Lassithi

CARNET PÉLOPONNÈSE ET CRÈTE 1999

le moulin monte la garde au col

 

Le Plateau du Lassithi

Pour  monter sur le plateau du Lassithi, la route grimpe parmi les oliviers, puis traverse le maquis. Les sommets sont nus, les creux, très verts.  De nombreux platanes sauvages suivent le cours des ruisseaux. L’arrivée est très raide. Le plateau est gardé au col par une série de moulins de pierre comme des tours de guet au flanc de la montagne. De là, on découvre le Lassithi, un oasis, un petite plaine irriguée qui contraste avec les montagnes environnantes culminant à près de 2500 m .Des dizaines d’éoliennes pompaient l’eau du sous sol, la plupart sont maintenant rouillées mais certaines ont gardé leurs voiles triangulaires et tournent au vent .A 850 m d’altitude, il fait frais.

850m altitude le plateau de Lassithi

La moindre parcelle est cultivée : vergers de pommiers, poiriers, cerisiers et pruniers, mais aussi champs de blé venant d’être moissonnés. Nous avons croisé la moissonneuse. Parcelles de pommes de terres. Jardins où poussent haricots et maïs. Les villages sont très proches les uns des autres. Ils sont soignés et fleuris. Souvent les terrasses, au premier étage, sont de véritables jardins suspendus très colorés où dahlia, zinnias, glaïeuls sont installés dans des bidons carrés chaulés. Cela change des sempiternels bougainvilliers en beaucoup plus varié et plus coloré. Devant chaque porte, ce dimanche matin, des vieux somnolent sur des chaises, certains portent le turban noir crétois en bandeau. Les femmes, toutes en noir, sont beaucoup plus actives.

Maria a des chambres à louer

A 9h30, nous cherchons un logement. Un marchand de fringues qui ouvre son magasin nous harponne. Comme j’attends de lui une aide pour trouver une chambre chez l’habitant, je me prête à une mascarade, il me coiffe avec un foulard noir à pompons et se fait photographier avec moi. Il n’est d’aucune utilité. Un garçon de café nous envoie au seul hôtel, vieillot qui me plait bien. Il est beaucoup trop tôt, personne n’est pressé de nous recevoir.

Grotte de Trapeza

Nous trouvons par hasard la grotte de Trapeza ou grotte de Chronos. A peine sommes nous engagées sur le sentier, qu’un jeune à la démarche bancale et à l’air simplet nous emboîte le pas. Le chemin se faufile dans des rochers. Dominique doit renoncer. Mon guide saute comme un cabri. Je peine à le suivre. Arrivés à la grotte, il déniche quatre bougies m’en donne deux et veut me guider dans le noir en me tenant la main. J’essaie d’éviter ses prévenances. Il a raison :  je manque de me cogner la tête contre un rocher . Il commente en Allemand :

–    « ici, un squelette, ici un bébé, ici la cheminée » (une fente dans le roc)

Seule je n’aurais rien vu. A la sortie tout est clair. Le prix est fixe : 200 drs. Je préfère. Dominique, en bas s’inquiète de ne pas me voir revenir. Pour les adieux il nous fait la bise.

Chez l’habitant

  Dans le village suivant, je remarque au dessus d’une boutique « Rooms to let ».
5000 drachmes, très simple, avec une douche mais surtout un balcon d’où la vue est magnifique.
J’écris du balcon, le Mont Dikté se détache, très haut, pelé. Au second plan : des champs et des jardins avec des amandiers. Au pied du  balcon, un enclos bordé de fagots avec des brebis et un poulailler sous des pommiers. Au premier plan, encadrant le tout, une treille avec de très grosses grappes de raisins verts.

Une fois installées, notre logeuse nous offre du café avec un concombre épluché. Nous bavardons en Grec.Elle nous montre ses dentelles. C’est évident qu’il faudra en acheter.

Grotte de Zeus

le mont Dicté

Visite à la Grotte de Zeus, là où il serait né (ou dans la précédente). Si ce n’était la légende, cette grotte ne serait pas extraordinaire. Ce qui gâche la promenade, c’est l’affluence. On dirait une véritable procession à Zeus.

Musées

Nous visitons un petit musée ethnographique : une ferme reconstituée. Comme partout, on présente de la vaisselle, de vieux outils agricoles. L’éclairage vient du plafond noirci par la fumée. Le pressoir à vin, recouvert par une planche devient le lit conjugal ! Dans une autre salle, on retrouve des photos de Nikos Kazantzaki. Il y a également un musée Venizelou, tout en Grec et peu compréhensible pour ceux qui ne sont pas initiés aux guerres de l’indépendance crétoise.

Nous nous arrêtons sous un noyer pour pique-niquer, le long d’un chemin de terre. Nous nous croyons seules, mais le trafic est intense. Finalement le propriétaire arrive à bord d’un pick-up pour voir ce que nous faisons  dans son champ. Il s’assoit près de nous. Nous échangeons quelques propos au sujet des éoliennes qui pompent l’eau fraîche, des patates qui poussent bien… La conversation- en grec – s’étiole. Quand on ne trouve plus rien à se dire il conclue qu’il fait chaud. C’est sans doute la politesse locale.

Nous terminons le tour du Lassithi  vite bouclé. Nous  redescendons la route derrière le col pour visiter un petit monastère. Il faut se déguiser en jupe, quelques icônes, des fresques.  Plus bas au petit village de Krasi, nous nous installons sous le plus gros platane que j’ai jamais vu : un restaurant tout entier tient sous son feuillage. Café frappé et ouzo, en écoutant de la musique grecque sur la radio locale.

Nos hôtes Maria et son mari

Soirée tranquille

Maria nous a préparé un dîner  très simple : des courgettes cuites dans de la sauce tomate, pas de viande, des tomates et des concombres en salade, le plus curieux c’est le pain. Elle garde une très grosse miche dure comme de la pierre et en détache un morceau qu’elle passe sous l’eau, cela fait bizarre, le pain mouillé !

Je vais faire quelques pas dans le village, pas vraiment animé, à la terrasse du Kafénéion je reconnais nos voisins des Anglais, qui me font signe de me joindre à eux. Ils ont terminé leur repas et nous décidons de prendre le café sur notre balcon. Ils possèdent une maison quelque part dans l’ouest de la Crête, parlent grec, et commentent pour nous l’itinéraire C’est une soirée très agréable : Maria nous apporte le café puis revient avec de la confiture de coing, elle est ravie de la bonne ambiance sur son balcon et conclue : « imaste fili »

 

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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