8. Pistes et dunes : Merzouga

2003 – De Fès à Rabat en passant par la vallée du Ziz et Meknès.

la piste de Merzouga balisée par des cairns
la piste de Merzouga balisée par des cairns

Aziz
 Aziz, babouche et djellaba grenat, vient nous chercher à l’hôtel. Nous prenons la route du désert, mince ruban de goudron plein de nids de poules. Nous croisons une caravane de 4×4 blancs : « touristes pressés », des japonais, levés à 3 heures, lever du soleil, et retour illico. Puis une autre caravane de mobil-homes italiens« les nomades, jeunes retraités », Aziz ironise.

Fossiles

Erfoud, fossiles d'Encrines
Erfoud, fossiles d’Encrines

Première étape : la carrière de fossiles.

Ce n’est pas une carrière, je m’attendais à une exploitation industrielle. Ce matin j’ai eu le loisir d’examiner les tables en marbre poli, noir avec des orthocéras énormes,

Erfoud fossiles : Orthoceras
Erfoud fossiles : Orthoceras

marron avec orthocéras et goniatites. Une bicoque qui vend des fossiles. Le calcaire forme des dalles horizontales qui sont sciées à Erfoud. Le marchand arrose avec une bouteille les roches pour que les fossiles soient plus visibles. Bien plus beaux que : les orthocéras et les goniatites : les lys de mer, des crinoïdes. Je n’en avais jamais vus. Dans une gangue rougeâtre les encrines déploient leurs fins tentacules. J’essaie de

Erfoud fossiles : goniatites
Erfoud fossiles : goniatites

marchander, 150 dirhams pour un petite goniatite, c’est beaucoup trop, le marchand me montre des trilobites, des vrais et des faux, inutile de négocier des articles que je ne souhaite pas acheter. Ce que je convoite c’est la plaque des crinoïdes, mais pas pour 400DH, je donne mon prix 100DH. Nous sortons du magasins, espérant qu’il nous rappellera – non ! Tant pis, khalas ! J’explique à D la manœuvre. Aziz, s’en mêle, « si tu as quelque chose à troquer, des T-shirt, des chaussures … » Nous recommençons la négociation, je démords pas des 100DH, nous ouvrons même la valise, nous n’allons quant même pas investir toute notre fortunes en fossiles.

La piste

la piste, Aziz pilote Dominique à droite!"
la piste, Aziz pilote Dominique à droite! »

Nous quittons le goudron qui est de plus en plus mauvais pour prendre une piste. Ce n’est pas la seule, il y a des dizaines de traces de roues et aucune signalisation. Aziz commande :
– « Dominique, à droite ! »
–  « tout droit, accélère ! » quand il y a du sable.
Tous ces détours sont ils nécessaires ? Aziz veut il justifier de son salaire ? On ne saura jamais si ces précautions sont justifiées ou pas.

Thé chez les nomades

Thé chez les nomades
Thé chez les nomades

Deuxième arrêt chez les nomades : tente partagées en deux. On nous offre le thé chez les hommes. A côté deux femmes et un bébé nous vendent pour 20DH un petit dromadaire en laine.

les chevreaux des nomades
les chevreaux des nomades

Les dunes se rapprochent.  Seul relief sur la plaine grise (le lit immense d’un ancien oued). Très très loin, des montagnes bleues, c’est la frontière algérienne. Vers l’Ouest, un massif violacé : les montagnes du Draa.

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L’Auberge de l’Erg Cherbi
Vers 11 heures, nous arrivons à la casbah-auberge à la limite des dunes. Les chambres très simples ouvrent sur des courettes plantées de fèves et de pois pour égayer. C’est l’auberge de l’erg Cherbi. Nous choisissons une chambre avec salle de bains pour 150 dirhams.

la casbah-auberge
la casbah-auberge

Village de Merzouga

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le village et la palmeraie de Merzouga

Nous reprenons ensuite la voiture pour aller au village de Merzouga distant de 5 km. Nous suivons la canalisation qui transporte l’eau de la source de Merzouga. Des puits dépassent de 1.50m au dessus du sol pour le curetage du conduit après les tempêtes de sable.

les canaux dans les jardins
les canaux dans les jardins

Arrêt au puits : des femmes remplissent des dizaines de bidons en plastique orange et blanc. Elles sont très chamarrées, les voiles superposés sont ornés de fils d’or ou de broderies de couleur. Les petits ânes chargés sont aussi photogéniques, surtout un ânon tout blanc. Impossible d’emporter autre chose qu’un souvenir coloré.
La palmeraie est luxuriante. Elle s’ordonne de part et d’autre d’un canal d’eau vive. Les palmiers sont touffus, le blé (ou l’orge ?) est très vert, les fèves et les pois en fleurs. Je reconnais un amandier. Chez nous, la floraison a lieu  avant le débourrage des bourgeons à feuilles. Ici les feuilles de l’an dernier ne sont pas tombées, cela donne un volume nouveau à l’arbre ;
Aziz nous garantit le calme, mais la magie de la palmeraie n’opère pas aussi bien que lorsque nous nous y promenons seules.

Dunes

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Nous passons les heures chaudes à l’auberge puis partons sans escorte explorer les dunes. On n’ose pas marcher sur les surfaces vierges de pas. Sensation d’abîmer avec nos traces la pureté minérale. Je m’applique à suivre les traces des chameliers. Le vent effacera sans doute bien vite nos pas.

traces de gerboise?
traces de gerboise?

Surprise de ne pas s’enfoncer plus. La marche est facile quand on suit les arêtes où le sable est tassé.  Je m’amuse avec les traces des scarabées. Là où les chameaux sont passés, d’autres animaux ont profité de la nourriture laissée disponible dans leurs crottes, scarabées, souris ou gerboises laissent les empreintes de leurs petites passes et des queues. Les pas des dromadaires sont arrondis et fendus.
Nous faisons plein de photos. Peut être seront elles toutes pareilles, mais c’est tellement beau ! La dune devient orange, les ombres sont déjà là à 16 heures, le soleil baisse. Nous rencontrons des méharistes européennes, de loin enturbannées elles ont fière allure. Malheureusement elles disparaissent dans un creux je dévale la dune pour les retrouver.
La photo idéale serait une caravane à contre-jour se détachant sur une arête. Nous les ratons de peu, l’objectif a mis trop de temps à sortir.

Méharistes européennes
Méharistes européennes

Ce qui me plaît le plus, ce sont les lignes vives des arêtes, le drapé du sable qui s’écroule sur le versant le plus raide, les rides. J’essaie des photos de mini-dunes.
Ce qui est étrange, dans le désert, c’est qu’on est attentif aux petites silhouettes qui se détachent. Il n’y a que trois ou quatre personnes autour de nous mais nous sommes conscientes de leur présence. C’est fou comme le désert est habité.
Je me déchausse, plaisir de sentir le sable sous mes pieds nus ! Je n’ose pas trop marcher, ignorante des possibles dangers. Je me suis renseignée plus tard, j’aurais pu continuer.
Aurons nous notre coucher de soleil ? La moitié  du ciel est voilée. D amorce la descente. Au dernier moment, le cercle jaune apparaît hors des nuages. Nous assistons à un vrai coucher de soleil sur les crêtes découpées bleues des montagnes.

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Les dunes changent de couleur, prennent des teintes violettes, le ciel prend des couleurs irréelles. Les nuages qui ont failli  nous priver du spectacle deviennent roses puis oranges. Les chameaux se détachent sur le ciel. Est ce que les photos seront réussies

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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