Atlantique, Anti-Atlas, Atlas et riads des 1001 nuits

Une nuit mouvementée
– de 22h à minuit : chasse au sanglier sous nos fenêtres. Toute la meute des chiens du village poursuit l’animal tout contre la maison qu’on a même entendu grogner. Les sangliers sont nombreux ici. Comme ce sont des porcs, les musulmans ne les mangent pas.
– Muezzin à 5 heures, sobre et court (4 minutes)
– Muezzin à 5h50, sobre et très court
– Muezzin à 6h polyphonique à deux voix, aiguë et réponse d’un acolyte à voix grave
– Pendant le duo, les chiens
– 6H10 Illumination de la chambre, téléphone : un texto de Maman qui a sans doute oublié le décalage horaire.
Vallée des Ammelns

Circuit de la Vallée des Ammelns du Guide Visa Evasion.
Les Ammelns, selon ce guide, forment une tribu très entreprenante de commerçants. Leurs femmes portent le haïk noir décoré de galons.
Jacques nous avait un peu découragées :
– « pourquoi prendre la voiture ? Les Ammelns, c’est ici. Pourquoi aller plus loin ? Vous partez sur la gauche à pied vers les villages abandonnés ou de l’autre côté vers Oumesnat. Cela suffit ! »
Dominique tient à son périple en voiture conseillé par tous nos guides.
Première halte au village de Tirgit caché derrière un rideau de beaux palmiers. A la sortie de la voiture, nous sommes déçues. Les maisons sont neuves, les rues négligées. Personne dans la rue en dehors d’un jeune black coiffé très mode rappeur qui « fait style » de ne rien voir. En revanche, un bourdonnement insidieux nous entoure, lancinant comme une scie mécanique. On s’approche de la mosquée, un chœur d’incantations s’en échappe. Nous passons, un peu gênées devant la porte ouverte et regagnons la voiture.
Deuxième étape prévue : la coopérative des femmes qui extraient l’huile d’argane. Nous nous engageons sur une route en ciment, barrée par des buissons (pour travaux). Ce n’est pas le bon village. Encore des maisons de ciment.
La coopérative se trouve dans le village suivant, coincée entre l’école et le terrain de foot. Fermée aujourd’hui samedi.
Anil et Anameur
Le Guide du Routard propose une jolie promenade entre Anil et Anameur,

jolis villages blottis contre la montagne derrière des bois touffus d’arganiers, d’oliviers et autres arbres défeuillés en hiver, que nous n’identifions pas. Un ruban de ciment mène à Anil, traversant les arbres. Nous laissons la voiture sur une placette et montons une ruelle entre de riches immeubles avec balustrades, tuiles vernissées des interphones. Plus haut, les vestiges d’une maison en ruine, une porte ancienne. Une femme sort de chez elle. Voilée de noir, mais visage découvert. Elle montre sa joue enflée et sa chique et se plaint. On lui donne deux aspirines et lui explique qu’il faudra les mettre dans l’eau (elles sont effervescentes) et attendre le soir pour prendre la deuxième. On donne un chewing-gum à sa fille. Comme nous nous éloignons pour prendre en photo la vieille porte, elle nous rappelle. Elle arrose le jardin de la mosquée.
– « Aimez-vous le thé ? » Demande-t-elle en cueillant de la menthe.

Elle veut nous faire visiter l’intérieur de la mosquée. C’est un privilège ! Tout d’abord elle nous propose d’aller aux toilettes, très fière de la propreté. Elle nous ouvre ensuite la salle de prière carrelée et couverte de tapis de prière rouges alignés. Elle suggère qu’on prenne une photo ce que je fais volontiers. Pour rejoindre Anameur, je monte à pied à l’ombre des feuillages. Dans les rigoles, coule une eau rafraîchissante le long des maisons. On a même construit des cabines de ciment à cheval sur le ruisselet.

Les habitants sont très fiers de leur source bleue et nous en indiquent volontiers le chemin. C’est étrange : les maisons fermées s’ouvrent dès que nous sommes passées. Les femmes sont curieuses mais ne veulent pas qu’on les aperçoive. J’ai sacrifié à l’usage du foulard. J’ai noué en turban la mousseline blanche achetée en Turquie devant la mosquée de Beysehir qui plait bien à Yamina à cause des perles cousues sur le bord formant de petites fleurs. Mon foulard m’identifie comme femme. Alors que les femmes se cachent le visage en voyant D, elles se dévoilent en me saluant.

Nous sommes ravies de cette promenade si calme parmi des gens amicaux. Rarement, nous n’avons été aussi tranquilles dans la campagne marocaine. Peut-être le nombre de randonneurs basés à Tafraout peut-il expliquer cela. Peut-être a-t-on expliqué aux marocains que le harcèlement des touristes n’était pas un argument commercial? J‘ai aussi une 3ème hypothèse : les villages se vident. Il y a beaucoup moins d’enfants, pas ou très peu d’hommes jeunes. Cela me ramène à ma méditation d’hier sur l’exode rural.
Quelle beauté dans les paysages et les maisons!
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Une nuit écourtée, mais des paysages magnifiques!
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