CARNET PÉLOPONNÈSE CRÈTE 1999

Rouge
La route qui va de Palékastro à Zakros traverse des montagnes rouges. La roche a la même teinte rouge sang que celle des colonnes de Cnossos. La terre est rouge, également du rouge brique caractéristique des terres méditerranéennes. Sur ce sol, les oliviers se détachent, des graminées sèches font par endroit un tapis jaune paille. Les crêtes sont complètement désertiques, des buissons épineux desséchés forment des boules grises argentées, les sauges sont plus jaunes, un curieux thym violet est en fleur. Vers l’intérieur, sur des collines plus basses prospèrent de belles oliveraies irriguées.
Géologiquement, c’est intéressant, les couches sont variées. L’érosion a creusé de curieux canons, l’hiver une rivière doit couler, mais elle a disparu, la végétation est bien verte, des buissons et même des platanes dans son lit.
Nous traversons trois villages – cubes chaulés d’un blanc éclatant égayés de treille de vigne.
Les gorges de Zakros
Nous parquons la voiture à l’entrée du sentier qui descend dans les gorges, mais nous nous trompons et nous retrouvons sur la route des crêtes qui domine les gorges. La vue est magnifique mais de là impossible de descendre la falaise à pic. Chemin faisant, nous croisons un troupeau de chèvres. Une pauvre petite chienne est attachée au soleil. Nous vidons une partie de nos gourdes dans sa gamelle, mais elle quémande surtout des câlins. Je descends seule dans les gorges. Le sentier est un peu difficile au départ. Dans le vadi, c’est tout plat, la végétation est luxuriante. J’ai l’impression d’être dans une oasis, il manque de l’eau pour être complètement rafraîchie. Impression de calme, je suis seule.
Dominique m’attend à la sortie des gorges, porteuse de bonnes nouvelles : la plage est merveilleuse, elle a trouvé la taverne de nos rêves sur la plage.
Palais de Zakros
Nous commençons par la visite du palais de Zakros. Nous retrouvons facilement la cour centrale, le mégaron, le bain lustral…Ici, pas de restauration comme à Cnossos. Seules les fondations subsistent. Maintenant, nous pouvons reconstruire en imagination le Palais. La surprise vient des fontaines : la citerne est pleine, des tortues nagent dans une eau verte dans deux bassins rectangulaires.
Plage
Mais il commence à faire très chaud. Nous filons à la plage en petit gravier gris avec quelques galets, entourée de montagne rouge. Plus loin quelques bateaux de pêche. Dans l’eau, il n’y a personne excepté une bande de canards blancs qui nagent en formation. L’eau est très claire mais le fond rocheux est légèrement vaseux avec des algues. Je vois de nombreux poissons colorés que j’aimerais bien savoir reconnaître ; je commence à anticiper les rencontres selon la topographie des fonds certains se cachent dans les fentes, les bleus à tache noires sont dans les eaux claires, des verts, jaunes multicolores près des algues. Il y a aussi de jolis à raies jaune en forme de daurades.
Un autobus arrive et déverse un flot de touristes. Je m’inquiète pour le déjeuner : nous avions convoité une table à l’ombre de tamaris en bord de plage. Elle est déjà occupée et la taverne n’en a que quatre. Nous commandons des farcis et des petits poissons avec du riz. On nous apporte des tomates, la farce n’est pas à la viande, mais au riz et aux herbes, comme celle des feuilles de vigne, tellement parfumées que nous achetons un assortiment de condiments et d’aromates très bien présentés. Café grec, l’addition (logarithmo) est très raisonnable 5300 drachmes avec le cadeau.
Vai
De retour au studio, petite sieste. Nous repartons vers le nord direction Vaï et sa palmeraie.
Les palmiers sont bien là mais les touristes aussi. Rapide demi-tour sur le parking sans même descendre de la Micra.
Nous découvrons une nouvelle plage déserte : deux couples sur le sable, personne dans l’eau.
Moni Toplou
Puis nous recommençons le tour du petit cap par un temps un peu embrumé. Le monastère de Moni Toplou ressemble plus à une forteresse qu’à un édifice religieux : un clocher, un moulin à grain sur le même modèle que ceux qui gardent le Lassithi, en parfait état, il ne manque que les voiles. Les bâtiments de pierre sont hauts et massifs, seul le tour des fenêtres est décoré. Nous sommes en retard pour le musée des icônes mais on peut quand même admirer la plus fameuse dans l’église : elle illustre toute l’Histoire Sainte en soixante saynètes avec une foule de personnages. Nous reconnaissons Jonas et sa baleine, la Sainte Trinité qui domine le tableau, entourée de tous les anges. Un érudit français commente. Il explique que le Père et le Fils ont la même taille – ce qui est caractéristique du dogme orthodoxe – pour les catholiques romains, ce serait une hérésie. Avec l’aide de ces gens nous analysons longuement les différentes scènes. Finalement je ne regrette pas que le musée ait été fermé : c’est plus intéressant de se concentrer sur un seul tableau.




