5. En route par Ifrane – Midelt

2003 – De Fès à Rabat en passant par la vallée du Ziz et Meknès.

Cèdre de l'Atlas sur la route de Fès à Midelt
Cèdre de l’Atlas sur la route de Fès à Midelt

 

Un drôle de bruit nous a tirées du sommeil, on avait imaginé qu’un carreleur taillait ses zelliges, tandis que moi j’entendais une voiture télécommandée. Finalement c’est la douche qui fuyait. Le muezzin convoque à la prière, en écho, les autres répondent. Nous nous rendormons jusqu’à 7h30 : soleil magnifique.

La Toyota Corolla
Budget, n’a pas de petite voiture à nous proposer, il loue la magnifique Toyota Corolla bleue nuit pour le prix d’une Clio. Location conclue avec un verre de thé à la menthe (le premier depuis notre arrivée)Au distributeur de billets, tout se passe bien. Traversée de la Fès moderne avec ses grandes avenues, ses palmiers, très française encore.

Oliviers et soucis oranges

10h30 –  tous nos bagages sont chargés, nous quittons Fès par une campagne très verdoyante. Les oliviers et les collines évoquent un paysage méditerranéen. Sous les oliviers, un tapis de petits soucis oranges. Le long de la route des moutons attendent. la fête  après demain. La nuit dernière en ville, nous les avons entendus bêler.

Au loin les crêtes du Moyen Atlas se profilent. Premier arrêt pour photographier la Corolla toute propre encore et les moutons .

A Imouzzer,  nous abordons la montagne, les forêts de chênes et de résineux.  Les maisons ont des toits en pente, des tuiles mécaniques rouges plates, elles ressemblent à des pavillons français du début du XXème siècle.

Ifrane

ifrane

 Ifrane est une curieuse station d’altitude. A l’entrée, une luxueuse université, puis  un parc où serpente une rivière d’eau claire : la source Vittel. De nombreuses tables pour les pique-niques sont aménagées près de l’eau. Le tout d’une propreté suisse.

Des villas cossues et des petits immeubles modernes avec des toits pointus, des tuiles rouges, tout a l’air très chic.  Très snob . Avec les nids de cigognes, très alsacien. Nous ne voyons pas les pistes de ski un peu plus haut. La neige est encore là par plaques, de petits névés dans les coins ombragés.

les magots
les 2 magots

Les singes
Quelques courses à la supérette des cigognes et prenons la direction dAzrou.
Sur un parking offrant un beau point de vue, trois petits singes attendent. Il y a aussi des baraques de souvenirs mais ces petits magots sont trop mignons ! Nous nous arrêtons donc, je sors un quart de pain rond. Les petits singes ne sont pas farouches, je distribue une bouchée à chacun, mais voilà que le petit saute dans le coffre de la voiture et vole le rouleau de Sopalin (heureusement que ce ne sont pas les pommes ou les bananes) j’échange le papier contre du pain. Ils sont apprivoisés, leur maître arrive et nous conseille de fermer la voiture. En effet un macaque entre par la fenêtre. Celui qui est sur le toit me saute sur l’épaule. Ils sont très délicats, très doux et joueurs . Le monsieur  très aimable,  ne pousse pas à l’achat. Il nous conseille d’aller pique-niquer sous les cèdres.

Les cèdres

cèdre
cèdre

Les voici, les premiers cèdres de l’Atlas! Les plus vieux dépassent avec leur silhouette caractéristique. Une petite déception, les plus beaux sont déplumés, le plus fameux, le Cèdre Gouraud est complètement mort (encore des singes et des baraques de souvenirs). Nous suivons la piste jusqu’à une clairière verte dans les cèdres. Les plus jeunes plants poussent très touffus mais leurs  branches ne forment pas encore les parasols horizontaux caractéristiques. Intriguée, je vais vérifier que les aiguilles sont bien celles d’un cèdre. Probablement, ils ne développent leur port majestueux qu’en vieillissant et meurent très vieux. Pour déjeuner, nous avons de la compagnie, un couple de chiens, le mâle , petit berger à épaisse fourrure, la femelle très maigre, une levrette. Ils dévorent le pain que je leur lance. Nous sommes assises sur de grosses bombes volcaniques à structure bulleuse. Toute la clairière en est jonchée. Promenade courte, à pied près des névés, la piste est verglacée.

fes à midelt singes

Azrou

Vue de loin, Azrou est une jolie ville adossée à la montagne, de près, c’est plutôt pouilleux, encombré et quelconque Nous pensions nous y arrêter, il n’y a rien de spécial à visiter, il est encore tôt, nous avons le temps d’arriver à Midelt.

Volcanisme

La route parcourt maintenant une sorte de plateau boursouflé de cônes volcaniques avec des cratères égueulés .Les bombes, blocs et scories sont utilisés comme murettes. Dans les creux, l’eau de fonte des neiges stagne en d’improbables fondrières. D’ici à quelques semaines ce sera peut être une steppe désertique mais aujourd’hui on dirait le Massif Central, en beaucoup plus haut (autour de 2000m jusqu’à 2500m) La route est très encombrée : d’énormes camions peinent en montée et soulèvent une poussière infernale. On finit par doubler la caravane.
Le massif central avec les Pyrénées enneigées à l’horizon ! Au loin une barrière de sommets découpés, blancs : le haut Atlas avec le Djebel Ayachi pourtant très éloigné.

encore les cèdres!
encore les cèdres!

Changement de décor : un désert pierreux, brunâtre, où paissent de nombreux moutons. Tout est marron : la laine des moutons, la terre, les broussailles aussi la djellaba des bergers coiffés de leur capuchons pointus.
Une rivière serpente en méandres serrés creuse une vallée sur le bord de la route. Des petits lacs temporaires ( ?) reflètent le ciel. Nous déroutons pour découvrir l’Aguelmane Sidi Ali, joli lac caché dans la montagne. Surprise il est vert très intense presque noir. Dehors il fait un vent épouvantable, on se pèle de froid et renonçons à nous y attarder.

Des cèdres très secs parsèment le flanc de la montagne, squelettiques, ils se détachent sur le ciel très bleu. Nous retrouvons la forêt au col du Zad à 2178 m.
Nous descendons alors sur Bolojoul et Midelt parmi les cèdres clairsemés. A chaque tournant des chiens misérables sont couchés, on aimerait leur donner le pain qui reste mais ce n’est pas évident de s’arrêter, on le regrettera.

arrivée à Midelt au coucher du soleil
arrivée à Midelt au coucher du soleil


Coucher de soleil sur Midelt

Nouveau décor : au premier plan le désert prend toutes les teintes de rouge, ocre, orangé, pourpre, violacé. La barrière blanche de l’Atlas se rapproche. Les buissons sont verts en cette saison, une sorte de graminée forme des coussins hérissés. A l’approche de Midelt vers 17hle soleil baisse, la lumière du couchant est chaude, des petits nuages étranges occupent le ciel. Certains s’effilochent d’autres en boules grises s’empilent et changent de forme.

Dommage d’entrer dans la ville par une si belle lumière! On emprunte une route de traverse censée mener à un barrage pour profiter encore du désert en Technicolor.

Une butte témoin ocre surmontée d’un banc de calcaire clair se détache – décor de western –  elle est précédée de collines violacées. Nous découvrons un campement de nomades.

Lorsque nous rentrons à la route, le soleil est si éblouissant qu’on a du mal à couper la file de la circulation : on ne voit pas les véhicules arriver.

L’Hôtel Ayachi

18heures, nous nous arrêtons au premier hôtel venu, un peu classe : l’hôtel Ayachi. Il y en a un autre, la Kasbah, tout le reste fait plutôt minable. Le patron est très sympa :
– « pour toi ce sera 560 dirham la demi pension. »
Il a fait un petit rabais pour la morte saison. L’hôtel est très laid du dehors, gris ocre « bâti par les Français »  années 50. Le hall est très bien décoré, vastes salons, curieux « foyer » (chiffon moiré orange qui bouge avec une soufflerie). La chambre est très vaste, très haute de plafond, meubles standard sans goût mais un balcon et un radiateur, une belle salle de bain et de la moquette. Nous avons froid malgré le chauffage. On viendra avec un seau purger le radiateur.
Le dîner est très bon : salade marocaine, tajine aux pruneaux, orange à la cannelle pour moi, omelette, brochettes tarte pour D.

 

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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