Nuit au désert de Lampoul

CARNET SÉNÉGALAIS

Le désert de Lampoul

On ne découvre pas le campement immédiatement, caché dans le creux d’une haute dune , composé de deux rangées de tentes mauritaniennes de toile blanc cassé. Un poteau central fait une petite pointe au centre du toit. Quatre poteaux extérieurs en bois soutiennent la tente . Le double-toit en toile blanche est doublé d’un  imprimé très coloré avec losanges et damiers d’inspiration plutôt arabe. Au sol, une natte verte et trois matelas. Coussins, couette et drap sont en batik. Les toilettes avec les douches, sur la colline d’en face, méritent leur nom de feuillées. Un petit couloir limité par un mur de branches d’eucalyptus conduit à une cour avec un WC et une douche. Pas de porte. On ferme l’ouverture par un cordon attaché à une gourde pour montrer que c’est occupé. Nous ne prendrons pas de douche, il fait trop frais le soir et carrément glacial le matin.

Le soleil se couche vers  18h45. On escalade une dune très pentue . Sur l’autre versant presque vertical, des jeunes – sacrilège !- descendent sur une planche de surf. Sous le soleil qui baisse, je me dirige vers l’ouest dans le « désert de Lampoul » espérant découvrir l’océan. Derrière chaque dune, il y a une autre dune. Au loin les eucalyptus limitent le « désert ».

Au plus bel endroit, en pleine poésie, sonnerie de portable:

– « Ah c’est toi Bernard ! »

C’est l’anniversaire d’un heureux grand père qui passe une douzaine de coup de fils tonitruants. Fuyant le groupe des FRAM, je marche sur la dune. Le paysage change au gré des ombres qui s’allongent, donnant du relief aux micro-dunes qui s’accumulent à l’arrière d’une tige de graminée, des ripple-marks qui s’accentuent. Les couleurs virent à l’orange. Un touriste hardi revient, ce n’est pas la peine de pousser plus loin, la mer est cachée. Je retourne sur la belle crête. La grosse boule incandescente descend. Au loin, une petite caravane de dromadaires. La magie opère à nouveau !

retour au coucher de soleil

Apéro-djembé.  Les jeunes du campement, les guides et les chauffeurs savent tous en jouer. Les FRAM fêtent au punch l’anniversaire du grand père et se prêtent volontiers à la danse, se trémoussent et rient bruyamment. Nous demandons à Bouba de dresser une table dehors pour ne pas partager la tente avec eux pendant le dîner. Les guides et les chauffeurs se joignent à nous et se moquent des touristes les plus ballots. Entre eux, ils parlent wolof mais ils intègrent tant de mots français qu’on devine le sujet de la conversation « gasoil » et « gouvernement » reviennent. En chassant Wade en 2012, les Sénégalais espéraient  une baisse des taxes, donc, des prix, qui n’ont pas diminué. Refrain connu !

Une soupe bien chaude est la bienvenue dans la fraîcheur du désert. Couscous-biquette accompagné de légumes fondants. Melon et oranges pour finir.

Dans la nuit étoilée la Voie Lactée est clairement visible. Il y a tant d’étoiles que je n’arrive pas à identifier les constellations.  Le générateur est placé derrière les feuillées, très discret, on ne l’entend pas. Une rangée de lampes à pétrole balise le chemin des tentes.


La nuit a été très fraîche sous la tente mauritanienne. La mince couette est à peine suffisante. Je me pelotonne. Au réveil, il fait humide. Un 4×4 bâché nous reconduit à la route.

En route rencontre avec une dame en mission humanitaire  qui s’occupe des enfants- talibés. Ici aussi, l’humanitaire demande volonté et persévérance et, parfois donne des désillusions. La dame est tenace ! Elle peste contre les visas que le Sénégal veut imposer qui pèseront sur le budget des jeunes volontaires de son ONG . Bouba ne semble pas goûter notre conversation de toubabs.

Au village, les chauffeurs distribuent des sucres blancs aux enfants. Croyant qu’ils ont faim, je me trompe.  Le sucre blanc serait un signe d’offrande pour bien commencer la journée, une pratique animiste.

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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