monastère rupestre de Gueghart

CARNET ARMÉNIEN

Gueghart

Huit km seulement séparent Gueghart de Garni. Après le village de Goght, on passe un petit col et on arrive dans une vallée très étroite, aux pitons ruiniformes exagérant la sauvagerie du lieu. Le monastère est enchâssé dans la montagne. Sa coupole pointue (bizarre les guides appellent ces poivrières pointues, coupoles) rappelle celles des églises d’Etchmiadzine. Marchands et marchandes proposent des produits locaux : grosses brioches plates décorées, pâte de fruits en plaques très fines de toutes couleurs, colliers de fruits secs enfilés (figues, abricots, raisins, pommes, pêches), mais aussi des boudins torsadés d’une pâte marron brillante de sirop qui enrobe des noix (soudjouk), délicieux! Une marchande nous fait goûter de la brioche qui remplacera le déjeuner.

Alors que nous gravissons la rampe, des musiciens très basanés très orientaux jouent des airs traditionnels : tambour,  instruments à vent.

Le monastère de Gheghart est aussi appelé monastère de la Lance – lance ayant transpercé le flanc de Jésus pour constater sa mort. Son propriétaire, un soldat romain, miraculeusement guéri d’une maladie des yeux en s’essuyant avec le sang de Jésus se serait converti ensuite…racontent les panneaux. La première église fut détruite au 7ème siècle. Construite en 1215, l’église principale à l’initiative de la famille Zakarian porte le taureau, symbole de la famille.

Nous restons longtemps à l’extérieur admirer les décorations sophistiquées, aux croix arméniennes extrêmement travaillées en filigranes et entrelacs mais aussi les motifs végétaux : grappes de raisin, grenades. De nombreux animaux sont aussi représentés : lion terrassant le bœuf (symbole du constructeur), colombes, aigles, petits oiseaux ornant le tambour de la coupole. Je pourrais rester des heures à  chercher tous ces éléments décoratifs.

Le porche a une allure très orientale ; on entre dans une salle ornée de stalactites comme ceux des édifices arabes (on pense à Marrakech). Une ouverture ronde en haut de la coupole laisse entrer le jour. Le rai de lumière tombe obliquement vers l’autel Puis on perd le sens de l’orientation : des salles troglodytiques se succèdent. Je ne sais plus si je suis dans l’église visible du dehors ou dans une grotte. Entre arcades et colonnes je me perds dans le dédale des salles. De l’eau très fraîche coule dans une rigole et refroidit sérieusement l’atmosphère. Plus tard, nous trouvons la fontaine miraculeuse : très basse à 20 ou 30 cm du sol qui coule d’abondance. Des femmes couvertes d’un foulard proposent de remplir la bouteille. Elles ont l’air très croyantes et très persuadées des vertus curatives de l’eau. Nous quittons rapidement la crypte pour ne pas troubler leur recueillement. Un escalier conduit au niveau supérieur creusé dans la roche. Sur les panneaux je lis :

Le Gavit (narthex ou vestibule d’une église arménienne) on a taillé pour le prince Papak Prochian 4 piliers dégagés dans la roche supportant 4 carrés. Il a servi de mausolée aux princes Prochian. L’acoustique est parfaite. Le monastère abritait une école de chant religieux. On raconte qu’une femme Sahandoukht composait de la musique et au 8ème siècle et enseignait cachée par un rideau pour rester invisible aux moines.

Deux jeunes Français lisent par-dessus mon épaule. Ils entrent dans la salle. Un chant grave se fait entendre, profond, irréel. Nous mettons un bon moment à réaliser que c’est le touriste qui chante. Cette salle communique par une ouverture avec l’église du bas.

Je monte voir les cellules des moines troglodytes, vraiment très petites.0

Un pont enjambe le torrent. Sur l’autre rive, des pèlerins ont accroché des rubans de couleur aux arbres. (Nous avons déjà vu cette coutume à Chypre et en Bulgarie).

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

6 réflexions sur « monastère rupestre de Gueghart »

  1. Le soudjouk (« sugiuc » chez nous, mais on prononce exactement comme en francais) est vraiement délicieux, mais on peut pas le trouver tres facilement.

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