En panne à Saint Louis

CARNET SÉNÉGALAIS

 

Mercredi 6 mars : en panne à Saint Louis

Départ  prévu pour 9h. Le 4×4 ne démarre plus. Hier soir, il émettait déjà des bruits suspects.  Bouba était allé au garage vérifier l’échappement. Ce matin, c’est plus grave. Nous allons devoir rester un jour de plus à Diamarek pour réparer. Cela aurait pu être pire ! L’endroit est charmant. La Langue de Barbarie est une étroite bande de sable coincée entre fleuve et océan. Notre bungalow est très confortable avec  vue sur le fleuve face à l’îlot des pélicans . La cuisine est excellente et la piscine magnifique.

Avant-hier la visite de Saint Louis en calèche avait laissé  un goût de pressé. Nous faisons bonne figure à ce contretemps, commandons un taxi pour aller en ville et passerons l’après midi à la piscine et dans les environs.

Suivant l’itinéraire proposé dans Lonely Planet, nous partons de la Poste et de la Gouvernance, comme dans la calèche. On emprunte donc la rue Blaise Diagne vers le Nord en s’arrêtant dans les boutiques et les galeries. Dans la première galerie sont exposés des vues de Saint Louis autrefois aux temps des colonies : des cartes postales qu’on peut acheter sous tous les formats. La colonisation était-elle aussi sympathique que la nostalgie veut bien la parer ? Sûrement pas : une carte postale montrant une exécution remet immédiatement les pendules à l’heure.

Sans complexes, nous entrons à l’Hôtel La Résidence pour découvrir le patio  pittoresque au décor « du temps des colonies », des affiches des films Coup de torchon et Les Caprices du Fleuve. Une halte bien calme,  fraîche et agréable à retenir.

Un panneau rappelle le temps des Signares, ces belles dames noires que les Européens avaient épousées qui étaient les élégantes de l’Afrique.

Dans une ruelle sableuse qui mène au fleuve nous trouvons chez un antiquaire des masques poussiéreux qui ont beaucoup plus de charmes que ceux qui sont rénovés (ou neufs) vernis ou cirés dans les magasins. Son échoppe ressemble plus à un débarras qu’à un magasin d’antiquités. Le vendeur affable, nous présente ses trésors : une pipe sculptée, une pirogue avec ses passagers. « voulez-vous les bijoux des signares ? » . Puis il sort de petits masques : masques-passeports, masques de poche d’une dizaine de cm permettant à un voyageur de se présenter s’il rencontrait des gens d’une ethnie parlant une autre langue. De retour à l’hôtel nous montrerons à Hassan notre trésor. Normalement le nom de l’ethnie est gravé, à la coiffure, il  pense qu’il s’agit d’une femme peule. Il nous explique que ces masques vont par deux, l’un pour l’homme, l’autre pour la femme. Le nôtre serait un masque de femme. Tant mieux ! Mais nous nous prenons à regretter de ne pas avoir acheté l’autre que le marchand nous avait proposé.

Le long du fleuve Sénégal, des entrepôts ont été transformés en galeries d’art ou boutiques de luxe sauf l’entrepôt de boissons qui a gardé sa destination première. Pastaga des colonies !

Juste après la grande mosquée, sur l’avenue Jean Mermoz plantée de margousiers (nim). Nous coupons à l’ouest vers les anciens quartiers militaires jusqu’à l’autre bras du Sénégal côté Langue de Barbarie. Le long d’une grande bâtisse, je philosophe sur l’interpénétration de la campagne dans la ville, hier moutons et biquette, poulets de chair et ce matin nous voyons des potagers en pleine ville ! Un panneau coupe court à mes élucubrations : ce sont les potagers des détenus et la bâtisse jaune est la prison. Nous cherchons les tissages Tëss signalés dans nos guides. Je flashe sur un magnifique couvre-lit greige brodé de bleu au point de croix. Hors de prix : 170.000CFA !

Dans la rue Aboubacar Sy, on tambourine : le crieur public, djembé sous le bras, bonnet de laine sur la tête, lunettes de soleil,  se plante à un carrefour, harangue la population en wolof et termine son discours par « vendredi matin ! ». On le filme et lui demande ce qui va se passer vendredi matin. Les habitants du quartier sont invités à se présenter pour nettoyer le quartier avant la prière.

Nous allons à pied découvrir les bords du fleuve près de l’hôtel. Quelques palétuviers sont piqués sur le bord. Un héron pêche juste en face de la fenêtre de notre chambre. Un peu plus loin, on cultive des légumes dans un petit jardin. Vanneaux et aigrettes noires. Je dessine la presqu’île colonisée par des pélicans.

Bouba arrive au diner épuisé. Il a passé la journée entière au garage. La voiture est réparée. Au dîner le Thiéboudienne est servi en buffet.

Avatar de Inconnu

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

2 réflexions sur « En panne à Saint Louis »

Laisser un commentaire