Je dévide mon histoire :

 Ma sœur donne de l’argent aux « enfants des rizières » pour un petit Bao qu’elle parraine  qui devrait être ici »

la jeune fille ne comprend rien. Elle ne connaît pas les « enfants des rizières » ne connaît pas de Bao. Elle nous montre un banc,

– « Asseyez vous, attendez, la directrice va venir ! ».

Nous préférons aller dans la rue faire des photos des enfants. Ils sont ravis de se voir sur le petit écran de l’appareil numérique. Ils posent, se poussent, se font les cornes – comme tous les enfants du monde. Certains sont très vifs, d’autres timides. En dehors de problèmes de peau, ils ont l’air bien nourris. Après la séance photo, je repasse les photos et j’ai l’idée de leur montrer l’avion. L’avion plait beaucoup. Je montre Saigon, la statue d’HôChiMinh, cela les amuse mais ils veulent revoir l’avion.

Sur une moto, arrive une petite dame menue, casquette et masque. Ce n’est pas Madame Le Thy Trang Dai qui parle le français. la dame écoute à peine mon boniment. D’ailleurs elle comprend très peu l’anglais « No baby Bao ! ». J’ai l’impression qu’elle va nous ficher dehors. Probablement, elle nous prend pour des femmes en mal d’enfants qui veulent voler le petit baby Bao.

les enfants de vungtau

Nous n’allons quand même pas remporter le jeu de quille et les bonbons. J’installe les quilles en triangle « Bowling ! » dit l’un d’entre eux. Ils connaissent le jeu mais n’osent pas jeter la boule pour faire tomber les quilles. Un grand s’en charge. Personne ne veut jouer au bowling. Un gamin effronté s’empare d’une quille et fait une démonstration d’art martial (lequel ?). Les quilles font de magnifiques massues. C’est beaucoup plus drôle comme cela. Chacun en empoigne une. Ils miment des combats. Dans la rue, les plus grands on inventé un  jeu : ils ont superposé des cartons et une pierre et tentent de toucher la pierre avec leurs tongs. Pieds  nus, au milieu de la rue, claquettes à la main, ils lancent les chaussures. Personne n’y arrive. Tant pis ! Ils reforment le rang de l’autre côté. Nous n’avons plus rien à faire ici.

    Plage 

Nous allons donc à la plage. D’abord à pied en suivant une belle corniche pavée d’un damier rose et noir en granite, tellement brillant qu’on s’y voit comme dans un miroir. La mer bat les rochers en dessous de la balustrade. De l’autre côté de la rue : de belles maisons, des restaurants, des hôtels. Un taxi s’arrête à notre hauteur, puis deux motos. La plage est distante de 4 km, de l’autre côté du Cap. Pour 2$ le taxi nous conduit à la grande plage de sable.

Les Vietnamiens aiment sans doute venir à la plage en famille et ne redoutent pas la promiscuité. Contre la digue, sous une bâche, on a entassé des dizaines de transats en tissu rayé, séparés seulement par des petites tables de plastique bleu. Une sorte de tente sous forme de  pyramide donne de l’ombre à une vingtaine de chaises longues qui se touchent. Assorties aux tables, des corbeilles de plastique bleu. Des cantines sont associées à chaque installation de plage mais on n’y vend ni nouilles ni sandwiches. Il me semble d’abord qu’on n’y vend rien du tout. Je remarque ensuite les viviers où grouillent crevettes et crabes. Les paniers bleus sont pour les carapaces des crustacés qu’on fait cuire sur des réchauds. Comment réchauds et glacières sont ils arrivés là reste un mystère. Les vietnamiens n’ont pas de voiture, ils sont soit en moto soit en taxi.

Nous louons deux chaises longues et un parasol pour une somme dérisoire (48 000dongs), dans une rangée où il n’y a personne. Le plagiste agrafe le billet sur la toile, preuve que nous avons bien payé. Tout est bien organisé ici ! il y a des douches(payantes, 8000 dongs = 0.4€), des toilettes par dizaines. Il est hors de question de se changer sur la plage. Ce serait très mal vu. Pratiquement personne n’est en maillot de bain. Les gens se baignent tout habillés. Les hommes en bermuda et T-shirt, les femmes en costume-pantalon, le même qu’en ville, les ados en jeans à la mode serré. Cela doit être horrible quand le jeans colle à la peau. Les seuls « costumes de bain » sont des ensembles avec jupette à volant. Pudeur ou peur du soleil ? Des femmes sont masquées avec des masques de fantaisie à ramage ou à fleurs.

Quand nous nous rhabillerons, nous comprendrons le bien fondé des vêtements dans l’eau. Restée sagement sous le parasol, je suis cuite comme un homard sur les cuisses et les épaules. Je me suis brûlée pendant la baignade. Debout à jouer avec les vagues, je ne sentais pas la morsure du soleil. La prochaine fois, j’imiterai les autochtones pour ne pas renouveler l’expérience !

A treize heures, notre heure, la faim se fait pressante. Les viviers sont vides, les paniers pleins de carapaces. Les Vietnamiens ont fini leur repas depuis longtemps ; j’erre comme une âme en peine. Après un bon quart d’heure, je croise une vendeuse de crevettes en brochettes, prix touriste 10 000 dongs, la brochette. Au restaurant, sur le parking, in ne vend ni sandwiches ni plats à emporter mais la dame me rappelle, elle veut bien me faire une omelette. Les crevettes sont délicieuses. Combien de fois, dans combien de pays, nous avons rêvé de manger des crevettes à la plage ?

Brusquement, le ciel s’assombrit. Les plagistes ferment parasols et auvents. En quelques minutes, la plage est désertée. Presque personne sur le parking. Nous nous engouffrons dans le dernier taxi avant que d’énormes gouttes ne s’écrasent sur le pare-brise. Une violente averse de mousson ! La route est inondée. Le taxi croise à très petite vitesse. Nous soupçonnons qu’il le fait exprès pour faire tourner davantage le compteur ;

Au débarcadère, tout le monde est à l’abri. Pas d’hydroglisseur. La tension monte d’un  cran. Si la mer est mauvaise, le retour risque d’être un cauchemar avec les passagers qui vomissent  Si cela ne se calme pas, nous serons coincées ici. Je n’ai pas pris assez d’argent pour payer le taxi ou l’hôtel.

 

La grosse pluie s’est arrêtée en moins d’une heure. Des autobus nous emmènent de ‘autre côté de Vung tau (occasion de voir la ville) au port pétrolier. Nous embarquons directement dans l’estuaire, la rivière de Saigon est encore plus tranquille que ce matin. Le soleil est revenu. Nous nous installons au balcon. La croisière continue. Arrivée somptueuse sur Saigon toute illuminée.

 

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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