2. la Médina de Fès

2003 – De Fès à Rabat en passant par la vallée du Ziz et Meknès.

 

Minaret

Minaret

 

Face à notre balcon: la terrasse d’un  café très animé, un peu bruyant. Les hommes attablés regardent un match de foot à la télévision.

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Après la Poste et un bâtiment officiel au fond d’un jardin, la rue se rétrécit, elle est animée bordée de plusieurs « Crémeries », des petits restaurants servant des glaces et des milk-shakes. La Téléboutique que nous cherchions est à deux pas. Sur de petits étals, on vend toute sorte de nourritures : des brochettes, des pains ronds, des sortes de crêpes. Deux restaurants très pittoresques proposent des plats traditionnels. Un vieil homme, assis sur une chaise basse,  écale des œufs mollets dans un panier à ses pieds. Sur une cantine mobile, on fait frire des poissons. Par terre, diverses herbes : coriandre, persil, et d’autres plantes séchées inconnues. Cela sent bon !
Nous cherchons des repères dans notre nouveau quartier : le cinéma est logé dans une maison ordinaire, reconnaissable uniquement à la caisse et à quelques affiches dans le couloir. Nous atteignons rapidement la porte de la ville décorée de faïence bleue   Bab BouJeloud. Au delà des murailles, un cimetière.

La médina

Les portes de Fès
Les portes de Fès


Une rue très animée, est couverte de roseaux au dessus d’un marché de viandes et de légumes. A Athènes, Jérusalem ou Istanbul les boucheries dégagent une odeur pestilentielle, aujourd’hui, il fait frais, les parfums des épices, des poissons grillés et des beignets se superposent, cela sent très bon.

Fès souk
Fès souk


Des tailleurs travaillent dans de petites échoppes, les djellabas sont élégantes, sophistiquées avec des galons, des surpiqûre, des découpes. Sur des mannequins des manteaux très chics, d’un modèle un peu suranné mais très bien coupés. Plus loin de l’artisanat traditionnel pour touristes.
On nous hèle,  les marchands ne sont pas trop insistants.

le tisserand dans son échoppe
le tisserand dans son échoppe


Je regarde partout par les portes entrouvertes des mosquées, dans les ruelles, les ateliers.  6 heures du soir, chez les bijoutiers, la nuit tombe, la plupart des boutiques ferment. La rue principale est éclairée Peut-être allons- nous nous retrouver dans l’obscurité ?  J’achète des bananes et des oranges.  La rue parallèle semble spécialisée dans les chaussures. Cette année, la mode ici, est aux bouts carrés . je remarque un curieux article :  compromis entre la babouche et le sabot suédois de luxe. Est- ce que ce sera la mode de l’été en France que ces sabots au talon dégagé ou est-ce une spécialité locale ?
Retour vers 7 heures à l’hôtel pour notre dînette de fruits

 

 

La prière de l’aube me réveille dans le noir complet. Je n’arrive pas à distinguer le chant d’un muezzin, toute la ville bruisse d’un chant confus. Je me rendors tranquillement jusqu’au lever du jour.
Un groupe de touristes nous donne le signal du lever : nous les croisons au petit déjeuner : des femmes mal fagotées, blondes, parlant une langue slave.

Visite guidée

Le réceptionniste de l’hôtel  appelle un guide « officiel » au café d’en face.

fes bab boudjeoud - Copie
Bab Boudjeloud

Cette visite guidée payante ressemble plus au parcours de rabatteur vers les différents magasins.  A peine avons-nous quitté Bab Bou Jeloud, nous nous trouvons dans une boutique d’articles de cuivre. Courte démonstration avec le poinçon et les deux maillets de bois, une recette pour astiquer les cuivres au jus de citron, on nous fait résonner le fond de deux plateaux de cuivre et de laiton et il faut passer aux emplettes. Poliment, je demande la carte du magasin et promets de revenir demain, ou lundi…Ouf ! Le premier piège est déjoué.

Le guide marche  à vive allure dans le dédale des ruelles et des impasses. D lui fait part de son étonnement de voir la médina si propre et si soignée ;  nous assistons au ramassage des ordures (deux fois par jour) : un âne lourdement chargé porte les sacs plastiques et le collecteur ramasse consciencieusement tout ce qui traîne. Les rues sont  lavées chaque matin, un caniveau au milieu d la ruelle draine les eaux usées. De gros efforts portent sur le nettoyage. C’est très surprenant comparé à Marrakech ou au Caire .

Balek !

fes medina ruelle interdite aux ânes

Partout on a installé de la paille et des petits sacs d’orge destinés aux moutons de la fête qu’on voit circuler dans des chariots à roulettes poussés par des hommes « Balek ! »Il faut se pousser, s’ effacer pour laisser le passage à un mulet ou à un âne lourdement chargé. La médina est interdite au trafic automobile. Certaines rues portent le panneau rond bordé de rouge représentant un quadrupède « interdit aux ânes et aux mulets ».

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A chaque pas, la vue  mériterait une photo ou un dessin : un petit auvent de tuiles vernissées vertes colonisées par des plantes folles, une sorte de tambour à claire-voie remplaçant les moucharabiehs égyptiennes que j’avais pris d’abord pour des garde-manger, une porte ancienne cloutée et ciselée. Certaines portes anciennes ont deux heurtoirs, en bas pour les piétons, en haut pour les cavaliers. Une main de Fatima cloutée orne généralement le haut du battant.
Les volumes décalés des hauts murs aveugles dégagent des perspectives inattendues, un minaret carré surgit, parfois un cyprès d’un jardin caché.

Au début, le guide faisait un effort de commentaire en nous décrivant les palais cachés. J’ai espéré qu’il ouvrirait une porte, qu’un couloir nous mènerait à un patio enchanté. Point du tout ! Il ne sait que nous conduire dans des magasins pour touristes pressés : autocollant VISA, coupures de journaux punaisées attestant de la visite de clients célèbres : le Président Reagan, le premier Ministre portugais. Exotisme de Tour Opérators ! Nous croisons d’autres touristes qui, comme nous, suivent le circuit des gogos. D’ailleurs le commentaire devient de plus en plus rare. Ceci a le don d’irriter D qui ne veut pas jouer le jeu et ne rentre même pas dans les boutiques. Je  me prête à l’exercice imposé avec plus de politesse que d’enthousiasme.

Chez l’herboriste

la devanture de l'herboriste

L’herboriste a un boniment honnête « nous ne soignons pas toutes les maladies, seulement le rhume, les maux de tête, les problèmes de peau et les rhumatismes ». Il m vante les propriétés antimites du musc et désodorisantes : en frotter les tapis et les rideaux. Il me fait renifler l’anis noir enfermé dans un balluchon minuscule fait de  PQ, cela débouche le nez et les sinus. A la fin de la démonstration, il faut bien sûr acheter. D a filé dans la ruelle, je suis bien embarrassée et me laisse tenter par 5 grammes de safran (pas celui en poudre qui est du curcuma)  mais les pistils rouge sang à 2 dirhams le gramme. Pour 100DH, le guide rajoute un paquet d’argile qui doit servir de shampooing. Sur le moment, je suis ravie de ce cadeau, justement il nous manque du shampooing dans les bagages ! Après réflexion j’ai dû drôlement me faire avoir sur le safran !

Tout autour de la boutique de l’herboriste, des confiseries présentent des nougats multicolores, des sucettes pastel, de longues torsades enrubannées dans des emballages de cellophane qui donneront de jolies photos.

navettes pour broder
navettes pour broder

Nouvelle boutique, nouveau piège à touristes : des broderies cette foi-ci. Pas de démonstration du point de Fès, les brodeuses préparent la fête chez elles. C’est un peu dommage, ce point de croix particulier exécuté à deux mains avec du fil DMC bleu m’aurait bien intéressée. Mais pas l’achat d’un service hors de prix. En l’absence des brodeuses, j’ai moins de scrupules. J’essaie de ménager la susceptibilité du marchand et me souviens de la copine de Fatiha qui brode chez elle à la commande, je lui en raconte qu’il s’agit d’une de mes amies et trouve donc une porte de sortie honorable pour les deux parties.

Nous retrouvons  Talaat El Kébir les « Champs Elysées » de Fès puis la charmante place Nejjarine où nous nous promettons de revenir seules.

Dans la boutique des djellabas pour touristes, D achète le cadeau pour sa mère : un caftan vert.  Une djellaba comporte une capuche pas le caftan.Les djellabas de toutes sortes, sont à  à tous les prix, en soie aux couleurs délicates, en laine épaisse ou fine, unie ou rayée, en coton aux couleurs criardes pour les touristes avec des broderies voyantes et peu soignées. Malheureusement notre budget exclue la laine et la soie. J’essaie de marchander, c’est un des plaisirs de l’achat. La présence du guide est plutôt un handicap qu’une aide (il doit percevoir une commission au pourcentage). Nous avons dû nous faire bien avoir, car ce dernier magnanime offre un chèche bleu qu’il noue autour du cou de D.

La Karaouine est entrevue par les portes ouvertes.
Après la kissiria, bazar fermé pour les soieries, nous entrons par un couloir dérobé dans un ancien fondouk occupé par des tisserands qui travaillent la soie.Les beaux coupons de 3x2m pour 300 DH sont bien tentants. Si on achetait ici la tête de lit ?


Cela m’agace de faire des achats le premier jour des vacances. J’avais en tête autre chose : un kilim. Le mur de la chambre est en béton difficile de faire des trous pour l’accrocher. D n’éprouve pas du tout la même fascination que moi pour les tapis.

Le guide, ravi d’avoir compris quelle sorte de marchandise nous tente, nous entraîne dans une coopérative de tapis et chez un berbère qui vend des kilims.Les kilims qui me plaisent sont ceux qui sont rebrodés avec des matières différentes, des motifs en reliefs, mais ce sont les plus lourds. C’est un gros investissement, pas question de traiter cette affaire à la va-vite avec ce guide qui nous embarrasse.

Nous passons rapidement par la rue des teinturiers, toute la rue dégouline de noir (les pauvres TBS blanches) toutes sortes de vêtements sont mis à sécher : des pantalons, des chemises. Ce n’est pas du tout comme à Marrakech un show pour touristes.

Uun taxi, place Safarine qnous ramène en quelques minutes à l’hôtel  où nous nous débarrassons enfin du guide moyennant finances – à notre appréciation –  120DH selon la suggestion du réceptionniste de l’hôtel.

Quand nous sortons a pour déjeuner, il pleut dru. J’enroule le nouveau chèche bleu et nous voici sous une belle averse ! Heureusement, notre quartier regorge de cantines et restaurants à bon marché. Pour 15 DH nous rapportons un sandwich aux brochettes de viande hachée épicée avec de la salade, tomates oignon, poivron dans un demi pain rond.

Les rues pavées de la médina sont très glissantes sous la pluie : un cycliste s’étale sous nos yeux. La pluie cesse dès qu’on rentre à l’hôtel. Nous sommes sorties au pire moment.

Un soleil magnifique sèche le patio. Je m’installe pour écrire sur une table du bar devant la piscine, D s’allonge au soleil sur un transat. Le ciel est d’un bleu qu’on n’aurait pas pu imaginer ce matin.

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

4 réflexions sur « 2. la Médina de Fès »

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