CARNET ARMÉNIEN

Le GPS reconnait Goshavank : 6.3km sur « Monsieur 4» comme s’obstine à énoncer la voix synthétique féminine. Tournez à droite sur la route sans nom qui monte sous de beaux piliers de grès.
J’en profite pour une promenade matinale sur le bord du ruisseau. Le village de Goshavank est très petit. Un parking pour les visiteurs est occupé par les marchandes d’herbes et de souvenirs et un B&B.
Le monastère, fondé en 1188 prit le nom de son fondateur à la mort de celui-ci. Mekhitar Gosh (1130-1213) fut un chroniqueur, un fabuliste. Les explications des panneaux sont très précises mais il n’est pas facile de se repérer sur les plans Car deux églises s’appellent Grégoire : Grégoire l’Illuminateur et saint Grégoire. Il y a en plus une église dédiée à la virge et une Bibliothèque construite sur deux étages qui fut détruite par un incendie au cours de l’invasion des Mongols au 13èmer siècle. On prétend que les traces noires de l’incendie sont encore visibles (plutôt la suie des cierges !).
Selon le Petit Futé :
– « Juriste, Mkhitar Gosh a rendu hommage aux textes de loi des trois confessions (chrétienne, juive et musulmane) ainsi qu’aux textes bouddhistes en réservant des niches dans les murs de l’église principale. Il s’agissait en même temps de protéger le lieu des razzias musulmanes »
Cherchant les niches, je découvre des nids d’hirondelles un peu partout dans les coupoles. Les murs sont gravés de textes arméniens indéchiffrables pour nous mais hommage appuyés à l’écriture arménienne ? On admire la variété du décor, dentelle de pierre autour du porche de Saint Grégoire, colonnes torsadées, motifs à chevrons, à diamants, stalactites, étoiles de David, entrelacs végétaux…
En face, sur la colline, un clocheton : l’église saint George et le tombeau de Gosh. J’y monte pour faire la photo de Goshavank.
Aghavnarank
Aghavnarank n’est pas à notre programme. Nous le découvrons sur le plan de Dilijan offert par l’hôtel. Le village est tout près de la route. Après il faut abandonner la voiture et poursuivre à pied. « Niet machine ! » un jeune homme nous parle en russe comme si on comprenait, je comprends que le monastère est à 1km. Je pars donc sans mon sac, sans eau, sans téléphone et remonte la rue qui traverse le village. Les maisons sont construites dans de beaux jardins. Partout la literie, couettes et oreillers prennent le soleil sur les barrières de bois ou aux fenêtres. Une Lada bleue me dépasse. Elle ne craint pas les grosses pierres et se gare au bout du village. Je demande si je suis bien sur le chemin du monastère dans mon russe simplifié « manastir davaï ! »Quelques centaines de mètres plus loin, la route est barrée. La barrière est cadenassée « RESERVE DE DILIJAN ». il faut un permis pour entrer. Je rebrousse chemin et retrouve le monsieur de la Lada avec son épouse., étonnés que je sois déjà de retour. La dame – en chaussons – me fait signe de la suivre. Elle me parle en arménien, si on contourne le grillage il ne m’arrivera rien. On passe donc par des broussailles piquantes et des orties. Il y a un passage dans le grillage. Au retour il suffit de se glisser entre les barreaux. Ainsi accompagnée, je me dois d’aller au bout. La Réserve est un arboretum. Les arbres sont étiquetés en latin. Je reconnais Taxus baccata, l’if, le hêtre… Des flèches rouges balisent le chemin. Je dois grimper une bonne demi-heure passer deux fois le ruisseau sur des passerelles de planches (impossible de passer à gué). Enfin, les ruines apparaissent. Il ne reste qu’une tour, la coupole a été décapitée. Les explications en français sont illisibles. Je redescends d’un bon pas. Pas trop vite pour ne pas butter contre une pierre (je ne peux pas me permettre le luxe de me blesser dans cette réserve ou je suis sans permis et sans téléphone). Une bonne heure plus tard, je suis de retour. Ce n’était pas 1kilomètre mais 1 heure qu’il fallait comprendre !
La télécommande ne veut plus ouvrir la Kia. Qu’importe puisque nous avons la clé ! Nous n’avions pas prévu qu’elle déclencherait l’alarme. Nous traversons le village toutes sirènes hurlantes. Notre passage à Aghavnarank ne sera pas passé inaperçu !
Monastère d’Haghartsin
Le monastère d’Hagharstin n’est pas du tout au village du même nom situé sur la route mais à 7km dans la montagne. Facile puisque le GPS le connait ! La forêt est très équipée en coin pique-nique. Tout le long de la route, des auvents avec tables et bancs certains rustiques en bois d’autres en élégant fer forgé, barbecue pour les brochettes, sont occupés par des familles ou des pêcheurs. Ici aussi les vaches vont et viennent librement et s’invitent au déjeuner. Œufs durs (du buffet de l’hôtel) et fruits secs en plaques fines qui ressemblent à du cuir, achetés à Gueghart. A 15 heures nous arrivons au monastère. Trois grands cars nous ont précédées. Les visiteurs sont arméniens et russes.
Ce qui m’étonne tout d’abord, c’est que le monastère est blanc. Ensuite, ses dimensions sont hors de proportions des petites églises que nous avons visitées. Enfin, il paraît tout neuf. Des tailleurs de pierre terminent le pavement en dalles blanches de comblanchien qui prendront peut être une patine beige avec le temps. De nombreuses constructions ont été rénovées avec un tuf plus clair que la pierre d’origine. Colonnes et arcs ont été remontés. Il faut être attentif pour retrouver les fragments d’origine. Les toits de tuiles rouges sur le réfectoire choquent un peu. Non loin de là on a construit un grand bâtiment tout neuf.
Ici, aucune explication. Les panneaux multilingues « sous le contrôle de l’épiscopat d’Etchmiadzine » n’ont pas cours ici.
Je prends le Kaplanian et bizarrement je ne reconnais pas grand-chose. Où est le linteau représentant la Vierge ? Pourquoi rien sur les inscriptions qui occupent toute la surface du porche du Gavit de l’église Saint Grégoire ?
La modernité du réfectoire détonne. On l’a meublé de tables rondes. Troncs et branches de bois brut ont été découpés, des bûches servent de sièges.



