CARNET ARMÉNIEN

Nous logeons chez les parents de Jack, sur une belle artère du Centre-ville. Nous passons devant des casernes russes construites en belle pierre, qui semblent encore occupées. L’huisserie est toute neuve. Un détachement marche en rang sur le trottoir portant une sorte de toile en toile couleur jute (que nous avons vu en Lettonie dans la Prison militaire de Liepaja). Russes ou Arméniens ? Tout le quartier semble russe : le cyrillique remplace l’écriture arménienne. Un magasin porte même l’enseigne CCCP en grosses lettres rouges. Voyage dans le temps ? la frontière turque est à quelques pas d’ici.
Au centre de Gümri, la chaussée est en meilleur état avec quelques trous, sans plus. Les larges avenues sont construites de beaux bâtiments. Certains sont neufs, d’autres plus anciens. Arches, façades sculptées, des corniches ornées, 3 étages. Le père de Jacques nous accueille sur le trottoir. Les parties communes de l’immeuble ont connu des jours meilleurs, un coup de pinceau s’imposerait. Les balcons sont renforcés par de la tôle. Solidité de ces immeubles anciens ou hasard de la structure du sous-sol, ce quartier ne semble pas avoir trop souffert du séisme.
L’appartement est très haut de plafond, il possède de grandes fenêtres. Les pièces sont de belles dimensions. Elles sont très claires et très agréables. Les meubles de bois verni sont dans le style des années 50 ou 60 – périodes fastes. Notre hôte était ingénieur. Son usine a fermé à cause du séisme. Il n’a jamais retrouvé une position équivalente en Arménie et a dû travailler en Russie . Deux machines à coudre industrielles occupent un coin de la cuisine. On demande:
-« Êtes vous couturière ? »
– »Non !» sur un ton indigné.
Le père montre des chaussettes. Méprise. Je crois que les machines les reprisent, je montre mon pantacourt préféré qui a bien besoin d’être reprisé. « Non » Ces machines fabriquent les chaussettes et ne les reprisent pas. Machines bien inutiles.
La communication est un peu compliquée : quelques mots d’allemand,-un dictionnaire Français-Russe sur la table, des dessins sur mon cahier, des gestes. La mère de jack a autrefois appris le français qui revient en mémoire au cours de l’après midi. Le soir, elle construira des phrases entières correctes. On feuillette le dictionnaire et finalement on se comprend très bien.
Dolmas arméniennes
Au programme : cours de cuisine. Confection des dolmas arméniennes, différentes des grecques ou des libanaises, dans des feuilles de vigne. On utilisera des feuilles de chou et cela ressemble plus aux sarmalés roumains qu’aux feuilles de vignes que je connais.
A notre arrivée, la viande a déjà été hachée, mélangée avec des oignons. La dame hache au couteau sur une planche à découper en verre, des oignons verts, de la coriandre en gros bouquet. Elle ajoute du concentré de tomate, du piment, du paprika et du poivre. Elle émiette des feuilles de ce basilic violet séché. Un verre de riz trempe dans une écuelle en attente. On en versera tout le contenu (riz+eau) dans la bassine de viande. On farcira aussi des courgettes évidées. Dans un faitout il y a de l’eau qui bout pour blanchir le chou qu’elle effeuille encore chaud et cru. . Il reste à rouler les dolmas en enlevant les trop grosses côtes puis les ranger soigneusement au fond du faitout et placer les courgettes farcies sur le dessus. Le tout est bien tassé. Une assiette retournée appuie sur les farcis et assure la cohésion. A chaque étage et dans les courgettes elle met des portions généreuses de beurre. Les légumes vont mijoter dans une sauce tomate diluée, à feu doux jusqu’au dîner.
L’intérieur des courgettes est mélangé à des oignons verts, de la coriandre, de la sauce tomate et du beurre, poêlé pour faire une « salade » chaude.
A 19h, on goûte les dolmas. Je me préparais à les couper au couteau et fourchette ; la dame me montre qu’il faurt prendre un morceau de lavache – pain mince comme une crêpe – y insttaller la doma avec un peu de tomate et concombre et rouler le tout.
Au dîner, on mange les dolmas dans une assiette.
En attendant le dîner, pendant que les dolmas mijotent. Nous partons pour un tour en ville. Rapide tour en voiture parce qu’il pleut et que cela a fait nettement baisser la température.
Le dîner est joyeux. La dame chante en arménien et en français. On chante aussi. On filme.
Ce qui est bien dans ton voyage, c’est que tu es en contact avec les habitants, seul moyen d’avoir une chance d’aborder vraiment un pays, même si c’est rapide.
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@Aifelle : rapide…bref, plutôt. J’espère qu’on restera en contact. je vais leur envoyer un DVD.
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